28ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 4 octobre 2009Textes bibliques : Lire
Cet évangile vient interpeller notre monde dans ce qu’il vit, en particulier sur l’intérêt que nous portons aux richesses. Quand nous écoutons la radio, en particulier les cours de la Bourse, quand nous regardons les kiosques à journaux, les publicités et les jeux d’argent, nous découvrons qu’il y a un abîme entre ce monde et l’évangile de ce dimanche. Dans le contexte actuel, cette Parole de Dieu nous apparaît comme une provocation.
Le Christ nous dit en effet qu’il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume des cieux. Le Seigneur n’hésite pas à employer cette comparaison forte pour dénoncer le mauvais usage des richesses. Elles nous apprennent à nous suffire par nous-mêmes ; elles nous détournent de la position de celui qui reçoit. La recherche effrénée du gain durcit jusqu’à la rupture les relations entre les hommes. Il suffit de voir tous les conflits à l’intérieur des familles au moment des successions. Et finalement, tout le monde en souffre.
L’évangile de ce dimanche nous présente un homme qui accourt vers Jésus ; il a bien compris le sens de son existence : notre vie sur terre est une préparation à la Vie Eternelle. Alors il lui pose la question qui lui tient à cœur : Que faut-il faire pour l’acquérir ? Beaucoup sont loin de ce souci. Aussi une telle démarche a dû réjouir le Seigneur. Elle vient en effet d’un cœur sincère qui n’a pas peur des efforts : “J’ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse” dit cet homme. Devant cette bonne volonté, le Christ laisse transparaître sa joie profonde. Posant son regard sur lui, “il se mit à l’aimer”. Nous aussi, nous pouvons demander au Seigneur qui nous donne d’être à l’écoute de la Parole de Dieu et qu’il mette en nous le désir d’observer ses commandements.
Aujourd’hui, Jésus voudrait inviter cet homme à franchir une nouvelle étape, à faire LE grand pas : “Une seule chose te manque : vends tout ce que tu as et suis-moi.” A ce cœur généreux, le Christ offre ce qu’il a de meilleur : partager sa vie, sa mission, renoncer à une vie bien confortable et bien installée dans le monde, tout cela pour aller annoncer le Règne de Dieu. Cet appel, il continue à le proposer tout au long de l’histoire de l’Eglise. A l’occasion de cette année sacerdotale voulue par notre pape, nous pensons aux séminaristes qui se préparent à devenir prêtres. Beaucoup ont eu une profession et des responsabilités. Ils ont renoncé à tout cela pour suivre le Christ et annoncer l’Evangile.
L’homme dont il est question dans l’évangile de ce dimanche n’a pas su profiter de cette chance. Il est devenu tout sombre et s’en est allé triste. Jésus a dû, lui aussi, être triste en le voyant s’éloigner. Cet homme a préféré garder ses biens terrestres plutôt que celui que Jésus lui offrait. Son attachement à la pacotille l’a empêché d’acquérir le seul vrai trésor qui aurait pu le combler. Nous n’avons pas à lui jeter la pierre car le même danger nous guette tous. Nous vivons dans un monde qui privilégie la consommation, ceci en dépit de toutes les crises économiques. Comprenons bien : les biens matériels ne sont pas en eux-mêmes un mal ; mais il importe que nous apprenions à les mettre à leur juste place. Ils sont indispensables mais ils ne devraient pas, à eux seuls, occuper notre cœur.
L’homme riche qui va à la rencontre de Jésus a gagné beaucoup d’argent. Il voudrait en plus gagner la Vie Eternelle. Aujourd’hui, le Seigneur nous fait comprendre que le Salut ne se gagne pas mais qu’il s’accueille. Rappelons nous saint François d’Assise. Il a rendu ses vêtements de luxe et s’en est allé joyeux et libéré pour se mettre à la suite du Christ. De même, le Père de Foucauld a renoncé à une vie facile pour vivre une vie de liberté jusqu’en plein désert.
