Homélie du 23ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 3 septembre 2018
“Ouvre-toi !”
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Les trois lectures de ce dimanche nous annoncent une bonne nouvelle. Elles nous parlent de transformation. Nous avons tout d’abord un extrait du livre d’Isaïe : il s’adresse à un peuple d’exilé qui est appelé à revivre. C’est un peu comme la nature qui fleurit. Avec Dieu, le mal ne peut l’emporter : “Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu ; c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu ; il va vous sauver.”
Comprenons bien, le prophète ne parle pas de vengeance contre des hommes mais contre le mal. Il annonce la victoire de l’amour de Dieu contre le mal, la haine et la violence. C’est un encouragement pour tous ceux et celles qui ont vécu dans la peur. C’est aussi un appel à ne pas entrer dans l’escalade de la violence. La revanche de Dieu c’est de supprimer le mal, c’est de faire en sorte que les aveugles voient et que les sourds entendent. Cette bonne nouvelle c’est l’amour infini de Dieu pour tous les hommes. C’est à cette espérance que nous avons à nous ouvrir, surtout quand tout va mal.
Dans sa lettre, saint Jacques nous montre un chemin de conversion. Il nous recommande de mettre notre comportement en accord avec notre foi. Nous ne devons jamais oublier que Dieu aime tous les hommes et qu’il veut le salut de tous. Si nous donnons la première place au riche qui présente bien et si nous méprisons le pauvre, nous péchons contre Dieu ; c’est son amour universel que nous rejetons. La foi, c’est l’accueil de Dieu dans toute notre vie, c’est l’accueil de son amour pour les pauvres, les petits et les exclus. Nous sommes invités à avoir le même regard que Dieu sur tous ceux et celles qui nous entourent, un regard d’accueil, un regard qui va jusqu’au pardon.
Dans l’Évangile, nous trouvons Jésus en plein territoire païen. Il n’hésite pas à sortir des frontières d’Israël. C’est une manière de dire que la bonne nouvelle n’est pas réservée à quelques-uns mais au monde entier. La guérison du sourd-muet nous montre que Jésus rétablit la pleine communication de Dieu avec les hommes ; cet homme porté par Jésus devient le symbole du non-croyant qui effectue un chemin vers la foi. Sa surdité exprime l’incapacité d’écouter et de comprendre les paroles des hommes mais aussi la Parole de Dieu.
La première chose que fait Jésus c’est d’emmener cet homme loin de la foule. Il ne veut pas faire de publicité autour du geste qu’il se prépare à effectuer. Mais il ne veut pas non plus que sa parole soit couverte par le bruit des voix et des bavardages environnants. La Parole que le Christ nous transmet a besoin de silence pour être écoutée. C’est une parole qui purifie, qui réconcilie et qui rétablit la communication.
Deux gestes sont ensuite mis en évidence : il touche les oreilles et la langue du sourd-muet. Puis les yeux levés vers le ciel, il dit : “Ouvre-toi”. Alors les oreilles du sourd s’ouvrent, le nœud de sa langue se délie et il se met à parler correctement. L’enseignement que nous tirons de cet épisode c’est que Dieu n’est pas fermé sur lui-même, mais il s’ouvre, il se met en communication avec l’humanité. Pour réaliser cette communication, Dieu se fait homme. Il ne lui suffit pas de parler par le biais des prophètes ; il se rend présent en la personne de son Fils. Le Christ est Celui qui donne Dieu à l’homme et l’homme à Dieu.
Cet Évangile nous parle aussi de nous : bien souvent, nous sommes repliés et refermés sur nous-mêmes ; nous devenons incapables d’ouverture réciproque : le couple fermé, la famille fermée, le groupe fermé, la paroisse fermée. Mais Jésus veut nous rejoindre. Aujourd’hui comme autrefois, il continue à nous dire : “Ouvre-toi !” Ne reste pas enfermé dans tes soucis personnels ni dans tes relations habituelles. Ouvre-toi à la Parole de Dieu ! Ouvre tes oreilles pour l’écouter ! Ouvre ta langue pour la communiquer.
En cette période de rentrée, nous accueillons cet appel à nous ouvrir à notre paroisse, à notre diocèse et au monde dans lequel nous vivons. Notre mission de chrétiens baptisés et confirmés c’est de bâtir avec Jésus des communions ouvertes et accueillantes aux autres. Soyons plus spécialement attentifs aux blessés de la vie, ceux qui n’ont jamais la parole et que personne n’écoute. N’oublions jamais qu’ils ont la première place dans le cœur de Dieu.
En ce jour, nous faisons nôtre cette prière :
« Ouvre mes yeux, Seigneur, aux merveilles de ton amour.
Je suis l’aveugle sur le chemin, guéris-moi, je veux te voir.
Fais que j’entende, Seigneur, tous mes frères qui crient vers moi.
À leur souffrance et à leurs appels, que mon cœur ne soit pas sourd. »
Sources : Revue Feu Nouveau – Homélies pour l’année B (Amédée Brunot) – Au service de la Parole (Bernard Prévost) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP. Bagot) – François Selon Saint Marc
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