Homélie du 2ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 14 janvier 2019
“Peuple de l’alliance”
Textes bibliques : Lire
En ce dimanche, nous sortons du temps des fêtes et nous entrons dans la période dite du “Temps ordinaire”. Ce n’est pas une période moins importante, bien au contraire : c’est un temps pour accueillir le Seigneur qui n’en finit pas de nous partager sa joie. Tout au long de cette période, nous serons invités à marcher en “conduite accompagnée” à la suite du Christ. Quelle que soit la situation, nous pouvons toujours compter sur lui. Il est “le chemin, la vérité et la Vie” ; personne ne va au Père sans passer par lui.
Les textes bibliques de ce jour nous montrent vers quel but nous avançons : ils nous disent que nous sommes tous invités à un repas de noces ; ce sont les noces de Dieu qui fait alliance avec l’humanité. Notre Dieu vient apporter la joie aux délaissés : ils ont la première place dans son cœur ; c’est ce message d’espérance que nous découvrons dans la 1ère lecture ; après 50 ans d’exil à Babylone, la communauté juive est réduite à une poignée de rescapés ; le moral est bien bas. Mais le prophète les rassure : c’est avec ce petit reste que Dieu a lié sa cause. C’est vraiment par amour qu’il fait alliance avec eux. Cette bonne nouvelle doit remplir leur cœur de joie.
Nous nous reconnaissons dans cette situation. Beaucoup sont inquiets pour l’Église. Tous ces contre-témoignages, ces divisions entre chrétiens ont de quoi nous inquiéter. Mais le prophète nous fait comprendre que le mal n’aura pas le dernier mot. C’est l’amour qui triomphera. C’est de cela que nous avons à témoigner auprès de tous les délaissés de la société. Ils ont besoin d’entendre ces mots de tendresse.
Dans la seconde lecture, saint Paul nous redit que Dieu nous comble de son amour. Mais il précise que ses dons sont variés. Ceux qui en ont bénéficié ne doivent pas en tirer orgueil. Ces dons de l’Esprit sont partagés à chacun pour le bien de tous. Quel que soit le charisme des uns et des autres, c’est toujours Dieu qui agit. C’est d’abord grâce à lui que le travail missionnaire peut porter du fruit.
Cette manifestation de l’amour de Dieu, nous la retrouvons dans l’Évangile de saint Jean. C’est au cours d’une noce que nous découvrons “le commencement des signes que Jésus accomplit”. Le mariage c’est la célébration de l’alliance entre un homme et une femme qui s’aiment et qui ont décidé de se donner l’un à l’autre. Cet événement nous parle de l’amour passionné de Dieu qui veut faire alliance avec tous les hommes de tous les temps et de tous les pays. Le Christ se présente comme l’époux qui veut épouser l’humanité pècheresse. Il veut la rétablir dans sa dignité en la réconciliant avec Dieu. Cette humanité nouvelle est née au pied de la croix du Christ. Voilà une bonne nouvelle qui concerne tous les hommes, juifs et païens.
Mais à Cana, la fête a failli être gâchée : on n’a pas prévu assez de vin et c’est la catastrophe ; Marie s’en est aperçue et elle le dit à Jésus. Ce vin qui manque en évoque d’autres, bien plus graves. Marie voit tout cela, et elle le dit à Jésus : “Ils n’ont plus d’amour ; ils n’ont plus de joie ; ils n’ont plus de paix ; tous ces gens victimes de la haine, de la violence et de l’indifférence, ce n’est plus possible. Ils sont nombreux ceux et celles qui vivent des situations douloureuses.
Marie voit tout cela et elle nous renvoie à Jésus : “Faites tout ce qu’il vous dira…” Elle nous invite à lui faire confiance. Dans ce signe de l’eau changée en vin, il ne faut pas voir que le côté merveilleux : ce signe nous renvoie à l’alliance entre Dieu et son peuple. Avec lui, c’est la joie retrouvée. L’Évangile nous parle de six jarres d’environ cent litres chacune. C’est que Dieu voit grand ; il ne compte pas. Cette abondance de vin signifie la profusion de grâce. Ces noces célèbrent l’alliance de Dieu avec les hommes. C’est une joie généreuse, débordante et inépuisable. C’est cela l’amour de Dieu.
En ce dimanche, prenons le temps d’entendre l’appel de Marie qui nous est sans cesse renouvelé. Elle nous renvoie au Christ et à l’évangile. Elle intercède pour nous et pour l’humanité tout entière. Toutes ces souffrances qui accablent tant d’hommes, de femmes et d’enfants, elle nous invite à les voir. Avec elle, nous apprenons à nous en remettre à Celui qui est venu épouser notre humanité et la féconder de sa vie divine. La bonne nouvelle de ce dimanche c’est que le Christ a le pouvoir de tout changer en nous. Il désire que nous retrouvions la joie et que nous soyons dans le monde les témoins de cette espérance qui nous anime.
Nous te rendons grâce, Seigneur, pour cette joie que tu mets en nous ; avec toi, nous repartirons pleins d’espérance et de dynamisme; ainsi nous pourrons témoigner autour de nous de la Bonne Nouvelle de ton amour pour l’humanité.
Sources : Revue, Feu Nouveau et Dimanche en paroisse, Missel des dimanches et fêtes des trois années (Bayard)
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