Oui, bien sûr, cet évangile ne doit pas être compris comme une incitation à subir avec résignation la loi souvent injuste du système économique établi. Dieu nous a donné le monde et des richesses à partager pour que nous soyons heureux ensemble. Il n’a jamais dit que ces richesses devaient être du même côté. Nous, chrétiens, nous ne pouvons pas taire les paroles de Jésus sur le danger qu’elles représentent quand elles deviennent le but de notre vie.
Ce qui nous est proposé, c’est de nous laisser envahir par l’amour de Jésus. Au jour de notre baptême, nous avons été immergés dans cet amour qui est en lui. Si nous restons en communion avec lui, nous comprendrons que ses exigences ne sont pas une menace mais un appel à vivre en plénitude. C’est ce que Jésus voudrait nous faire en se donnant à nous par l’Eucharistie. Accueillons avec joie et confiance son message d’espérance. Tout est possible à Dieu.
D’après diverses sources
C’est toujours avec un grand plaisir que je lis l’homélie du dimanche – Comme nous n’avons pas la chance d’avoir une Eucharistie tous les dimanches . Elle me sert bien souvent pour faire le commentaire d’evangile tout du moin elle m’aide dans mon travail de recherche .
un grand merci .
En union de prières
L’interpretation des Saintes Ecritures n’est pas chose facile.,Aussi c’est avec beaucoup d’interet et de plaisir que je lis l’homelie du dimanche et y reflechis pendant la semaine.Ainsi je me prepare a m’enrichir le dimanche en ecoutant l’homelie de mon Cure.
Merci et surtout la Paix de notre Seigneur
Ah ! les richesses ! J’avoue que, depuis ma conversion, mes achats dans le dérisoire et l’éphémère ont bien diminué. Maintenant, je rêve d’un lave-vaisselle. Mais nous ne sommes que quatre et encore pas à chaque repas. Mais c’est mon désir de consommation qui parle et puis le prix d’un lave-vaisselle est tellement attractif ! Bref, je n’ai encore pas cédé aux sirènes de l’envie grâce au Seigneur.
“Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu”. Je peux dire que, personnellement, je n’ai que le strict nécessaire pour ma personne. J’ai beaucoup de détachement pour tout ce qui est vêtements ou maquillage. Je vais une fois tous les quatre mois chez le coiffeur.
Donc, j’ai peu mais je suis très attachée à mon peu. Or je sais que si le Royaume est d’abord une présence à recevoir, tout ce qui occupe à l’excès mon esprit en vient à diminuer ma disponibilité et ma capacité d’accueil. Est-ce vraiment un péché Père Jean, d’être très attaché à mon “peu” ? Car je pense qu’il faut vraiment un minimum pour être en bonne santé mentale et ainsi mieux se consacrer à ceux que l’on côtoie.
Par contre, dans cet évangile, on voit les disciples tout étonnés d’être, POUR UNE FOIS, en position “gagnante” car ils ont tout laissé pour suivre Jésus.
Seigneur, j’ai une belle semaine qui m’attend, en plus c’est l’été indien à Lyon. Alors, je me confie à toi, ne me laisse pas une seconde. (Il y a peu j’ai été privée de RADIO ESPERANCE pendant un jour et demi et j’ai beaucoup souffert. Heureusement, j’ai des CD contenant les mystères du Rosaire fort gentiment imprimés par le Père Jean. Je n’oublierai pas de dire mon chapelet de 20H50 aussi pour ce prêtre qui pense tellement à nous tous. Nous devons nous aussi penser aux prêtres qui ont donné leur vie pour nous servir.)
Christiane
Merci pour ces commentaires. Cette semaine ça démarre sur des chapeaux de roues. Depuis hier soir, il y a eu 132 visiteurs sur le blog. Il y en a plus de 600 chaque semaine. C’est un encouragement à continuer. Merci à tous.
