Homélie de la fête de la Pentecôte
Abbé Jean Compazieu | 26 mai 2017
Proclamer les merveilles de Dieu
Textes bibliques de la messe du jour : lire
Cinquante jours après Pâques, nous voici parvenus à la fête de la Pentecôte. Tout au long de cette période, nous avons fêté Jésus ressuscité, vainqueur de la mort et du péché. Il nous ouvre un passage vers ce monde nouveau qu’il appelle le Royaume de Dieu. Le jour de l’Ascension, il s’est manifesté une dernière fois à ses apôtres. Le livre des Actes des Apôtres (1ère lecture) nous dit qu’il “s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux.”
C’est ainsi que le Christ ressuscité a disparu à leur regard. Mais il ne les laisse pas seuls : il leur annonce qu’ils vont “recevoir une force”, celle de l’Esprit Saint qui viendra sur eux. C’est ce qui s’est passé le jour de la Pentecôte : ce jour-là, il y avait beaucoup de monde à Jérusalem. Les gens étaient venus de partout pour fêter le don de la loi à Moïse et à son peuple. À l’époque, c’était cela la Pentecôte. Mais ce jour-là, rien ne se passe comme prévu. Saint Luc nous parle d’un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent et aussi d’un feu qui se partageait en langues. C’était le don de l’Esprit Saint.
À ce moment-là, tout est changé dans le cœur des apôtres. La peur qui les paralysait est emportée. Ils se mettent à proclamer les merveilles de Dieu devant ceux-là même qui ont fait mourir le Christ sur une croix. La première de ces merveilles, c’est l’annonce de Jésus mort et ressuscité. Et ce qui est extraordinaire, c’est que chacun les entend dans sa propre langue. C’est une manière de dire que l’Évangile est pour tous, quel que soit leur pays. Il doit être annoncé à toutes les nations. C’est en vue de cette mission que l’Esprit Saint leur est donné. Le livre des Actes des Apôtres nous donne leur témoignage. En le lisant, nous découvrons que l’Esprit Saint les a précédés dans le cœur de ceux qu’il met sur leur route.
Mais pour continuer à avancer, des révisions sont nécessaires. C’est vrai pour une voiture et pour toute autre machine. C’est aussi vrai dans toute vie chrétienne. Dans sa lettre aux Corinthiens, Paul s’adresse à des chrétiens divisés. Il vient leur rappeler le rôle de l’Esprit Saint à l’intérieur de la communauté. Chacun a son charisme, ses qualités. Mais personne ne doit se croire supérieur aux autres. Le fait d’être esclave ou homme libre, ça ne compte plus. Dans l’Église de Jésus Christ, on ne doit plus penser en termes de hiérarchie, d’avancement ou d’honneur. Désormais, une seule chose compte : c’est notre baptême dans l’Esprit Saint.
Le rôle de l’Esprit Saint c’est de nous conduire vers la Vérité tout entière. Il nous rappelle les paroles de Jésus qui est venu nous révéler le vrai Dieu, le Dieu Amour. Vivre la Pentecôte, c’est accueillir ce don de Dieu et nous laisser imprégner par son amour. Cela ne se réalisera que si nous avons un cœur de pauvres, entièrement ouvert à Dieu et aux autres. Si nous restons enfermés dans nos certitudes et notre orgueil, rien ne sera possible. Après l’Ascension, les apôtres ont pris du temps pour se préparer au don de Dieu.
L’Évangile nous ramène au soir de Pâques, cinquante jours plus tôt. Les disciples restaient enfermés dans un lieu caché car ils se sentaient en danger. Leur peur est parfois la nôtre. Dans un monde indifférent ou hostile à la foi chrétienne, il y a de quoi être inquiet. Alors, nous sommes tentés de nous replier sur nous-mêmes. Mais comme au soir de Pâques, le Seigneur ressuscité nous rejoint là où nous en sommes. Ses premières paroles ne sont pas des reproches mais un souhait de paix. Avec lui, nous retrouvons la vraie joie.
Et malgré nos faiblesses et nos doutes, il continue à nous faire confiance : “Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.” Cette parole adressée à ses apôtres est aussi pour nous aujourd’hui. Le Christ compte sur chacun de nous pour être les messagers de son Évangile. C’est en vue de cette mission qu’il nous donne son Esprit Saint. C’est ce qui s’est passé pour nous au jour de notre Confirmation. Ainsi, comme Jésus, Jésus pourrons vivre dans l’amour du Père qui veut le salut de tous les hommes.
Annoncer l’Évangile, ce n’est pas répéter un message appris par cœur. Nous vivons dans un monde qui a beaucoup changé. Si nous voulons le rejoindre dans ce qu’il vit, des révisions sont nécessaires. Tout au long de l’histoire de l’Église, il y a eu des conciles et des synodes. Notre diocèse vient de vivre le sien sur le thème “Disciples et missionnaires”. Il ne s’agit pas de suivre les idées à la mode mais de nous ajuster à Dieu qui veut le salut de tous les hommes. Le Christ ressuscité nous entraîne à aimer comme lui (autant que lui) et avec lui.
À la suite des apôtres, l’Église est appelée à communiquer la paix et à manifester le pardon. Cette paix, ce n’est pas l’absence de conflit ; c’est d’abord la paix intérieure (l’apaisement), c’est la miséricorde, c’est Dieu lui-même. La Pentecôte, c’est l’Esprit Saint qui vient illuminer notre nuit. Prions-le pour qu’il soit toujours avec nous ; qu’il nous donne d’annoncer la bonne nouvelle avec un zèle que rien ne saurait intimider.
Sources : Revues Feu Nouveau, Fiches dominicales, cahiers de Prions en Église, dossiers personnels