26ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 20 septembre 2009Lectures bibliques : Lire
La première lecture nous parle de “prophètes”. Avant toute chose, il convient de préciser ce qu’est un prophète. Ce n’est pas quelqu’un qui prédit l’avenir. Prophétiser c’est “parler au nom de”, c’est être inspiré par Dieu et parler en son nom. Les prophètes interviennent auprès du peuple de Dieu pour les inviter à se convertir. La plupart de leurs messages sont durs et menaçants. En fait, il s’agit de cris d’alarme tant qu’il n’est pas trop tard. Les prophètes n’ont jamais souhaité que leurs menaces se réalisent. Ils n’avaient pour but que de réveiller les consciences endormies.
Dans la première lecture, nous voyons des gens prophétiser sans être mandatés. Un jeune homme va les dénoncer à Moïse. Josué intervient pour lui conseiller de les arrêter. Mais Moïse n’est pas d’accord : Son grand rêve c’est que tout le peuple devienne un peuple de prophètes. Ce rêve de Moïse sera repris sous forme de prophétie par Joël : “Je répandrai mon esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront… Même sur les serviteurs et les servantes, en ce temps-là, je répandrai mon Esprit” (Jl 3, 1). Cette promesse se réalisera à la Pentecôte. L’Esprit saint sera répandu en abondance sur les hommes et sur le monde.
Le message de l’Evangile va dans le même sens. Les Douze ont bien conscience de faire partie d’un groupe appelé par Jésus. Ils ont reçu pour mission de chasser les démons. Or voilà qu’un homme extérieur au groupe des disciples se met lui aussi à chasser les démons. Jean aurait voulu l’arrêter. Il estime en effet qu’un homme étranger à la communauté n’a pas le droit d’intervenir au nom de Jésus. Saint Paul a été confronté à une situation semblable. Certains chrétiens annonçaient la parole. Mais, disait-il, “ils le font par envie, par esprit d’intrigue, s’imaginant ainsi aggraver le poids de mes chaînes. Mais qu’importe, le Christ est annoncé et je m’en réjouis.”
Nous chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes tous appelés et envoyés pour annoncer l’Evangile du Christ. Et pour cette mission, nous avons bien besoin du secours de l’Esprit Saint car en dehors de lui, nous ne pouvons rien. Mais il faut aussi se dire que l’Esprit Saint n’agit pas seulement dans un Conseil Pastoral, un groupe de catéchistes ou une paroisse. Il intervient également dans le cœur de ceux que nous considérons comme étrangers à l’Eglise. Eux aussi peuvent nous faire avancer dans la foi au Christ.
La tentation est toujours bien présente dans l’Eglise d’aujourd’hui de se comporter en propriétaires de la Parole de Dieu ou en tout cas de son interprétation, de se proclamer authentique et seul dépositaire de la Vérité. La Vérité existe bien mais c’est Jésus lui-même. Il est “le Chemin, la Vérité et la Vie”. C’est lui que nous devons suivre. Personne ne peut se rendre propriétaire de Jésus. S’il y a un discernement à faire c’est d’abord à l’intérieur de nous-mêmes. L’important c’est que nous apprenions à ouvrir notre cœur trop refermé sur lui-même et à voir comme le Christ. Lui qui “scrute les cœurs et les reins” sait, mieux que nous, admirer ce qu’il y a de vrai et de bon en chacun.
Il y a de bons fruits et de bons arbres à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté. A l’inverse, il y a aussi de mauvais arbres et des mauvais fruits à l’intérieur comme à l’extérieur de cette même communauté. On coupe un arbre malade pour l’empêcher de contaminer les autres. De même, nous dit Jésus, il faut supprimer toute cause de scandale et de danger pour la communauté. Il faut éviter ce qui pourrait l’entraîner loin de Dieu. Ce serait le pire des malheurs.
Les paroles du Christ sont dures à entendre : “Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le. Bien sûr, il ne s’agit pas de mutilation mais de quelque chose de bien plus important. Cet œil c’est celui qui a un regard méchant et méprisant. Chacun de nous peut demander au Seigneur de convertir notre regard, le regard du visage et celui du cœur. Le pied qui entraîne au péché c’est celui qui refuse de suivre le Christ et qui entraîne l’autre et l’égare sur des chemins de perdition. La main qui entraîne au péché c’est celle qui fait violence, celle qui est rude pour les autres, celle qui refuse de partager. C’est l’individualisme, le chacun pour soi. L’évangile ne parle pas des lèvres ni de la langue qui jugent trop hâtivement de ce qui est bon ou mauvais. Nous le savons, les paroles méchantes ne font qu’ajouter à la dose de poison qu’il y a dans le monde.