Oui, l’interprétation des Écritures n’est pas chose aisée. Pour préparer une homélie, il faut la Bible et le journal.
– La Bible, c’est évident. C’est le livre de base. Mais pour entrer dans les textes bibliques, il faut quelques clés. Pour nous y aider, il existe une collection très bien faite ; “L’intelligence des Écritures” de Marie Noëlle Thabut. Elle présente un commentaire de toutes les lectures de chaque dimanche de l’année. On les trouve aussi sur le site http:www//cef.fr Voir les commentaires ICI J’ai ajouté ce lien en marge sur le blog.
– Le journal c’est important à condition de regarder ce monde avec le regard d’amour du Christ et non comme les sectes qui ne voient que le mauvais dans ce monde. Dieu nous dit comme à Moïse : “J’ai vu la misère de mon peuple et je t’envoie pour le libérer.”
L’Evangile et l’Argent
Après les relations entre disciples (26ème dimanche), puis les liens au sein du couple et de la famille (27ème) , l’évangile de ce jour rapporte le 3ème et dernier volet des enseignements les plus exigeants de Jésus: il concerne notre rapport aux biens de ce monde et à l’argent. Il va évidemment nous toucher au point sensible !
Jésus se mettait en route quand un homme accourut vers lui, se mit à genoux et lui demanda:
– Bon Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la Vie éternelle ?
– Pourquoi m’appelles-tu “bon”: personne n’est bon sinon Dieu seul. Tu connais les commandements: “Pas de meurtre, pas d’adultère, pas de vol, pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère.”
– Maître, j’ai observé tous ces commandements depuis ma jeunesse.
Posant son regard sur lui, Jésus se mit à l’aimer: il lui dit:
– Une seule chose te manque: va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel; puis viens et suis-moi.
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste…car il avait de grands biens !
Tout à coup survient un homme. ” Un jeune homme”, précisera Matthieu: en effet on note ses rapports à ses parents et non à une épouse. Il a entendu Jésus et, montrant pour lui une grande vénération, il vient lui poser la grande question de la réussite de la vie: comment parvenir à la béatitude du ciel ?
D’emblée Jésus s’efface devant la profession de foi monothéiste d’Israël :” Un seul Dieu !”; puis il rappelle à son interlocuteur que le chemin de la Vie est clairement indiqué dans la Torah par le Décalogue – dont il ne cite d’ailleurs que la 2ème table, les commandements concernant les rapports à autrui.
” J’ai observé tout cela” dit l’homme sans forfanterie: Jésus fixe son regard sur lui, perçoit un honnête garçon habité par une grande foi, insatisfait par une simple observance de règlements, ouvert à un au-delà des lois, en recherche d’absolu. ” Une seule chose te manque: va, vends, donne, viens”.
Remarquons qu’il n’est jamais dit nulle part que Jésus ait appelé un père de famille à lâcher les siens et sa maison: il ne lance cet appel radical qu’à des jeunes, comme les 4 premiers, les pêcheurs du lac de Galilée ( Marc 1, 16) qu’il a embauchés pour travailler avec lui.
Mais l’appel de Jésus s’adresse toujours à une liberté: jamais il n’oblige, jamais il ne force. Et ici la vocation échoue….à cause de l’argent ! Le jeune homme doit être d’une riche famille, il est honnête, bien élevé, pieux, gentil…mais il se montre incapable de renoncer à tout ce qu’il a. Il ne trouve pas l’appel de Jésus aberrant, impossible à réaliser. Au contraire.”Il devient sombre” car au fond de lui-même, il pressent qu’il pourrait, qu’il devrait y répondre. Hélas, son cœur est possédé par ses possessions. Infidèle à sa propre recherche, il bascule dans la tristesse et il s’en retourne, pressentant qu’il vient de rater l’occasion de combler ce “manque” que Jésus avait deviné en lui. Il n’a pas osé faire le saut.
