Homélie de Noël
Abbé Jean Compazieu | 17 décembre 2016Il a habité parmi nous
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Tout au long du temps de l’Avent, nous avons médité sur la venue de Jésus. Cette venue était annoncée depuis longtemps par les prophètes de l’Ancien Testament, en particulier par Isaïe. Son message d’espérance était adressé à un “peuple qui marchait dans les ténèbres”. À son époque, c’étaient les ténèbres de l’exil et de l’oppression étrangère. Ça avait duré 40 ans. Aujourd’hui, nous connaissons les ténèbres du terrorisme et des violences de toutes sortes.
Mais voilà qu’en ce temps de Noël, nous entendons une bonne nouvelle : le Seigneur ne nous abandonne pas. Il vient à nous. Il vient “nous rendre espoir et nous sauver”. Tout au long des Évangiles, nous l’entendons nous parler d’un Dieu qui est Père, un Père qui aime chacun de ses enfants. Il est venu “chercher et sauver ceux qui étaient perdus”. Le vrai Dieu n’a rien à voir avec une religion qui fait massacrer des innocents, des hommes, des femmes et même des enfants. La fête de Noël vient nous rappeler que le vrai Dieu est AMOUR. Il ne sait pas être autre chose. Dans un monde pollué par la haine et la violence, il est celui qui nous apporte la vraie lumière.
Ce Jésus dont nous fêtons la naissance a été annoncé aux bergers. Quand nous faisons la crèche dans nos maisons, nous les mettons en bonne place mais beaucoup ne savent pas trop qui ils étaient. En fait, ils faisaient partie d’une catégorie vraiment méprisée. C’étaient des hommes rustres qui n’avaient pas l’habitude de fréquenter les lieux de culte. À travers eux, c’est la bonne nouvelle qui est annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus. Et cela, nous le retrouvons tout au long des Évangiles. Jésus est venu pour nous dire qu’ils ont la première place dans le cœur de Dieu.
C’est vrai, les Évangiles nous rappellent la mission de Jésus après de ceux et celles qui sont accablés par des souffrances de toutes sortes. Il a accueilli tous ceux et celles qui étaient infréquentables à cause de leur mauvaise vie. Il a ouvert la porte de la Lumière à Marie-Madeleine, Zachée, Matthieu le publicain, la femme de Samarie et bien d’autres qui étaient rejetés par la société bien-pensante de l’époque. Avec lui, c’est la victoire de l’AMOUR sur le mal et la mort.
Cette bonne nouvelle n’est pas que pour les gens d’autrefois. Elle est pour tous les hommes de tous les temps. Elle doit être proclamée dans le monde entier, y compris dans les “périphéries”. Des associations s’organisent pour aller vers les plus pauvres, les personnes seules, celles qui sont à la rue, celles qui n’ont pas les moyens de faire la fête. Des messes sont célébrées dans les prisons et les hôpitaux. Le Christ rejoint tous ceux et celles qui sont accablés par la souffrance, la maladie, le deuil, le chômage, les conflits familiaux. Bien sûr, il ne va pas faire un miracle pour résoudre tous nos problèmes. Mais il marche avec nous. Parfois même, il nous porte. Il nous ouvre un chemin d’espérance.
Fêter Noël c’est accueillir cette bonne nouvelle qui vient changer notre vie et celle du monde. Ce Jésus dont nous fêtons la naissance continue à venir. Il frappe à notre porte. Dieu continue à nous envoyer son Fils. À l’approche de Noël, nous sommes donc invités à l’accueillir, lui donner la première place dans notre vie et faire “tout ce qu’il nous dira.” Avec lui, c’est la joie et l’amour qui entrent dans notre vie. Il veut habiter le cœur des hommes. Alors oui, soyons dans la joie et l’allégresse. Un enfant a dit que “Jésus est le plus beau cadeau de Noël”. Il avait tout compris. Ils sont nombreux dans notre monde ceux et celles qui vont fêter Noël sans penser à cette bonne nouvelle. Tout est prévu, le sapin, les décorations, les cadeaux, le réveillon, mais n’oublions pas Celui qui est à l’origine de ces festivités.
L’Eucharistie qui nous rassemble en cette fête de Noël nous rappelle que le Christ ne cesse de vouloir nous rejoindre. Il continue à vouloir venir chez les siens. C’est un cadeau extraordinaire qui nous est offert à tous, gratuitement et sans mérite de notre part. Avant la communion, nous entendons le prêtre nous dire : “Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.” Ces paroles ne sont pas que pour l’assemblée qui est présente à l’église. Elles sont pour le monde entier. Le Christ ne demande qu’à se donner à tous. Heureux ceux qui ont de cœur de pauvre pour laisser le Christ entrer dans leur vie.
En ces jours de fêtes, nous recevons les paroles de ce chant comme un envoi en mission :
Allez dire à tous les hommes:
Le Royaume est parmi vous,
Alléluia, Alléluia!
Le Royaume est parmi vous.
Au coeur de l’histoire humaine, Dieu vient chez nous. Il se fait l’un des nôtres, tout petit, tout humble. Sa parole est venue prendre chair dans notre humanité. Parole vivante qui se dit dans une vie d’homme.. Il vient nous libérer, Dieu lui-même vient à notre rencontre. La nuit de Noël, l’espérance devient joie. Les hommes, prisonniers des ténèbres, vont reconnaître dans le visage d’un nouveau-né, Dieu lui-même, venu nous révéler totalement son amour et accomplir dans la paix, le droit et la justice, alliance définitive avec l’homme.
Les évangiles des quatre messes de Noël révèlent ce visage de Dieu; maintenant visible en Jésus : le Messie annoncé par les prophètes, il est le fils de Dieu.
C’est par Lui, vrai Dieu et vrai homme, Parole éternelle, que Dieu vient en ce monde conclure la nouvelle Alliance, combler l’homme de sa plénitude d’amour et de vérité.
L’histoire aujourd’hui est à la fois celle de l’Eglise, peuple de la nouvelle Alliance, et l’histoire qui, à notre époque comme au temps de l’ancienne Alliance, cherche obscurément la manifestation du sens de la vie.
Que la joie de Noël rayonne à travers nos visages comme elle irradiait le coeur de Marie et celui de Joseph ! Alors, dans notre monde de violence, d’injustice, se propagera comme une cascade de joie, de lumière et de paix.
Que chacun de nous trouve la force de naître à une vie nouvelle, faite de partage, de miséricorde, d’amour fraternel. Viens, Viens Emmanuel, viens, viens nous sauver !