2ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 10 janvier 2010Le signe de Cana
Textes bibliques : Lire
Dans cet évangile, saint Jean ne nous parle pas de miracle mais de signe. Son but n’est pas de raconter un événement merveilleux mais de nous en donner la signification profonde. Il est important de découvrir le message caché de ce récit. Tout d’abord, nous apprenons que cela se passait à Cana en Galilée : c’était une région méprisée à cause du mélange de juifs et de païens. Voilà déjà une manière de dire que Jésus est venu pour tous, juifs fidèles et païens étrangers à la foi. La bonne nouvelle de l’évangile est pour tous. La priorité doit être donnée à ceux qui en sont le plus loin.
Le premier signe où Jésus manifeste sa gloire, c’est-à-dire son identité, est un mariage. Cet événement est la fête de l’amour par excellence, c’est la célébration de l’alliance entre un homme et une femme qui s’aiment et ont décidé de se donner l’un à l’autre sans réserve. Pour Saint Jean, ce mariage évoque l’amour passionné de Dieu pour l’humanité. Quand Dieu s’adresse aux hommes c’est toujours en termes d’amour et d’alliance. Aujourd’hui, Saint Jean veut nous annoncer la nouvelle alliance entre Dieu et tous les hommes de tous les temps et de tous les pays. Le Christ nous est présenté comme l’époux qui vient épouser notre humanité pécheresse. Il vient la rétablir dans sa dignité en la réconciliant avec Dieu. . Cette humanité nouvelle est née au pied de la croix de son côté ouvert. Voilà cette bonne nouvelle qui concerne tous les hommes, juifs et païens.
Mais à Cana, la noce a failli être gâchée : on n’a pas prévu assez de vin et c’est la catastrophe. Marie s’en est aperçue. Elle ne va pas alerter le maître du repas mais Jésus. Puis elle s’adresse aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira. » Cette parole adressée à des serviteurs a été prononcée par celle qui s’est déclarée elle-même « la servante du Seigneur » le jour de l’annonciation. Elle a été proclamée heureuse car elle a cru en l’accomplissement des paroles qui avaient été dites par l’ange de la part du Seigneur. Les serviteurs de la noce sont invités par Marie à devenir, eux aussi, serviteurs en actes de la Parole. Naître à la foi suppose que nous fassions confiance à la parole de Jésus. Cette confiance nous pousse à agir et à faire ce qu’il nous dit.
A Cana, le signe de l’eau changée en vin nous annonce que Dieu vient sauver tous les hommes, juifs et païens. En effet, le vin évoque la joie retrouvée. C’est cette joie que Dieu veut répandre sur son peuple en faisant de nouveau alliance avec lui. L’évangile nous parle de six jarres d’environ cent litres chacune. C’est que Jésus voit grand. Dieu ne compte pas ; il ne lésine pas. Cette abondance de vin signifie la profusion de grâce. Ces noces célèbrent l’alliance de Dieu avec les hommes. C’est une alliance de joie généreuse, débordante et inépuisable. C’est cela l’amour de Dieu.
Dimanche dernier, nous avons vu que Jésus s’est immergé dans notre humanité pour la conduire à Dieu. Aujourd’hui, le manque de vin à Cana évoque d’autres manques bien plus graves. Tout cela, Marie le voit et elle le dit à son fils Jésus : Ils n’ont plus d’amour. Ils n’ont plus de joie. Ils n’ont plus de paix. Tous ces gens malheureux victimes de la haine, de la violence et de l’indifférence, ce n’est plus possible. Chaque jour, les médias nous décrivent des situations douloureuses, des victimes du terrorisme, des SDF qui meurent de froid, des malades que personne ne visite, des conflits à l’intérieur des familles… Marie voit tout cela et elle continue à nous dire : « Faites tout ce qu’il vous dira. » Ce que nous Jésus dit et que nous avons à faire, nous le trouvons dans les évangiles. Nous sommes invités à nous en imprégner et à nous laisser transformer par lui.
