Homélie du 5ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 28 janvier 2018Jésus Sauveur
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La liturgie de ce dimanche s’ouvre par une lecture du livre de Job. C’est l’histoire d’un homme riche et distingué qui prenait soin d’offrir des sacrifices à Dieu et qui pensait être à l’abri des malheurs de la vie. Or voilà que tout bascule : en très peu de temps, il perd ses biens, ses enfants et sa santé. Les paroles qui nous sont rapportées en ce jour sont un cri de souffrance. Tout est désordre et contradiction : il désespère et il espère ; il blasphème et il adore ; il est pécheur et il est innocent.
En commentant ce texte, le pape François nous rappelle la situation dramatique de millions d’hommes, de femmes et d’enfants obligés de travailler dans des conditions indignes. Nous pensons aussi à la souffrance et parfois à la révolte de grands malades. Le pape nous recommande de devenir “des artisans de la mondialisation de la solidarité et de la fraternité.” Comme Job, nous nous tournons vers notre Dieu. C’est leur prière et leur révolte que nous faisons monter vers lui. Tout l’Évangile nous dit que Jésus est saisi de pitié devant toute cette souffrance. Et il compte sur nous pour être les témoins passionnés de son amour qui veut sauver tous les hommes.
C’est précisément ce que nous rappelle l’apôtre Paul dans la deuxième lecture. Nous ne pouvons pas nous contenter de bénéficier passivement de cet amour de Jésus. Comme lui, nous sommes envoyés vers ceux qui souffrent. Paul était un passionné de l’annonce de l’Évangile. Son seul but était de gagner les plus grand nombre au Christ. Lui-même disait : “Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile.”
L’Évangile de saint Marc nous plonge en plein dans le ministère de Jésus : ministère de guérison, lutte spirituelle contre les forces du mal qui paralysent l’humanité, ministère de la prière, ministère de la prédication…
Tout commence par le ministère de guérison. Jésus est accueilli dans la maison de Simon et André. Or voilà que la belle-mère de Simon est malade. Jésus la prend par la main et la fait lever. En nous racontant cet événement, Marc veut rendre hommage à cette femme du peuple qui fut la première à offrir l’hospitalité à Jésus et à ses apôtres durant sa vie publique. Cette belle-mère deviendra le modèle de ces femmes de l’Église primitive qui accueilleront les missionnaires sous leur toit. Et bien-sûr, nous n’oublions pas toutes celles qui s’engagent dans un service d’Église.
Voilà donc cette belle-mère guérie et relevée. C’est l’image de ce que Dieu veut faire pour nous lorsque nous sommes paralysés par la fièvre du péché. Il continue à nous prendre par la main. Il veut nous remettre debout pour que, nous aussi, nous puissions servir. C’est cela qu’il réalise par le ministère de son Église; Jésus veut le salut de tous les hommes. Il manifeste une prédilection particulière pour ceux qui sont blessés dans leur corps et leur esprit : les pauvres, les pécheurs, les malades, les marginalisés. Il est celui qui sauve, qui soigne et qui guérit.
Tout l’Évangile nous dit que Jésus est venu “chercher et sauver ceux qui étaient perdus”. Cette mission se continue à travers l’Église, sacrement de l’amour et de la tendresse de Dieu pour les hommes. Les disciples sont envoyés en mission pour “annoncer l’Évangile du salut et guérir les infirmes”. Fidèle à cet enseignement, l’Église à toujours considéré l’assistance aux infirmes comme une partie intégrante de sa mission. Et nous pensons également à tous ceux et celles qui se mettent au service des malades au cours de leur pèlerinage à Lourdes. Les pauvres et les souffrants sont toujours présents sur notre route. À travers eux, c’est le Christ qui est là. Quand nous rendons visite à un malade, c’est le christ que nous servons.
Ce ministère de guérison ne va pas sans celui de la prière. Dès le matin, très tôt, Jésus s’en va dans un lieu désert et là, il priait. Il ne cherche pas à tirer profit de sa popularité. Bien au contraire, il se retire loin de la foule. Il choisit d’aller ailleurs, dans les villages voisins. La bonne nouvelle doit être annoncée partout et jusque dans le monde entier. Le pape François nous parle d’une “Église en sortie”. Tous ont besoin d’entendre la bonne nouvelle pour leur délivrance. Jésus se présente à nous comme le sauveur qui vient délivrer l’homme de ses démons et de ses maladies. Il veut que nous ayons la vie en abondance.
Prions ensemble afin qu’il nous aide à changer le regard sur les petits, les pauvres, les malades et les exclus. C’est vers eux que nous sommes envoyés. Qu’il nous donne force et courage pour témoigner de son amour tous les jours de notre vie.
