Homélie du 25ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 9 septembre 2016
“Dieu ou l’argent… Dieu et l’argent ?”
Textes bibliques : Lire
La Liturgie de ce dimanche commence par une proclamation percutante du prophète Amos. Il s’attaque durement aux désordres, aux inégalités et à l’exploitation des pauvres. Lui qui était éleveur de bétail s’y connaissait en ce qui concerne l’enrichissement des riches au détriment des pauvres. Il dénonce la tromperie sur les marchandises. Quand on profite de la dépendance des plus faibles pour les exploiter encore plus, ce n’est pas tolérable. Ce n’est pas pour en arriver là que Dieu a fait alliance avec son peuple. A travers les opprimés et les exploités, c’est lui-même qui est frappé.
Amos n’est plus là mais son message est plus que jamais d’actualité : En 2016, plus de la moitié du patrimoine mondial est détenue par un pour cent de la population. Et que dire des magouilles en tous genres, des tromperies sur la marchandise, des arnaques sur Internet ? Si Amos était là, il dénoncerait l’esclavage actuel : Des hommes, des femmes et même des enfants travaillent de longues heures pour gagner à peine de quoi manger. Quand nous achetons les produits ainsi fabriqués, nous participons à cette injustice. Il est urgent que nous entendions l’appel d’Amos à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel.
Dans la seconde lecture, nous avons le témoignage de saint Paul. L’âpreté au gain, ce n’est vraiment pas son problème. Bien au contraire, il s’est mis au service de la foi et de la vérité. Il annonce un Dieu qui veut le salut de tous les hommes. Jésus est mort pour tous, y compris pour ceux qui exercent des responsabilités politiques. Paul demande que l’on prie pour tous les hommes et plus spécialement pour les responsables de notre société : que ces derniers facilitent le climat de paix et de dignité dont notre monde a bien besoin. La vraie prière c’est de parler à Dieu de son projet, c’est entrer dans son projet et nous en imprégner. Avec lui, nous deviendrons capables de répandre la bonne nouvelle comme une traînée de poudre. Le moment le plus important c’est la messe du dimanche. On peut la comparer à une vaste réunion de chantier. Ce chantier, c’est celui du Royaume de Dieu. Si nous voulons être fidèles au Maître d’œuvre, notre présence est indispensable.
En réponse à ces deux lectures, l’Évangile nous montre comment faire un pas de plus sur le chemin de la Conversion. Nous avons en tête ceux qui se détournent de la loi pour augmenter leurs profits au détriment des plus pauvres. Or voilà que l’Évangile nous parle de cet intendant malhonnête qui a triché sur les comptes. Il ca être licencié pour faute grave. Demain, il sera à la rue, les poches vides. Il doit réfléchir très vite à la meilleure solution. C’est alors qu’il décide d’abaisser les dettes des débiteurs de son maître.
Les historiens nous apprennent que ce n’est pas une escroquerie de plus. En réduisant les dettes, le gérant ne puisait pas sur les ressources de son patron mais sur ses propres revenus. Le maître fait son éloge car ce gérant a compris qu’il vaut mieux perdre son argent que ses amis. Le Christ voudrait bien que “les fils de lumière” soient aussi habiles pour que l’argent serve au bien de tous. Le jour où nous consacrerons autant d’intelligence pour inventer des solutions de paix, de justice et de fraternité que ceux qui ne pensent qu’à leur argent, beaucoup de choses changeront.
“Faites-vous des amis avec le malhonnête Argent, afin que le jour où il ne sera plus là, ces amis vous reçoivent dans les demeures éternelles”. Sainte Teresa de Calcutta avait bien compris ce message : Ces amis, ce sont les plus pauvres parmi les pauvres, les miséreux, les exclus. A travers eux, c’est Jésus qui est là. Chaque fois que nous nous mettons à leur service, c’est lui que nous servons. La principale amitié qu’il nous faut chercher c’est celle de Dieu. Il est notre richesse suprême qui nous permettra d’être accueillis “dans les demeures éternelles”.
