Homélie du 3ème dimanche de Pâques.
Abbé Jean Compazieu | 2 avril 2016Tu es là, au cœur de nos vies…
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Dimanche dernier, l’Évangile nous a parlé du passage à la foi de l’apôtre Thomas. Il est passé d’une foi qui demande des preuves à une foi qui dit : « Mon seigneur et mon Dieu ». Aujourd’hui, c’est de Pierre qu’il est question : au départ sa foi était très volontariste ; aujourd’hui elle devient une réponse à la confiance que Jésus lui témoigne.
Tout commence par une décision d’aller à la pêche, une pêche qui s’est avérée infructueuse. C’est dans cette situation d’échec que Jésus rejoint ses disciples. Il leur fait recommencer leur pêche ; et là, le résultat dépasse toutes leurs espérances. L’Évangile nous parle de 153 poissons. Ce chiffre correspond au nombre d’espèces de poissons connues à cette époque. Il vient symboliser l’autorité et la mission universelle des apôtres. Pierre sera confirmé dans sa mission de pêcheurs d’hommes. Mais il devra comprendre que le principal travail c’est Jésus qui le fait. Et c’est toujours vrai pour nous aujourd’hui : il est à l’œuvre ; nous, nous ne sommes que les manœuvres.
Pierre était un homme très fougueux. Il devra accepter qu’un autre que lui-même dirige sa vie. C’est Jésus qui a l’initiative. Il ne demande qu’une chose à Pierre, c’est de l’aimer plus que tous les autres disciples et être prêt à souffrir pour le suivre. Lui-même, qui avait renié son Maître trois fois de suite, se trouvait dans une situation très inconfortable. Mais Jésus va lui offrir d’en sortir ; Pierre va pouvoir lui dire trois fois de suite son amour ; Jésus fera de lui le berger de son troupeau.
La miséricorde du Christ n’a pas changé. Elle nous est offerte à tous. Quand tout va mal, il est là sur le rivage. Bien souvent, nous ne le reconnaissons pas. Pour le reconnaître, il faut avoir fait le passage de la foi pascale, comme Thomas et comme Pierre. Si nous sommes trop encombrés par nos soucis et par tout ce qui nous retient loin de lui, nous serons incapables de le reconnaître.
Mais la miséricorde du Christ ne connaît pas de limites. Il est toujours là où nous en sommes pour raviver notre espérance. Comme Pierre nous somme invités à plonger et à lui faire confiance sur parole. Avec lui, nous sommes envoyés dans le monde pour témoigner de cette foi qui nous anime. C’est à tous les hommes du monde entier que le Christ ressuscité veut manifester sa miséricorde. Lui-même nous a dit qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. S’il a donné sa vie sur la croix, c’est pour nous et pour la multitude.
La première lecture nous montre les apôtres dans cette mission que le Christ leur a confiée. Aujourd’hui, nous les voyons devant le même tribunal qui a condamné Jésus. De lourdes de menaces pèsent sur eux. Mais ils n’hésitent pas à affirmer leur foi en Jésus ressuscité. Ils choisissent d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Ils témoignent de la victoire du Christ sur la mort. Dieu l’a élevé au rang de chef et de sauveur de son peuple. C’est ainsi que l’Esprit Saint a fait de ces hommes peureux des missionnaires courageux.
Dans la 2ème lecture, nous avons entendu un passage de l’apocalypse de Saint Jean. Ce livre a été écrit pour des chrétiens persécutés. Il nous invite à rendre gloire à l’Agneau immolé, vainqueur de la mort et du péché. Il y a, bien sûr, des catastrophes et des violences de toutes sortes. Aujourd’hui, encore plus qu’autrefois, les chrétiens sont persécutés ou tournés en dérision. Mais la puissance de l’amour est une force contagieuse que rien ni personne ne peut arrêter. En définitive c’est l’amour et non le mal qui aura le dernier mot.
Le grand message de ces trois lectures bibliques c’est que le Christ ressuscité est toujours là, même si nous ne le voyons pas. Il nous rejoint au cœur de nos vies, de nos doutes et de nos épreuves. Quand tout va mal, il est là. Il vient nous pardonner et nous faire renaître à la confiance. Avec lui, nous pouvons repartir pour une vie renouvelée. La nourriture qu’il nous propose pour refaire nos forces, ce n’est plus du poisson grillé, mais son Corps et son Sang. Comme Pierre, nous sommes confirmés dans l’amour ; nous sommes envoyés pour en être les témoins et les messagers.
Avec tous les chrétiens du monde entier, nous recevons cette mission : “Allez-vous en sur les places et sur le parvis ! Allez-vous en sur les places y chercher mes amis…”
Sources : revues Signes et Feu nouveau – missel dimanche trois années (nouvelle traduction liturgique) sous la direction de Michel Wackenheim – célébrerons dimanche (Assemblées de la Parole, dimanche et fêtes année C, éditions du Signe).
Quelle merveille que ce passage de l’Evangile de Jean, le disciple que Jésus aimait. Il nous présente la troisième manifestation de Jésus ressuscité.
Après une nuit de pêche infructueuse des disciples,.. “au lever du jour, Jésus est là, sur le rivage”, C’est Jean, qui reconnaît le premier le Ressuscité, il dit à Pierre, c’est le Seigneur !
Et voilà Pierre qui passe un vêtement et qui se jette à l’eau pour rejoindre plus vite le Seigneur ? Le Seigneur est là sur le rivage, le poisson déjà préparé sur la braise.
Dans sa grande délicatesse, le Seigneur, attend que tous se sentent à l’aise, il ne brusque pas les choses, il patiente, il savoure ce moment passé en toute amitié.
Une fois, le repas terminé, Jésus pose la triple question à Pierre : “Pierre m’aimes-tu plus que ceux-ci ? Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Trois fois, comme pour effacer les trois reniements; lavé, purifié, pardonné. On reconnaît là, toute la grande miséricorde du Seigneur..
L’Evangile se termine sur cette parole du Seigneur “Suis-moi”. C’est à nous aujourd’hui que cette parole s’adresse. .
Que le Seigneur nous dispose à accueillir son Esprit qu’il donne “à ceux qui obéissent”.
Dans l’Apocalypse, à travers la vision de Jean, c’est toute l’Eglise qui reconnaît le Christ ressuscité.. Ce sont des “millions, des centaines de millions” qui l’attestent : “Lui, l’Agneau immolé digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction.
Merci pour ces commentaires qui nous aident à approfondir notre foi. Deux choses me frappent en lisant cet évangile de Jean
1. “Jésus leur dit : « Les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? ”
Quelle délicatesse de Jésus! Il sait bien que la pêche n’a pas été bonne, ils sont là encore à l’ouvrage à l’aube. Et puis ce mot, Jésus les appelle “enfants”. Nous appartenons à Dieu, nous sommes à lui. Il y a dans ce mot une intimité et un grand signe d’amour.
2. “Pierre était nu.” Nous sommes tous nus face à Dieu. Pierre en enfilant sa tunique accepte de suivre Jésus. C’est un peu comme s’il revêtait l’aube du baptême. Cette fois ce sera la bonne. Il n’aura plus de doute et aura la force d’aller jusqu’au bout et proclamer la Bonne Nouvelle jusqu’au martyre. Il acceptera d’être le chef de cette Église encore chancelante. fortifié par Jésus, par son amour et sa miséricorde.