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Sources : Feu Nouveau, Fiches dominicales, les cahiers prions en Église, Commentaire de l’Évangile selon Saint Marc (Olivier de Baranger), Découvrons Jésus en lisant saint Marc (Cardinal Vingt Trois), François Selon Saint Marc, Homélies pour l’Année B (Amédée Brunot)
Permettez-moi, Père Jean, un commentaire un peu long sur un extrait de l’Evangile d’aujourd’hui qui est habituellement peu commenté. Et comme ami prêtre, je vous supplie de prier pour moi.
Je vais me démarquer, dans cet article, de tout ce qui est contemporain, raisonnable, moderne, tendance théorie du genre et j’en passe…
Pour moi, l’Evangile est vraiment le livre de la parole et des actes de Jésus, et je le prends tel qu’il est, sans le tronquer, sans l’édulcorer, sans le mettre à la sauce du rationalisme de ces deux derniers siècles.
Pour nier l’existence du démon et des esprits mauvais, il faut ne pas y avoir été confronté dans sa vie. Or, par toute ma vie, j’en atteste : le Malin existe, oui, il se manifeste sous un tas de formes et dans de nombreuses situations, nous pouvons faire confiance aux saints et aux mystiques qui, toujours, l’ont trouvé en travers de leur chemin. Alors bien sûr, quand on a l’esprit du monde et que l’on vit selon ses modes et ses fluctuations, on discerne peu l’esprit mauvais : il est, avec les mondains, d’une très grande mansuétude et il les préserve de ses attaques directes ou indirectes. Je suis toujours frappée de constater que mes proches qui adoptent les attitudes et les opinions de la « pensée unique » ont une vie plutôt fluide, pas désagréable, qu’ils sont appréciés et admirés par beaucoup de gens. Ce qui les interpelle en autrui est attribué aux dysfonctionnements de leur psychisme, ils recherchent dans les sciences humaines des explications à tout mauvais caractère ou déviance morale, voire criminelle.
Je voudrais aujourd’hui témoigner de ce qu’est une vie hors de l’esprit du monde, une vie qui recherche sans arrêt l’authenticité dans son être et de son agir, une vie qui n’a qu’un seul modèle : le Christ Jésus.
Oui, j’ai pris cette voie étroite et difficile depuis mon plus jeune âge. Travaillée jusqu’aux entrailles par la Parole et la façon d’être du Christ.
Eh bien, vous pouvez m’en croire, le démon savait, lui, qui je désirais devenir.
Mais je voudrais souligner une différence de taille entre ma personne et celle de mon maître absolu, le Christ Jésus : il s’est incarné homme, et moi je suis femme. De là, un comportement diamétralement opposé du Malin à son égard et à mon égard.
Je ne peux pas empêcher le Malin de parler : depuis toujours, au contraire, soit il me noie dans son insupportable verbiage, soit il m’éructe dessus pour m’humilier. Pas moyen de le faire taire ni de l’expulser. J’ai compris cela par devers toute ma vie : une femme, jamais, ne peut exorciser une personne en proie au démon par l’autorité. Elle le peut peut-être par une inlassable prière d’intercession, sur le long terme, mais jamais par l’autorité. Et aussi moyenâgeux que cela puisse paraître, c’est l’un de mes arguments en défaveur du sacerdoce des femmes.
Le démon hait la femme, il est foncièrement misogyne – qu’il soit dans un corps d’homme ou dans un corps de femme, je dis souvent qu’il n’y a pas plus misogyne qu’une femme qui l’est – le démon refuse d’obéir à quelque femme que ce soit. Soit il la séduit, soit il la harcèle jusqu’aux limites de sa résistance personnelle. Une femme qui vit véritablement en union profonde avec son Seigneur vit une lutte acharnée de chaque instant contre le démon, qui prend toutes les formes possibles autour d’elle. Combien plus quand cette femme vit seule, sans communauté religieuse autour d’elle et sans homme solidement chrétien pour la protéger !
J’entends d’ici les hauts cris des catholiques dogmatiques : mais la Vierge Marie est celle qui combat le mieux le démon ! Je réponds que cela n’est absolument pas dans les Ecritures, et que le Père, sachant bien ce qu’il en est, a eu l’intelligence suprême de donner à Marie un époux saint, et un Fils imperméable au péché. Enlevez Joseph et Jésus à Marie, puis enlevez-lui saint Jean, et vous n’aurez plus qu’une pauvre femme harcelée par le mal depuis Hérode jusqu’aux persécuteurs de Jésus et à la mort qui la guettait elle aussi.
Je suis donc ferme dans ce que j’écris aujourd’hui : notre seul vrai rempart contre le démon, c’est le Christ Jésus et notre foi en Lui.
Quant à moi qui suis une femme éprise de lui depuis toujours, je suis seule face au Malin dans ma vie quotidienne, sans communauté religieuse autour de moi, et je supplie mes amis prêtres et religieux si précieux à mon âme d’intercéder pour moi, pour que le Mauvais me laisse enfin quelque répit.