Homélie du 2ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 12 avril 2020La divine miséricorde.
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En ce 2ème dimanche de Pâques, l’Église nous invite à tourner notre regard vers le mystère de la « divine miséricorde ». Parmi les textes de ce jour, seule la seconde lecture, la lettre de saint Pierre nous en parle explicitement. Elle nous invite à louer Dieu qui, “dans sa grande miséricorde… nous a fait renaître grâce à la résurrection de Jésus pour une vivante espérance”. Mais en y regardant de plus près, nous voyons bien que cette miséricorde divine transparaît également dans les autres textes bibliques de ce jour. Toute la liturgie de la Parole prolonge la bonne nouvelle de la résurrection par l’amour miséricordieux du Père.
La première lecture nous donne le témoignage de l’Église primitive. Elle ne cesse de s’agrandir dans la force de l’Esprit Saint. Par la bouche des apôtres, le Christ annonce la bonne nouvelle. Il guérit et il chasse le mal. Le même Esprit Saint continue à agir dans l’Église d’aujourd’hui. Il nous précède dans le cœur de ceux qu’il met sur notre route. Comme les premiers chrétiens, nous sommes tous envoyés pour annoncer que le salut en Jésus Christ est là, mais le principal travail, c’est lui qui le fait dans le cœur de chacun.
Avec le psaume 117, nous rendons grâce au Seigneur dont l’amour est éternel. Cet amour est plein de miséricorde. Dieu ne cherche qu’à nous combler, non à cause de nos mérites mais parce qu’il nous aime. Il veut nous associer tous à sa victoire sur la mort et le péché. Il veut nous faire participer à la joie du Salut. Au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans cet océan d’amour qui est en lui. Alors oui, plus que jamais, nous pouvons chanter et proclamer : “Rendez grâce au Seigneur, il est bon, éternel est son amour.”
L’évangile nous invite à faire un pas de plus dans la découverte de cette miséricorde divine. C’était au soir du premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche soir. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient car ils avaient peur ; en raison du climat de haine et de violence qui régnait sur Jérusalem depuis la mort de Jésus, ils craignaient pour leur sécurité. Cette peur, nous la connaissons bien : Dans certains pays, les chrétiens sont massacrés. Ailleurs, ils sont tournés en dérision. Nous vivons dans un monde imprégné par l’indifférence, l’incroyance et la “mal croyance”. Or c’est dans ce monde tel qu’il est que nous sommes envoyés pour témoigner de notre foi en Jésus Christ.
Comme il l’a fait pour les apôtres puis pour Thomas, le Seigneur ressuscité nous rejoint dans nos enfermements. Pour lui, toutes les barrières qui nous enferment, ça ne compte pas. Il est toujours là, et il ne demande qu’à nous rejoindre au cœur de nos vies et de nos déroutes. Il reste Emmanuel, “Dieu avec nous”. Nous avons vu que Thomas a eu beaucoup de mal à croire en cette bonne nouvelle. Pour lui, ce n’était pas possible. Il avait vu Jésus mort sur la croix et enfermé dans son tombeau. Il ne pouvait pas imaginer qu’il ressusciterait. Nous n’avons pas à sourire de son incrédulité. Si nous avions été à sa place, nous n’aurions pas fait mieux.
Mais voilà que Jésus lui-même rejoint ses apôtres au cœur même de leurs doutes et de leur détresse. Sa première parole est un message de paix. Cette paix, c’est la joie retrouvée, c’est la miséricorde et le pardon, c’est la réconciliation. Au moment de les envoyer en mission, il veut les libérer de cette angoisse qui les obsède. Il veut leur redonner force et courage car ils auront une longue route à parcourir. Ils seront envoyés pour annoncer au monde entier que tous sont appelés à se convertir à Jésus Christ et à accueillir la miséricorde qu’il ne cesse de vouloir nous offrir.
Nous chrétiens d’aujourd’hui, nous sommes les héritiers de ce témoignage des apôtres et nous sommes envoyés, nous aussi, pour le communiquer autour de nous, dans nos familles, nos lieux de travail et nos divers milieux de vie. Notre foi ne sera vraiment vivante que si elle rayonne. Le Seigneur nous attends dans notre monde, à l’endroit où il nous a placés pour que nous portions du fruit. Il aime réaliser des merveilles dans notre vie ordinaire et rien ne peut nous séparer de son amour.
En ce jour, notre regard se porte une fois de plus vers la première communauté des croyants. Comme eux, nous sommes invités à appuyer notre vie chrétienne sur quatre piliers :
– Fidélité à l’enseignement des apôtres pour approfondir notre foi et permettre à la bonne nouvelle de transformer notre vie de baptisés.
– Fidélité à la communion fraternelle pouvant aller jusqu’au partage des biens.
– Fidélité à la fraction du pain et donc à l’Eucharistie.
– Fidélité à la prière, soit à la maison, soit en communauté.