Alors Jésus regarde autour de lui et dit à ses disciples:
– Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le Royaume de Dieu !
Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Mais Jésus reprend:
– Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans la Royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu !
De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux:
– Mais alors qui peut être sauvé ?
Jésus les regarde et répond:
– – Pour les hommes, cela est impossible, mais pas pour Dieu; car tout est possible à Dieu.
La stupeur des disciples se comprend: en effet dans les Ecritures, la richesse n’est-elle pas le signe de la faveur de Dieu qui récompense le labeur, l’honnêteté, la compétence ? Les Patriarches ne s’étaient-ils pas enrichis suite aux bénédictions de Dieu ? Celui-ci n’avait-il pas promis à son peuple nomade et misérable de lui offrir une terre riche où il ne manquerait de rien (Deut. 8, 7)?
Néanmoins la Bible avait aussi pointé le risque énorme de l’enrichissement: Israël, sur sa bonne terre, s’était infatué de ses résultats, il avait placé son orgueil dans ses productions plantureuses et très vite sa richesse l’avait détourné de son Dieu. Au lieu de partager les biens acquis pour créer une société basée sur la justice et le droit, les nantis s’étaient jetés dans une course effrénée au profit sans écouter les cris des malheureux.
Terrible glu de l’argent qui colle aux mains, soif indéfinie de posséder toujours davantage.
Alors Jésus élargit le problème: lui qui a tout abandonné pour accomplir l’appel reçu de son Père, qui connaît bien l’histoire de son peuple et qui a remarqué combien les riches devenaient souvent durs de cœur, lance un avertissement général sur le danger de l’enrichissement par une image qui est devenue proverbiale: Plus un chameau est chargé, moins il peut passer par une porte étroite. Ainsi de l’homme qui accumule les biens: il ne parvient plus à s’engager.
Les disciples demeurent ébahis devant cette déclaration car qui ne tient, au moins un peu, à l’argent ?… S’il en est ainsi, personne n’entrera dans le Royaume ! Le salut est-il donc impossible ?
Si l’homme ne compte que sur ses capacités individuelles, en effet, répond Jésus, il ne peut pas. On ne fait pas son salut, on le reçoit. Avec la grâce de Dieu. Ce qui laisse entrevoir un espoir possible pour le jeune homme: si, à ce moment-là, il n’a pu se débarrasser de ses biens, peut-être, un jour ou l’autre, va-t-il réfléchir et il priera Dieu de lui donner la force de répondre à l’appel de Jésus.
Pierre dit à Jésus: Voilà que nous, nous avons tout quitté pour te suivre ! Jésus déclara: – Amen, je vous le dis: personne n’aura quitté, à cause de moi et de l’Evangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre, sans qu’il reçoive, en ce temps-ci déjà, le centuple: maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres…avec des persécutions ! – et, dans le monde à venir, la Vie éternelle.
Le renoncement n’est pas l’essentiel: il est la conséquence de la décision de suivre Jésus et de vivre selon son Evangile. Le don des biens est en vue du don de soi: il n’est pas geste héroïque mais effet de l’amour.
” A cause de moi et de l’évangile”: c’est pour rester avec Jésus, pour vivre avec lui, pour marcher sur ses traces décrites dans l’Evangile, que l’homme devient capable du don total.
Les premières générations chrétiennes après la Pentecôte ne connaissaient pas la vie religieuse et les couvents: les communautés ne regroupaient que des fidèles ordinaires, avec des responsabilités familiales et professionnelles. Mais la conversion à Jésus Seigneur, dans un milieu hostile, entraînait souvent scissions familiales, ruptures avec l’entourage, bris de carrière, pertes d’héritages. “Vous avez accepté avec joie la spoliation de vos biens” écrivait l’auteur de la Lettre aux Hébreux (10, 34). Oui, nos premiers frères vivaient la radicalité de l’engagement du baptême mais ils étaient heureux de se retrouver ensemble pour former la famille de Jésus. Ils recevaient effectivement “le centuple” dès maintenant.
