Homélie du 2ème dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 1 mars 2020Suivre Jésus sur la montagne
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En ce 2ème dimanche du Carême, l’Église nous recommande moins un effort de jeûne qu’un effort de marche. Quand nous lisons la Bible, nous trouvons beaucoup de gens qui se mettent en marche. Mais à chaque fois, c’est vers un but bien précis. C’est ce qui s’est passé pour Abraham (1ère lecture) : il a dû quitter son pays, sa parenté et la maison de son père ; il s’est mis en marche vers le pays que Dieu lui destinait ; c’est un défi extraordinaire pour nous qui sommes si souvent attachés à nos sécurités, à notre confort, à nos certitudes. Abraham nous est présenté comme le modèle des croyants qui met toute sa confiance en Dieu et qui accepte de répondre à son appel.
L’apôtre Paul a, lui aussi, beaucoup marché. Il a parcouru différents pays pour annoncer l’Évangile au monde païen. Sa grande préoccupation était que la bonne nouvelle soit connue de tous. Aujourd’hui, il s’adresse à Timothée qui est affronté à ses persécuteurs. Il l’encourage à tenir bon malgré les souffrances et les persécutions. Le mal et la mort n’auront pas le dernier mot. Alors oui, n’ayons pas peur de marcher à la suite du Christ qui veut nous associer à sa victoire.
L’Évangile que nous venons d’écouter nous ramène à un moment crucial de la vie de Jésus ; il est en chemin vers Jérusalem ; il vient d’annoncer à ses disciples qu’il y sera arrêté, condamné et mis à mort sur une croix. Pour eux, c’est insupportable. L’événement qui nous est rapporté aujourd’hui va les aider à s’ajuster au plan de Dieu : c’est Jésus qui amène trois d’entre eux “à l’écart, sur une haute montagne”. Dans le monde de la Bible, la montagne représente la proximité de Dieu et la rencontre avec lui ; c’est un lieu de prière. On y est vraiment en présence du Seigneur.
C’est sur cette montagne qu’a lieu l’événement de la Transfiguration de Jésus. C’est comme un phare lumineux qui nous montre le point d’arrivée de notre vie humaine et chrétienne. En laissant entrevoir à ses disciples la beauté de sa divinité, il leur révèle le but de son voyage sauveur. Cette lumière mystérieuse est une fenêtre ouverte sur la résurrection et la vie auprès du Père. Nous ne sommes pas comme des gens perdus dans le désert. Nous avons un guide, c’est Jésus lui-même. Il est le “chemin, la Vérité et la Vie”, c’est par lui et avec lui que nous allons vers le Père.
Pierre est ébloui par cette vision extraordinaire. Il voudrait prolonger cet instant de bonheur et s’y installer. Mais la voix du Père le ramène à la réalité : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui je trouve toute ma joie : écoutez-le.” Cette voix donne l’explication de la grande lumière qui enveloppe Jésus : aujourd’hui, ils voient son visage transfiguré ; plus tard, au jardin des Oliviers, ils le verront défiguré. Le Messie qu’il nous faut écouter est un Messie crucifié, un Messie qui veut nous associer à sa victoire sur la mort et le péché.
Cet Évangile de la Transfiguration nous décrit ce qui se passe chaque dimanche à la messe : après six jours de travail, Jésus nous conduit vers un lieu “élevé” ; c’est important pour nous : nous avons tous besoin de nous élever ; il ne s’agit pas de fuir le monde ni de nous évader. Si le Christ nous appelle à lui, c’est pour nous faire contempler “les choses du ciel”. Ce rendez-vous avec lui chaque semaine est un événement qu’il ne faut surtout pas manquer.
Puis c’est le retour vers le quotidien moins brillant. La splendeur de Dieu, nous aurons toute l’éternité pour la contempler. Le Seigneur nous renvoie vers ce monde où la gloire divine n’est pas toujours éclatante. Il nous propose de travailler à rendre ce monde meilleur. Le pape François nous parle souvent des “périphéries”, tous ceux et celles qui souffrent à cause de la maladie, des injustices, de la pauvreté matérielle et spirituelle. C’est dans ce monde tel qu’il est que nous sommes envoyés pour témoigner de l’espérance qui nous anime.
