Homélie du 4ème dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 26 février 2016Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur
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En ce 4ème dimanche du carême, nous sommes tous appelés à la joie. Le prophète Isaïe nous y invite : « Réjouissez-vous avec Jérusalem. Exultez avec elle vous tous qui l’aimez. Avec elle, soyez dans l’allégresse, vous qui portez son deuil. » La raison de cette joie, c’est la découverte progressive du monde de Dieu, le monde dans lequel Dieu nous appelle tous à vivre.
Le livre de Josué (première lecture) nous rappelle que ce n’est pas un monde d’esclavage, mais un monde d’hommes libres et solidaires. Après la libération d’Égypte et la longue traversée du désert, on arrive à la terre que Dieu avait promise à son peuple. Cette entrée dans la terre promise donne lieu à une grande fête. Dieu ne supporte pas de voir ses enfants esclaves sur une terre étrangère. Le monde où Dieu nous appelle à vivre, c’est un monde où chacun peut vivre en homme libre et heureux. Il pourra ainsi se découvrir responsable de lui-même et de ses frères : “Goûtez et voyez comme est bon Le Seigneur !”
Nous aussi, nous sommes en marche vers le monde de Dieu. C’est le message de Saint Paul dans la seconde lecture : « Dès maintenant, le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau déjà né. » Le monde ancien c’est celui où l’on est esclave de ses égoïsmes et de l’amour de l’argent, celui de l’indifférence et de la violence. C’est un monde où l’on est esclave de ses caprices et de ses instincts. Nous reconnaissons que nous avons tous à lutter contre les traces de ce monde ancien. Mais la question n’est pas de SE transformer mais de SE LAISSER transformer par le Seigneur. Ce combat que nous avons à mener n’est pas le nôtre mais le sien.
Le monde nouveau est déjà né. Ce monde c’est celui de la réconciliation et de la paix ; c’est le monde du pardon mutuel et de la tolérance ; c’est le monde du partage fraternel. Tel est le monde de Dieu. Pour y entrer, Le Seigneur nous invite à nous laisser réconcilier avec lui et entre nous. Dieu qui nous manifeste sa miséricorde nous demande d’être miséricordieux avec tous ceux et celles qui nous entourent. Nous sommes sauvés en Jésus et nous travaillons à ce salut qui vient.
Mais pour cela, il nous faut encore redécouvrir le vrai visage de Dieu. L’évangile de ce jour va nous y aider. C’est la parabole du fils prodigue. Nous avons entendu l’histoire de ce garçon qui réclame à son père sa part d’héritage. Un fils qui part loin de sa famille et qui coupe toute relation avec elle, c’est un drame. Il ne peut plus participer aux joies et aux peines des siens parce qu’on ne sait plus où le joindre. Nous connaissons tous des familles qui vivent ce drame.
Ce fils dont nous parle l’Évangile part donc pour un pays lointain. Il dépense toute sa fortune dans une vie de débauche. Il finit par la pire déchéance pour un juif : garder les cochons, ces animaux impurs d’après la loi. Nous pensons aujourd’hui à tous ceux et celles qui se retrouvent à la rue ou en prison. Ce fils prodigue décide donc de revenir vers son père. Ce retour n’est pas dû à une vraie contrition mais à la faim qui le tenaille. Comme le père de la parabole, Dieu fait le premier pas vers nous. Il nous offre son pardon gratuit. Tel est le monde de Dieu, un Dieu qui nous accueille tels que nous sommes, avec nos lèpres et nos souillures, sans nous juger. Il est absolument bouleversé par le mal que nous nous faisons à nous-mêmes.
La grande joie de notre Dieu c’est de nous guérir et de nous accueillir. Il est incapable d’en vouloir à ses enfants, quoi qu’ils aient fait. Dieu est miséricorde. Il n’est que miséricorde, même pour le pire des hommes, ou plutôt celui qui a commis le pire. Nous sommes tous aimés de Dieu. Son Royaume est offert à tous. Il nous appartient de le dire et le redire à ceux qui ne le savent pas.
Il est urgent pour nous d’entrer dans ce monde de Dieu, monde de la miséricorde, de la gratuité et du pardon. Nous ressemblons trop souvent au fils aîné qui se contente de servir son père comme un simple salarié. Au lieu d’accueillir son frère il le juge et le condamne. Au premier abord il a raison : ce frère a fauté ; il a déshonoré sa famille ; il doit assumer les conséquences de ses actes.
Mais Dieu ne voit pas les choses ainsi. Sa grande joie c’est d’abord de retrouver son enfant : « il était mort, il est revenu à la vie. Il était perdu et le voilà retrouvé ! Entre donc dans la joie de ton père ! » Ce carême de l’année jubilaire nous est proposé comme un temps fort pour expérimenter et célébrer la miséricorde de Dieu. Entrons dans la joie du pardon et de la réconciliation où l’on oublie le passé. Puissions-nous accueillir cette joie que Dieu nous offre et nous ouvrir à son Royaume.
Sources : revue Feu nouveau – célébrerons dimanche – missel des dimanches et fêtes 2016 – au service de la parole (Bernard Prévost).
Comme Saint Luc est bien à sa place en cette année de la Miséricorde. Tout son Evangile en est baigné. Tous ces dimanches de Carême qui nous appellent à la conversion, à faire un pas vers le Père pour nous réconcilier avec Lui et avec nos frères, nous préparent à la joie de Pâques, lavés, renouvelés, pardonnés.
Les scribes et les pharisiens sont scandalisés de voir Jésus accueillir les pécheurs, pour toute réponse, il leur répond par la parabole de l’enfant prodigue. Cette parabole nous révèle le visage et le coeur de Dieu, elle nous fait entrer dans le mystère de la paternité de Dieu; de sa grande miséricorde.
Cette réconciliation avec son jeune fils dépasse tout ce que celui-ci pouvait imaginer, espérer.
Il avait faim, il était misérable, honteux aussi sûrement. Il s’arme de courage et tête basse, va vers son père pour se faire pardonner. Là, on reconnaît l’amour et la miséricorde du père; comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié. Il courut se jeter dans ses bras. Et le fils aîné ? lui n’a pas compris le geste du père, il est jaloux de ce frère qui a dilapidé sa forture et qui est reçu comme un prince.
L’accueil est vraiment le signe de la miséricorde. Dieu accueille son peuple dans la terre promise où il pourra manger les produits de la terre, ils pourront désormais manger ce qu’ils récolteront.
Laissons-nous réconcilier avec Dieu, accueillons son pardon.
C’est toujours Dieu dans sa grande miséricorde qui fait le premier pas
Je ne comprends pas vraiment les lectures que vous avez sélectionnées et celles dans l’Ordo.
Le mot de François
“La miséricorde de Dieu n’est pas une idée abstraite, mais une réalité concrète à travers laquelle Il révèle son amour comme celui d’un père et d’une mère qui se laissent émouvoir au plus profond d’eux-mêmes par leur fils. Il est juste de parler d’un amour « viscéral ». Il vient du cœur comme un sentiment profond, naturel, fait de tendresse et de compassion, d’indulgence et de pardon.”