Homélie du 26ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 23 septembre 2017“Va travailler à ma vigne”
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche dénoncent les incohérences qui peuvent exister dans nos jugements. C’est ce qui se passait au temps d’Ézéchiel (1ère lecture). Le prophète s’adresse à un peuple déporté loin de sa terre natale. La nation juive a été disséminée en terre païenne. Beaucoup pensent que c’est à cause des fautes des générations précédentes qu’ils subissent une telle catastrophe. Le prophète réagit contre cette mentalité : il rappelle à chacun ses responsabilités ; c’est également important pour nous : nous sommes tous appelés à réorienter notre vie vers le Seigneur et à le suivre.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous donne des précisions sur ce que doit être cette conversion. Il nous parle de vie fraternelle, d’humilité et même d’abaissement. Notre modèle doit être le Christ. Il a accepté la mort par amour de ses frères. C’est cette attitude qui lui a valu de triompher. Et c’est à ce triomphe sur la mort et le péché qu’il veut tous nous associer. Avoir les mêmes sentiments que lui, c’est être tout entier orienté vers le salut et la vie des hommes.
Mais en lisant l’Évangile de ce jour, nous voyons bien que ce n’est pas gagné, du moins pour certains. Aujourd’hui, Jésus s’adresse à des gens qui prétendent être les meilleurs : ils se considèrent comme l’élite du peuple : c’est vrai qu’ils respectent la loi jusque dans les moindres détails. Mais derrière ce paravent de scrupuleuse perfection, Jésus dénonce une grave infidélité à l’essentiel de la Parole de Dieu : ils sont persuadés de leur qualité religieuse ; ils se sont fermés aux appels à la conversion de Jean Baptiste et à ceux de Jésus. De plus, ils n’ont que mépris à l’égard des pécheurs.
Au même moment, nous avons des mal-croyants notoires, des gens de mauvaise vie, voleurs et tricheurs, des femmes qu’on disait perdues : les uns et les autres étaient considérés comme irrécupérables. Or voilà qu’ils accueillent l’annonce du Salut : ils se convertissent et changent de vie. Leur “non” est devenu un “oui” parce qu’ils ont cru à l’amour de Dieu qui les ouvrait à un avenir nouveau.
Jésus voit ce qu’il y a dans le cœur de chacun : il accueille le pécheur qui revient à Dieu. Les publicains et les prostituées ont commencé par répondre non à cet appel, mais ils se sont convertis. Ils ont accueilli Celui qui pouvait donner un sens à leur existence. Cette rencontre avec Dieu a complètement changé leur vie. Tout au long des Évangiles et dans l’histoire de l’Église, nous découvrons que les grands témoins de la foi sont des pécheurs pardonnés.
Au-delà des grands prêtres et des anciens, Jésus s’adresse aussi à chacun de nous ; c’est à nous qu’il pose la question : “Lequel des deux a fait la volonté du Père ?” La réponse nous appartient mais il ne faut pas oublier d’en tirer les conséquences : nous ne pouvons pas nous contenter de bons sentiments, de superbes résolutions, d’ardentes prières… il en faut bien sûr, mais si les actes ne suivent pas, nous ne sommes pas convertis. Une simple visite à un malade compte plus qu’un beau discours sur la maladie ; un pardon donné a plus de poids qu’une dissertation sur la paix.
En ce jour, nous entendons la Parole du Père : “Mon fils, va travailler aujourd’hui à ma vigne !” Cette vigne c’est le Royaume de Dieu, Royaume d’amour, de justice et de paix. C’est là que Dieu veut rassembler tous les hommes, y compris ceux qui sont loin de lui. Cette bonne nouvelle que nous accueillons chaque dimanche doit être proclamée dans le monde entier.
Travailler à la Vigne du Seigneur, c’est participer à cette œuvre de rassemblement, c’est témoigner de la foi et de l’espérance qui nous habitent. Nous sommes tous envoyés dans ce monde pour y être des messagers de l’Évangile. C’est à notre amour que ns serons reconnus comme disciples du Christ.
Nous allons célébrer ensemble cette Eucharistie : qu’elle soit pour chacun de nous le lieu du repentir qui précède un engagement plus vrai dans la vigne du Seigneur.
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Sources : Fiches Dominicales – Revue Feu Nouveau – Cahier de Prions en Église – “Ta Parole est ma joie” (Joseph Proux).