Homélie du 4ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 22 janvier 2016L’Esprit de Dieu repose sur moi
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous parlent de l’appel que Dieu adresse à ses envoyés. Ce qu’il faut voir c’est qu’on ne s’institue pas prophète. On est choisi par Dieu. C’est ce que nous avons entendu dans le récit de la vocation de Jérémie (première lecture). On est façonné. Le travail du missionnaire n’est pas de travailler “pour” le Seigneur mais de faire le travail “du” Seigneur ; il ne se limite pas à un seul peuple mais à toutes les nations.
Dans cette lecture, nous trouvons un second enseignement : la mission prendra souvent un caractère polémique. Celui que Dieu envoie devra se mobiliser tout entier. Il ne devra pas être un “prophète de cour” qui cherche à plaire. Sa mission c’est d’être le porte-parole de Dieu. Il devra dire les paroles de Dieu, même si elles ne plaisent pas. Il devra parler sans crainte, même au risque de sa vie. Dans cet environnement hostile, Dieu lui promet qu’il sera toujours avec lui pour le délivrer. Il est “Emmanuel”, Dieu avec nous. Et c’est vrai pour nous aussi.
Dans la seconde lecture, nous trouvons Paul qui doit faire face un climat d’hostilité. Cet “hymne à l’amour” intervient dans une polémique sur les charismes. Chacun considère les siens comme supérieur aux autres. Les uns parlent en langue, d’autres sont prophètes, d’autres servent les affamés… Les charismes ne manquent pas. Mais le plus important c’est qu’ils soient animés par l’Esprit d’amour. Sans le don divin de l’amour, tous les efforts de connaissances, de partage sont nuls. Cet amour fraternel l’emporte même sur l’Écriture et sur la connaissance de Dieu. Lui seul restera quand nous verrons Dieu face à face. Voilà ce chemin que nous sommes tous invités à suivre.
L’Évangile nous révèle celui qui se présente à nous comme l’Envoyé de Dieu. Jésus se trouve à la synagogue de Nazareth, le village où il a passé son enfance. Il cite l’annonce qui a été faite par le prophète Isaïe. “L’Esprit du Seigneur est sur moi… Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle…” Après avoir lu ce texte Jésus conclut : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » Cela signifie qu’il se déclare comme le Messie envoyé par Dieu ; nous imaginons la surprise des gens de son village : pour eux, il n’est que le fils du charpentier.
Comprenons bien : ce n’est pas l’annonce de l’Évangile aux pauvres qui pose problème. Ce que Jésus voudrait leur faire comprendre c’est qu’il est envoyé par un Dieu qui n’est le bien de personne. Il n’accepte pas de se laisser annexer par des gens de son village. Il se justifie en rappelant les événements racontés par l’Ancien Testament : la veuve de Sarepta et Naaman le Syrien étaenit des païens. Ils ont su accueillir la grâce de Dieu mieux que les gens de son peuple. Le vrai Dieu n’est pas celui de quelques-uns mais de tous. Il aime les païens, les incroyants, les pécheurs, les ingrats. Nous ne pouvons pas être en communion avec lui si nous n’entrons pas dans son projet d’amour universel.
Le 3 janvier, nos célébrions la fête de l’Épiphanie. À travers les mages qui se rendaient au-devant de l’enfant Roi, c’est tous les peuples qui étaient appelés. Les étrangers, les païens ont toute leur place dans le cœur de Dieu. C’est cela que les habitants de Nazareth n’acceptent pas. Aujourd’hui comme autrefois, Jésus voudrait nous pousser à sortir de nos clivages, de nos clochers, de nos frontières. Il nous appelle tous à être disciples et missionnaires. La véritable Église de Jésus-Christ doit être ouverte au monde entier.
En méditant cet Évangile, nous découvrons que la Parole de Dieu manifeste sa puissance d’une manière inouïe. C’est sur lui, Jésus, que repose l’Esprit du Seigneur. Il est celui qui fait accéder les opprimés à la liberté, celui qui rend la vue aux aveugles. Il ne se contente pas d’interpréter les textes sacrés. Il est la Parole de Dieu en personne.
Les textes bibliques de ce dimanche nous invitent à prendre position POUR le Seigneur. Ses paroles peuvent nous dérouter. Elles peuvent aller à contre-courant de l’esprit du monde. Mais elles sont “les paroles de la Vie éternelle”. Nous sommes tous envoyés pour en être les messagers. C’est une aventure passionnante, pleine de risques ; mais nous ne sommes pas seuls : l’Esprit du Seigneur repose sur nous. C’est avec lui que la bonne nouvelle portera du fruit.
Sources : revues signes et feu nouveau – pour la célébration de l’eucharistie (Feder et Gorius) – homélies pour l’année C (Amédée Brunot) – heureuse faiblesse (André Louf).
Les textes de ce quatrième dimanche, nous invitent tous à annoncer l’amour.
Jérémie a le sentiment de répondre à un appel du Dieu qui le dépasse; c’est bien souvent le cas pour nous quand nous avons été sollicités pour nous engager dans une mission; a prime abord on se croit incapable de l’assumer. Ce fut mon cas lorsque mon curé m’avait demandé en 1992 de suivre une formation pour célébrer les funérailles.Bien que bien engagée depuis de nombreuses années dans la liturgie, catéchèse… Je craignais de ne pas être à la hauteur.
Ensuite, il a fallu faire face aux chétiens qui avaient du mal à accepter que ce soit un laïque, et une femme de surcroît qui célèbre. Il faut du courage pour affronter les difficultés et continuer à annoncer la Parole. On a peur parce qu’on ne compte pas assez sur le Seigneur.
Il a fallu du courage à Jérémie pour affronter les puissances politiques et religieuses de son temps; c’est vrai aussi aujourd’hui et ça l’était du temps de Jésus, où il s’est heurté à l’incompréhension de ses contemporains. Ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche. Comment cela pouvait-il se faire ? c’était le fils de Joseph, le charpentier. Comment peut-il accomplir les Ecritures ? Après l’incomprenhion, la colère.
On nous inventorie, on nous classe, on nous catalogue. Comment peut-il, peut-elle ?
Pourtant, c’est notre mission de baptisés d’annoncer la Parole, de faire connaître l’Evangile.
Pendant trois dimanches, nous avons lu les chapitres 12 et 13 de la première lettre de Paul aux Corinthiens qui se terminent en un véritable hymne à la charité, à l’amour.
Un texte fort.
“Je peux avoir tous les dons, mais si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis rien”.