Homélie du 23ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 26 août 2016“À moitié, ça ne suffit pas”
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“Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?” Ce sont là des questions que nous avons entendues dans la 1ère lecture extraite du livre de la Sagesse. C’est vrai, nous croyons savoir beaucoup de choses sur Dieu, mais nous nous trompons. Dieu nous dépasse infiniment. Mais il intervient dans la vie des hommes pour leur transmettre sa “Sagesse”. Cette Sagesse c’est son Esprit Saint. Il nous est donné pour nous conduire “vers la vérité tout entière”. C’est lui qui nous fait adhérer au Christ quand nous nous rassemblons le dimanche pour écouter la Parole de Dieu et célébrer l’Eucharistie.
C’est aussi cet Esprit de Dieu qui fait découvrir à Philémon qu’Onésime n’est plus seulement un esclave mais un enfant de Dieu. C’est le message de saint Paul dans la 2ème lecture. Il nous montre toute la délicatesse de l’amour que Dieu met dans le cœur des disciples. Onésime était un esclave en fuite. Paul l’a accueilli et lui a parlé de l’amour de Jésus. C’est ainsi qu’Onésime s’est converti et à été baptisé. A travers cette lettre, nous découvrons toute la délicatesse que Dieu met dans nos cœurs. Il fait de nous des frères.
Cette Sagesse de Dieu nous est également révélée dans l’Évangile de ce dimanche. Les paroles que nous y avons entendues sont déroutantes. Jésus nous invite à l’aventure. Il nous demande un vrai saut dans l’inconnu. Si nous voulons être ses disciples, il nous faut accepter les conditions qu’il pose : “Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses frères, ses sœurs et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple.” Ce qui est premier, c’est de laisser le Christ remplir notre vie de l’amour qui est en lui. Nos affections naturelles sont limitées et imparfaites. Elles sont souvent mêlées d’égoïsme. Le Seigneur nous demande d’y renoncer pour accueillir son amour désintéressé et intensément généreux.
Pour aller à Jésus, il nous faut “haïr” ce qui n’est pas lui. Le commandement de l’amour du prochain est toujours là. Mais le Christ nous demande aujourd’hui de réorganiser notre vie affective. Dieu doit passer avant tout. On lui doit tout. Il est notre priorité absolue. Son amour fera naître en nos cœurs un nouvel amour pour les membres de nos familles.
Donner la première place à Dieu, voilà cet appel qui nous est adressé en cette période de rentrée. Or c’est trop souvent le contraire qui se passe. C’est ce qui arrive quand on se contente d’un programme minimum. Des temps de rencontres, des partages et des célébrations seront proposés aux enfants, aux jeunes et aux adultes. Ces appels du Seigneur attendent une réponse de notre part. Ils doivent passer avant les activités sportives, culturelles ou autres. Si nous voulons venir à Jésus, toute notre vie doit être organisée en fonction de lui. Nous devons le préférer à tout le reste.
Être disciple du Christ ne va donc pas de soi. C’est difficile et exigeant. Celui qui veut suivre Jésus doit réfléchir. Il doit se demander s’il est prêt à tout mettre en œuvre pour le faire sérieusement. Si ce n’est pas le cas, il sera comme celui qui veut bâtir une tour mais qui n’a pas assez d’argent pour l’achever. De même, celui qui veut partir en guerre doit commencer par s’asseoir et réfléchir. C’est encore plus vrai si nous voulons être disciples du Christ : nous devons être lucides sur nos moyens et nos faiblesses.
Il est important que notre vie soit nourrie par la prière, la lecture de la Bible ou de l’Évangile. Sans ressourcement dans la durée, nous n’irons pas assez loin dans nos engagements humains et chrétiens ; nous serons comme celui qui commence à bâtir une tour et ne peut achever.
Aujourd’hui, le Christ nous met en garde contre le danger d’être “un chrétien à moitié”. Ce comportement ne peut convaincre personne. Bien au contraire, il ne fera que provoquer scandale et rejet. Il se creuse souvent un fossé entre ce que nous disons en tant que chrétiens et la manière dont nous vivons. Et alors, on se moque de nous comme dans la parabole de l’Évangile. Si nous voulons être crédibles, il nous faut mettre de l’ordre dans notre vie. Si nous donnons à Dieu la première place sans y mettre de conditions, alors notre vie trouvera le bon cap. Le faire à moitié, ça ne marche vraiment pas.
Ces trois lectures nous révèlent la Sagesse de Dieu qui n’a rien à voir avec celle du monde. Elles nous disent l’amour passionné du Seigneur qui veut le salut de tous les hommes. En réponse, nous ne pouvons pas nous contenter de quelques petites prières. L’important, c’est de vraiment marcher à la suite du Christ et de nous laisser transformer par lui. C’est avec lui que nous entrerons dans la vraie vie.
Seigneur Jésus, donne-nous de ne jamais oublier ta présence. Alors nous serons heureux d’être aimés tels que nous sommes. Jésus, Fils de Dieu, tu es la joie de nos cœurs. Amen
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau – Paroles pour la route (Jean Yves Garneau) – l’Évangile de la miséricorde (Cardinal Christoph SCHÖNBORN) – Ta Parole est ma joie (Joseph Proux –Lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye)
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Merci à tous.
P. Jean
merci pour cette homélie qui m’éclaire et pour “renoncer à tout pour le Christ” de sœur Claire que je crois avoir réussi à bien comprendre.
Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? le livre de la Sagesse nous invite à rechercher les intentions de Dieu sur nous. La Sagesse est un don de Dieu que nous avons reçu au baptêne par l’Esprit Saint et que nous ne devons pas laisser dormir bien au ‘chaud’, mais la tenir toujours en éveil.
Et le psaume enchaîne : “Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos coeurs pénètrent la Sagesse”.
Dans l’Evangile, nous voici encore sur la route qui mène à Jérusalem, la ville où Jésus ira jusqu’au bout de l’amour. A ceux qui veulent le suivre, il rappelle les choix qu’ils auront à faire. Marcher à la suit du Christ implique qu’il faut accepter les exigences de l’Evangile, exigences qui bouleversent la vie, le comportement habituel. Donner la préférence au Christ. Il faut prendre le temps de la réflexion, car Jésus exige le renoncement. A nous de choisir ou bien nous nous entourons des bien de ce monde, renonçant à ceux de la vie éternelle, ou bien nous acceptons de renoncer à ce qui nous empêche de suivre totalement le Seigneur. Devant cette nécessité, nous hésitons parfois, nous pensons être incapables de nous priver de certaines choses auxquelles nous sommes attachés. Savoir se délester de toute chose qui alourdit notre marche à la suite de Jésus. Difficile, mais non impossible. L’attachement au Christ doit être plus fort que tout autre lien, plus fort même que la vie. Cet engagement demande donc réflexion; il est à renouveler aux différentes étapes de notre existence, en une incessante conversion.
En préférant le Christ, nous découvrons la vraie sagesse, celle qui peut nous faire aimer nos frères comme Dieu, car ce qui plaît à Dieu, c’est d’aimer de manière absolue. Paul le découvre dans sa prison et il demande à Philémon d’accueillir Onésime, son esclave comme un frère. L’amour du Christ lui fait poser un regard d’amour sur les autres, pour s’ajuster à la sagesse de Dieu.