Avant de juger les autres et de leur imposer notre point de vue, le Seigneur nous invite à extirper le péché de notre vie et de tout faire pour ne pas entraîner la chute d’un seul de ces petits. N’oublions jamais que la frontière entre la lumière et les ténèbres passe d’abord par notre cœur. Demandons au Seigneur qu’il nous conduise sur ce chemin de conversion afin que notre cœur devienne de plus en plus semblable au sien.
D’après diverses sources
Voici également d’autres sources possibles : Lire ici
Pour préparer la liturgie, un prêtre mariste de Nouvelle Calédonie met à notre disposition ce qu’il appelle une “Caverne d’Alibaba”. Lire ici
Choisir le 26ème dimanche de l’année B.
Une Communauté chrétienne d’amour, de foi et d’espérance
Sur la route de Jérusalem – où il sait qu’il va donner sa vie -, Jésus fait halte à Capharnaüm et, dans la maison, en privé, il donne aux Douze disciples un enseignement en 7 points dont les deux premiers ont été lus dimanche passé. Ils valent donc principalement pour les responsables des Eglises mais aussi pour tous les disciples de Jésus que nous essayons d’être.
1. PAS DE RIVALITES MESQUINES.
Au lieu d’ambitionner les grandeurs et de jouer des coudes pour se faufiler aux premiers rangs, il vaut mieux rivaliser pour devenir le plus petit des serviteurs de tous. L’humilité est valeur n°1.
2. L’ACCUEIL DU CHRIST DANS LA PETITESSE
Que chacun se penche sur son “petit frère” croyant, qu’il l’aime avec tendresse: de la sorte il accueille réellement le Christ et, en Lui, Dieu lui-même.
3. ( évangile du jour ) RECONNAÎTRE L’ACTION DE L’ESPRIT HORS L’EGLISE.
Jean, l’un des Douze, disait à Jésus: ” Maître, nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton Nom: nous avons voulu l’en empêcher car il n’est pas de ceux qui nous suivent”.
Jésus répondit: ” Ne l’empêchez pas car celui qui fait un miracle en mon Nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi. Celui qui n’est pas contre nous est pour nous”.
Afin de chasser les mauvais esprits responsables des maladies mystérieuses, les médecins de l’époque recouraient aux exorcismes: ils invoquaient les noms des dieux ou des grands personnages pour qu’ils hâtent la guérison du malade. Ainsi un guérisseur, ayant vu Jésus opérer des miracles (ou ayant eu vent de sa renommée) le nommait dans ses pratiques…à la grande fureur de Jean que Jésus avait, avec raison, surnommé “fils du tonnerre” (3, 17).
Vous n’avez pas le monopole du pouvoir de mon Esprit, répond Jésus: réjouissez-vous plutôt de voir que d’autres que vous, même non chrétiens, travaillent dans l’esprit de l’Evangile et guérissent les hommes.
4. SAVOIR RECEVOIR.
” Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense”.
Puisque Jésus envoyait ses apôtres dans le même dénuement que lui ( ” Ne rien prendre pour la route: pas de pain, pas de monnaie…”- 6, 8), après de longues marches sous le soleil torride, à l’écart des puits, les missionnaires mouraient de soif. Entrés dans un village, il arrivait que leurs auditeurs refusent leur message mais, par pitié, leur offrent de l’eau ou un peu de nourriture.
Acceptez avec reconnaissance ces humbles présents, enseigne Jésus, sachez recevoir quelque chose même de la part de ceux qui ne partagent pas votre foi. Beaucoup de gens que vous cataloguez comme “incroyants” entreront dans le Royaume non par la foi au credo mais par la pratique de la charité vis-à-vis des pauvres. L'”amen” qui ponctue l’affirmation en souligne la certitude.
5. GRAVITE DU “SCANDALE”
“Celui qui entraînera la chute d’un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes et qu’on le jette à la mer !”
Par contre, poursuit le Maître, vous rencontrerez également des gens excédés par votre prédication: non seulement ils se moqueront de vous mais ils feront tout pour faire échouer votre mission. Se considérant comme des adultes intelligents, ils traiteront la foi d’enfantillage, de mythe, de superstition, ils aligneront des arguments, ils inventeront des ruses, ils promettront des avantages afin de convaincre le croyant d’apostasier. Comportement gravissime, prévient le Seigneur, et qui conduit son auteur à la perdition ! Le poids de sa faute est plus lourd que celui des meules épaisses tournées par les ânes (non les petites meules tournées par les mamans pour le pain quotidien et dont on se débarrasserait aisément !).
