Homélie du 20ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 6 août 2016“Du courage pour le bon combat”
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Au premier abord, les lectures bibliques de ce dimanche sont assez déroutantes. Et surtout, nous risquons de mal les interpréter. Pour les comprendre, il faut se rappeler qu’elles nous renvoient à des périodes de persécution. Le prophète Jérémie a beaucoup souffert de la haine de ses adversaires, même dans son village natal. On l’a accusé de démoraliser son peuple. Mais le prophète parle de la part de Dieu. En lui, c’est comme un feu que rien ne peut arrêter. On a cherché à le faire mourir. Mais par l’intermédiaire d’un étranger (un Éthiopien), il sera sauvé.
Ce récit nous renvoie aux meurs des temps anciens. Mais nous voyons bien qu’aujourd’hui, ce n’est pas mieux. De nombreux chrétiens subissent les pires horreurs à cause de leur foi en Jésus Christ. Mais comme Jérémie et bien d’autres, rien ne peut les détourner de cette foi qui les habite. Ils ont compris que le Christ est “le chemin, la vérité et la vie”. Lui seul a “les paroles de la Vie Eternelle”.
La lettre aux Hébreux (2ème lecture) a été adressée à des chrétiens persécutés. Cette lettre leur montre les grands témoins de la foi qu’on trouve tout au long de l’Ancien Testament. C’est, nous dit l’auteur de cette lettre, “une foule immense de témoins qui nous entourent.” Mais le plus important pour nous, chrétiens, c’est de fixer notre regard sur Jésus. Il est le témoin toujours présent, celui qui a dit : “Je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps” (Mt 28-20). Il nous précède sur le chemin que nous devons suivre. Avec lui, nous pouvons être sûrs d’arriver au but. Par son obéissance jusqu’à la mort sur une croix, il nous a obtenu la victoire sur toutes les forces du mal. C’est désormais le triomphe de l’amour de Dieu. Cette bonne nouvelle est un message d’espérance pour les chrétiens persécutés de tous les temps. Encore une fois, c’est l’amour qui triomphera.
Dans l’Évangile, saint Luc nous parle du feu que Jésus est venu apporter sur la terre. Non, il ne s’agit pas du feu destructeur. C’est le feu de l’amour passionné qui est en Dieu. Quand saint Luc écrit son Évangile, il mesure les conséquences de l’annonce de la bonne nouvelle, aussi bien dans le monde juif que dans le monde païen. Depuis le feu de la Pentecôte, cette annonce est comme une flamme qui se répand à toute vitesse. Dans le monde juif, elle paraît détruire l’édifice religieux. Dans le monde païen, elle est considérée comme une contagion déraisonnable.
L’incendie est tel que ceux qui deviennent disciples du Christ sont rejetés même par les membres de leur famille. “Chacun a pour ennemi les gens de sa maison”. C’est toujours vrai aujourd’hui. Des gens qui se convertissent au Christ sont obligés de fuir loin de chez eux. En annonçant cela, Jésus parle d’expérience. Lui-même a été rejeté par ses amis d’enfance à Nazareth. On a souvent cherché à le faire mourir. L’annonce du Royaume de Dieu peut nous entraîner à des déchirures douloureuses. Le feu allumé par Jésus conduit ses disciples à des choix radicaux.
C’est important pour nous. Si notre foi se limite à la participation à la messe du dimanche, nous ne prenons pas de gros risques. Il y aura peut-être des moqueries dans certains milieux de travail, de loisir et parfois aussi dans les familles. Mais au Moyen Orient, en Corée du Nord et dans de nombreux pays, ceux qui se convertissent à l’Évangile du Christ sont poursuivis, emprisonnés et mis à mort. Nous en avons tous les jours de très nombreux témoignages.
Tous ces hommes, ces femmes et même ces enfants qui sont morts à cause de leur foi au Christ nous interpellent : Qu’avez-vous fait de votre baptême ? Pourquoi restez-vous installés dans la passivité et la facilité ? Vis à vis de Jésus, il n’y a pas de compromis possible : ou bien on se tourne vers lui et on s’efforce de le suivre, ou bien on regarde vers soi-même, vers son seul profit… et alors le feu s’éteint.
Pour remplir sa mission l’Église a besoin de chrétiens vraiment passionnés de cet amour qui est en Dieu. François Mauriac disait : “Si vous êtes un disciple du Christ, beaucoup se réchaufferont à ce feu. Mais les jours où vous ne brûlez pas d’amour, d’autres mourront de froid.” Alors oui, laissons ici-bas nos cœurs s’embraser de cet amour qui est en Dieu pour le communiquer à tous ceux qui nous entourent.
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Pour aller plus loin : http://jesus-sauveur.fr
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau – Missel des dimanches et fêtes des trois années – Célébrons dimanche Assemblées la Parole Année C – L’intelligence des Écritures Tome 6 Année C (Marie Noëlle Thabut)
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C’est vrai que les lectures de ce vingtième dimanche sont déroutantes, c’est le moins qu’on puisse dire. Quand on voit le sort qui était réservé au pauvre Jérémie, qui, une fois de plus, a risqué la mort pour annoncer la Parole de Dieu. C’était vrai pour les prophètes ainsi que pour Jésus, ça l’est aussi de notre temps pour tous les chrétiens, qui, un peu partout dans le monde sont persécutés et même chez nous. Dans l’Évangile de Luc, Jésus nous dit qu’il est venu apporter le feu sur la terre. Ces jours-ci nous avons assisté à des incendies qui ont détruit des milliers d’hectares de forêts, des maisons…
Le feu que Jésus est venu apporter, c’est le feu de l’Esprit pour nous embraser de son amour, nous communiquer cette audace, ce feu qui brûle toutes les scories qui nous font freiner les pieds.
Tout comme Jérémie qui s’enfonce dans la boue de la citerne, Jésus doit “recevoir un baptême”, plonger dans la mort pour la résurrection.
Les prophètes ont été souvent signe de contradiction. Ainsi Jésus. Ainsi les chrétiens dans le monde. A notre tour, le baptême nous plonge dans la contradiction.
L’important pour les croyants, c’est d’être fidèles au Christ, coûte que coûte. Comme le recommande la lettre aux Hébreux : “Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus.
Il a enduré, sans avoir de honte, l’humiliation de la croix, et, assis à la droite de Dieu, il règne avec lui pour les siècles des siècles..