A cana, l’eau a été changée en vin. Plus tard, au soir du Jeudi saint, Jésus réalisera un autre changement : Sous les apparences du pain et du vin consacrés, il se rendra réellement présent en son Corps et son sang. Lors de la Cène le Christ a dit sur ce qui était du pain et du vin : “Ceci est mon Corps… Ceci est mon sang.” Lorsque le prêtre prononce ces paroles sur le pain et le vin, c’est le Corps et le Sang du Seigneur qui sont présents sous les espèces du pain et du vin. Mais le but de l’Eucharistie n’est pas la transformation du pain et du vin mais la transformation et la conversion des cœurs et des communautés chrétiennes de façon à rendre le Christ présent dans le monde d’aujourd’hui.
En ce dimanche, prenons le temps d’entendre l’appel de Marie qui nous est sans cesse renouvelé. Elle nous renvoie au Christ et à l’évangile. Elle intercède pour nous et pour l’humanité tout entière. Toutes ces souffrances qui accablent tant d’hommes, de femmes et d’enfants, elle nous invite à les voir. Avec elle, nous apprenons à nous en remettre à Celui qui est venu épouser notre humanité et la féconder de sa vie divine. La bonne nouvelle de ce dimanche c’est que le Christ a le pouvoir de tout changer en nous. Il désire que nous retrouvions la joie et que nous soyons dans le monde les témoins de cette espérance qui nous anime.
« Dieu de tendresse et d’amour, tu renouvelles sans cesse ton alliance avec nous. Change notre tristesse en joie, la grisaille quotidienne en jour de fête. Que nos mots ordinaires, habités par l’Esprit, deviennent chants de louange et nous te glorifierons en Jésus le Christ pour les siècles des siècles. » (Oraisons nouvelles)
D’après diverses sources
tes homélies sont une vraie source d’inspiration
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Merci et bonne semaine à tous.
Jean
Bonjour père Jean
Quand Jésus dit ” mon heure n’est pas encore venue”, cela me fait penser à l’heure de la Passion, en laquelle se révèle en plénitude le Père.
Et vraiment, Jésus obéit à sa Mère. D’autre part, le salut et les noces ne sont pas réservés au peuple juif, mais offert à tous ceux qui croiront en Jésus, juif ou païen.
C’est pourquoi au signe du vin des noces, répond la foi des disciples..En tout cas, les signes annoncent la vie que Dieu donne et appellent à la foi.
Personnellement, je continue à boire le vin des noces, car je suis très heureuse avec Jésus, nous avons des coeur à coeur fréquents et je vis pour Lui et à travers Lui.
A la semaine prochaine !
Christiane
Le Vin de la Noce du Dimanche
La lecture de l’évangile du jour omet l’indication chronologique qui ouvre le texte de saint Jean. Celui-ci a bien écrit:” Or, le 3ème jour, il y eut une noce à Cana….”: ce récit est donc en lien avec ce qui le précède. Or, en consultant le Nouveau Testament, on remarque que, de repère en repère, il est possible de remonter jusqu’au tout début de l’évangile lui-même. La scène de Cana apparaît comme l’accomplissement du début de l’évangile que Jean présente dans le cadre d’une semaine:
1er JOUR : 1, 1 : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était Dieu…Le Verbe s’est fait chair…
et nous avons vu sa Gloire !
2e JOUR : 1, 12 : Témoignage de Jean ( Baptiste ) : il nie être le Messie et annonce un autre qui vient après lui.
3e JOUR : 1, 29 : Le lendemain Jean désigne Jésus: ” Voici l’Agneau de Dieu qui …”
4e JOUR : 1, 35 : Le lendemain, Jean répète…André et un disciple le quittent pour suivre Jésus
5e JOUR : 1, 41 : Tôt matin, André va chercher son frère Simon que Jésus renomme Képhas = Pierre
6e JOUR : 1, 43 : Le lendemain Jésus appelle Philippe…qui lui-même appelle Nathanaël… — Jésus a donc 5 disciples.
7e JOUR : ……………………. sabbat – vide – rien – silence
(SEMAINE SUIVANTE): 1er JOUR : 2, 1 : Or, le 3ème jour (c.à.d. le surlendemain), il y eut une noce à Cana…
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit…Il manifesta sa Gloire et ses disciples crurent en lui.
Jean ouvre son évangile en reprenant la célèbre expression de la Genèse: “AU COMMENCEMENT…” et il énumère la succession des jours de la semaine (fait unique dans le nouveau Testament). C’est dire qu’avec Jésus s’opère une NOUVELLE GENESE. Non une réparation ni une amélioration de l’homme mais SA RE-CREATION.
