Homélie du 1er dimanche de l’Avent ©
Abbé Jean Compazieu | 26 novembre 2018Fais paraître ton jour
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Pour la préparation de noël dans nos églises, nous sommes de nouveau en retard par rapport au commerce. Nous avons pu le constater, dans nos magasins tout est en place depuis plus d’un mois. Mais toute cette frénésie risque fort de nous faire oublier le vrai sens de cette période : nous sommes dans le temps de l’Avent (avènement). C’est un temps de joie. Les prophètes nous annoncent des jours de justice et de salut. Ce Jésus dont nous fêtons la naissance inaugure une ère nouvelle. Celle-ci ne s’accomplira pleinement que lorsqu’il reviendra “avec grande puissance et grande gloire” à la fin des temps.
C’est à cette grande rencontre que nous nous préparons tout au long de notre vie. Le temps de l’Avent, c’est celui de la venue. Le Seigneur Jésus est celui qui vient tous les jours ; il frappe à notre porte et il attend notre réponse et notre accueil. Il est aussi celui qui reviendra. Nous attendons son retour glorieux et nous nous y préparons chaque jour en restant éveillés, prêts à l’accueillir. C’est une promesse de bonheur qui nous attend tous.
C’est cette bonne nouvelle que nous trouvons dans la première lecture biblique de ce dimanche. Jérémie s’adresse à un peuple très éprouvé par la défaite et la misère. C’est vraiment la désolation. Mais voilà que le prophète lui annonce la consolation. Cette “promesse de bonheur” s’accomplira sans que le peuple la mérite. Dieu n’abandonne pas son peuple blessé. Ce qu’il veut, c’est le bonheur de tous. Mais il attend une réponse de leur part.
Dans la lettre aux Thessaloniciens, il est également question de la “venue du Seigneur dans la gloire”. Au moment où il écrit, Paul croit fermement que ce retour du Christ est pour bientôt. Il invite les membres de la communauté à progresser chaque jour dans la foi et dans l’amour. Cet amour doit être ouvert à tous, même à ceux qui ne partagent pas leur foi. La dynamique de l’Avent doit les pousser (et nous pousser) à faire chaque jour des nouveaux progrès dans le domaine de l’amour fraternel.
Malgré les apparences, c’est une bonne nouvelle que nous lisons dans l’Évangile de ce jour. C’est vrai que si nous lisons ces lignes au pied de la lettre, il y a de quoi frémir. Il faut savoir qu’elles ont été écrites en temps de détresse. C’est un message de consolation qui annonce la victoire finale de Dieu. Saint Luc nous parle du retour du “Fils de l’homme avec grande puissance et grande gloire” (Luc 21, 27). Ce jour-là, le grand projet de Dieu sur l’humanité sera enfin accompli. L’humanité tout entière ne fera qu’un avec le Christ. Elle sera enfin libérée de tout ce qui l’écarte du bonheur prévu par Dieu de toute éternité : “Quand ces événements arriveront, redressez-vous et relevez la tête car votre rédemption (libération) est proche.
Le grand message de cet Évangile ce n’est pas d’abord la fin du monde mais le retour du Christ dans la gloire. C’est vrai, l’ancien monde disparaitra mais ce sera pour donner naissance à un nouveau monde. L’Évangile nous parle de bouleversements et de catastrophes : la tentation serait grande de baisser la tête en attendant des jours meilleurs. Or c’est exactement le contraire que le Seigneur nous recommande. Nous accueillons cet Évangile comme un appel à la vigilance, un appel à rester éveillés en présence de Dieu.
C’est très important pour notre vie de tous les jours. Nous risquons facilement de nous laisser submerger par tout ce qui nous tombe dessus à longueur de journées. La société de consommation nous entraine vers la recherche du confort et de la jouissance immédiate. Mais nous voyons bien que tout cela ne suffit pas à nous combler. De nombreux témoignages viennent nous rappeler que c’est en aimant et en se donnant que nous trouvons le vrai bonheur.
“Priez en tout temps” nous dit Jésus. La prière nous aide à nous ajuster à Dieu qui est amour. Cet amour qu’il met en nous nous pousse à aller à contre-courant de ce qui se dit dans le monde. Nous nous rappelons de ce que disait le Père Marie Eugène : “Je veux voir Dieu”. C’était le but de toute sa vie. Ce doit être aussi le nôtre. Un jour, nous nous retrouverons face à celui qui désire nous introduire auprès de son Père. Mais cela ne sera possible que si nous faisons de toute notre vie une marche vers Dieu et son Royaume.
Avec l’eucharistie qui nous rassemble, c’est le Seigneur qui vient à nous. Il est la source de toute sainteté. Il nous révèle son alliance. Célébrons-le dans l’espérance. « Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce ! Fais paraître ton jour, que l’homme soit sauvé ! »
P. Jean Compazieu (diocèse de Rodez, France)
Sources : « pour la célébration de l’eucharistie » (J. Feder) – homélies pour l’année C (Amédée Brunot) – heureuse de faiblesse (André Louf) – Parole de Dieu pour chaque dimanche (Noël Quesson) – revue feu nouveau – L’intelligence des Écritures (Marie-Noëlle Thabut)