Homélie du 18ème dimanche du temps ordinaire (31 juillet)
Abbé Jean Compazieu | 15 juillet 2016Vanité des vanités…
Textes bibliques : lire
En cette période des vacances d’été, les lectures liturgiques nous font réfléchir sur le sens de biens matériels. Ils sont nécessaires pour assurer notre quotidien. Mais le plus important est ailleurs. On se donne beaucoup de peine pour accumuler des richesses. On fait preuve d’ingéniosité, on s’impose des fatigues qui ruinent la santé, l’union du foyer, l’éducation des enfants. Le confort matériel c’est bien, mais si notre vie n’est pas remplie d’amour, il manque l’essentiel. Ce qui fait la valeur d’une vie c’est notre amour de tous les jours pour ceux qui nous entourent. Nous deviendrons riches en ouvrant nos mains et nos cœurs.
Saint Paul nous invite précisément à faire mourir tout ce qui n’appartient qu’à la terre… en particulier cette soif de posséder qui n’est qu’idolâtrie. Si nous voulons trouver le Christ, nous devons rechercher “les réalités d’en haut”. Ces réalités s’appellent justice, amour, charité. Comprenons bien, au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans cet océan d’amour qui est en Dieu, Père, Fils et Saint Esprit. Avec lui, plus rien ne peut être comme avant. C’est une vie entièrement renouvelée qui s’ouvre devant nous. Pour Paul, l’homme accompli c’est Jésus Christ. C’est vers lui que nous devons orienter notre existence.
Dans l’évangile de ce jour, nous trouvons un homme qui n’a rien compris. Il est en conflit avec son frère pour une question d’héritage. Pour le comprendre, il faut connaître les habitudes de l’époque : pour éviter la division et la dispersion des champs et des troupeaux, le fils aîné hérite à peu près de tout. Mais il doit gérer le patrimoine au bénéfice du clan familial. Le fils cadet n’a que la portion congrue. C’est le cas de celui qui s’adresse à Jésus pour lui demander d’intervenir auprès de son frère. Mais Jésus repousse sèchement cette demande. Il n’est pas venu pour régler nos problèmes de partage. Il y a des personnes compétentes pour cela.
Mais comme souvent, Jésus en profite pour attaquer le problème à sa racine. Le vrai malheur, nous dit-il, c’est qu’il y a des hommes qui sont fous ; ils font des choix désastreux. Ils se rendent malheureux ; et en même temps, ils font le malheur des autres. C’est ce qui arrive quand on ne pense qu’à soi et qu’on oublie les autres et le reste du monde. Quand saint Luc écrit son évangile, il pense aux inégalités criantes du monde gréco-romain. Ces inégalités sont toujours bien présentes dans celui d’aujourd’hui. Notre pape François vient de nous le rappeler : il ne cesse de se faire l’avocat d’une “Église pauvre pour les pauvres”.
Il ne faut jamais oublier que la terre et ses richesses ont été créées par Dieu au bénéfice de tous les hommes. Ces richesses continuent à appartenir à Dieu. Il nous les confie pour que nous les fassions fructifier au bénéfice de tous ses enfants. Nous avons le droit d’en user mais non d’en abuser. Par la bouche de Jésus, Dieu traite de fous ceux qui s’y laissent enfermer. En se prosternant devant le veau d’or, ils oublient d’aimer Dieu et le prochain. Ils n’aiment que leur propre personne ; ils deviennent des idolâtres qui se condamnent eux-mêmes. Notre trésor est dans notre cœur. En cette période d’été et de dépenses pour beaucoup, ça vaut la peine de réfléchir au vrai sens de la vie. C’est important : nous savons bien que les richesses, petites ou grandes risquent de nous empêcher de prendre l’Évangile au sérieux.
Pour terminer, voici le témoignage d’une petite Chloé. Elle n’a que 9 ans mais déjà un cœur immense. Alors qu’elle croise tous les jours sur le chemin de l’école des personnes sans abri, elle interroge sa mère sur la raison de leur situation et ce qu’elle peut faire pour les aider… Elle décide alors d’agir. Avec l’aide de sa grand-mère, elle coud des jolis sacs en tissu qu’elle remplit d’articles de toilette et d’hygiène pour femmes. Elle part ensuite avec sa maman dans les rues de San Francisco à la rencontre des femmes SDF pour leur offrir elle-même ses sacs.
Mais ce projet n’est qu’un début. Chloé compte aller plus loin pour aider les plus démunis, en particulier les enfants “qui n’ont pas eu autant de chance qu’elle dans la vie”, dit-elle. Elle a récolté 13 000 dollars par l’intermédiaire d’une association caritative qu’elle a créée avec sa maman. Ils ont notamment servi à organiser un grand une distribution géante de jouets pour les enfants défavorisés. Et Chloé compte bien poursuivre son engagement car, dit-elle, “Aucun rêve n’est trop petit ou trop grand. Je veux inciter les enfant à devenir bons et à s’engager dans ce monde”. A 9 ans, elle avait tout compris.