Nous avons la révélation d’une nouvelle vision de l’histoire et de son rythme de base, la semaine:
– Dieu a créé le monde par sa Parole (“Il dit et cela fut”).
– Son Fils, le Logos, la Parole s’est faite chair…Il a demeuré parmi nous…( proclame le Prologue).
– Sous le régime de la Loi, les prophètes chantaient la grandeur de l’Alliance entre Dieu et Israël, rappelaient les préceptes….mais rien n’y faisait ! Effort perpétuellement voué à l’échec, tant est grande la faiblesse de l’homme.
– Jean-Baptiste acquit conscience de cette impuissance de la Loi: prédications, bains de purification, menaces, ne pouvaient absolument pas changer l’être humain. Il comprit qu’il devait s’effacer devant celui qui venait après lui.
– Jésus apparut tel un homme ordinaire, un prophète dans la lignée de ses prédécesseurs, Las, il fut méconnu, haï par certaines autorités: “Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas accueilli” ( 1, 11). Et un jour, la veille d’un sabbat, il fut mis à mort sur une croix. Mais “le 3ème jour”(expression biblique pour dire “le surlendemain”) qui est également ” le premier jour de la semaine” (Jn 20, 1 et les autres évangiles), il ressuscita, se montra comme SEIGNEUR à ses disciples. A la lumière de l’Esprit, ils comprirent que sa mort en tant “qu’agneau de Dieu” ôte le péché du monde et que sa Résurrection communique la Vie.
“La Loi fut donné par Moïse; la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ…
“A ceux qui l’ont reçu, qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu”(1, 12-17)
Il s’agit bien du tournant de l’histoire. L’Alliance – que la Loi et les règlements ne pouvaient jamais réaliser – est enfin accomplie. Elle n’est plus seulement un contrat dont on essaie d’observer les clauses mais elle se vit réellement comme une union des contractants, un amour, un “mariage”. A ceux qui croient en lui, qui lui font confiance, Jésus offre d’entrer dans la célébration des NOCES : il y a entre eux union, communion dans la miséricorde et l’amour.
C’est pourquoi les apôtres et premiers disciples décidèrent de se réunir, chaque semaine, chaque “premier jour de la semaine” ( qui est aussi le 3e jour après la croix ) afin de célébrer la mémoire de leur Seigneur Vivant. Ils rappelaient ses paroles, se partageaient son Pain de Vie comme il le leur avait commandé et se passaient la coupe pour boire le Vin de sa Vie nouvelle. Ils en avaient la certitude: au cœur de leur assemblée, JESUS ETAIT PRESENT, “il est là au milieu d’eux” (Jean 20, 19 et 26). L’eucharistie était bien COMM-UNION
Ce 1er jour, ils l’appelèrent “JOUR DU SEIGNEUR” – en latin “domenica”, en français DIMANCHE.
NOCE DE CANA : SIGNE DE L’EUCHARISTIE.
Nous commençons à comprendre. La scène de Cana n’est pas un “miracle” – un mot que Jean n’utilise jamais car il réduit l’action de Jésus à une merveille que l’on admire ou que l’on récuse. Point de vue extérieur qui reste vain. A quoi sert en effet de s’extasier sur les merveilles accomplies par Jésus si l’on se contente de les connaître, de les voir, de les admirer ? On peut être témoin d’un miracle à Lourdes et refuser de changer de vie !
Le don du vin de Cana est un SIGNE, un acte qui renvoie au-delà de lui-même. Jean dit bien en concluant son récit de Cana: “Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. Il manifesta sa Gloire et ses disciples crurent en lui. Après quoi il descendit à Capharnaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples”.
Jean ne mentionne même pas les noms des jeunes mariés de Cana: peu importe. L’essentiel, c’est que quelques jeunes gens se mettent à croire en Jésus, s’attachent à lui et décident de le suivre.
Plus tard, de façon infiniment supérieure, ils célèbreront le Repas du Seigneur, l’Eucharistie des Noces où le Sang de l’Agneau de Dieu est consommé dans la Coupe de Vin de l’ALLIANCE.
