3ème dimanche de l’Avent ©
Abbé Jean Compazieu | 6 décembre 2009Textes bibliques : Lire
Dans la 2ème lecture, Saint Paul invite les Philippiens à être “toujours dans la joie”. Et pour bien se faire comprendre, il le répète plusieurs fois en insistant bien sur le mot “toujours“. Voilà un appel qui a de quoi nous surprendre. Comment est-ce possible d’être “toujours” dans la joie quand nous voyons tout ce qui va mal dans notre vie, nos familles, nos quartiers et notre monde ?
Des enfants sont tristes parce qu’ils ne sont pas compris. Beaucoup sont victimes de maltraitance. Ils manquent de vêtements, de jouets, de nourriture. Et surtout ils manquent d’amour. Des jeunes sont tristes parce que tout va mal dans leur famille. Ils ne réussissent pas à l’école. Certains viennent de pays en guerre. Des parents sont tristes parce qu’ils sont déconcertés par le comportement de leurs enfants. En raison de la crise actuelle, beaucoup se retrouvent sans emploi et sans argent. Des personnes âgées ou malades sont tristes parce qu’elles souffrent de la solitude. Presque personne ne vient les voir.
Alors, comment saint Paul peut-il nous demander d’être dans la joie ? Pour bien comprendre cet appel, il nous faut relire plus attentivement ce qu’il a écrit ; il précise bien : “soyez toujours dans la joie du Seigneur.” Cela veut dire : Soyez dans la joie à cause de Jésus. Soyez dans la joie parce que le Seigneur vous aime. Il est là, au cœur de nos vies. C’est avec lui et grâce à lui que notre vie retrouve son sens. Quand on se sait aimé, quand nous sentons que nous avons du prix aux yeux d’un autre, cela change tout. Dans la première lecture, le prophète Sophonie nous adresse le même message. Il invite Jérusalem à pousser des cris de joie car le Seigneur est en elle. Il lui apporte le Salut, la paix et la joie.
En ce troisième dimanche de l’Avent, cela vaut la peine de prendre du temps pour méditer ces textes de saint Paul et de Sophonie. Ils nous annoncent une bonne nouvelle : Dieu peut nous apporter la paix et la joie. Nous sommes tous invités à accueillir ce message d’espérance avec un cœur plein de foi. Cela ne sera possible que si nous sommes ouverts à la joie que Dieu veut nous donner.
Alors, “que devons-nous faire ?” Voilà une question de la plus haute importance que les gens posaient à Jean Baptiste au bord du Jourdain. Cette question, nous la retrouvons à plusieurs endroits dans le Nouveau Testament : Un jour, Jésus a dit : “ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le Royaume des cieux mais ceux qui font la volonté de mon Père.” Après la Pentecôte, les foules poseront la même question à Pierre : “Que devons-nous faire ?” C’est une manière de rappeler que la foi doit être agissante. C’est ainsi que nous pourrons accueillir le Salut de Dieu. Cet amour qui est en Dieu deviendra pour nous source jaillissante de paix et de joie.
Comme les foules d’autrefois, nous devons, nous aussi, nous poser la même question : que devons-nous faire ? Jean Baptiste ne nous demande pas des choses extraordinaires. La vraie conversion commence par le partage, l’accomplissement consciencieux de notre devoir d’état, le respect des autres, en particulier les plus pauvres. A l’approche de Noël, nous voyons des vitrines qui scintillent de mille feux. Mais des milliers de chômeurs en fin de droit n’y ont pas accès et ne peuvent manger à leur faim. Aujourd’hui, Jean Baptiste nous rappelle que la seule réponse valable c’est le partage. Nous ne pourrons être dans la joie du Christ qu’en la donnant aux autres, en particulier à ceux et celles qui sont éprouvés par la précarité, la maladie, la solitude. C’est ainsi que nous préparerons le chemin du Seigneur dans notre vie, notre paroisse, et notre monde.
