Homélie du 11ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 3 juin 2016La miséricorde pour tous
Textes bibliques : Lire
En cette année sainte, les lectures bibliques de ce dimanche nous donnent un très bel éclairage sur la miséricorde. Elles nous révèlent un Dieu qui accueille et qui pardonne. Il veut à tout prix nous sortir de notre situation de pêché.
La première lecture nous ramène à l’histoire du roi David. Il avait été choisi par Dieu pour être roi. Un jour, il s’est écarté de Dieu en commettant deux fautes très graves : l’adultère et le crime. À l’écoute du prophète Nathan, David reconnaît son péché. Alors Dieu lui pardonne. La miséricorde de Dieu est sans commune mesure avec le péché des hommes. Cette miséricorde est offerte à tous, même aux plus grands pécheurs. Cela nous rappelle qu’il vaut mieux tomber entre les mains de Dieu que celles des hommes.
C’est vrai, nous vivons dans une société qui accuse et qui condamne ceux qui ont fauté. Certains médias ne vivent que de ça. Les coupables sont définitivement rejetés. On ne leur laisse aucune chance. Ce comportement est absolument contraire à l’Évangile : le vrai Dieu est Amour pour tous, même pour ceux qui ont commis le pire. Avec lui il n’y a pas de situation désespérée. Tous peuvent se convertir et vivre ; c’est de cela que témoignent les aumôneries de prisons.
Saint Paul a vécu cette conversion. Au départ, c’était un pharisien “pur et dur”, fidèle à la loi de Moïse. Il pensait devenir “juste” grâce à la pratique de la loi. Un jour, il a rencontré Jésus sur le chemin de Damas. Toute sa vie en a été bouleversée. Il a découvert un Dieu qui sauve gratuitement. Ce n’est pas grâce à nos mérites que nous pouvons être sauvés mais grâce à la miséricorde de Dieu. C’est par la foi que nous nous ouvrons à ce Dieu tel qu’il s’est révélé en Jésus. Si nous sommes fidèles à l’Évangile c’est sans doute le résultat de nos efforts personnels ; mais le plus important c’est la prévenance imméritée du Seigneur Jésus. Comme l’apôtre Paul, nous pouvons dire : “Ce que je suis, je suis par la grâce de Dieu.”.
C’est aussi cette miséricorde que nous trouvons dans l’Évangile. Jésus est invité chez un pharisien, un homme profondément religieux et fidèle à la loi de Moïse. Sa table est ouverte à tous. Toutefois, il est choqué par l’arrivée de cette femme qui survient sans être invitée. Elle est désignée comme “pécheresse”. En clair c’est une prostituée. Elle avait dû suivre Jésus et entendre ces enseignements. Elle comprend qu’il remet les péchés. Alors elle se tourne vers lui car elle a pleine confiance en lui.
L’Évangile nous parle des larmes de cette femme, de ses baisers, de son parfum très coûteux. En venant ainsi à Jésus, elle fait preuve d’un grand amour. Mais en y regardant de plus près, nous comprenons que ce n’est pas l’amour seul qui donne le pardon mais la foi, la confiance en Jésus. Avant d’accomplir son geste, elle a entendu et accepté les paroles de Jésus. Elle sait que ses nombreuses fautes sont pardonnées parce qu’elle a confiance en Jésus.
Cela, le pharisien ne le comprend pas. Il se dit que si Jésus était un prophète, il saurait qui est cette femme ; il ne se laisserait pas approcher par elle car elle est officiellement condamnée pour ses activités. Ils sont nombreux dans notre société ceux et celles qui sont définitivement rejetées à cause de leur passé. De nombreux chrétiens font preuve d’une raideur extrême à l’égard de ceux qui sont différents. Ils ne savent pas tenir une conversation sans dire tout le mal qu’ils pensent de telle ou telle personne, et parfois de tel ou tel prêtre.
Cet évangile nous révèle que devant Dieu nous sommes tous pécheurs. Ce péché qui nous colle à la peau c’est bien plus qu’une infraction à la morale ou à des lois ; il est surtout un rejet de Dieu. On lui tourne le dos, on organise sa vie en dehors de lui. Mais là où le péché a abondé, la grâce (le pardon) a surabondé. Le grand pêcheur qui est accablé par le poids de ses fautes va s’émerveiller de la remise de ses dettes. Le pardon révèle l’horreur de ce qui a été fait et surtout l’amour de celui qui pardonne.
Ce pardon ne change pas le passé, mais il change l’avenir ; il nous ouvre un chemin d’espérance. Nous pouvons “payer” notre dette par plus de foi et plus d’amour. Le Christ se présente à nous tous comme le chemin qui nous permet d’aller à Dieu ; ce chemin est ouvert même aux plus grands pécheurs. Il faut le dire et le redire à ce qui ne le savent pas : Dieu veut faire miséricorde à tous. C’est pour nous et pour le monde entier qu’il a livré son corps est versé son sang. Il nous veut tous avec lui car il nous aime tous.
En ce dimanche, le Seigneur Jésus nous invite à la table de sa parole et à celle de son eucharistie. Si nous voulons être en communion avec lui, nous devons apprendre à regarder les autres avec le même regard d’accueil et d’amour que lui ; nous devons rejeter les paroles blessantes car c’est du poison. Nous ne devons jamais oublier la miséricorde qu’il nous a manifestée.
Oui sois avec nous, Seigneur, pour que toute notre vie soit ajustée à ton amour. Donne-nous d’en témoigner par nos paroles et nos actes auprès de tous ceux et celles que tu mets sur notre route. Amen
Sources : revues Signes, Feu Nouveau, missel communautaire, Pour la célébration de l’Eucharistie (Feder), lectures bibliques des dimanches (A vanhoye), Célébrons dimanche 2016
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La miséricorde : “Une corde tendue à la misère” : Lire
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Comme les textes de ce onzième dimanche trouvent leur place dans cette Année Sainte de l’infinie Miséricorde de Dieu. Quel être humain aurait pardonné ces actes abominables que David avait commis, lui, à qui Dieu avait tout donné ? Il n’y a que Dieu qui est capable de pardonner à celui qui vient reconnaître son péché avec humilité. Dieu est amour, il aime, il comprend et il pardonne. Pardonner, c’est enlever le poids du passé, c’est faire confiance à l’avenir, c’est donner une nouvelle chance. Depuis toujours Dieu dit à ceux qui reconnaissent le mal qu’il font : non, tu ne mourras pas. Pour le comprendre, il faut savoir que Dieu fait toujours le premier pas.
Heureux l’homme dont la faute est enlevée, et le péché remis ! Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense, dont l’esprit est sans fraude, nous dit le psaume.
Quant à l’Evangile, Jésus est invité par un notable, un homme bien comme il faut sous tous les rapports : il fait l’aumône, il prie, il va à la synagogue…Aussi, est-il choqué, scandalisé de voir cette femme de mauvaise vie entrer chez lui, où elle n’était pas la bienvenue.
Il lui a fallu à beaucoup d’amour, une audace folle pour entrer dans une maison où elle n’était non seulement pas invitée, mais surtout pas la bienvenue. Un acte bien téméraire, un acte spontané, comme, seul l’amour peut en dicter. Elle a bravé tous les interdits, tous les qu’en dira-t-on.
Le Seigneur lui a redonné confiance, il l’a relevée, ressuscitée. » Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! »