A ce banquet qui actualise l’Evangile, la Bonne Nouvelle, les disciples sont envahis par une JOIE immense, une allégresse toute nouvelle qui a trois qualités, suggère notre évangéliste.
— Elle est gratuite (comme l’eau de Cana), offerte sans que rien soit exigé, ni argent ni mérites ni diplôme de sainteté. La vie chrétienne n’est pas un championnat, une course aux performances. Tout est grâce.
— Elle est surabondante comme les cuves qui ont été remplies à plein bord et qui débordaient. Pas de risque d’en manquer, pas de crainte de la gaspiller. Elle doit jaillir, éclater, ruisseler car elle est inépuisable.
— Elle est “extra”, succulente, inouïe, et les chrétiens n’en reviennent pas de goûter sa saveur incomparable- tout comme le “traiteur” de Cana s’étonnait de goûter un nectar à nul autre pareil !
MARIE ET L’EUCHARISTIE
La Mère de Jésus se trouve à Cana comme elle sera à la fin de l’évangile au pied de la croix, contemplant le sang qui coule du cœur ouvert de son Fils. Elle y prononce deux phrases qui nous permettent d’entrer dans le mystère et d’adopter les attitudes nécessaires dans la célébration eucharistique:
ILS N’ONT PLUS DE VIN ! Marie constate la misère des hommes qui “manquent”, “qui n’ont pas”, qui ne connaissent pas Dieu, qui ne le voient que comme un créateur lointain ou un juge implacable. Ils voudraient célébrer la joie de l’amour nuptial et si souvent ils font l’expérience de sa fragilité et de son désastre. “Les hommes meurent et ils ne sont pas heureux”. Marie lance l’appel au secours au nom de l’humanité, en notre nom. A notre tour, avec elle, nous “inter-cédons” pour le monde. Nous ne voulons pas nous estimer une élite de croyants qui laisse le monde à ses tragédies. Seul peut communier à Dieu le cœur qui communie au malheur des hommes.
FAITES TOUT CE QU’IL VOUS DIRA ! Marie n’offre pas une religion au rabais, un raccourci facile pour obtenir le ciel. Elle nous renvoie à une écoute des commandements de Jésus, à une obéissance sans failles. La piété doit être active, la confession de foi doit devenir travail, la prière mobilise.
Et que dit Jésus ? ” Remplissez d’eau ces cuves” destinées aux “ablutions rituelles des Juifs” et dont la capacité est de “100 litres”! Combien y a-t-il de ces cuves ? “Six” évidemment.
La Nouvelle Alliance n’est donc pas l’abolition de la Loi, l’anarchie: il s’agit bien d’abord de s’appliquer de toutes ses forces à “remplir” ses obligations “jusqu’au bord” c.à.d. le mieux possible, en allant jusqu’au bout de ses efforts. Tout au long des six jours de la semaine, les disciples de Jésus veulent vraiment obéir à leur Seigneur, vivre selon son Evangile, sans ménager leur peine, heureux d’être à son service. Mais “le premier jour de la semaine”, ils se rassemblent, apportant la vie ordinaire et banale des six jours précédents. Et en partageant le pain et le vin “transfigurés” en Corps et Sang de leur Seigneur, ils voient leurs peines et leurs joies “transfigurées”. La vie, ses rires et ses larmes, prend toutes ses dimensions.
Alors aucun ne s’enorgueillit de ses succès, aucun ne désespère de ses péchés, aucun ne se compare aux autres.
Et plus aucun n’emploie le mot païen “week-end” puisque le dimanche est JOUR N° 1 !!!
Pour les apôtres, cette expérience de l’Eucharistie dominicale était tellement forte, tellement “grisante” qu’aucun d’eux n’eut l’idée de décréter : “la messe est obligatoire”. Les premières générations y couraient. On ne pouvait imaginer une “petite messe” expédiée en une demi-heure, où l’on vient en retard avec des pieds de plomb et d’où l’on sort, l’air morose, sans avoir rencontré les autres, sans avoir fait d'”expérience”. L’ Eucharistie était “le rendez-vous de Cana”, la noce du dimanche. Le départ, le sommet, le cœur de la semaine.
Elle donnait goût à tout. Elle communiquait une telle force que l’on s’y rendait en dépit des moqueries, des sarcasmes, des menaces. Toute l’existence était accrochée à cette étoile.