Dans quelques jours, nous fêterons la naissance du Christ sauveur. Le même Christ continue à vouloir venir en nous. Il frappe à notre porte et il attend notre réponse. Il compte sur nous pour que, à la suite de Jean Baptiste, nous soyons ses précurseurs dans ce monde où la violence ne cesse de gangrener les relations sociales et familiales. Préparer le chemin du Seigneur c’est donner un témoignage de paix, de dialogue, d’écoute, de patience et de réconciliation. Cela suppose une véritable conversion de nous-mêmes, un ajustement à ce Dieu qui est Amour.
Par l’Eucharistie, le Seigneur nous donne la nourriture qu’il nous faut pour cette mission. Nous venons nous nourrir et nous imprégner de cet amour et de cette joie qu’il veut nous communiquer. Puis, à la fin de la messe, nous sommes envoyés pour aimer tous nos frères dans le quotidien et le concret de leur vie. Dans ce monde qui meurt de froid, nous avons sans cesse à répandre le feu de l’amour qui est en Dieu. Que le Seigneur nous garde fidèles à cette mission.
D’après diverses sources
Si vous cherchez d’autres sources, Voici une page ICI
Fête de l’Immaculée Conception
Les conversions de Jean – Baptiste et la nôtre
Pour notre 3ème étape de préparation à Noël, nous retrouvons Jean-Baptiste, ce personnage incontournable pour découvrir Jésus car il demeure à jamais le ” pré-curseur” qui nous conduit à lui.
Nous avions déjà évoqué l’itinéraire douloureux de ce Iohanan, le fils de Zacharie et Anne. De famille sacerdotale, il aurait dû se marier et exercer sa fonction au temple de Jérusalem: revêtu de beaux atours, il aurait célébré les liturgies, offert les sacrifices, béni les pèlerins. Mais Jean, sous la guidance de l’Esprit, a constaté le fréquent échec de ces cérémonies somptueuses, le vide de cette ambiance sacrée. Certes les rites y étaient strictement observés selon la Loi mais ils ne changeaient pas les comportements: on sacrifiait des animaux sans vouloir sacrifier son égoïsme, on brûlait de l’encens sans brûler d’amour pour Dieu, on demandait aux prêtres de soigner la liturgie mais en refusant de mettre la Loi de Dieu en pratique. Terrible danger du culte : enfermer la foi dans un rituel !
Alors un jour, Jean a quitté le temple et son faste superficiel pour rejoindre la communauté essénienne de Qumran dans le désert de Judas. Dans la solitude brûlante près de la Mer Morte, vêtu d’une simple robe blanche, symbole de pureté, il s’appliqua à observer la Loi de Dieu dans toute sa rigueur, avec une obéissance sans faille et, plusieurs fois par jour, il se lavait à grandes eaux dans les bassins de purification pour expier ses péchés. C’est de la sorte que “la communauté de l’Alliance” entendait réaliser ce qu’un grand prophète avait crié jadis lorsque les déportés revinrent de leur long exil en Babylonie :
A travers le désert, une voix crie : « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route” ( Isaïe 40 – cf. dimanche passé)
Ce qui s’était produit jadis ne pouvait manquer de se reproduire: il fallait demeurer dans le désert, y mener ensemble une vie impeccable afin de préparer l’arrivée du Messie.
Mais cette existence rigoureuse ne conduisait-elle pas à l’orgueil spirituel – le pire de tous – à la certitude d’être “les purs”, au mépris de la foule pécheresse ?…Dieu appelait Jean à aller plus loin encore: une nouvelle fois, l’Esprit lui parla et lui fit faire une deuxième rupture. Il quitta les Esséniens et seul, pauvre, vêtu du manteau rugueux en poils de chameau, se nourrissant de miel et de sauterelles, il se mit à arpenter la vallée du Jourdain là où se trouvaient les gués par lesquels transitaient les voyageurs. C’est là que le grand Prophète ELIE avait été enlevé au ciel (2 Rois 2) et l’ultime oracle des Ecritures annonçait qu’il reviendrait pour annoncer la venue imminente du Messie :
« Voici que je vais vous envoyer ÉLIE le prophète avant que ne vienne le Jour du Seigneur,
jour grand et redoutable » ( Malachie 3, 23).
