Homélie de Noël
Abbé Jean Compazieu | 14 décembre 2015Tu fais ta demeure en nous
Textes bibliques : Lire
Depuis plusieurs semaines, les rues, les commerces et les maisons individuelles ont pris un air de Noël. Tout a été dit sur le réveillon, les cadeaux, le sapin, les décorations. Mais le plus important est souvent oublié. C’est ce qui a été annoncé dans les lectures bibliques tout au long de l’Avent. Quand nous lisons l’Ancien Testament, nous découvrons un Dieu qui vient et qui parle à son peuple. C’est cela l’Avent, c’est Dieu qui vient nous sauver.
Noël c’est une bonne nouvelle pour « le peuple qui marchait dans les ténèbres ». À l’époque de Jésus c’étaient les ténèbres de l’occupation romaine avec ses violences et ses pillages. Nous sommes, nous aussi, ce peuple envahi par les ténèbres : ténèbres du terrorisme, de la violence, ténèbres de l’exclusion. Les pauvres y deviennent de plus en plus pauvres et de plus en plus nombreux. Mais au milieu de ces ténèbres, une lumière a resplendi : des associations s’organisent pour lutter contre la violence, le terrorisme et la misère. À travers ces engagements des uns et des autres, c’est un peu de lumière qui vient éclairer notre monde.
Mais en cette fête de Noël, la bonne nouvelle c’est celle que nous avons entendue dans l’Évangile : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur… Il est le Messie (l’envoyé de Dieu), le Seigneur ». Noël c’est d’abord cela. C’est Jésus qui vient « nous rendre espoir et nous sauver ». Il n’a rien à voir avec une religion qui se sert de Dieu pour massacrer des innocents, des hommes, des femmes, et même des enfants. Il est important que nous revenions au vrai message de Noël ; cette fête nous révèle avant tout un Dieu Amour. Il ne sait pas être autre chose. Dans un monde pollué par la haine, il est celui qui apporte l’amour et la lumière.
Il faut le dire et le redire à ceux qui ne le savent pas : « Noël c’est Jésus qui vient, proche des hommes qui cherchent une espérance ». Il ne demande qu’à venir chaque jour dans notre vie. Mais nous ne pourrons vraiment le rencontrer que si nous-mêmes, nous venons à lui. Son grand désir c’est de nous combler de son amour, un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Vivre Noël, ce n’est rien d’autre que d’accueillir le Christ Sauveur dans notre cœur et notre vie.
Dans toutes les églises de notre paroisse, la veillée de Noël a été centrée autour du thème de la paix. Nous avons écouté des témoignages de gens qui ont été des artisans de paix. Ils sont nombreux ceux et celles qui luttent chaque jour pour un monde de justice et de fraternité. Ce cadeau qu’ils ont reçu de Dieu, ils ne l’ont pas gardé pour eux : ils l’ont partagé. Tous n’étaient pas des chrétiens. Mais Noël nous rappelle que Jésus est venu pour tous les hommes de bonne volonté.
Nous aussi, nous sommes envoyés dans le monde pour y semer des graines d’espérance d’amour et de paix. Le Seigneur compte sur nous pour cette mission. Lui-même nous dit qu’il est avec nous « tous les jours, jusqu’à la fin du monde ». Et ce qui est encore plus extraordinaire, c’est qu’il nous précède dans le cœur de ce qu’il met sur notre route. Avec lui, c’est l’amour qui aura le dernier mot.
Nous pouvons aujourd’hui nous imprégner des paroles de ce chant : “Christ est venu semer l’amour, donne l’amour à ton frère. Christ est venu semer la joie, donne la joie à ton frère, Christ est venu semer l’espoir, donne l’espoir à ton frère. Christ est venu semer la paix, donne la paix à ton frère”
Télécharger Homélie de Noël 2015
Noël avec nos frères et sœurs d’Afrique
Prière universelle :
« Accueille au creux de tes mains la prière de tes enfants «
l’animateur : Loué sois-tu, mon Seigneur, par frère Vent.
Par frère Vent, Joseph, Marie, Jésus sont poussés au désert.
Par tous les temps, Ils subissent les pressions, les misères quotidiennes des familles en galère.
En un éclair, Ils deviennent migrants.
Nous te confions Seigneur ceux qui espèrent le vent des Noëls solidaires ?
Qui réclament le souffle de l’hospitalité.
Qu’ils s’ouvrent au grand air des énergies nouvelles
Une bougie est apportée sur l’autel par un enfant
« Accueille au creux de tes mains la prière de tes enfants « pdt la procession
l’animateur : Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur Eau.
Par sœur Eau, Jésus boit et grandit, joyeux, à Nazareth.
Juste après son cousin, les pieds dans le Jourdain, il est plongé dans l’eau du baptême.
Avec les jarres d’eau de Cana, il fait un vin nouveau.
Nous te confions Seigneur ceux qui ont soif de respect
Ceux qui ont soif de paix.
Ceux qui ont soif de tendresse.
Une bougie est apportée sur l’autel par un enfant
« Accueille au creux de tes mains la prière de tes enfants « pdt la procession
l’animateur : Loué sois-tu, mon Seigneur, par frère Feu.
Devant cet incendie de l’amour amoindri, une révolution éclate sur la paille de l’étable.
Par tous les feux de joie des bergers de la crèche, par leurs tentes élargies, leurs fêtes légendaires, la terre s’éclairent d’une lumière nouvelle.
Nous te confions Seigneur ceux qui vivent dans les squats, les camps de fortunes, les bidonvilles. ?
Ceux qui ne connaissent pas la chaleur d’un foyer, d’une famille, d’un ami.