Urgence actuelle: nous unir et travailler pour que la messe du dimanche – centre de la vie de toute communauté chrétienne – soit ce qu’elle signifie: une assemblée joyeuse qui rayonne.
Aux heures où l’on se croirait personnellement ou collectivement délaissés, abandonnés, livrés aux forces du mal et de la haine, ne faut-il pas se redire ces paroles brûlantes d’amour du prophète Isaïe : « Comme une jeune mariée est la joie de son mari ; tu seras la joie de ton Dieu » (Isaïe 62, 5).
« Ils n’ont plus de vin » : Accueillir le salut de Dieu signifie laisser le Christ épouser tous nos manques, nos limites, nos erreurs, nos fautes, notre péché. Son amour a le pouvoir de tout transformer en nous. Il peut changer l’eau de nos amertumes en vin de la joie éternelle.
Avec le Christ se manifeste pleinement le visage de Dieu est. À Cana, se vit le troisième moment de l’épiphanie : « Jésus a manifesté sa gloire et ses disciples crurent en lui. » La lumière qui éclaire nos vies c’est, qu’en dépit de tout, un amour nous conduit, mystérieux, déroutant comme le vin des noces dont on ne sait d’où il vient.
Si Dieu veut entrer avec tous les hommes dans une histoire d’alliance, c’est donc qu’il est possible d’espérer, sans naïveté, surmonter toutes nos divisions pour réaliser une communion authentique dans le respect de nos différences. C’est la grande intuition de saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens que nous avons entendue dans la deuxième lecture. « Il y a diversité de dons spirituels, écrit-il, mais c’est toujours le même Esprit, diversité de ministères, mais c’est toujours le même Seigneur… C’est partout le même Dieu qui agit en tous. Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien commun » (1 Corinthiens 12, 4).
En Eglise, si les dons de l’Esprit sont multiples, nul ne peut prétendre annexer Dieu, nul n’a le monopole de l’Esprit Saint. Nous avons à apprendre à nous recevoir, dans nos diversités, comme des dons complémentaires et irremplaçables pour manifester l’insondable richesse du Christ.
Ce qui est vrai à l’intérieur de notre Église, ne l’est-il pas aussi dans nos relations avec les autres religions auxquelles nous sommes confrontés, aujourd’hui. La seule manière de désamorcer les menaces de fanatisme et de violence, ne serait-elle pas, à la fois, de nous enraciner plus profondément dans notre propre tradition religieuse, et, en même temps, de passer de la peur des autres à l’émerveillement devant la riche diversité des dons de l’Esprit de Dieu à l’œuvre, non seulement chez les chrétiens, mais aussi chez les juifs, les musulmans, les bouddhistes et les adeptes des diverses sagesses spirituelles. Le secret de l’unité ne serait-il pas de vivre le meilleur de nous-mêmes et d’être attentifs aux murmures de l’Esprit en nous et chez les autres ?
Cana est enfin la prière discrète de Marie : « Ils n’ont plus de vin. » Ecoutons-la nous redire : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Marie ne peut nous conduire qu’à son Fils. En ce début de la semaine de prière de l’unité des chrétiens, elle nous le montre inaugurer le banquet de l’amour où prendront place, enfin, un jour, les hommes de toute race et de toute culture, venus des quatre coins de l’horizon.
Avec l’aimable autorisation de Kerit.be
Un mariage ! Dans la vie des hommes il est révélateur de joie, d’amour, de constitution d’un foyer en vue de la famille. Le repas des noces y associe normalement tout un groupe de parents, d’amis, d’invités. Ainsi celui de Cana où « Marie était là » et invités Jésus et ses disciples. Signifié par là un autre mariage, celui de Dieu avec l’humanité. La présence de Marie, de Jésus et des disciples est nécessaire pour assurer le bonheur humain.
