Homélie du 26ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 16 septembre 2016
“Pauvres riches !”
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Dans la première lecture biblique de ce dimanche, nous avons entendu la voix du prophète Amos. Il a des paroles très dures contre l’insouciance insensée d’une bande de vauriens. Il dénonce les responsables qui sont aveuglés par leurs richesses et leurs privilèges. De ce fait, ils sont devenus incapables de voir la situation qui se dégrade dans leur pays. Ils sont enfermés dans leurs lieux sécurisés ; ils abusent de toutes les commodités possibles. Ils n’imaginent pas que leur chute est pour bientôt.
Ce que le prophète leur reproche, c’est surtout d’avoir oublié le Seigneur et les exigences de la justice. Cet oubli de Dieu engendre un gaspillage insupportable des richesses du pays au profit d’une petite clique et au détriment de la masse des paysans et artisans. Si Amos revenait, imaginons un peu ce qu’il dirait : il dénoncerait le gaspillage qui est une gifle pour notre monde et nos sociétés. Quand on sait que 1% des habitants de la planète possèdent 48% du patrimoine mondial, ce n’est pas tolérable.
Dans l’Évangile, nous entendons Jésus nous raconter une parabole destinée à nous faire réfléchir. Il nous parle d’une réalité qui est à nos portes et que nous avons sous nos yeux chaque jour : d’un côté des pauvres de plus en plus pauvres et de l’autre des riches de plus en plus riches ; d’un côté ceux qui ont trop et qui ne savent plus quoi faire de ce qu’ils possèdent, de l’autre ceux qui ne peuvent plus avoir accès aux soins et qui n’ont plus les moyens de se procurer le minimum vital pour survivre ; toujours moins alors que les autres réussissent à acquérir toujours plus.
Voilà une situation bien connue : on en parle chaque jour ; on la dénonce, mais tout continue. Il y a toujours aujourd’hui des milliers de riches “qui portent des vêtements de luxe et font chaque jour des festins somptueux”. A leur porte, se trouvent, se trouvent des millions de Lazare qui voudraient bien se rassasier de ce qui tombe de la table des riches. Comment ne pas penser à tous ces hommes, ces femmes et ces enfants qui ont dû fuir leur pays en guerre. Ils ont tout perdu et se retrouvent dans la plus extrême précarité.
Cela ne veut pas dire que la richesse est un mal. A l’époque de Jésus, elle était même considérée comme un signe de la faveur de Dieu. Le péché des riches n’est pas d’être riches. Ce que Jésus leur reproche, c’est de ne pas voir les pauvres. Ils ne voient que les riches ; ils ne voient qu’eux-mêmes. Ils sont trop occupés à s’enrichir ; ils ne veulent pas perdre leur temps à s’occuper des pauvres. Ils s’enfoncent dans leur aveuglement mais aussi dans leur indifférence envers les pauvres. Ce qui cause la perte des riches c’est que leur cœur est devenu un désert d’humanité.
Cet Évangile s’adresse aussi à chacun de nous. Sans doute, nous ne sommes pas de ceux qui sont très riches. Mais nous ne sommes pas non plus parmi les plus pauvres du monde. En ce jour, le Christ voudrait nous inviter à ouvrir nos yeux et notre cœur. Le Secours Catholique, le CCFD Terre solidaire et bien d’autres organismes nous rappellent la nécessité de changer nos habitudes pour que les plus pauvres puissent sortir de leur misère.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous dit que nous serons jugés sur nos actes. A travers son disciple Timothée, c’est aussi à chacun de nous qu’il s’adresse. Il nous invite à garder le commandement du Seigneur. Il s’agit pour nous de vivre “dans la foi et dans l’amour, la persévérance et la douceur”. Les disciples sont appelés à mener le bon combat” et à “s’emparer de la Vie Éternelle”. Le Royaume divin à venir est déjà dans ce combat.
Voilà ces appels d’Amos, de Paul et de Jésus. Il ne manque pas de moyen pour nous secouer de notre torpeur. Les médias (journaux, radio, télévision, Internet) nous donnent les moyens d’être informés. Les pauvres nous tendent la main. De nombreux organismes de solidarité nous appellent à participer à cette lutte contre la précarité. Et n’oublions pas d’écouter “Moïse et les prophètes” et surtout les Évangiles. A travers eux, c’est Dieu qui nous parle. Il vient nous rappeler que riches et pauvres sont ses enfants bien-aimés. Jésus s’est rendu chez les uns et chez les autres pour combler le fossé qui les séparait.
L’Eucharistie qui nous rassemble nous annonce un monde où il n’y aura plus de pauvres. Dans ce monde nouveau, tous, riches et pauvres se retrouveront à la même table ; ils partageront ce qu’ils possèdent. Personne n’y manquera du nécessaire. Tous auront assez pour entrer dans la fête. Le monde que l’Eucharistie annonce c’est celui-là même que le Christ est venu instaurer. Rendons-lui grâce et ÉCOUTONS-LE.
Télécharger : 26ème dimanche du temps ordinaire
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau – Célébrons dimanche (Assemblée de la Parole année C) – Paroles pour la route (Jean Yves Garneau) –Heureuse faiblesse (André Louf) – Dossiers personnel.
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Curieuse coïncidence, nous venons juste de faire un don à l’ARMEE DU SALUT.
Là où je vis, je ne vois personne qui souffre de la précarité mais nous répondons, en général, aux appels des organismes de solidarité.
BONNE SEMAINE A TOUS DANS L’AMOUR DU SEIGNEUR.
Un peu d’humour :
Un monsieur très riche et très radin avait demandé qu’à sa mort on mette toute sa fortune dans sa tombe. A moment de refermer le cercueil, son épouse lui met une enveloppe dans la poche de sa veste. Sa sœur lui dit : « Tu ne l’as pas fait ! ». Ce à quoi elle répond : « Si, j’ai répondu à sa demande, je lui ai fait un chèque. »
Bonsoir Abbé
Merci pour l’homélie du 26 ème dimanche, c’est une réalité que le prophète Amos
à dit et nous continuons de vivre cela jusqu’ aujourd’hui.
Et voilà notre cher Amos qui remet ça en ce vingt-sixième dimanche : “Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Jérusalem et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie”. La parabole que nous entendons fait éco aux propos vigoureux du prophète, dévoile le “grand abîme” qui sépare l’homme riche du pauvre Lazare. Sera-t-il jamais possible au riche d’entrer dans le Royaume ?
Les pharisiens à qui s’adresse Jésus peuvent se reconnaître en l’homme riche, eux qui confisquent à leur profit les commandements de la Loi et ferment l’accès des Ecritures à ceux qui voudraient s’en rassasier.
Pourront-ils entendre l’avertissement de Jésus : “Ils ont Moïse et les prophètes : qu’ils les écoutent !”
Les menaces du Christ à l’encontre des pharisiens, comme celles d’Amos à l’égard du peuple d’Israël, sont pour nous encore aujourd’hui une invitation à la conversion.
Apprenons toujours mieux à entendre les appels de ceux qui sont tenaillés par toutes sortes de faims et à y répondre en prenant nos responsabilités personnelles et collectives. Savoir répondre par un partage équitable.
Cette nécessité du partage s’applique aussi aux nations riches qui ont à leur porte des nations pauvres.
La lettre de Paul à Timothée n’a pas de lien direct avec les deux autres lectures, mais des conseils pour vivre dans la douceur, la droiture, la persévérance et de continuer à se battre pour la foi. Que nous pouvons nous aussi mettre à profit.
Heureux qui s’appuie sur le Seigneur son Dieu, nous dit le psalmiste; il garde à jamais sa fidélité.