Homélie du 3ème dimanche de l’Avent
Abbé Jean Compazieu | 10 décembre 2018Soyez dans la joie
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“Jubilez, criez de joie !” C’est un commandement que nous recevons aujourd’hui, le commandement de la joie. Ce commandement revient dans chacune des lectures de ce jour : “Pousse des cris de joie… Éclate en ovations… Réjouis-toi… Bondis de joie…” La raison de cette joie, c’est la présence du Seigneur. Avec lui, c’est la bonne nouvelle qui s’accomplit, c’est la disparition du malheur, la disparition des accusateurs, la disparition des ennemis. Désormais, c’est Dieu qui gouvernera le pays. Il accompagnera son peuple, non seulement en étant avec lui mais en lui. La joie de Dieu sera celle même de son peuple. C’est son “amour” qui apporte le “Salut”.
Ce commandement de la joie, nous le trouvons aussi dans la bouche de saint Paul : “Soyez toujours dans la joie, je le redis, soyez dans la joie.” Ce commandement est accueil du salut et de la joie du Sauveur. Malgré les épreuves qui l’accablent, l’apôtre Paul découvre une sérénité qu’il désire faire faire partager à ses correspondants. Les disciples de Jésus ne sont inquiets de rien. Bien sûr, il n’est pas question d’insouciance ou de naïveté ; les épreuves sont bien là. Mais rien ne peut nous séparer de l’amour qui est en Dieu. Nous pouvons toujours lui confier nos demandes, nos supplications.
Dieu peut nous apporter la paix et la joie. Nous sommes tous invités à accueillir ce message d’espérance avec un cœur plein de foi. Cela ne sera possible que si nous sommes ouverts à cette joie que Dieu veut nous donner. Dans l’Évangile de ce jour, nous entendons Jean Baptiste qui annonce au peuple “la Bonne Nouvelle”. À travers ses exhortations, il nous montre le chemin de la véritable joie. Il répond à la question des uns et des autres : “Que devons-nous faire ?” Les belles intentions et les belles paroles, ça ne suffit pas. Ce qui est premier c’est de “faire”, c’est d’agir selon les convictions de la foi. Nous attendons la venue glorieuse du Christ ressuscité. Elle doit se nourrir chaque jour de l’Évangile et de la prière.
Alors, “que devons-nous faire ?” Voilà une question de la plus haute importance que les gens posaient à Jean Baptiste au bord du Jourdain. Cette question, nous la retrouvons à plusieurs endroits dans le Nouveau Testament : Un jour, Jésus a dit : “ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le Royaume des cieux mais ceux qui font la volonté de mon Père.” Après la Pentecôte, les foules poseront la même question à Pierre : “Que devons-nous faire ?” C’est une manière de rappeler que la foi doit être agissante. C’est ainsi que nous pourrons accueillir le Salut de Dieu. Cet amour qui est en Dieu deviendra pour nous source jaillissante de paix et de joie.
Comme les foules d’autrefois, nous devons, nous aussi, nous poser la même question : que devons-nous faire ? Jean Baptiste ne nous demande pas des choses extraordinaires. La vraie conversion commence par le partage, l’accomplissement consciencieux de notre devoir d’état, le respect des autres, en particulier les plus pauvres. A l’approche de Noël, nous voyons des vitrines qui scintillent de mille feux. Mais des milliers de chômeurs en fin de droit n’y ont pas accès et ne peuvent manger à leur faim. Aujourd’hui, Jean Baptiste nous rappelle que la seule réponse valable c’est le partage. Nous ne pourrons être dans la joie du Christ qu’en la donnant aux autres, en particulier à ceux et celles qui sont éprouvés par la précarité, la maladie, la solitude. C’est ainsi que nous préparerons le chemin du Seigneur dans notre vie, notre paroisse, et notre monde.
Dans quelques jours, nous fêterons la naissance du Christ sauveur. Le même Christ continue à vouloir venir en nous. Il frappe à notre porte et il attend notre réponse. Il compte sur nous pour que, à la suite de Jean Baptiste, nous soyons ses précurseurs dans ce monde où la violence ne cesse de gangrener les relations sociales et familiales. Préparer le chemin du Seigneur c’est donner un témoignage de paix, de dialogue, d’écoute, de patience et de réconciliation. Cela suppose une véritable conversion de nous-mêmes, un ajustement à ce Dieu qui est Amour.
Par l’Eucharistie, le Seigneur nous donne la nourriture qu’il nous faut pour cette mission. Nous venons nous nourrir et nous imprégner de cet amour et de cette joie qu’il veut nous communiquer. Puis, à la fin de la messe, nous sommes envoyés pour aimer tous nos frères dans le quotidien et le concret de leur vie. Dans ce monde qui meurt de froid, nous avons sans cesse à répandre le feu de l’amour qui est en Dieu. Que le Seigneur nous garde fidèles à cette mission.
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Sources : Revues Feu Nouveau, Signes, Prions en Église – Saisons bibliques, Homélies pour l’année C (A Brunot), – Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye)