Homélie du 7ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 18 février 2019Humaniser le monde
Textes bibliques : Lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous montrent un chemin de conversion. Nous vivons dans un monde où beaucoup ne pensent qu’à se faire justice. Aujourd’hui, nous recevons des appels à refuser la vengeance et à faire miséricorde. C’est ce témoignage que nous trouvons dans la 1ère lecture. C’était au cours d’une guerre entre Saül et son concurrent David. Saül était devenu très jaloux et cherchait à l’éliminer. David aurait pu se venger mais il s’y est refusé. Il n’a pas voulu porter la main sur “celui qui a reçu l’onction du Seigneur”.
On ne peut qu’admirer cette noblesse de David. Alors qu’il ne connaissait pas la loi d’amour du Christ, il a eu le respect de son ennemi sans défense. Ce récit nous interpelle. Il nous montre qu’en refusant la vengeance, on brise le cycle de la violence. Et quand on parle de vengeance, il est important d’en voir les divers aspects : le mépris, l’ironie, la calomnie, l’indifférence. Tout commence par le regard que nous portons sur ceux et celles qui nous entourent. Si nous voulons un monde plus juste et plus fraternel, c’est par nous qu’il faut commencer.
L’Évangile que nous venons d’écouter nous montre le chemin. Il nous parle de miséricorde. C’est facile de juger et de critiquer. Mais si nous regardons notre vie, nous voyons bien que nous aussi, nous sommes des “pauvres pécheurs”. Nous sommes bien mal placés pour regarder ce qu’ont fait les autres. Nous ne devons jamais oublier que la mesure que nous utilisons pour eux servira aussi pour nous.
Pour comprendre ces recommandations de l’Évangile, c’est vers la croix du Christ qu’il nous faut regarder. Et il faut toujours se rappeler que l’Évangile c’est d’abord le livre de la miséricorde de Dieu. C’est en le lisant et en le relisant régulièrement, nous découvrons cette révélation : tout ce que Jésus a dit et accompli est une expression de cette miséricorde du Père. Il a accueilli les exclus, il a pardonné ; il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Il est venu nous combler de la surabondance de son amour, et tout cela sans mérite de notre part.
Mais tout n’a pas été écrit dans ce livre. L’Évangile de la miséricorde reste un livre ouvert ; il doit être rempli de tous les signes d’amour du Christ. Ces gestes concrets d’amour que nous sommes appelés à donner sont le meilleur témoignage de la miséricorde. C’est ainsi que nous deviendrons des témoins vivants de l’Évangile, des porteurs de la bonne nouvelle. C’est à notre amour que nous serons reconnus comme disciples du Christ. Comment parler de la miséricorde de Dieu si nous-mêmes nous ne pardonnons pas ?
“Son amour est de toujours à toujours” (psaume 117/118). C’est vrai, la miséricorde de Dieu est éternelle. Elle ne finit pas ; elle ne s’épuise pas ; elle ne se fatigue jamais ; elle nous apporte force et espérance dans les moments d’épreuves. Nous sommes certains que Dieu ne nous abandonne jamais. Nous devons le remercier pour ce si grand amour qu’il nous est impossible de comprendre : Dieu a oublié nos péchés, il les a pardonnés ; et aujourd’hui, il nous invite à en tirer les conséquences.
Pour cela, deux attitudes sont nécessaires : reconnaître nos propres torts et oublier les offenses des autres. Tout au long de sa vie et surtout au moment de sa Passion, Jésus n’a eu d’autre attitude que celle de l’amour et de la miséricorde. Avant de mourir, il a eu cette prière : “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font” (Luc 23, 34). Nous ne devons pas recevoir cet Évangile comme une simple leçon de morale. Ce que Jésus nous dit, il l’a vécu. Il attend de nous que nous ayons le même regard que lui, les mêmes sentiments et les mêmes gestes que lui à l’égard des bons et des méchants.
En lien avec cet Évangile, la liturgie nous propose un extrait de la 2ème lettre aux Corinthiens : Saint Paul nous y parle du premier et du dernier Adam. Le premier est pétri de terre ; il est charnel. Le second vient du ciel, il est spirituel. Entre les deux, la tension est grande. Devant un ennemi, le premier réagit avec force et violence : “œil pour œil, dent pour dent…” Mais nous sommes aussi frères et sœurs du second Adam, frères et sœurs du Christ ; Il fait habiter en nous son Esprit. C’est cet Esprit qui nous pousse à l’amour et nous et nous rend capables d’en vivre. Rendons-lui gloire et supplions-le pour nous et pour le monde entier. Nous faisons nôtre prière de ce chant : “Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce ! Fais paraître ton jour, que l’homme soit sauvé !”
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Sources : Revues Feu nouveau et cahiers de prions en Église – Pape François – Missel des dimanches 2019 – Paroles pour la route (Jean Yves Garneau)