L’ancien prêtre, l’ancien moine est devenu prophète. Il interpelle les passants, il les exhorte à accepter son baptême (non une ablution que l’on se donne mais une “plongée” que l’on accepte d’un autre) et il les presse d’obéir à la Loi de Dieu.
Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : ” Que devons-nous faire ? ». Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ». Des publicains (collecteurs d’impôts) vinrent aussi : « Maître, que devons-nous faire ? ». Il dit: “N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé”. À leur tour des soldats demandaient : « Et nous, que devons-nous faire ? ». Il leur répondit : « Ne faites ni tort ni violence à personne » ; contentez-vous de votre solde ».
Au temple, on peut se contenter d’assister pieusement en chantant quelques cantiques; le prophète, lui, vous accule à chercher la vérité de la vie : « QUE FAUT-IL FAIRE ? ». Là est l’ouverture, la disponibilité nécessaire car la “pratique” religieuse n’est pas d’abord cérémonielle mais existentielle: c’est pourquoi, afin d’éviter la magie, le baptisé doit s’informer sur les conséquences logiques du rite qu’il a accepté.
Que faire ? A la première Pentecôte, lorsque Pierre annoncera la Bonne Nouvelle de Jésus ressuscité, les foules demanderont : « Que ferons-nous, frères ? » ( Actes 2, 37) . De même, lorsque Saül de Tarse sera terrassé par l’apparition du Ressuscité sur le chemin de Damas, il interrogera : « Que dois-je faire, Seigneur ? » ( Actes 22, 10 ).
La foi n’est vraie que si elle est obéissance, acceptation de la volonté de Dieu sur nous.
En réponse, le prophète Jean rappelle les principes de base de la Loi divine : vivre selon le droit et la justice, donc partager ses biens, venir en aide aux nécessiteux, ne pas abuser de son pouvoir, ne pas tricher, ne pas s’enrichir au détriment du prochain, ne pas user de violence sur les personnes.
QUE DEVONS-NOUS FAIRE ? Pour préparer un vrai Noël, c’est la question que le chrétien baptisé doit se poser aujourd’hui. Retenons trois niveaux essentiels dans la conjoncture actuelle:
LE PARTAGE: nos frères et sœurs des pays pauvres appellent au secours. Nos communautés installées dans un monde opulent, entendent-elles ces cris ? Y répondent-elles avec suffisamment de générosité ? Des écoles, des églises et des dispensaires voudraient un soutien de survie: devant cette détresse, peut-on se permettre du gaspillage, des décorations somptueuses ?
LE CLIMAT : La conférence de Copenhague s’ouvre dans l’angoisse: le climat se réchauffe, des cataclysmes sont en vue, la planète même est en danger. Or, depuis des dizaines d’années, des prophètes nous alertent : il faut impérativement changer notre mode de vie, respecter la terre, ménager les ressources, ne prendre l’avion qu’en cas de nécessité, favoriser les transports en commun, économiser l’énergie, etc. Les chrétiens se doivent d’être à l’avant-garde de ce combat ( cf. texte ci-dessous )
LES COMMUNAUTES CHRETIENNES : Dans notre société en crise (crise spirituelle plus encore que financière), nos paroisses ne peuvent continuer d’être des juxtapositions de pratiquants. En manque de repères, perdus dans un monde d’hyperconsommation et de matérialisme, des hommes errent en quête non d’un morceau de pain mais d’une communauté où la foi se dynamise en espérance joyeuse et se concrétise en rapports cordiaux. Où sont l’accueil, la concorde, la miséricorde, l’hospitalité qui doivent être les caractéristiques premières des lieux où l’on annonce l’Evangile ?