Nous sommes tous appelés à édifier le monde des hommes non sur la fortune insolente de quelques-uns mais sur la justice qu’inspire l’amour. Alors, plus que jamais, nous accueillons cette supplication : “Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur”.
Télécharger : Homélie du 18ème dimanche du temps ordinaire
Sources : Revues Feu Nouveau et Signes, Missel communautaire, Pour la célébration Eucharistique (Feder et Gorius), missel des dimanches et fêtes (Bayard) – lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye) – L’1visible juillet-août 2016
Autre commentaire :
le vrai trésor :
http://jesus-sauveur.fr
Merci pour ce partage qui fait l objet de notre nourriture spirutuelle
Avant de commencer mon commentaire, je voudrai exprimer toute ma peine, ma révolte pour le crime monstrueux, inhumain du Père Jacques Hamel qui a passé sa vie à servir Dieu et ses frères. A 86 ans, il était toujours en activité; son repos, il le trouvait en Christ.
J’ai suivi la messe sur KTO célébrée par le Cardinal André Vingt-Trois. Il a commencé son homélie en disant “Seigneur, nous as-tu abandonnés ? “Serais-tu pour moi un mirage, comme une eau incertaine ?” En ce moment terrible que nous vivons, comment ne ferions-nous pas nôtre ce cri vers Dieu du prophète Jérémie au milieu des attaques dont il était l’objet Homélie vigoureuse qui a été très applaudie par la nombreuse l’assemblée.
Que nous fassions nôtre la prière de Saint François d’Assise : Prière de Saint François d’Assise pour ne pas nous laisser envahir par la colère, mais rechercher la paix.
Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix !
Là où il y a de la haine, que je mette l’amour.
Là où il y a l’offense, que je mette le pardon.
Là où il y a la discorde, que je mette l’union.
Là où il y a l’erreur, que je mette la vérité.
Là où il y a le doute, que je mette la foi.
Là où il y a le désespoir, que je mette l’espérance.
Là où il y a les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où il y a la tristesse, que je mette la joie.
Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant
A être consolé qu’à consoler
A être compris qu’à comprendre
A être aimé qu’à aimer
Car
C’est en donnant, qu’on reçoit
C’est en s’oubliant, qu’on trouve
C’est en pardonnant, qu’on est pardonné
C’est en mourant, qu’on ressuscite à la vie éternelle.
une catastrophe ! je viens de terminer mon commentaire, au moment de l’envoyer, il a disparut; je suis vraiment désolée. Je n’ai pas le courage de m’y remettre ce soir.
Prions le Bon Dieu de nous replonger dans l’ océan de son amour qu’est notre baptême.
Vanité des vanités disait Qohélet, vanité des vanités, tout est vanité; c’était vrai du temps de l’Ecclésiaste, ça l’est encore plus aujourd’hui où les riches amassent des trésors et sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus démunis. Oui, vanité des vanités, à quoi leur sert toute cette richesse, puisqu’ils mourront et laisseront leur fortune à d’autres, au lieu d’en faire profiter les pauvres.
L’Evangile de Luc rejoint parfaitement la première lecture. Ces textes de ce dix-huitième dimanche sont d’une simple et forte évidence. On pourrait les proclamer sur la place publique, je crois qu’ils recueilleraient l’assentiment des croyants et des non-croyants, parce que chacun sait qu’un coffre fort n’a jamais suivi un corbillard; que ce qu’on a amassé, profitera à d’autres. Et pourtant, on continue à courir après l’argent pour être et paraître, jouir de tous les plaisirs, alors qu’on pourrait tant apporter à ceux qui n’ont rien, ici et là-bas.
Le Seigneur nous a dit : là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur
La vraie mesure de nos jours : vivre pour soi, ou bien en vue de Dieu. De notre option dépendra notre relation aux biens, aux autres, à nous-mêmes.
La vraie mesure de nos jours, c’est le Christ, notre Vie, lui seul peut rassasier notre faim de bonheur.
“Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos coeurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder? Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.”
Cette prière de François d’Assise, nous l’avons lue dimanche sur le parvis de notre église en présence des représentants des quatre communes que regroupe notre ensemble paroissial et de nombreux musulmans qui ont assisté en suite à notre messe. La prière a été aussi lue en méditation après la communion. A la sortie de la messe, nous avons pu échanger avec eux et une musulmane m’a demandé la prière. Une initiative qui a été très appréciée, certaines m’ont dit qu’elles avaient eu envie d’entrer à l’église, mais elles avaient peur qu’on leur interdise l’accès.
Si cela pouvait faire avancer le dialogue entre communautés et vivre en paix, fraternellement.