Homélie de l’Épiphanie
Abbé Jean Compazieu | 30 décembre 2017EN MARCHE VERS LA LUMIÈRE
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La première lecture nous rapporte la joie du prophète : “Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.” Cette parole adressée à la ville sainte nous appelle, nous aussi, à nous lever. Aujourd’hui comme autrefois, le prophète nous recommande de sortir de nos enfermements. Il nous montre la lumière qui vient illuminer notre existence. Cette lumière c’est la gloire du Seigneur.
L’Église ne doit pas croire qu’elle brille de sa propre lumière. C’est ce qu’écrivait saint Ambroise : “L’Église est véritablement comme la lune : elle ne brille pas de sa propre lumière mais de celle du Christ. Elle tire sa propre splendeur du Soleil de justice.” L’Église ne peut éclairer le monde que si elle est éclairée par le Christ. C’est lui-même qui nous le dit : “Je suis la Lumière du monde : Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres”. (Jean 12, 8)
Nous avons tous besoin de cette lumière qui vient d’en haut. Elle nous est nécessaire pour répondre de manière cohérente à l’appel que nous avons reçu : nous sommes tous appelés et envoyés pour annoncer l’Évangile du Christ. Il ne s’agit pas de faire du prosélytisme en obligeant les gens à se convertir. Être missionnaire c’est d’abord être illuminés par Dieu et réfléchir sa lumière. Notre mission c’est de faire resplendir la Lumière du Christ. Le monde attend de nous cet engagement missionnaire. Il l’attend parce qu’il a besoin de connaître le Christ ; il a besoin de connaître le visage du Père.
C’est cette lumière qui a complètement bouleversé la vie de Paul sur le chemin de Damas. Il a compris que “toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.” Le salut est offert à tous. C’est cette lumière qu’il faut transmettre à toutes les nations. Paul était imprégné de la présence et de l’amour du Christ ; il en a témoigné dans ses lettres, ses discours et ses voyages. Un jour, il a même pu dire : “Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.”
La prophétie d’Isaïe nous parlait d’une grande procession vers la Lumière. Les mages venus d’Orient sont les premiers de cette procession qui ne s’interrompt plus. À toutes les époques, des hommes, des femmes et des enfants ont suivi l’étoile ; ils ont trouvé l’enfant qui indique la tendresse de Dieu. Les mages représentent des hommes et des femmes de toutes les religions du monde entier. Les uns et les autres sont en recherche.
Ces mages nous indiquent la route sur laquelle nous sommes tous invités à marcher. Ils ont longtemps cherché la lumière véritable. Après avoir vu le signe de l’étoile, ils se sont mis en marche, ils ont fait un long voyage. C’est l’Esprit Saint qui les a appelés et qui les a poussés à se mettre en chemin. Et c’est sur ce chemin qu’aura lieu la rencontre avec le vrai Dieu.
Sur leur route, les mages ont dû faire face à de nombreuses difficultés. Arrivés à Jérusalem, ils se rendent au palais du roi Hérode. Pour eux, il était évident que le nouveau roi devait naître dans un palais royal. Or c’est là qu’ils ont perdu de vue l’étoile. Ce qu’ils ont vu, c’est un roi orgueilleux, avide de pouvoir qui ne pense qu’à éliminer tous ceux qu’il considère comme des rivaux. Dans ce palais, les mages ont traversé un moment d’obscurité et de désolation. Dans un tel milieu, l’étoile ne peut pas briller. Il leur a fallu l’éclairage des prophètes pour se remettre en route vers la Lumière.
Arrivés à Bethléem, ils trouvent “l’enfant avec Marie sa mère”. Ils auraient pu sombrer dans la tentation de refuser la petitesse de ce roi. Or c’est le contraire qui arrive : tombant à ses pieds, ils se prosternent devant lui. C’est l’Esprit Saint qui les a aidés. C’est lui qui les a fait entrer dans ce grand mystère. Guidés par l’Esprit Saint, ils arrivent à reconnaître que Dieu ne se manifeste pas par la puissance de ce monde. Il vient à nous dans l’humilité de son amour. Cet amour de Dieu est grand et puissant mais il est humble.
Cette bonne nouvelle nous rejoint dans notre monde : nous voyons autour de nous des guerres, des injustices, des tortures, des trafics d’armes, la traite des personnes… Ce sont les petits et les faibles qui sont les premières victimes. Si nous cherchons Jésus, c’est vers eux qu’il nous faut nous tourner. La crèche nous présente un chemin différent de celui dont rêve la mentalité mondaine : c’est le chemin de l’abaissement de Dieu.
Les mages sont entrés dans ce mystère. Ils sont passés des calculs hautains à l’humilité de la crèche. Nous pouvons demander au Seigneur qu’il nous guide sur ce chemin de conversion, qu’il nous libère des tentations qui cachent l’étoile. Il peut arriver qu’au milieu des tromperies mondaines, nous la perdions de vue. Mais comme les mages, n’hésitons pas à poser la question : “Où est l’étoile ?” En la cherchant et en la suivant, nous trouverons le “nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire”.
Marie, notre Mère est toujours là pour nous montrer Celui qui est la Lumière du monde. Comme aux noces de Cana, elle nous redit : “Faites tout ce qu’il vous dira.”
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Sources : Revue Feu Nouveau – Guide Emmaüs des dimanches et Fêtes – Pape François : Joyeux Noël