L’INSUFFISANCE DE LA LOI – DANS L’ATTENTE DE …..
Et cependant, dans cette 3ème fonction de son itinéraire, Jean prend conscience qu’il ne pourra jamais opérer le salut des gens: exhorter, adjurer le peuple de suivre les commandements reste insuffisant, inefficace. Jean le baptiseur reconnaît ses limites et humblement il avoue n’être qu’un « précurseur ».
Le peuple était en attente, tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie.
Alors il s’adressa à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Et je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et le feu. Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans le feu qui ne s’éteint pas ».
Par ces exhortations et bien d’autres encore, Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
Pas plus que la liturgie du temple ni que la vie ascétique du désert, la Loi clamée par le prophète ne peut sauver. Tous les prophètes en avaient auparavant fait l’expérience. Quelqu’un d’autre doit venir ensuite, quelqu’un qui ne sera pas seulement un prophète plus percutant. Un saut immense va se produire. Plus encore qu’entre un maître et son esclave qui lui dénoue les courroies de ses chaussures, la différence entre Jean et Celui qui vient sera infinie. Le premier ne pouvait que prêcher, admonester et baptiser dans l’eau: Celui qui vient plongera les hommes dans le feu de l’Esprit divin: œuvre divine que seul Jésus peut opérer. Mais Jean se trompe : il annonce un Juge qui vient terminer l’histoire par un décret définitif. Or Jésus ne déchaînera pas son courroux, il ne triera pas les gens comme blé et paille. Au contraire, il inaugurera le Royaume de Dieu son Père, il proposera le chemin des béatitudes, il sera le bon berger en quête de la brebis perdue, il pardonnera au pécheur repentant. Et finalement il acceptera d’être plongé dans la fournaise de la souffrance et de la mort. Mais c’est ainsi qu’il donnera, enfin, l’Esprit, le Souffle qui transformera l’humanité.
L’itinéraire du Baptiste nous invite à comprendre le nôtre. Belles et nécessaires doivent être nos liturgies – mais à condition d’y entendre une Parole qui nous bouscule et exige notre engagement. Grand est le baptême – à condition qu’il nous conduise à implorer le feu de l’Esprit. Grands sont les prophètes – mais à condition de nous envoyer vers CELUI QUI VIENT.
Nous avons rencontré un prêtre, puis un ascète, puis un prophète. Voici l’ENFANT : il ne demande que d’être accueilli pour renaître encore en nous. Il réussira là où le prêtre, l’ascète et le prophète ont échoué.
Les deux premières lectures sont emplies de la joie qui caractérise le 3ème dimanche de l’Avent. Aujourd’hui la couleur violette de la pénitence est remplacée par le rose discret de l’allégresse. « Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur », nous recommande saint Paul (Philippiens 4, 4). Le prophète Sophonie, lui, nous invite à l’exprimer sans réserve : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Eclate en ovation, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem ! » (Sophonie 3, 14)
Il n’est pas sans intérêt de savoir que la « fille de Sion », c’est ,à l’époque de Sophonie, un nouveau quartier de Jérusalem, peuplé par les rescapés du Nord, après le désastre de Samarie, à l’époque de la réforme de Josias, au début du VII° siècle avant Jésus-Christ. C’est « le petit reste » des survivants d’une catastrophe. Ce sont des « pauvres ». « Ne crains pas, Sion ! » Le « pauvre » qui met sa foi dans le Seigneur, lui, ne doit rien craindre. Sa paix et sa joie lui sont assurées par Dieu qui agit en sa faveur. « Le roi d’Israël, le Seigneur est en toi. » Lui seul règne sur toi. Lui seul est assez grand pour combler les désirs de ton cœur. C’est ce qu’Il veut. En cela consiste précisément l’Alliance. Dieu sera toujours fidèle. Qu’Il soit ainsi la joie de ses pauvres ! « Le roi d’Israël, le Seigneur ton Dieu est en toi. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie ».