« On manqua de vin » : la joie risque bien de disparaître avec son absence. Qui s’en aperçoit ? Marie, la mère de Jésus, en femme attentive à nos joies et nos misères. Elle connaît la divinité de son fils. Elle se fait notre intermédiaire auprès du Seigneur. Son « heure n’est pas encore venue » ? Elle le sera avec sa mort en croix et sa résurrection. Marie sait qu’il est l’Amour et qu’il aime infiniment tous les hommes : « Faites tout ce qu’il vous dira ». Malgré une situation sans remède possible humainement elle fait confiance à Jésus. Les serviteurs du repas deviennent serviteurs du Christ. Sur sa demande ils remplissent d’eau six cuves de 100 litres : signe d’abondance pour la suite. Elle marque cependant une obéissance au Seigneur, un dévouement pour obtenir la joie, la paix, la fraternité. Par la grâce divine l’eau est changée en vin … un vin d’excellente qualité. Dépassé l’ordre normal des actions humaines, et, dure continuellement « jusqu’à maintenant », la joie parfaite, symbole du vin, jusqu’à la vie éternelle, sera-t-il précisé ultérieurement par Jésus et ses disciples.
Ainsi « il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui ». C’était aussi l’annonce de l’Eucharistie où le vin devient son sang, versé sur la croix pour le salut du genre humain, avec don de l’Esprit.
Nous n’en restons pas là dans la liturgie de ce jour. Elle ouvre sur son Eglise, chargée, à la suite du peuple juif, son peuple, d’être le nouveau peuple de Dieu, manifesté à toute l’humanité pour transmettre la Bonne Nouvelle de son salut en Jésus Christ.
Dans la 1ère lecture du prophète Isaïe elle a pris « un nom nouveau, donné par le Seigneur ». Jésus en sera la tête, pour lui « ma préférée », « mon épouse ». « Celui qui t’a construite t’épousera », « tu sera la joie de ton Dieu ». Avec Jérusalem indiqué, c’est l’Eglise, l’humanité entière sauvée, qu’il faut envisager.
St Paul (2ème lecture) applique à l’Eglise les dons variés qui la caractérisent, fruits de l’Esprit. « C’est toujours le même Esprit » ; « c’est toujours le même Seigneur » ; « c’est partout le même Dieu qui agit en tous ». Il n’y a pas 36 dieux, ni 36 églises ! L’Apôtre Paul énumère dans l’Eglise du Christ ces dons divers qui l’animent : « le langage de la sagesse », celui de l’Evangile et de nombreux saints par leurs prédications, et leurs écrits ; « la connaissance de Dieu », donnée non seulement aux évêques, prêtres, diacres, religieux et religieuses, mais aussi, plus qu’autrefois, à des laïcs chrétiens qui s’instruisent en conséquence ; « le don de la foi », si précieux et sollicité par le Seigneur pour obtenir ses grâces, foi vécue dans un authentique amour pour être vraie ; « le pouvoir de guérir et de faire des miracles » dont n’est pas évacuée la science. Elle a intérêt à « reconnaître ce qui vient vraiment de l’Esprit ». « Il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté », talents à faire fructifier dans nos vies par l’amour de Dieu et de tous nos frères humains.
Que de merveilles de Dieu, dans sa création, « terre entière », à « dire au monde entier » (Psaume 95). Chrétiens, avec confiance, avec courage, « proclamons son salut » et « chantons au Seigneur un chant nouveau », celui de son amour infini sans oublier Marie qui nous introduit dans le corps du Christ et de son Eglise.
R/ Dieu d’amour, dans ta bonté Seigneur, exauce-nous.
«Jésus avait été invité au repas de noces». Pour que nos familles et nos sociétés donnent toute la place au Seigneur, ensemble, prions. R/
«Ils n’ont plus de vin». Pour que nous soyons attentifs aux besoins et aux attentes de ceux et celle qui nous entourent, ensemble, prions. R/
«Faites tout ce qu’il vous dira». Pour que nous soyons à l’écoute du Seigneur qui nous parle par les démunis, les malades et les oubliés de notre société, ensemble,prions. R/
«Maintenant puisiez». Pour que tous les baptisés, hommes et femmes, puisent abondamment aux sources de la Parole et des sacrements, ensemble prions. R/
«Tel fut le commencement des signes». Pour que notre joyeux rassemblement du dimanche soit une invitation à croire, ensemble, prions. R/
Dieu de l’Alliance nouvelle, ton Fils Jésus a manifesté ta générosité lors de noces de Cana. Fais de nous des témoins inventifs et courageux de tes largesses, par Jésus, le Christ notre Seigneur. AMEN