Une bougie est apportée sur l’autel par un enfant
« Accueille au creux de tes mains la prière de tes enfants « pdt la procession
l’animateur : Loué sois-tu, mon Seigneur, par sœur notre mère Terre.
Tout doucement par terre on dépose l’enfant.
Joseph et Marie s’affaire pour que l’enfant n’ai pas froid.
Sur le sol, Jésus s’éveille et déjà tombent les trônes des puissants renversés.
Nous te confions Seigneur ceux qui sur terre n’ont plus de travail. ?
Ceux qui souffrent du réchauffement climatique.
Ceux qui ont faim dans leur corps et dans leur cœur.
Une bougie est apportée sur l’autel par un enfant
« Accueille au creux de tes mains la prière de tes enfants « pdt la procession
Conclusion (Prêtre)
Heureux les artisans à l’écoute du VENT
Heureux les amoureux de l’EAU et des rivières
Bienheureux les gardiens du FEU de l’enfant Dieu
Heureux ceux qui voudront l’allumer sur la TERRE
Soyons tous dans la joie, NOËL est planétaire !
Noël ! c’est la plus belle histoire du monde, c’est la plus belle histoire d’amour ! quel est le peuple qui a un Dieu qui s’est fait si petit, si fragile,si humble, qui s’est invité chez nous et qui nous demande l’amour ? Ce Dieu qui s’est incarné, qui a pris notre chair,qui s’est fait l’un des nôtres; qui est le descendant de toute une lignée humaine qui s’est enraciné dans le peuple élu, après les patriarches, les rois, dont certains furent d’exécrables monarques. Un Dieu-Amour qui nous a envoyé son fils unique pour nous relever, pour nous racheter. Cet Enfant est le nouveau Roi d’Israël que Dieu a consacré par l’onction, Ce Jésus est le Christ, le Messie, né de la vierge Marie et descendant de David par Joseph, homme parmi les hommes, mais vrai Dieu, né du vrai Dieu.
EMMANUEL ! DIEU AVEC NOUS. OUI, NOËL EST UNE BELLE HISTOIRE D’AMOUR !
Mais, comme c’est aujourd’hui Noël, vous avez le droit d’exiger qu’on vous montre la crèche. La voici. Voici la Vierge et voici Joseph et voici l’Enfant Jésus. L’artiste a mis tout son amour dans ce dessin mais vous le trouverez peut-être un peu naïf. Voyez, les personnages ont de beaux atours mais ils sont tout raides : on dirait des marionnettes. Ils n’étaient sûrement pas comme ça. Si vous étiez comme moi dont les yeux sont fermés… Mais écoutez : vous n’avez qu’à fermer les yeux pour m’entendre et je vous dirai comment je les vois au-dedans de moi. La Vierge est pâle et elle regarde l’enfant. Ce qu’il faudrait peindre sur son visage c’est un émerveillement anxieux qui n’a paru qu’une fois sur une figure humaine. Car le Christ est son enfant, la chair de sa chair et le fruit de ses entrailles. Elle l’a porté neuf mois et elle lui donnera le sein et son lait deviendra le sang de Dieu. Et par moments, la tentation est si forte qu’elle oublie qu’il est Dieu. Elle le serre dans ses bras et elle dit : mon petit ! Mais, à d’autres moments, elle demeure tout interdite et elle pense : Dieu est là – et elle se sent prise d’une horreur religieuse pour ce Dieu muet, pour cet enfant terrifiant. Car toutes les mères sont ainsi arrêtées par moments devant ce fragment rebelle de leur chair qu’est leur enfant et elles se sentent en exil à deux pas de cette vie neuve qu’on a faite avec leur vie et qu’habitent des pensées étrangères. Mais aucun enfant n’a été plus cruellement et plus rapidement arraché à sa mère car il est Dieu et il dépasse de tous côtés ce qu’elle peut imaginer. Et c’est une dure épreuve pour une mère d’avoir honte de soi et de sa condition humaine devant son fils. Mais je pense qu’il y a aussi d’autres moments, rapides et glissants, où elle sent à la fois que le Christ est son fils, son petit à elle et qu’il est Dieu. Elle le regarde et elle pense : « Ce Dieu est mon enfant. Cette chair divine est ma chair. Il est fait de moi, il a mes yeux et cette forme de sa bouche c’est la forme de la mienne. Il me ressemble. Il est Dieu et il me ressemble. » Et aucune femme n’a eu de la sorte son Dieu pour elle seule. Un Dieu tout petit qu’on peut prendre dans ses bras et couvrir de baisers, un Dieu tout chaud qui sourit et qui respire, un Dieu qu’on peut toucher et qui vit. Et c’est dans un de ces moments-là que je peindrais Marie, si j’étais peintre, et j’essaierais de rendre l’air de hardiesse tendre et de timidité avec lequel elle avance le doigt pour toucher la douce petite peau de cet enfant-Dieu dont elle sent sur ses genoux le poids tiède et qui lui sourit. Et voilà pour Jésus et pour la Vierge Marie.
Et Joseph ? Joseph, je ne le peindrai pas. Je ne montrerai qu’une ombre au fond de la grange et deux yeux brillants. Car je ne sais que dire de Joseph et Joseph ne sait que dire de lui-même. Il adore et il est heureux d’adorer et il se sent un peu en exil. Je crois qu’il souffre sans se l’avouer. Il souffre parce qu’il voit combien la femme qu’il aime ressemble à Dieu, combien déjà elle est du côté de Dieu. Car Dieu a éclaté comme une bombe dans l’intimité de cette famille. Joseph et Marie sont séparés pour toujours par cet incendie de clarté. Et toute la vie de Joseph, j’imagine, sera pour apprendre à accepter. »
texte écrit par Sartre le 24 Décembre 1940 alors qu’il était prisionnier en Allemagne