Cependant, si nous avons tant soit peu conscience de la grandeur de ce mystère, comment ne ressentirions-nous pas le besoin de nous préparer, par une sincère conversion, à la visite divine ? Entrons donc à la suite de celles et ceux qui viennent « se faire baptiser par Jean », et nous lui demandons : « Que devons-nous faire ? »
Contrairement à ce que nous aurions pu craindre, le Baptiste n’impose pas de prouesses extraordinaires. Jean répond à tous, sans distinction : partagez. Rendez à tous ce qui lui est dû.
Arrivent des publicains, collecteurs des impôts romains, détestés pour leur collaboration avec l’ennemi et parce qu’ils augmentaient les taxes en en gardant pour eux-mêmes. Jean ne les rejette pas, mais leur rappelle simplement leur devoir. « N’exigez rien de plus que le fixé. »
Viennent des soldats, catégorie alors méprisée. Pas de violence et pas d’exactions, leur dit-il. « Contentez-vous de votre solde. » Jean ne demande ni aux publicains, ni aux soldats de quitter ces emplois méprisés, mais de les exercer autrement. Nous ne sommes ni des publicains tricheurs, ni des soldats brutaux. Mais la leçon de Jean reste bien actuelle : n’exige pas plus que le fixé ; n’arrange pas les prix, les factures ; n’exige que le juste loyer ; n’exerce pas la violence, ne serait-ce qu’au volant de ton auto… Qui n’a profité de sa situation pour jouer des coudes, écraser l’autre en douce…
C’est quand nous agissons avec justice, que nous sommes capables de recevoir le don de cette joie qui est au cœur du mystère de l’Avent. La seconde lecture nous invite à l’accueillir avec la paix profonde qui l’accompagne, signes de la présence de l’Esprit : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie. Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche ».
La joie du chrétien est indépendante des imprévus de l’existence. C’est quelque chose de plus profond, qui est ressenti par le chrétien parce qu’il a conscience que « le Seigneur est en nous » (Sophonie), ou que « le Seigneur est proche » (saint Paul). Le chrétien est celui qui, dans toutes les circonstances, même les plus douloureuses, peut garder une paix de fond qui le fait tenir debout. N’ayons pas peur : le Seigneur vient.
Avec l’aimable autorisation de Kerit.be
Et voilà qu’aujourd’hui l’Eglise, dans sa liturgie dominicale, célèbre très fortement … la joie !
La venue de Noël est cependant l’occasion d’illuminations, feux d’artifice, guirlandes de lumières, et dans le commerce, de quantité de produits présentés pour festoyer ou offrir des cadeaux, de toutes espèces, de tous prix … mais dont bien des familles, ou de pays entiers, ne pourront bénéficier.
Joie de Noël ? Pour nous chrétiens, et souhaitée pour le monde entier, elle est liée à une venue : celle du Messie, du Fils de Dieu, du Christ Jésus. Il est déjà venu, il viendra à nouveau, il vient encore aujourd’hui ! Les textes de notre liturgie le révèlent.
« Pousse des cris de joie, fille de Sion ». Le livre de Sophonie (1ère lecture) applique ces paroles à Jérusalem. Comment ne pas penser à Marie également avec la suite : « Le Seigneur ton Dieu est en toi .. qui apporte le salut » – « Il aura en toi sa joie … il te renouvellera par son amour ». Ne sommes-nous pas nous aussi concernés ?
Le cantique rapporté ensuite nous a fait chanter : « Laissons éclater notre joie : Dieu est au milieu de nous ». Des versets retenons : « Voilà le Dieu qui me sauve » – « Il est pour moi le salut » – « Proclamez son nom ». Toutes ces paroles sont un programme de vie chrétienne à développer.