La grande question surgit à nouveau: Qui donc est ce Jésus qui affiche cette prétention exorbitante: croire en lui est un acte libre mais d’une valeur incommensurable, combattre son Evangile est un péché qui mène à la mort ! ….. Qui dites-vous qu’il est ? Nul prophète n’a posé pareilles exigences !
6. NE PAS OUBLIER OÙ L’ON VA
” Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la: il vaut mieux entrer manchot dans la Vie éternelle que d’être jeté avec tes deux mains dans la géhenne.
Si ton pied t’entraîne au péché, coupe-le: il vaut mieux entrer estropié dans la Vie éternelle que d’être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne.
Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le: il vaut mieux entrer borgne dans le Royaume de Dieu que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas”.
Non seulement le disciple doit prendre garde aux manœuvres malveillantes de certains qui tentent de lui faire perdre la foi, mais il doit veiller sur lui-même avec la plus grande circonspection. Nos membres ne sont pas mauvais en soi: la main marque le désir de prendre, de posséder; le pied indique la direction de vie que nous prenons, la conduite que nous adoptons; l’œil désigne la cupidité, l’envie de capter.
Le langage de Jésus est certes forcé mais il souligne encore le prix extraordinaire de la foi et l’extrême gravité du péril de la perdre. Comme tout homme, le disciple tient à son existence, à son intégrité physique, à sa santé, aux plaisirs d’ici-bas…mais il doit être prêt à sacrifier non seulement ses biens mais aussi son corps si des tentations l’entraînent loin du Christ. Il faut savoir, comme on dit, “trancher dans le vif”, arrêter la tendance mauvaise avant qu’elle ne gangrène la foi.
Pour mener ce combat, que le disciple n’oublie jamais le but de son itinéraire terrestre: ou le Royaume qui est Vie divine ou “la géhenne”. D’où vient ce dernier mot ?
Par-delà le rempart au sud de Jérusalem, il y avait jadis un terrain appartenant au fils d’un certain Hinnôm. ( en grec: gê-Hinnôm – d’où le français géhenne). Le prophète Jérémie tonitrua des imprécations parce qu’on y avait bâti un autel où l’on sacrifiait des nouveau-nés à une idole ! ( Jér. 7, 31).
Profané à jamais, le lieu devint la décharge de la ville. Sous la chaleur, le lieu dégageait en permanence une fumée âcre et une odeur pestilentielle si bien qu’il devint l’image du lieu de damnation. Ainsi le livre d’Isaïe se termine par l’exaltation de Jérusalem comblée de la Paix de Dieu mais ” en sortant, on pourra voir les dépouilles des hommes qui se sont révoltés contre Moi, le Seigneur: leur vermine ne mourra pas, leur feu ne s’éteindra pas. Il seront une répulsion pour tous” ( Isaïe 66, 24).
L’aventure humaine peut échouer dans le rongement d’un désir inextinguible.
7. LE SEL INDISPENSABLE
L’instruction se termine par une image obscure – et donc non reprise dans la lecture liturgique.
“Car chacun sera salé au feu. C’est une bonne chose que le sel. Mais si le sel perd son goût, avec quoi le lui rendrez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec les autres”.
On peut en tout cas comprendre que les disciples de Jésus doivent être “autres”. La foi ne nous retire pas de la société mais nous avons à y jouer le rôle du sel jeté en pleine pâte: conserver et donner sens, goût de vivre. L’avertissement ne porte pas sur la lourdeur et l’incrédulité de la pâte mais sur le danger, pour les disciples, de perdre leur originalité, de devenir fades, sans force ni saveur, échouant à accomplir leur mission de salut du monde ! Ayons “du piquant”, une forte charge d’Evangile en nous !
Et tout se termine par une belle ” inclusion”, en réponse à la dispute de départ : au lieu de vous chamailler à propos des préséances, vivez en paix entre vous, formez une vraie communauté de service mutuel, où l’on veille sur la foi de chacun et où l’on évite les scandales.
* CONCLUSION: il est remarquable de constater que cette brève instruction porte ainsi sur la charité fraternelle, sur la foi à conserver avec soin, sur l’espérance de la Vie.
De quoi, cette semaine, faire l’examen de conscience de nos familles et de nos paroisses !
R. D, dominicain
Prière universelle
En communion avec toute l’Eglise et avec tous les hommes de bonne volonté, supplions le Seigneur.