Un jour, la question nous sera posée : qu’as-tu fait de tes biens ? C’est une question redoutable mais aussi une bonne nouvelle pour ceux qui auront tout compris. Aux yeux de Dieu, il n’y a qu’une façon de placer notre argent et nos biens spirituels, c’est de partager par amour pour lui. Quand nous aurons à rendre compte de notre vie, nous aurons de nombreux amis, des pauvres, des malades, des exclus… Ils seront là pour nous accueillir dans les demeures éternelles.
En ce jour, nous te supplions, Seigneur : “Toi qui es Lumière, toi qui es l’Amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour”. Amen
Télécharger : 25ème dimanche du temps ordinaire
Sources : Revues Signes, Feu Nouveau et Fiches dominicales – L’intelligence des Écritures (Marie Noëlle Thabut – Assemblées du dimanche – L’Évangile de la Miséricorde (Cardinal Schönborn)
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Merci Monsieur l’Abbe,
Je devais préparer la PU de ce dimanche et je ne comprenais pas très bien certaines phrases de l’Evangile, notamment “Faites vous des amis avec le malhonnête argent.”.. avec votre texte tout est très clair maintenant et c’est très important. Continuez à publier , voila un moyen efficace d’évangélisation!. Lire des textes intéressants sans les chercher forcement, peut d’un coup éclairer des passages non compris.
Cordialement
Ce matin, entre deux messes, j’ai écouté l’homélie diffusée par France Culture. J’ai constaté que le prédicateur avait repris une grande partie de mes idées et de mes expressions. Cela m’a aidé à être plus en communion avec les chrétiens qui l’écoutaient. Merci Seigneur
Merci Père pour ce commentaire de la Parole de Dieu bien postée
C’est un bel hommage, que l’on vous rend, Jean pour vos homélies. Cela prouve aussi que nous sommes nombreux à vous lire, même, si nous n’intervenons pas. ou assez rapidement, comme moi.
Bien fraternellement
Marie Jeanne
Merci Marie-Jeanne, C’est vrai que ça demande du travail, mais le principal c’est le Seigneur qui le fait. C’est lui qui agit dans le cœur des uns et des autres. Et J’en suis le premier bénéficiaire
Il n’y va pas avec le dos de la cuillère, Amos ! On constate que malheureusement, les choses n’ont pas changé. Il pourrait tenir le même langage, encore aujourd’hui.
En ces temps de crise économique et de mise en évidence de la pauvreté, ils sont nombreux ceux qui ne risquent pas d’être emcombrés par l’argent. Nous n’avons qu’à ouvrir les yeux pour voir la misère à notre porte.
Mais les riches, les favorisés que font-ils pour leur venir en aide, sont-ils prêts à renoncer à leurs privilèges où à des fortunes scandaleuses ? nous en avons tous les jours des exemples; on préfère mettre son argent à l’étranger plutôt que d’enrichir son pays et participer ainsi à améliorer le pouvoir d’achat du pauvre.
Qu’avons-nous fait, nous les gens de l’hémisphère Nord pour venir en aide à ceux de l’hémisphère Sud ? Et maintenant, nous sommes surpris qu’ils quittent leurs pays pour venir s’installer chez nous, espérant une vie meilleure.
Oui, frère Amos, tes paroles sont toujours d’actualité. L’argentt sert à tout, pour le meilleur et pour le pire. On peut tout acheter. On peut même acheter des personnes humaines. “Nous pourrons acheter le malheureux pour un peu d’argent.”.
Nous savons que , même dans nos sociétés où l’esclavage est illégal, il existes des gens que l’on exploite comme des esclaves.
L’argent mène apparemment le monde, plus que les responsables politiques pour lesquels Saint Paul nous recommande de prier.
Les combinaisons de toutes sortes ne manquent pas et jusqu’aux plus hauts niveaux de la société. Le Dieu Argent gouverne le monde.
Le Seigneur nous met en garde “Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent”.
Que notre argent ne soit pas un but en soi, utilisons-le comme moyen pour tisser des liens, de rendre des gens heureux, qu’il nous serve à venir en aide aux frères dans le besoin.
Mon Dieu, apprends-nous à ouvrir nos mains et notre coeur, à sortir de notre bien-être, à aller vers les pauvres, les petits qui sont nos frères, qui sont Jésus, qui nous a dit :
“Ce que vous aurez fait au plus petit des miens, c’est à moi que vous l’aurez fait”.