St Paul (2ème lecture) le fait en s’adressant aux chrétiens de Philippe … et d’ailleurs ! Dans un monde connaissant aussi épreuves, misères, loin de la paix et de la fraternité ne dit-il pas : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ». Il insiste : « laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie ». Quelle soit « connue de tous les hommes », appel à la semer à toute l’humanité. Paul précise : « Le Seigneur est proche », même s’il est déjà venu il reviendra. « Priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes ». Il faudra préciser, mais en conclusion de cette semaine réservée, avec Pax Christi, à prier pour la paix, voici une demande importante qui doit être nôtre. Est évoquée la récompense : « la paix de Dieu … gardera votre cœur et votre intelligence dans le Christ Jésus », qui est Amour !
Que nous dit l’Evangile ? (Luc 3, 10-18) St Jean Baptiste qui dimanche dernier demandait : « Préparer le chemin du Seigneur » donne aujourd’hui des précisions sur un amour à vivre, source de paix. Des foules vont à lui. Question est posée : « Que devons-nous faire ? » Réponse : « Que celui qui a deux vêtements partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ». La question du partage est essentielle pour tous. Combien d’appels vitaux pourraient être résolus avec moins d’égoïsme, de débauches, d’orgueil. Les famines, les crises de logements, les soins de santé … sans oublier les nécessaires partages intellectuels et spirituels seraient mieux pris en charge. La connaissance et l’amour de Jésus Christ., le don de l’Eucharistie, seraient auréolés.
Interrogé par des publicains : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé ». Si c’est un devoir de répondre positivement au partage par le don des impôts, faut-il déjà voir si ce qui est fixé est juste. Les « pouvoirs » sont concernés.
Quant aux soldats : « Ne faites ni violence ni tort à personne ». Nous savons combien d’exactions sont encore commises par des soldats sans scrupules : viols de femmes, embauche d’enfants pour combattre par les armes … La paix ne peut être acquise par la force des armées. Celles-ci peuvent parfois la protéger. Soyons des artisans de paix , dans nos familles, nos villes et villages, nos associations, partout !
Puissent « ces exhortations et bien d’autres encore » nous faire annoncer chez nous, autour de nous, à tous les peuples, la Bonne Nouvelle de Jésus Christ que transmet l’Eglise. Marie nous dit, comme à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira ». L’Evangile peut être un livre de chevet !
Cette nuit, Delphine m’a réveillée à 4 h du matin car elle cherchait ses vitamines. C’est terrible car cela se reproduit souvent. Mais au petit déjeuner, je lui ai donné un peu d’argent et je lui ai prêté mon baladeur car vraiment je sais qu’elle ne fait pas exprès de réveiller tout le monde. Et puis, si on lui fait des remarques (et on lui en fait) elle va dormir dans des chantiers en construction ou au camping.
Lorsque je sens ma famille toute soudée, je ressens une grande joie. Lorsque je peux m’abonner à une revue chrétienne comme cadeau de Noël, je ressens une grande joie. Mais la VRAIE JOIE est celle que je ressens lors de l’Eucharistie.
La VRAIE JOIE transporte mon coeur et j’ai l’impression que je touche le coeur de Jésus.
Cette année, comme toutes les années précédentes, le gouvernement offre mille euros à chaque personne touchant le RSA, ancien RMI. Je trouve que c’est une délicate attention qui fait beaucoup de bien. Ainsi, chacun pourra fêter dignement Noël.
Je me pose la question : que dois-je faire pour que ma foi soit agissante ?
Je commence par tous ceux que je côtoie : j’essaie de servir les miens au mieux, je prie de tout mon coeur pour me recentrer sur l’essentiel, je fais mes tâches domestiques du mieux que je peux, j’ai promis au Seigneur de faire un don aux petits frères des Pauvres.
Je ne peux plus hélas évangéliser les miens car ils me rappellent sans cesse les paroles de Benoît XVI concernant le préservatif. Pourtant, je suis d’accord avec lui sur le fond, mais de nos jours les concubins multiplient les rapports entre eux alors ils doivent se protéger.
