15ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 27 juin 2009Textes bibliques : Lire
Cet évangile nous montre Jésus parcourant la Galilée pour annoncer le Royaume de Dieu. Pour cette tâche, il veut de l’aide. Il choisit douze disciples pour être avec lui et les envoyer prêcher. En étant avec lui, ils peuvent constater comment il remplit sa mission. Ils l’entendent parler, ils le voient guérir les malades et chasser les démons. Maintenant c’est à eux de passer aux travaux pratiques. Saint Marc nous dit qu’il leur prescrit de ne rien emporter pour la route, pas de pain ni de sac, pas de monnaie dans la ceinture.
Voilà un évangile qui nous interpelle et nous met mal à l’aise : Comment voyager aujourd’hui sans avoir de l’argent pour payer le déplacement ? Et quand on embauche quelqu’un, la loi nous impose de le déclarer à la Sécurité Sociale. Personne ne peut y échapper. C’est une question de justice et de solidarité. Il n’en reste pas moins que les exigences de Jésus demeurent comme un aiguillon. On aurait alors envie de se taire et de se retirer pour conformer notre vie à la Parole de Jésus et devenir ainsi un témoin plus crédible.
Nous vivons dans une société qui a beaucoup changé. Il n’est plus possible de vivre en respectant à la lettre les consignes de Jésus. Mais cela ne signifie pas que l’on doive rejeter cet évangile, bien au contraire. Ce constat nous oblige à aller plus loin. Si Jésus impose de si grandes exigences de pauvreté aux apôtres et aux missionnaires de l’Evangile, c’est pour une raison bien précise : Il veut leur faire comprendre que l’annonce de la bonne nouvelle ne repose pas d’abord sur des structures et des organismes de pastorale, si précieux soient-ils. Dans les paroisses et les diocèses, des conseils de toutes sortes sont mis en place ; des sessions de formation sont organisées. Tout cela est indispensable mais pas suffisant. L’important c’est d’être habités par l’Esprit Saint, sinon nous travaillons dans le vide.
Cet appel concerne les pasteurs de l’Eglise, le pape, les évêques, les prêtres, oui, bien sûr, mais pas seulement. Tous les baptisés sont appelés et envoyés pour annoncer la bonne nouvelle. Nous devons tous nous rappeler, chaque jour, que ce qui compte dans notre vie de foi, c’est de nous laisser habiter en profondeur par l’Esprit de Jésus en nous. Cela implique que nous soyons intérieurement détachés de nous-mêmes, de notre argent, de nos biens, de nos idées et nos certitudes. La priorité absolue c’est Jésus Christ et son Evangile.
Cela signifie que nous ne sommes pas à notre compte mais à celui du Christ qui nous appelle et nous envoie. La paroisse n’appartient pas au prêtre qui en est chargé mais à Jésus Christ. Nous ne sommes propriétaires ni de Jésus ni de sa parole. Ce n’est pas notre message ni nos idées qu’il faut transmettre mais celui du Christ. Nous sommes envoyés pour annoncer l’amour du Père pour tous les hommes. Et avant même que nous n’intervenions, l’Esprit Saint est à l’œuvre dans le cœur de ceux et celles qui sont confiés notre service.
Saint Marc précise que les disciples sont envoyés eux par deux. La prédication de l’évangile n’est pas une tâche individualiste mais une mission d’Église. Cette manière de faire facilite l’entraide et le soutien mutuels, surtout dans les moments difficiles. Mais ce n’est pas la principale raison. Le plus important c’est que le message soit transmis d’un commun accord, d’une seule voix comme on dit aujourd’hui. C’est toute une communauté qui est appelée à témoigner solidairement de l’évangile révélé par Jésus Christ.
Tout comme le prophète Amos dans la première lecture, les apôtres et les envoyés d’aujourd’hui auront à affronter les forces du mal : ces forces du mal, nous les connaissons bien : elles s’appellent guerre, violences, culte de l’argent, mépris de celui qui est différent, volonté de domination ou d’oppression, recherche du pouvoir sous toutes ses formes. Le chrétien est un combattant : s’il se coule dans le moule, s’il vit comme tout le monde, si pour lui l’agent est sacro-saint, s’il en fait le but de sa vie, alors il sera comme tout le monde ; à ce moment-là, l’évangile ne passera jamais. Il n’y aura pas de Bonne Nouvelle.
Tout cela, c’est dans notre quartier que nous avons à le vivre, sur notre lieu de travail ou de vacances. Pour beaucoup, c’est une période de grande mobilité, de voyage. C’est là que le Seigneur nous rejoint. Il ne cesse de nous appeler. Il est le Dieu des grands espaces et des larges horizons. Il nous rappelle que si nous sommes baptisés, ce n’est pas pour nous installer mais pour sortir. Comme Amos et comme les disciples, nous sommes envoyés pour être les messagers d’un Dieu passionné d’amour pour tous les hommes.
Pour cela nous n’avons pas à rechercher les grands moyens. Ce que Jésus attend de nous, c’est seulement notre témoignage. Nous sommes capables de vaincre le mal là où nous sommes et vivre déjà en hommes libérés. C’est cela qui nous permettra de témoigner devant les autres. Que le Seigneur nous guide sur ce chemin de conversion ! Par l’Eucharistie, il veut nous garder unis à lui. Alors, nous serons les messagers fidèles qu’il désire. Nous serons de bons instruments de son œuvre.
D’après diverses sources
Merci, Père Jean, pour cette homélie qui contient toujours des valeurs essentielles.
Ce qui me semble primordial dans tes paroles, c’est ceci :
“ce qui compte dans notre vie de foi, c’est de nous laisser habiter en profondeur par l’Esprit de Jésus en nous. Cela implique que nous soyons intérieurement détachés de nous-mêmes, de notre argent, de nos biens, de nos idées et nos certitudes. La priorité absolue c’est Jésus Christ et son Évangile. ”
Je peux dire que, grâce à ma foi, je commence à me détacher de beaucoup de choses. Je suis beaucoup moins attachée à mon argent et je remets souvent en cause mes certitudes. Je tiens en priorité compte des pensées des autres et je n’oublie jamais de me critiquer si j’ai envie de dire du mal de quelqu’un.
En fait, j’aime beaucoup mon frère. Je veille à toujours lui donner des paroles et des actes sincères.
Quant à être messagère de Dieu autour de moi, je fais ce que je peux.
BONNE VACANCES A TOUS et excellente retraite, Père Jean !
Christiane
Merci pour les homélies et les textes qui me sont d’une très bonne utilité, car étant en formation de diaconat permanent j’arrive mieux à approfondir les textes proposées surtout quand il faut préparer des homélies.
Merci encore