Fête de la Sainte Famille
Abbé Jean Compazieu | 24 décembre 2018Appelés “enfants de Dieu”
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En cette fête de la sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph, la liturgie nous propose trois lectures qui nous parlent de la famille. Dans le premier livre de Samuel (1ère lecture), nous avons le témoignage d’Anne. Par ses prières insistantes, elle a reçu de Dieu un fils. Elle l’emmène au temple de Jérusalem pour qu’il soit consacré au Seigneur pour toujours. C’est une manière de rappeler que les enfants n’appartiennent pas seulement à leurs parents. Ces derniers n’en sont pas les propriétaires. Les enfants sont un don de Dieu qui est Père de tous les hommes.
Dans la seconde lecture, saint Jean nous invite à faire un pas de plus. Ce qui est premier c’est l’immense amour que Dieu nous porte. Il va jusqu’à nous faire entrer dans sa famille : « Il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes ». Un jour, le Fils de Dieu se manifestera au monde pour réaliser pleinement ce que nous sommes déjà. Nous nous préparons à ce grand jour en nous efforçant de vivre les commandements de Dieu : avoir foi en son Fils Jésus Christ et nous aimer les uns les autres.
C’est en effet cet amour fraternel qui permettra au monde de reconnaître les enfants de Dieu. Tout au long de notre vie, nous apprenons à aimer les autres de l’amour dont Dieu nous aime. Saint Jean nous tous invite à « demeurer » en Dieu. Demeurer c’est s’installer dans cet amour qui est en Dieu et y rester. Avec la foi, l’amour peut devenir profond car il prend sa source en Dieu, une source qui ne peut jamais se tarir.
L’Évangile de saint Luc nous présente aujourd’hui Jésus qui s’est rendu en pèlerinage au temple de Jérusalem. Il y reste huit jours avec Marie et Joseph. Puis c’est le moment de retourner à Nazareth. Le jeune Jésus reste au temple sans prévenir ses parents. Quant à eux, ils quittent la ville sans vérifier qu’il est du voyage. Cette séparation durera trois jours.
Quand Marie et Joseph le retrouvent au temple, ils sont témoins de l’étonnement admiratif de ceux qui là sont autour de lui ; il est assis au milieu des docteurs de la loi pour les écouter et leur poser des questions. Ces derniers sont vraiment stupéfaits par ce qu’ils entendent de lui. Et quand Marie et Joseph lui font part de leur angoisse, ils entendent cette réponse surprenante : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il faut être chez mon Père ? »
Cet évangile nous révèle donc une intimité très forte entre Jésus et le Père. C’est dans la première parole de Jésus qui nous est rapporté par saint Luc. La dernière sera également pour lui : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ». La sagesse exceptionnelle de Jésus enfant devant les docteurs de la loi s’enracine dans une fidélité inconditionnelle à son Père des cieux. Depuis son plus jeune âge, il en est le parfait adorateur. L’essentiel de sa vie est dans l’invisible.
Marie et Joseph ont eu à faire cette adhésion d’amour à Dieu. Et c’est vrai aussi pour nous aujourd’hui. Bien souvent, cela prend l’apparence d’une adhésion « dans la nuit ». Marie et Joseph retrouvent Jésus « le troisième jour, assis chez le père ». Un autre jour, vingt ans plus tard, Marie “perdra” Jésus. Au pied de la croix, elle va vivre la douloureuse expérience de perdre son enfant. Elle ne le retrouvera qu’à la résurrection, le troisième jour. Il ne sera plus chez elle mais dans la maison de son Père.
Il y a là un message très important pour chacun de nous. Cette maison du Père ce n’est plus seulement un bâtiment de pierres, ce n’est pas le temple de Jérusalem, ni une église. La demeure que Jésus veut habiter c’est le cœur des hommes. Tous sont appelés à faire partie de la Sainte Famille de Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit.
Au jour de notre baptême, nous avons été accueillis dans la communauté chrétienne, nous sommes entrés dans la grande Famille de Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit. Nous avons été plongés dans cet océan d’amour qui est en lui. Désormais, nous faisons partie de la Sainte Famille de Dieu. Et l’Évangile de ce dimanche nous rappelle que c’est chez notre Père que nous devons être. C’est le grand objectif de notre vie et il doit passer avant toute autre considération terre à terre. Aujourd’hui, nous sommes renvoyés à la place que nous donnons à Dieu dans notre vie. Il faut bien le reconnaître : il est souvent le grand oublié ; le sport, le repas de famille, les loisirs et bien d’autres choses passent avant lui. En ce jour, nous nous laissons interpeller par cette parole du Christ : « C’est chez mon Père que je dois être. »
C’est en pensant à toutes nos limites et à toutes nos faiblesses que nous nous tournons aujourd’hui vers le Christ. Pour construire une vie qui résiste aux épreuves de la vie, nous avons besoin de nous appuyer sur du solide. Si nous le voulons bien, le Christ sera ce fondement sur lequel nous pourrons nous appuyer pour résister aux tempêtes de la vie. Il veut toujours être notre chemin, notre vérité et notre vie. Son grand projet c’est de nous conduire chez son Père et notre Père. Alors oui, tournons-nous vers lui et demandons-lui qu’il nous aide à travers les difficultés, les doutes et les épreuves de cette vie à grandir dans la foi.
Seigneur Jésus, tu es venu nous révéler le visage de ton Père. Comme Marie, donne-nous de garder ces événements dans notre cœur. Que ta Parole nous habite et fasse vivre chacune de nos familles. Conduis-nous sur le chemin que tu es venu nous montrer et garde-nous fidèles à ton amour.
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