Ces quatre fidélités sont nécessaires. C’est grâce à elles que nous pourrons donner le vrai témoignage de notre vie de baptisés.
Chaque dimanche, le même Seigneur ressuscité rejoint les communautés rassemblées en son nom pour l’Eucharistie. En cette période le confinement nous tient éloignés les uns des autres. Mais rien ne peut nous empêcher d’aller “puiser à la Source” de celui qui est l’Amour. Qu’il soit avec nous pour que nous soyons plus courageux dans le témoignage. Qu’il nous garde plus généreux dans la pratique de la charité fraternelle. « Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour ». Amen
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Après les événements tragiques entraînant la mort de Jésus, la culpabilité hante encore ses disciples. La peur les tenaille. Peur de subir le même sort du Maître. Ils cherchent alors à se mettre à l’abri, loin de la foule. « Le premier jour de la semaine, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. »
C’est donc avec une joie immense qu’ils Le voient apparaître au milieu d’eux. Et quelle surprise d’entendre cette parole réconfortante : « La paix soit avec vous ! » Aucun reproche ! Son regard ne les condamne pas. Jésus vient leur offrir sa Paix pour qu’ils reprennent le chemin avec Lui : Aller répandre au monde entier son message de Paix et d’Amour.
À chacun de nous aujourd’hui, Jésus nous offre également cette Paix. Une Paix toute intérieure, profonde et dynamique ! Bien plus qu’une simple sensation de bien-être et de détente du corps, la Paix du Christ nous permet de rentrer au plus profond de nous-mêmes pour une retrouvaille intime avec Dieu. « Je vous laisse ma paix, c’est ma paix que je vous donne, je ne vous la donne pas comme le monde la donne. » (Jn 14:27)
Nous avons vraiment besoin de cette Paix si indispensable à la vie. Elle nous donne du recul pour voir le côté le plus subtil des choses et nous aide à relativiser nos sources d’inquiétudes. La Paix dans l’âme, certains obstacles s’avèrent maîtrisables, les soucis qui paraissent si graves deviennent non pertinents en partie. C’est seulement dans la sérénité que nous parvenions à avoir un bon discernement des événements de notre vie.
Cependant, les stress incessants désorganisent souvent le beau rythme de vie que nous essayons d’édifier avec peine. Des impératifs professionnels, des obligations familiales, des imprévus… ont de quoi nous faire perdre le calme et nous submergent d’émotions. Dans une telle agitation, la Voix intérieure nous semble très lointaine, même inaudible. Est-il possible de trouver la paix intérieure dans la réalité de notre vie quotidienne ? Si !… Il n’en tient qu’à nous d’accéder à cette sérénité de l’âme : Être en paix avec sa conscience, en harmonie avec Dieu et avec le monde qui nous entoure.
De temps à autre, arrêtons-nous quelques instants pour nous immerger dans la Paix du Christ et retrouver notre véritable ligne d’horizon. Sereins et détendus, nous verrons mieux le chemin à suivre. Nous percevrons mieux ce que Dieu nous suggère pour notre bonheur. Car le vrai Bonheur se mesure par l’étendue de la quiétude dans l’âme. Cette sérénité ouvre toute grande la porte de notre cœur pour un contact intime avec Dieu. Elle nous procurera l’énergie nécessaire pour faire face aux difficultés de la vie. « C’est dans la tranquillité et le repos que sera votre salut, c’est dans le calme et la confiance que sera votre force. » (Ésaïe 30:15)
Le silence, et si on en parlait ? Ce grand oublié en cette période de confinement peut devenir un allié précieux pour nous aider à rentrer en nous-mêmes. Un sésame pour trouver la Paix intérieure mais aussi pour faire grandir en nous l’attention aux autres. C’est dans cet endroit privilégié que Dieu nous y attend. La sérénité est essentielle à notre bien-être spirituel et indispensable à une relation humaine harmonieuse. C’est un signe révélateur de la présence de l’Esprit-Saint en nous. La Paix intérieure ouvre largement notre cœur pour laisser s’y engouffrer un souffle d’Amour et un vent de générosité. Réservons-nous autant que possible des moments de calme pour découvrir ce chemin tout en douceur, qui arrondit les angles et facilite les échanges. C’est la meilleure manière d’aborder la vie avec confiance.
Jésus ressuscité vient réchauffer le cœur de ses disciples. Les voici remis debout et fortifiés, prêts à aller répandre sa Bonne Nouvelle au monde entier. Nous aussi, venons puiser la Paix à sa Source pour la propager autour de nous !
Nguyễn Thế Cường Jacques – Un paroissien de l’église Sainte Claire.
Père Jean, je me suis recueillie devant ta profonde homélie et j’ai écouté très attentivement soeur Claire.
Merci Jacques pour ce beau développement sur la paix.
j’aime bien le commentaire de Soeur Claire Patier sur Thomas. Je veux l’approfondir .