Même si s. Luc idéalise un peu, il écrit: Ils “étaient unis et mettaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens pour les partager selon les besoins de chacun” (Actes des Apôtres 2, 44). La terrible cupidité, l’amour de l’argent, la passion de posséder toujours davantage étaient vaincus. Ensemble ils se retrouvaient enfants du même Père des cieux et leur allégresse, suscitée par l’Esprit, était telle qu’elle les rendait capables de supporter les persécutions.
Car évidemment, en adoptant ce style de vie qui remettait en question la conduite générale (course à l’argent et au profit), ils étaient mal vus, critiqués, vilipendés par l’entourage. Refusant l’idolâtrie de tous, les chrétiens ne pouvaient qu’être persécutés. Ils le savaient et assumaient leur destin: partageant la Passion de leur Seigneur, ils étaient sûrs de le rejoindre dans la Vie éternelle.
* * *
ACTUALITE : En quelques dizaines d’années, le système moteur du monde occidental avait réussi de manière éclatante: il avait vaincu le système communiste et installé une extraordinaire machinerie pour nous combler de biens toujours nouveaux, offrir à tous assurance-vie, soins de santé, confort, voyages… Jamais le niveau de vie de l’humanité n’avait fait un tel bond en si peu de temps ! …Et tout à coup des jongleurs financiers commettent des folies et tout le système s’effrite, risque la banqueroute. La crise ferme les entreprises, envoie des millions de gens au chômage.
Et voilà que les plus grands savants du monde crient S.O.S.: ” On va droit dans le mur !” : le climat se réchauffe, le niveau des océans monte, les glaciers fondent, les espèces vivantes disparaissent. C’est la planète qui court à sa perte !
Et l’Unicef annonce: ” Un enfant meurt toutes les 20 secondes par manque d’eau potable, de toilettes ou d’hygiène. C’est inacceptable. Mais ce n’est pas une fatalité. Des solutions simples et peu coûteuses existent…”
C’est le moment de nous interroger: Jésus exagérait-il ? N’avait-il pas mis le doigt sur le péril mortel que nous font courir la cupidité et l’avarice ? De grandes voix appellent: il nous faut changer de style de vie, refréner nos gaspillages insensés.
La décision est urgente. L’Eglise de Jésus ne peut ressembler au chameau surchargé impuissant à entrer par la porte d’un avenir viable . N’est-ce pas elle (nous) qui devait, depuis longtemps, changer de cap et opter pour un partage équitable et la sobriété ? A quand une Eglise véritablement prophétique c.à.d. qui vit ce qu’elle croit avant de crier au monde ce qu’il devrait faire ?
R. D.., dominicain
Un éloge, à la fois admirable et persuasif, de la Parole de Dieu, tel est le thème profond de ce dimanche. Comme toute parole humaine elle s’écoute, mais aussi se vit. N’est-ce pas pour cela qu’elle est peu écoutée, peu recherchée ? en aurait-on peur ?
La Bible, Ancien et Nouveau Testaments la rapporte. Il est bon de savoir que dans cet énorme livre tout n’a pas la même valeur. Il demande des explications. Ce n’est ni un roman, ni un livre d’histoire. Il est composé de textes littéraires diversifiés.
Toutefois, en particulier avec le Nouveau Testament, bien des parties sont très lisibles et leur lecture enrichissante, en particulier les Evangiles. Mais, même parmi les chrétiens, qui les a lus en entier, et non pas seulement écoutés en fraction, souvent d’une oreille distraite, le dimanche avec la messe dominicale ? Sachons que cette lecture, renouvelée jusqu’en la vieillesse, ne cesse d’apporter des lumières sur la vérité et sur la vie.
