Homélie du 6ème dimanche de Pâques (1er mai).
Abbé Jean Compazieu | 22 avril 2016O Seigneur, envoie ton Esprit
Textes bibliques : Lire
Ce dimanche prépare déjà la communauté chrétienne à la Pentecôte. Les textes bibliques nous annoncent ce que sera l’œuvre de l’Esprit Saint. L’Évangile nous parle d’une œuvre d’approfondissement et de paix. Le livre des Actes des apôtres (première lecture) nous montre une œuvre d’ouverture à toutes les nations, juive et païenne. Avec l’apocalypse (deuxième lecture), c’est une œuvre de création qui annonce la nouvelle Jérusalem.
L’Évangile que nous venons d’écouter se présente comme le testament de Jésus. C’est un peu comme un parent qui fait part de ses dernières volontés à ses enfants avant de mourir : il leur recommande surtout de bien s’entendre entre eux. Jésus annonce à ses disciples que son heure approche. Pour eux, la vie sera toute autre. Mais ils ne resteront pas seuls, livrés à eux-mêmes. Il leur promet le don de l’Esprit Saint. Avec lui, ce sera le début d’une nouvelle mission qu’ils rempliront au nom même de Jésus. Il ravivera sans cesse en leur cœur l’enseignement du Christ. Il les aidera à le traduire en amour effectif et concret de leurs frères. Jésus laisse également « la paix » à ses amis. Elle est le gage de sa présence avec eux. Il leur donne sa joie.
Mais pour bénéficier de ces dons, il y a des conditions à remplir. Ce n’est pas Dieu qui met des restrictions ; bien au contraire il ne demande qu’à nous combler. Mais trop souvent le problème vient de nous. Nous ne sommes pas toujours disponibles pour accueillir et garder « sa parole ». Chacun de nous peut se poser ces questions : avons-nous le cœur largement ouvert pour que le Père et lui viennent y faire une demeure ? Il nous arrive parfois de nous plaindre du silence de Dieu. Est-ce que ça ne viendrait pas de nous ? Il est bien présent, mais trop souvent, c’est nous qui sommes ailleurs.
L’Évangile nous parle d’une deuxième condition requise de notre part : “Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie”. La question nous est posée par Jésus lui-même : “M’aimes-tu suffisamment pour être envahi de ma joie ?” Le pape François nous le dit à sa manière : « il y a des chrétiens qui semblent avoir un air de carême sans Pâques » (Evangeli Gaudium). La joie devrait toujours être la caractéristique du chrétien.
La première lecture, extraite du livre des actes des apôtres, nous montre que cela n’a pas été facile. Dans la communauté chrétienne, des craquements se font entendre. De nombreux étrangers viennent frapper à la porte de cette communauté. Fallait-il leur imposer les traditions juives ? Cette question a été réfléchie lors du premier concile de Jérusalem. Il était hors de question d’imposer une Église fermée sur elle-même en obligeant les nouveaux venus à suivre des traditions qui ne sont pas les leurs. L’église doit être ouverte au monde et aux nouveaux convertis. Ces derniers n’ont pas besoin de se dépouiller de leur originalité culturelle. Les différences sont une source d’enrichissement.
Or il se trouve des esprits chagrins qui estiment que l’ouverture au monde est un abandon de la foi. Ils pensent que la pluralité des cultures est une entorse à l’unité. Conduits par l’esprit Saint, les responsables de l’Église primitive n’en ont pas jugé ainsi. La mission de l’Église n’est pas de sauver des traditions mais de travailler avec le Christ qui veut sauver le monde. C’est pour tous qu’il a livré son Corps et versé son sang en rémission des péchés.
C’est aussi ce message que nous adresse saint Jean dans la deuxième lecture. Cette « nouvelle Jérusalem » qu’il nous présente, c’est le Peuple saint. Dieu y habite comme dans un temple. Le Christ y demeure parmi les siens. C’est un peuple ouvert aux quatre points de l’horizon. Il ne doit jamais perdre de vue sa perspective universelle. N’oublions pas que “catholique” signifie “universel” ; le dernier mot de l’aventure humaine sera l’entrée dans le Royaume de Dieu autour du Christ ressuscité. C’est cette bonne nouvelle que Jean adresse aux chrétiens persécutés de son temps et à ceux d’aujourd’hui.
Notre mission d’aujourd’hui c’est d’être les messagers de la paix et de la joie du Christ. Il faut que cela se voie dans notre vie. Si nous voulons être fidèles à l’Évangile, il nous faut rejeter le poison de la médisance, les paroles blessantes qui font du mal. Nous sommes dans l’année de la miséricorde. À travers notre vie, nos paroles et nos actes nous disons quelque chose de la miséricorde de Dieu. C’est avec nous, avec nos pauvres moyens qu’il veut construire une église plus missionnaire et plus engagée au service des autres. “Seul l’amour nous sauvera” (pape François).
En ce jour, nous te prions Seigneur : « Envoie ton esprit qui renouvelle la face de la terre ». Fait que notre humanité s’ouvre à la paix et à la joie.
Sources : Revue Signes – Pour célébrer l’eucharistie (Feder et Gorius) – homélie pour l’année C (Amédée Brunot) – Célébrons dimanche (assemblées de la parole) – missel de dimanche et fêtes des trois années – dossiers personnels.
“si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole”. Mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Dernière recommandation du Maître avant de quitter les siens dans le discours d’adieu commencé dimanche dernier.
“Je m’en vais et je reviens vers vous”. On imagine volontiers la perplexité de ses disciples. il a fallu qu’ils reçoivent l’Esprit Saint pour enfin en comprendre le sens.
C’est vrai que ce sixième dimanche nous prépare à l’Ascension et à la Pentecôte. Aujourd’hui, la foi en la résurrection du Christ nous rend accessible cette présence de Jésus qui vient demeurer avec son Père et l’Esprit Saint auprès de celui qui reste fidèle à sa parole.
comme les Apôtres et les anciens qui reconnaissent dans leurs décisions l’action de l’Esprit Saint, nous devons sans cesse ouvrir notre coeur pour laisser venir en nous cette Présence du Seigneur.
Quant à Jean dans l’Apocalypse, il dit :”J’ai vu par l’Esprit la Cité Sainte illuminée par la gloire de Dieu”, cité dont le Temple est le Seigneur et l’Agneau.
Esprit d’amour, de liberté, de paix, de sainteté, vient renouveler la face de la terre.
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