Tout au long de ce Carême, nous sommes tous appelés à sortir de notre vie tranquille et à gravir la montagne pour aller à la rencontre du Seigneur. Rappelons-nous que ses paroles sont celles “de la Vie éternelle”. Nous sommes attirés par l’espérance de la transfiguration finale. Alors comme Abraham, Paul et bien d’autres, mettons-nous en route pour suivre le Seigneur. Qu’il soit toujours avec nous et nous toujours avec lui pour que toute notre vie témoigne de l’amour qu’il nous porte.
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Sources : Revues Feu Nouveau, Fiches dominicales, François selon Saint Matthieu, Célébrons dimanche, Mon compagnon vers Pâques (Magnificat), Dossiers personnels
La vie est un voyage parsemé d’aventures ! La foi est un engagement personnel dans la voie tracée par la ‘Bonne Nouvelle’. Un parcours continu à la suite du Christ. Une aventure jamais terminée… Un chemin de pèlerin à la recherche de l’Absolu ! Un long fleuve jamais tranquille qui peut prendre des fois la forme d’un courant sinueux semé d’embûches…
Les textes liturgiques de ce dimanche nous présentent la vie chrétienne comme un voyage. Une invitation à changer de vie. C’est d’abord l’appel adressé à Abraham : « Pars de ton pays… Va vers le pays que je te montrerai. » Un appel à l’abandon total dans les mains de Dieu. Pour Abraham, c’est le point de départ d’une grande aventure de la foi. Il se met en route et part à la découverte d’un pays inconnu, faisant confiance à la voix divine. L’Évangile nous relate ensuite le récit de la Transfiguration. Jésus révélait à ses disciples la gloire qui sera la sienne le jour de Pâques. Mais, avant d’atteindre ce point culminant de la mission du Maître, ils auront à passer par un sentier étroit et cahoteux. ‘En descendant de la montagne’, Jésus les ramène à la réalité de la vie. Emboîtant les pas du Christ, les apôtres devront se lancer dans une aventure audacieuse tout en Lui restant fidèles malgré les difficultés. Leur foi sera mise à rudes épreuves avant de pouvoir assister à sa Résurrection.
Au départ de toute vie chrétienne, il y a toujours un appel du Seigneur. Par le baptême, nous sommes embarqués dans la caravane chrétienne. Entraînés dans cette aventure de la foi, nous nous laissons parfois emportés dans un flot de routine, dans une pratique religieuse sans réel objectif. Il est temps de nous poser quelques questions essentielles : ‘Ai-je entendu l’appel du Christ ? Est-ce que je me suis vraiment mis en route ?’ Car, des fois, au lieu d’avancer, nous faisons du surplace ! La vie chrétienne est une aventure. Suivre Jésus n’est pas de tout repos. Nous sommes invités à progresser et à nous améliorer sans cesse.
Abraham répond à l’appel de Dieu à un âge déjà avancé. Trop de gens se contentent de leur médiocrité en répétant à chaque occasion : ‘Je suis comme ça. Pas toujours facile de changer mes habitudes !’ Il faut savoir sortir de notre zone de confort pour se lancer dans l’aventure des projets enrichissants pour la vie. Oser quitter la commodité immédiate pour un bonheur durable. Dieu nous invite à renforcer nos acquis spirituels et à rectifier, si besoin est, l’orientation de notre vie. Il n’est jamais trop tard !
Le temps du Carême nous invite à d’un nouveau départ dans notre démarche spirituelle. Comme Abraham et bien d’autres, marchons avec confiance sur le chemin que Jésus nous a montré. Dans cette voie magnifique, la Parole du Christ nous plongera dans l’intimité de Dieu et nous guidera avec bienveillance dans nos relations avec nos proches. Mettons-nous en route. Jésus transformera notre vie !
Par sa Transfiguration, Jésus nous appelle à vivre une réelle transformation. Un changement profond de notre être intérieur, de notre façon de penser et de notre manière de voir les choses. Saint Paul nous exhorte : « Ne vous conformez pas au monde présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréable et parfait. » (Romains 12:2) Pour cela, l’appel de Dieu le Père nous invite à faire confiance à la ‘Bonne Nouvelle’ proclamée par Jésus.
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis tout mon amour ; écoutez-le ! »
Nguyễn Thế Cường
Merci à tous les deux pour vos textes qui m ont interpellée.