Le livre de la Sagesse (1ère lecture) nous dit déjà : « J’ai prié et l’intelligence m’a été donnée … l’Esprit de la Sagesse est venu en moi ». La lumière de notre esprit n’est pas sans rapport avec la prière, donc avec Dieu. Le texte n’hésite pas à dire qu’à côté de cette acquisition la richesse n’est rien et « l’argent regardé comme de la boue ». La Parole de Dieu se doit d’être aimée « plus que la santé et que la beauté », « sa clarté ne s’éteint pas ». Elle est « richesse incalculable ». Sainte Thérèse de Lisieux, la « petite Thérèse » aimée dans le monde entier, avait découverte cette richesse en lisant dans la 1ère lettre aux Corinthiens de St Paul le chapitre 13 concernant l’amour (souvent cité aux célébrations de mariage).
La 2ème lecture des Hébreux en trace l’action dans le cœur humain. « Elle est vivante, la Parole de Dieu, énergique … elle pénètre au plus profond de l’âme … juge des intentions et des pensées du cœur ». Peut-être pouvons-nous rappeler, en lien avec Moïse et l’apparition divine au Mont Sinaï, qu’elle est feu qui éclaire et réchauffe, consume les péchés, mais loin de détruire, ressuscite et renouvelle. Elle est aussi cette eau, dont parle St Jean dans l’entretien de Jésus avec la Samaritaine, qui en boira « n’aura plus jamais soif » et elle « deviendra en lui une source jaillissante en vie éternelle » (Jean, 4, 13-14). Cette eau pure et vivifiante comme nous en aurions tous bien besoin ! « Nous aurons à lui rendre des comptes ».
L’Evangile (Marc 10, 17-30) mentionne un jeune homme interrogeant Jésus : « Bon Maître que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » C’est un juif, croyant au Dieu unique. Jésus lui rappelle surtout les commandements dictés à Moïse, valables pour toute l’humanité : pas de meurtre, d’adultère, de vol, de faux témoignage, de tort à personne, avec le respect et l’amour des parents. Il a observé tout cela. « Jésus se mit à l’aimer », mais poursuit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres, tu auras un trésor dans le ciel, puis viens et suis-moi ». Exigence forte c’est sûr ! Elle voit le jeune homme « sombre », « s’en aller tout triste, car il avait de grands biens ».
Comme il est difficile aux riches de se défaire, même en partie, de leurs richesses, de partager, de penser aux autres, servir ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur cœur.
Oui, la Parole de Dieu est exigeante pour arriver au trésor du ciel, au Royaume de l’Amour. Nous le savons, cette Parole, c’est Jésus lui-même, le Verbe fait chair venu parmi nous. Il « veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité ». Il « s’est donné en rançon pour tous » (1ère lettre de St Paul à Timothée). « Qui peut-être sauvé ? » Infinie sa miséricorde pour tout pécheur qui se tourne vers lui !
« Rassasie-nous de ton amour : nous serons dans la joie ». Le Psaume 89 nous dit encore : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours ». Que sont-ils devant l’éternité ? « Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains ». Que ce soit un ouvrage de paix, de vérité et d’amour ! Que Marie nous aide pour nous y engager !