Le Seigneur va arriver sous peu. J’essaie, en l’attendant, de me désencombrer et de me purifier. J’essaie de passer d’excellents moments en famille car ces moments sont VRAIS.
Seigneur, merci pour ta venue. Nous en avons tellement besoin.
Christiane
Souvent, nous nous posons la question : « Que devons-nous faire ? » face aux soucis que nous donnent un enfant, un parent malade, face des difficultés de la vie familiale, professionnelle, face à la maladie, la souffrance d’un proche. Que devons-nous faire ? Cette question, des paroissiens se la posèrent durant ces derniers jours, face à cet homme, dénommé Franz, qui vint trouver refuge à Sainte Jeanne d’Arc. Que devons nous faire ?
Cette question le jeune homme riche se la posa, Jésus l’invita à la dépossession, à la séparation, ce qui le rendit tout triste.
Aujourd’hui, les foules qui viennent se faire baptiser la posent avec insistance à Jean le baptiste, puis se seront les publicains et les soldats qui la lui poseront. Jean ne les invite pas à des actes de pitié, d’ascèse, de pénitence ; non il les invite au partage, au partage de la nourriture, du vêtement avec ceux qui sont dans le besoin. A travers le partage, il leur propose d’être attentif à cet autre qui est à coté de moi, il nous propose de sortir de notre bulle, il nous invite à ne plus faire de notre ego la seule raison de notre vie. Il nous invite à la conversion, à un retournement.
Aux publicains, collecteurs d’impôt, mais également aux soldats, il est demandé de ne pas abuser de leur situation pour s’enrichir injustement. Ils sont invités à pratiquer la justice, à ne pas exiger des autres plus qu’il n’est fixé, à ne pas faire violence, ni tort. Ne nous arrive-t-il pas de demander à l’autre plus qu’il lui est possible de faire ? n’utilisons nous pas à notre profit la violence sous toutes ses formes ? Ayons des attitudes évangéliques.
Ces hommes et ces femmes qui sont en attente, en attente de la venue du Messie, au point de prendre Jean pour le Messie ; sont invités au désir, au désir de l’Autre qui vient à travers l’autre qui est déjà là. « Ce que vous avez fait à l’un de ses plus petits c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25) Accueillons Jésus dans ce frère qui nous est confié.
Mais qui est-il donc celui qu’ils attendent, que nous attendons ? celui qui vient, il est plus puissant que Jean. Lui aussi baptise, mais dans l’Esprit et dans le feu. Dans ce souffle, dans ce vent qui souffle sur l’aire à vanner lorsqu’il sépare le blé de la balle cette balle mise au feu de la purification. Celui qui vient est celui qui sépare comme lors de la création, Dieu sépara, non pas pour diviser, mais transmettre la vie, donner la vie, pour une nouvelle existence, toute création, toute naissance donne lieu à une séparation. Celui qui vient recrée. De ce monde ancien, il va tirer du nouveau, du neuf. Il va séparer la balle du grain, un monde nouveau est proclamé, la bonne nouvelle est annoncée. Nous sommes invités à séparer en nous les zones d’ombres des zones de lumière de nos vies, à vanner nos vies, pour n’en garder que le bon grain caché, fruit de nos actes gratuits, de nos partages fraternels de vêtement, de nourriture avec celui qui est dans le besoin, avec l’autre qui est en attente d’un geste d’humanité à travers lequel s’exprime le divin. Grain de blé qui sera source de vie, qui donnera naissance à un monde meilleur, à un monde de justice et de paix.
Que devons nous faire ? Nous qui sommes en attente, soyons attentif au monde qui nous entoure, au salut, au signe que Dieu nous fait à travers notre vie. Dieu vient, il est là et nous ne le voyons pas, nous l’entendons pas. Soyons dans une attente fertile, une attente féconde.
Soyons dans la joie, Il vient celui que nous attendons.