Homélie du 22ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 19 août 2016” Ne cherche pas la première place !”
Textes bibliques : Lire
Les lectures bibliques de ce dimanche nous invitent à remettre les choses à leur juste niveau. Pour comprendre le texte de Ben Sirac (1ère lecture), il faut savoir qu’à son époque, la mode est au commerce international. Nous sommes sous l’influence de la modernité grecque qui inonde le proche Orient au détriment de la sagesse traditionnelle juive. Ben Sirac dit oui aux meilleurs avantages de la culture grecque. Mais il ne faut pas abandonner les acquis de la culture religieuse d’Israël.
L’une des principales valeurs qu’il faut protéger c’est l’humilité, la modestie. C’est important dans un monde qui s’enfonce dans l’orgueil et la compétition sans tenir compte des petits. Ben Sirac insiste sur l’importance de l’humilité. Le peuple déteste ceux qui sont imbus d’eux-mêmes. Soyons modestes, surtout devant Dieu qui est plus important que nous. Prenons modèle sur les humbles. Ils comprennent mieux que nous la puissance du Seigneur. Ils savent qu’ils n’ont aucun mérite à revendiquer.
L’orgueil nous rend incurables car il enracine en nous tous les autres péchés, en particulier l’égoïsme. Par contre, avec les humbles, Dieu peut faire de grandes choses. Il en fait des serviteurs de son projet. En définitive, l’humilité c’est bien plus qu’une vertu, c’est un minimum vital, une condition préalable.
C’est un peu ce message que nous trouvons dans la lettre aux Hébreux (2ème lecture). L’auteur y parle de la manière dont Dieu se manifeste. Autrefois, sur la montagne du Sinaï, ces manifestations étaient visibles : il y avait le feu, les ténèbres, l’ouragan, le son des trompettes… Quand le Christ est venu, rien de tout cela. Tout s’est passé dans l’humilité. Cette humble venue du Christ a été le point de départ d’une alliance nouvelle, une relation nouvelle avec Dieu. C’est en lui que nous trouvons la source du bonheur au ciel et sur la terre. Nous sommes introduits dans la Cité sainte avec les saints et les anges. Tel est l’enseignement de la lettre aux Hébreux.
Le don de Dieu nous est offert gratuitement et sans mérite de notre part. Dans l’Évangile, nous voyons Jésus invité à un repas chez un chef des pharisiens. Il constate qu’on se bat pour avoir les places d’honneur. Nous connaissons cela en bien des circonstances ; qui doit s’asseoir au premier rang ? Quelle est la personnalité de marque ? Il y a quelque chose de ridicule et de pénible dans ces préséances : être vu de tous, arriver de manière que tous les regards convergent vers vous…
Et pour y parvenir, on fait tout pour passer avant les autres. Mais avec Jésus, ça ne marche pas ainsi. Son enseignement concerne l’humilité : ne fais pas l’important ! Ne te mets pas en avant ! Reste modeste ! Nous vivons dans un monde où on joue des coudes pour faire carrière, pour monter en grade. Nous apprécions d’être reconnus par les autres, d’être estimés pour la qualité de nos compétences.
Mais l’Évangile nous donne la réponse de Jésus. Mais il ne faut pas la recevoir comme une liste de bons conseils ni comme des simples règles de politesse. Dans son enseignement, Jésus nous parle de Dieu et de ses pratiques à notre égard. Il nous guérit pour nous donner accès à sa table ; il invite largement en sachant que nous ne pourrons jamais lui rendre l’invitation. Il nous élève mais seulement si nous restons humbles devant lui. Nous devons donc prendre modèle sur Dieu et agir envers les autres comme il a agi envers nous. “Qui s’abaisse sera relevé.” C’est ce qui s’est passé pour Jésus. Ses adversaires l’ont écrasé, anéanti, mais il a été relevé par son Père au matin de Pâques.
Cet Évangile nous invite donc à prendre conscience de la vanité des honneurs de ce monde. Et ce message nous rejoint en période de rentrée. Tous les bons parents désirent que leurs enfants “arrivent à quelque chose”. Alors, on peut se poser la question : Arriver à quelque chose, qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce gagner beaucoup d’argent ? Devenir très puissant ? Sans doute, mais l’Évangile de ce dimanche voudrait nous rappeler le plus important. Bien élever son enfant, c’est l’aider à devenir quelqu’un de bon, c’est donner la priorité aux qualités de cœur.
Jésus nous a donné le plus bel exemple d’humilité. Il est Dieu fait homme. Il est né dans les conditions les plus ordinaires. Il a vécu parmi les pêcheurs du lac de Galilée. Il a accueilli des gens méprisés de tous, les publicains, les pécheurs notoires, les lépreux. En toutes circonstances, il a été un modèle d’humilité. Il n’a autorisé ses disciples à l’appeler “Maître et Seigneur” qu’après leur avoir lavé les pieds. Nous, disciples du Christ, nous sommes invités à suivre le même chemin que le Maître.
En ce jour, nous nous tournons vers toi, Seigneur : tu es venu non pour être servi mais pour servir. Toi qui connais notre orgueil et nos désirs de grandeur, nous te prions : montre-nous le bonheur qu’il y a à donner sa vie pour ceux qu’on aime ; ainsi, nous parviendrons tous à la joie de ton Royaume. Amen
Sources : Revues Feu Nouveau et Signes – Missel des dimanches et Fêtes – Luc l’Évangile de la miséricorde (Schönborn) – Célébrons dimanche Assemblées de la Parole Année C – L’intelligence des Ecritures (Marie-Noëlle Thabut)
Dans la première lecture de ce dimanche, le sage Ben Sirac nous invite à être humble : “Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. Dans notre monde, nombreux sont ceux qui recherchent la meilleure place, que ce soit sur le plan social, économique, culturel ou politique, tous les coups sont permis, même s’il s’agit de salir la réputation de la concurrence et de démolir sa crédibilité. Ce qui compte, c’est d’obtenir le poste convoité, gagner ses élections, favoriser sa carrière et se tailler une place dans la classe dominante….Courir après toute promotion; prendre la première place au détriment du bien être d’autrui; avoir plus toujours plus, n’être jamais rassasié.
C’est la loi de la jungle.
A cette logique du monde de compétition, Jésus propose la logique du Royaume de Dieu. Il affirme que la recherche des premières places ne pourra jamais construire la société nouvelle voulue par Dieu. L’humilité n’est pas une manière de s’écraser, de se diminuer, mais, paradoxalement de grandir. Il est vrai que cette croissance a lieu sur un autre plan, mais cela en vaut la peine, même socialement. Un orgueilleux est admiré, s’il a du talent, mais il n’est pas forcément aimé. Déjà Ben Sirac, dans sa sagesse l’avait remarqué.
D’ailleurs, quand Dieu a voulu nous montrer son amour, il s’est humilié jusqu’à la mort réservée aux brigands, au voleurs, aux esclaves, la mort sur une croix;
“Qui s’abaisse sera élevé”.
Ce matin, j’ai baptisé deux petits enfants, Paula et Valentin. La maman de Paula s’occupe d’un enfant handicapé à l’école. Elle doit l’accompagner en tout, y compris le changer quand il en a besoin. C’est, ça la première place