Deux marchands de pierres précieuses arrivent dans une halte au désert à la tombée de la nuit. L’air de rien ils essaient de s’impressionner l’un l’autre : l’un laisse tomber une perle magnifique que l’autre admire en la remettant à son propriétaire en faisant état de celles tout aussi belles qu’il possède. Un bédouin est assis près du feu. Il se lève et invite les deux hommes à venir manger avec lui. Pendant qu’ils attaquent leur repas, il leur raconte l’histoire suivante :
« Moi aussi, mes amis, j’ai été autrefois bijoutier comme vous. Un jour, je fus surpris par une grosse tempête dans le désert. Elle me ballotta tellement deça, delà avec ma caravane que je me retrouvai seul et perdis mon chemin complètement. Les jours passaient et je paniquai, quand je me rendis compte que je tournais en rond, sans aucune idée ni de l’endroit où je me trouvais ni de la direction à prendre. Alors, quasi mort de faim, je descendis tous les sacs qui étaient sur le dos de mon chameau et fouillai dedans pour la centième fois. Imaginez mon excitation quand je tombai sur un sac qui m’avait échappé jusque-là. Les mains tremblantes, je déchirai le sac dans l’espoir d’y trouver quelque chose à manger. Imaginez ma déception quand je découvris que tout ce que le sac contenait, c’était des perles ! »
Cette histoire nous pose l’interrogation profonde : « Ai-je compris la futilité des biens que je possède dans ma recherche de la vie éternelle? Qu’est-ce qui compte vraiment dans ma vie de fils de Dieu ? » Les appels du Seigneur sont source de joie, nos hésitations sont source d’insatisfaction. Dans tout son enseignement Jésus invite au détachement ceux qui, comme le jeune homme riche de l’évangile, « veulent la vie éternelle en héritage ». Il ne suffit pas d’être honnête et d’observer les commandements. L’évangile nous dit que le jeune homme était fidèle à tous les préceptes, mais il voulait ajouter à ses possessions une valeur nouvelle : la vie éternelle. Mais celle-ci n’est pas un capital à acheter, un objet à posséder, des biens spirituels à ajouter à ses biens matériels.
Il ne s’agit pas d’avoir. Il s’agit d’aimer. C’est cela entrer dans le Royaume de Dieu, dans les manières de Dieu. C’est se décentrer de soi- même pour s’ouvrir à Dieu. Il s’agit non pas de partir à la recherche de soi, mais à la recherche de la Sagesse, c’est-à-dire de l’Autre divin.
Ce ne sont pas seulement des richesses matérielles que nous avons à gérer avec sagesse. Il est des riches qui font beaucoup de bien autour d’eux. Il ne s’agit pas non plus des biens de l’intelligence : il y a des « intellectuels » qui savent rendre gloire à Dieu et mettre leurs dons au service des autres. Il s’agit d’acquérir une pauvreté capable de laisser Dieu prendre racine en nous. Il s’agit d’accepter de lui abandonner le gouvernail de notre vie.
Telle est la sagesse qui vient de Dieu. ; la sagesse qui est communion avec Dieu et coopération à son œuvre dans le monde.
Avec l’aimable autorisation de kerit.be
L’Évangile de ce jour met sous nos yeux l’histoire d’un homme qui voulait ajouter au nombre de ses possessions matérielles une autre possession, celle de la vie éternelle. Il est sans doute bien brave, cet homme, mais il reste centré sur lui. Il désire ardemment rencontrer le maître : arrivant tout essoufflé et se jetant aux pieds de Jésus, il lui dit. « Bon maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Lire la suite
Prière universelle
Tout est possible à Dieu, notre Père. Osons donc lui présenter nos intentions pour l’Église et le monde entier avec le fervent désir de lâcher prise et d’accepter de tout recevoir de lui.
R/ Seigneur, que ta parole libère notre cœur
Prions pour les accompagnateurs spirituels, les diacres, les aumôniers d’hopital, les prêtres, les agentes et agents de pastorale, toutes les personnes qui rendent manifeste l’Église servante et pauvre. R/…
Prions pour les associations et les organismes qui veillent à une répartition plus juste des biens et des services entre pays riches et pauvres. R/…
Prions pour les personnes dépendantes des jeux de hasard, celles qui ont perdu leur fortune, celles qui cherchent où sont leur grandeur, leur force et leur dignité. R/…
Prions pour nous tous et toutes membres de la communauté ( nom de votre communauté ou paroisse), qui voulont grandir dans la foi. Que le Seigneur nous donne son esprit de sagesse et de discernement pour nous désencombrer de tout ce qui nous empêche d’accueillir la vie même de Dieu. R/…