1. Pour tous ceux qui, dans l’Eglise et hors de l’Eglise, vivent les valeurs de l’Evangile, O Seigneur, envoie ton Esprit
O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre
2. Pour tous ceux qui, dans l’Eglise et hors de l’Eglise, se dévouent au service des malades, des plus démunis et des exclus, O Seigneur, envoie ton Esprit
3. Pour tous ceux qui, dans l’Eglise et hors de l’Eglise, s’efforcent de construire un monde plus juste et plus fraternel, O Seigneur, envoie ton Esprit
4. Pour nous tous ici rassemblés, afin que nous soyons de vrais témoins de l’espérance qui nous anime, O Seigneur, envoie ton Esprit
Prière du célébrant
Accueille, Seigneur, notre prière en nous purifiant de tous nos sectarismes, car chaque homme est précieux à tes yeux, en Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
Le don de l’Esprit
Quel esprit anime nos cœurs ? notre vie ? Pas besoin de longs discours pour reconnaître que dans l’humanité les cœurs sont divisés à ce sujet avec de bons et de mauvais esprits divertissement partagés. Tout cœur humain peut être lui-même investi différemment par le bon et le mauvais esprit.
Dans l’Evangile (Marc 9, 38-43, 45, 47-58) l’apôtre Jean annonce à Jésus : « Nous avons vu quelqu’un chasser les esprits mauvais en ton nom. Nous avons voulu l’en empêcher. Il n’est pas de ceux qui nous suivent ». Œuvrer à chasser les esprits mauvais ne peut être qu’une bonne chose. Est-ce fonction réservée à certains ?
Jésus répond : « Ne l’empêchez pas … celui qui n’est pas contre nous est pour nous ». Il en profite pour dire aux apôtres : « un verre d’eau donné au nom de votre appartenance au Christ ne restera pas sans récompense ».
N’est-ce pas nous indiquer déjà que l’Esprit peut animer d’autres cœurs en dehors de ceux de ses disciples ? Ceux-ci ont cependant la tâche importante de proclamer la Bonne Nouvelle, et leurs auditeurs attentifs s’en trouvent appréciés du Seigneur.
Jésus soulignera aussi une véritable malédiction pour ceux qui entraînent au mal les petits qui croient en lui. C’est là péché grave. Pensons à la pédophilie. Arracher de soi, la main, le pied ou l’œil pour échapper au péché n’est évidemment pas à prendre à la lettre. Il est toutefois plus important de découvrir la valeur du Royaume de Dieu, éternel et source de bonheur, que subir les peines liées aux fautes corporelles. La mortification des sens est nécessaire.
St Jacques (2ème lecture) abonde dans le même sens en s’adressant aux « gens riches », qui exploitent leurs ouvriers, font bombance, ne recherchent que « le plaisir et le luxe ». Tout cela arrive, non sans répercussion, « aux oreilles du Seigneur de l’univers ».
Ces dernières considérations nous ramènent à l’Evangile et aussi à la 1ère lecture. L’esprit est donné à 70 anciens du peuple qui prophétisent comme Moïse, mais également à deux autres anciens non venus à la « Tente de la Rencontre ». En résulte une sorte de jalousie. La conclusion de Moïse est ouverture d’esprit, celle finalement de l’Esprit du Seigneur : « Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes !»
Avec Jésus Christ, et comme l’a rappelé le Concile Vatican II, c’est effectivement tout le peuple chrétien qui doit être un peuple de prophètes, s’inspirant des apôtres et des saints pour répandre la bonne odeur de l’Evangile. La relation avec les non chrétiens qui, dans un bon esprit, oeuvrent à construire la civilisation de l’amour, se doit d’être excellente, recherche d’unité et de paix.
Oui « la loi du Seigneur est joie pour le cœur ». Elle « est parfaite » et « redonne vie » (Psaume 18).
Merci Père Jean d’avoir bien expliqué ce qu’est un prophète. Moi – même je ne suis pas un prophète. En effet, je ne parle plus de Dieu dans ma famille athée car je n’ai en réponse que sarcasmes et ironie. C’est difficile à croire, mais toute ma belle-famille n’a pas besoin de Dieu. Peut-être s’en souviendra – t -elle lorsque les affres de la maladie ou de la pauvreté viendront.
Pourtant, le Seigneur est le chemin, la vérité et la vie. Et je peux dire que le Seigneur contribue largement à ce que je sois une personne “debout”. Je ne voudrais jamais revenir en arrière, je veux dire au temps où je ne connaissais pas Jésus.
Mais, bien sûr, toute ma belle – famille porte de bons fruits. Ils sont serviables et aimants et ont presque toujours le sourire.
