Homélie de la fête du Christ Roi de l’univers
Abbé Jean Compazieu | 13 novembre 2015Christ Roi du monde
Textes bibliques : lire
En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons le Christ Roi de l’univers. Sa royauté n’a rien à voir avec celles de ce monde. Dans nos pays occidentaux, ce mot sonne mal à nos oreilles. Il évoque l’ancien régime avec ses honneurs, ses fastes, son pouvoir absolu. Mais quand nous fêtons le Christ Roi, nous voulons dire autre chose.
Les meilleurs amis de ce roi sont les pauvres, les malades, les prisonniers, les exclus. Il se reconnaît en chacun d’eux. Il est celui qui se met à genoux devant ses apôtres pour leur laver les pieds. Il est le bon berger qui part à la recherche de la brebis perdue. Un jour, il a précisément dit : « Je suis venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. » Il est surtout celui qui a livré son Corps est versé son Sang pour nous et pour la multitude. Par sa mort et sa résurrection, il nous ouvre un chemin vers ce monde nouveau qu’il appelle le Royaume de Dieu.
Cette royauté du Christ, nous la voyons annoncée par le prophète Daniel dans la première lecture. Il s’adresse à des croyants qui doutent car tout va mal pour eux. Ils vivent une situation désespérée. Il intervient pour leur redonner courage : le mal n’aura pas le dernier mot. Comprenez bien : autrefois, Dieu a suscité des hommes pour sauver son peuple. Le prophète annonce un « fils d’homme » qui va le relever et lui redonner sa dignité. Plus tard, les chrétiens comprendront que ce « fils d’homme » désignait la Royauté de Jésus.
L’Apocalypse de saint Jean (deuxième lecture) va dans le même sens. Elle nous montre le Christ glorifié qui a triomphé de toutes les puissances hostiles. Il est vainqueur de la mort et du péché et il veut nous associer tous à sa victoire. S’adressant à des chrétiens persécutés, pourchassés, torturés et mis à mort, l’auteur de l’apocalypse annonce le triomphe de l’amour. C’est lui qui aura le dernier mot.
L’Évangile nous montre Jésus devant Pilate au cours de sa Passion. Nous voyons soumis à des accusations et à des moqueries de toutes sortes. On lui reproche de s’être présenté comme roi des juifs. Il devient donc un ennemi de l’empereur César. Il déstabilise l’ordre public. Mais Jésus tient à préciser : “Ma royauté ne vient pas de ce monde… Elle n’est pas ici… Et je n’ai aucun garde autour de moi.”
Bien sûr, Pilate ne met pas la même chose que Jésus dans ce titre de roi. Pour Pilate, un roi c’est quelqu’un qui a l’autorité sur ces sujets. Pour Jésus, c’est le représentant de Dieu auprès de son peuple. Il est là pour guider son peuple car Dieu seul est Roi. Jésus est un roi « berger de toute l’humanité ». Il porte sur chacun un regard rempli de sa tendresse et de son amour. Son royaume passe d’abord par une véritable transfiguration de ceux qui désirent y entrer. Si nous voulons que Dieu règne sur nous, nous devons entendre les appels à la conversion qu’il nous adresse. Avec lui, plus rien ne peut être comme avant.
Aujourd’hui encore, ils sont nombreux ceux qui refusent cette royauté du Christ. On fait tout pour l’effacer en supprimant ses disciples. Dans notre société sécularisée, on le relègue à l’exil, on le ridiculise sur les écrans de télévision et dans les salles de cinéma. Et surtout, nous ne devons pas oublier les très nombreux martyrs en Syrie et dans de nombreux pays du monde. Mais le mal, la violence et la haine n’auront pas le dernier mot. Encore une fois, c’est l’amour qui triomphera.
Il faut le dire et le redire inlassablement : le Royaume de Jésus est là lorsqu’il y a des artisans de paix qui dialoguent, se rencontrent, s’écoutent et se pardonnent. Il est là quand des hommes et des femmes se mettent au service des autres. Cela peut aller jusqu’au don de sa vie. Il est encore là quand nous prions, quand nous construisons l’Eglise en donnant de notre temps au service de la mission.
Les armes que Jésus utilise pour défendre sa royauté ont pour nom la bienveillance, le regard qui réconforte, la parole qui guérit, la main tendue qui sauve, l’agenouillement qui permet à l’autre de se relever et de se tenir debout. La Royauté que nous fêtons aujourd’hui est donc celle de Jésus qui nous sauve. Il nous sauve en renonçant à se sauver lui-même, à descendre de la Croix ; il nous sauve en prenant avec lui.
Comme celui que nous appelons le bon larron de l’Évangile, nous nous tournons vers la croix de Jésus, nous le supplions : « Seigneur Jésus, souviens-toi de moi, souviens toi de nous dans ton Royaume. » et nous avons la ferme espérance un jour il nous dira : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. »
Télécharger : Christ Roi
Sous le figuier avec Nathanaël
Sources : Revue Signes et Feu nouveau – Homélies du dimanche (Monseigneur Léon soulier) – Homélies pour l’année B (Amédée Brunot) – homélies de l’année liturgique B (Simon Faivre) – Reste avec nous quand vient le soir (Lorette Lepage) – Lectures bibliques des dimanches année B (Albert Vanhoye)
Le titre “Christ Roi du monde” est celui d’un chant que vous pouvez écouter en cliquant sur le lien
En cette fête du Christ Roi par laquelle nous terminons l’année liturgique, les textes nous invitent à reconnaître la profondeur de la personne de Jésus.
“Le Seigneur est roi” nous dit le psaume 92. Oui, il est le roi doux et humble de coeur
Ce titre de Roi, Jésus ne l’a accepté que lorsqu’il était emprisonné, outragé, torturé. Roi de l’Univers, Jésus le condamné, qui sur le point d’expirer entre deux voleurs, fait un geste royal, il ouvre toutes grandes les portes de son palais au premier en son Royaume. Qui est ce premier ? le dernier des derniers de la société, un larron, un bandit. En l’accueillant, c’est l’humanité toute entière que Jésus accueille.
Jésus, ce fils d’homme qui est allé jusqu’au bout de son engagement, jusqu’au bout de sa mission, qui n’a pas eu peur de fréquenter des gens peu recommandables, on le lui a assez répété : il mange et il boit avec des pécheurs”Je suis né, je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité.” Cette vérité qui l’a conduit à la Croix.
Mon message m’a échappé ! Il mange et il boit avec des pécheurs, cela était mal vu par les gens bien intentionnés, le bons pharisiens. Il allait à contre courant des bonnes manières.
Oui, il est venu pour rendre témoignage à la vérité. Sa vérité c’est que tout homme a droit à la dignité, à la compassion, au respect, à l’amour.
Jésus Roi de la paix, apprends-nous à faire avancer le Royaume de paix et d’amour.
“Jésus souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton règne.”