Homélie du 19ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 5 août 2019“Sois sans crainte…”
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“Sois sans crainte, petit troupeau…” Ce sont les paroles de Jésus à ses disciples. Cet appel à l’espérance, nous le retrouvons tout au long de la Bible : “Ne crains pas, je suis avec toi…” Quand saint Luc écrit son Évangile, beaucoup sont tentés d’abandonner la foi. Alors, il leur rappelle les paroles de Jésus : “Sois sans crainte, petit troupeau”. Cette image du troupeau est un beau symbole ; elle exprime la vigilance et l’amour de Dieu pour son peuple ; Jésus se présente aux siens dans le rôle du berger qui veille sur chacune de ses brebis ; rien ne saurait les séparer de son, amour.
Cette crainte qui menace le “petit troupeau”, nous la connaissons bien. Nous pensons à nos limites, nos faiblesses, nos péchés. Nous voyons tous les jours qu’il n’est pas facile d’affirmer sa foi dans un monde hostile et indifférent. Mais la Parole de Dieu retentit inlassablement : “Ne crains pas, je suis avec toi. N’aie pas ce regard anxieux car je suis ton Dieu” (Isaïe 43, 1). Comme il l’a fait pour ses apôtres lors d’une tempête sur le lac, Jésus nous interpelle : “Confiance, je suis là, n’ayez pas peur”. Le même Christ nous rejoint dans les tempêtes de notre vie pour nous rassurer et nous inviter à aller de l’avant.
Le petit troupeau a grandi mais l’Église du Christ n’en reste pas moins un petit troupeau. Ils sont nombreux ceux et celles qui ne connaissent pas le Christ et ne veulent pas entendre parler de lui. Le Seigneur n’a pas promis le succès ni la puissance à son Église. Il veut simplement qu’elle soit « le sel de la terre » et « le levain dans la pâte ». Le sel de la terre et le levain dans la pâte c’est d’abord lui. C’est dans ce monde tel qu’il est que nous avons à témoigner de l’espérance qui nous anime : “Votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume”. Il nous fait cette promesse parce qu’il nous aime tous gratuitement et sans mérite de notre part.
Notre priorité c’est de nous préparer chaque jour à accueillir ce don de Dieu. “C’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’Homme viendra”. Non, ce n’est pas une menace ; il ne s’agit pas d’entretenir une inquiétude ni une angoisse. Cette vigilance c’est celle de l’amour qui cherche à grandir et s’ouvre de plus en plus aux autres. Cet amour nous empêche de nous replier sur nous-mêmes et de nous endormir sur nos soucis, grands ou petits. Être vigilants c’est creuser toujours plus en nous le désir de la présence de l’Esprit de Jésus, c’est rester attentifs à sa Parole, c’est apprendre à aimer toujours mieux parce que nous sommes infiniment aimés.
“Gardez vos lampes allumées”. Nous nous rappelons qu’autrefois, une lampe ne restait allumée que si on prenait soin de l’alimenter d’huile. Il ne fallait surtout pas tomber en “panne sèche”. Garder notre lampe allumée c’est tout faire pour que notre vie soit remplie d’amour”. C’est le Christ lui-même qui nous le demande : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés” (autant que je vous ai aimés). Mais n’oublions pas que notre vie ne sera remplie d’amour que si nous puisons auprès de Celui qui en est la source. C’est par la prière, les sacrements et l’accueil de la Parole de Dieu que nous pourrons alimenter nos lampes.
“Restez en tenue de service !” Servir, c’est le contraire de dominer. Au soir du Jeudi Saint, Jésus s’est agenouillé devant ses disciples. Lui, le “Maitre et Seigneur” s’est fait serviteur pour servir ceux qui étaient à ses ordres. Demandons au Seigneur de nous ajuster à cet amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Qu’il nous donne la grâce d’être prêts lorsqu’il reviendra.
La 1ère lecture nos présente un Dieu libérateur et sauveur de son peuple. Désormais, son peuple sera celui de la nuit pascale en marche vers la lumière. Ce texte a été écrit pour des croyants qui étaient tentés par le doute. En leur rappelant les merveilles que Dieu a accomplies dans les temps anciens, il veut raviver leur espérance. Les croyants ne doivent jamais perdre de vue le but de leur vie. La joie finira par l’emporter sur la peur. La vie vaincra la mort.
La lettre aux Hébreux (2ème lecture) se présente précisément comme un éloge de la foi des patriarches. Ces ancêtres sont un exemple pour les croyants. “La foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître ce que l’on ne voit pas”. Avec le Christ, nous sommes des voyageurs à la recherche d’une patrie. Lui-même nous a dit qu’il est “le Chemin, la Vérité et la Vie”. Personne ne va au Père sans passer par lui. C’est là une bonne nouvelle qui doit raviver la foi des croyants affrontés au doute, à l’indifférence et à la persécution.
L’Eucharistie est vraiment le moment où “Dieu est là pour nous servir, pour nous faire passer à table”. C’est l’heure où le Fils de l’Homme est glorifié. Seigneur Jésus, tu nous promets un avenir de joie et de lumière auprès de toi. Garde-nous vigilants dans l’espérance, ouverts et accueillants aux signes de l’Esprit Saint. Alors ta venue, loin de nous surprendre, sera notre bonheur pour les siècles des siècles. Amen
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Sources : Revues Feu Nouveau, Missel communautaire, Pour la célébration Eucharistique (Feder et Gorius), lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye)
Merci pour cette homélie qui m’a beaucoup plu car elle est très riche et aborde de nombreux sujets religieux; je l’ai lue deux fois pour bien m’en imprégner.
Merci Christiane pour tes encouragements.