Bien sûr, il m’arrive de les juger. Mais tout de suite alors, ma conscience me dit : “qui es-tu pour te permettre de juger les autres ?” et aussitôt je fais pénitence. Et depuis que je suis chrétienne, je vis l’esprit libre et heureux car sans arrêt chercher quelque chose qui ne va pas chez autrui dénote un manque de confiance en soi et rend aigri.
Seigneur, en ce moment il fait beau, j’ai des tas de rendez-vous et je t’honore par mes chapelets et mes lectures chrétiennes. Seulement, je n’ai plus le temps d’aller sur les sites et mes messages chrétiens s’accumulent dans ma boîte mail. Seigneur, il faut que je te retrouve vite pour être une véritable disciple et porter le meilleur service qui soit pour les miens.
Christiane
Tout amour vrai est à la fois miséricordieux et exigeant. C’est ainsi qu’il nous faut entendre les propos rassemblés dans l’évangile d’aujourd’hui. D’une part nous y trouvons des mots bienveillants pour les gens du dehors : « N’empêchez pas ceux qui font des miracles en mon Nom […]. Qui n’est pas contre nous est pour nous ! » Et puis, nous tombons sur ces paroles âpres et excessives : « Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la […]. Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le ! » Nous sommes, au travers de ces paradoxes, remis devant le secret de tout amour, de toute vie authentique, faits à la fois d’ouverture de cœur envers tous, et, en même temps, d’exigences envers nous-mêmes, de renoncements inévitables pour devenir libres d’aimer en vérité.
L’apôtre Jean s’inquiète de voir Jésus accueillir volontiers ceux du dehors : « Ils prétendent chasser les esprits mauvais en ton Nom, mais ils ne sont pas des nôtres. […] Ne faut-il pas les empêcher ? » La réponse de Jésus, loin de tout sectarisme, témoigne au contraire d’une grande délicatesse : « Ne les empêchez pas […]. Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »
Certes, sans être naïfs et sans prendre pour argent comptant tout qui entend agir au nom de Jésus, évitons le soupçon systématique et intolérant. Prenons plutôt à l’égard de tous un parti pris d’accueil, de confiance, de bienveillance. Au lieu d’être jaloux du bien qui se fait ailleurs, au lieu de vouloir monopoliser Dieu, le Christ nous invite à élargir notre cœur, à nous émerveiller de tout ce que l’Esprit fait dans le cœur des hommes, même s’ils ne sont pas des nôtres. Nous devons respecter leur cheminement, laisser mûrir l’œuvre de Dieu en eux. Sans toujours le savoir, affirme Jésus, ils font déjà route avec nous. « Qui n’est pas contre nous est avec nous ! » Et dans ce cheminement mystérieux des êtres vers Dieu, Jésus nous propose même, d’admirer le prix immense aux yeux de Dieu d’un simple verre d’eau fraîche qu’on peut nous offrir. Derrière ces modestes gestes, il y a souvent tout un poids d’attention, d’ouverture du cœur, et peut-être déjà de foi immense. « Qui vous reçoit, dira Jésus, me reçoit et reçoit celui qui m’a envoyé. »
Mais cette bienveillance de fond n’est pas une invitation à la facilité. N’implique-t-elle pas, en même temps, de rudes exigences envers nous-mêmes et envers les autres ? C’est ici qu’on retrouve les paroles décapantes de Jésus, dans l’évangile, qui nous ont peut-être heurtés. « Si ta main t’entraîne au péché, coupe-la […]. Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le. » Bien sûr, il ne s’agit pas de nous mutiler ! Mais il y a des situations où il faut avoir le courage de faire des choix, de trancher dans le vif. Il peut arriver qu’on soit obligé d’amputer un de nos membres pour sauver la santé et la vie de tout notre être. C’est aussi vrai au plan spirituel. Si Jésus nous demande parfois des ruptures, des détachements, ce n’est jamais pour rétrécir notre vie, mais au contraire pour l’accomplir. Il s’agit d’oser nous libérer de tout ce qui en nous est complicité avec le mal.
À quoi servent nos mains, nos yeux, notre cœur ? Servent-ils à capter, à s’approprier, à dominer, à asservir ? Ou bien sont-ils au service du don de soi, de la confiance, du respect, de l’admiration, de la prière ? Sommes-nous assez libres pour aimer et rendre libres ? En vérité, c’est de notre liberté intérieure qu’il s’agit ici. Il faut êtres libres pour aimer le Christ d’un amour sans partage, mais aussi pour aimer gratuitement, sans calcul, les autres. Que le Seigneur nous aide à le choisir, Lui, et à nous séparer de tout ce qui nous éloigne de lui, et surtout de la jalousie qui nous éloigne d’un amour vrai de nos frères.
Avec l’aimable autorisation de kerit.be