Homélie du 5ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 3 mai 2020
“Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie
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Depuis le 1er mai, nous sommes entrés dans le mois de la Vierge Marie. Nous retenons d’elle cette parole qu’elle adressait aux servants lors des noces de Cana : “Tout ce qu’il vous dira, faites-le”. Prenez le temps de l’écouter et de mettre ses paroles en pratique. Lui seul est capable de nous sortir de toutes nos impasses.
Or voilà qu’en ce jour, nous entendons des paroles de Jésus qui nous ramènent au soir du Jeudi Saint. Il annonce à ses disciples son départ vers le Père. Mais dans son enseignement, il se veut rassurant. Ce départ n’est pas un abandon. Il leur annonce qu’il va leur préparer une place. Cette annonce est une bonne nouvelle, un appel à vivre dans l’espérance. Les épreuves ne manqueront pas. Dans quelques heures, ce sera la Passion et la mort de leur Maître. Par la suite, ils connaîtront le temps des persécutions.
Mais rien ne doit troubler l’espérance des chrétiens. Le Christ est bien présent au milieu d’eux. Il est là au cœur des épreuves que connaît notre monde actuellement. Ce chemin dont il nous parle n’est pas un chemin d’errance. Il nous annonce le but et l’aboutissement de notre vie. Jésus, lui-même est toujours avivant auprès de son Père. En même temps, il nous assure de sa présence au milieu de nous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Il est pour nous « le Chemin, la Vérité et la Vie ». Lui seul peut nous conduire auprès du Père. Son grand projet, c’est de rassembler tous les hommes. Il nous prépare une maison dans laquelle tous se sentiront accueillis avec amour.
Ce qu’il nous faut bien comprendre c’est que Jésus ne se contente pas de nous montrer le chemin. Il est lui-même “le Chemin, la Vérité et la Vie.” C’est en lui seul que nous trouvons la plénitude de la vérité. Ses paroles sont celles de la Vie Éternelle. En dehors de lui, nous allons à notre perte. Personne ne peut aller vers le Père sans passer par lui. C’est lui qui nous révèle le vrai visage de Dieu. C’est en regardant vers le ciel que nous redécouvrons le vrai sens de notre vie. Cet évangile est un appel à l’espérance, même si nous sommes “bouleversés” par les incertitudes et les épreuves de la vie, particulièrement en cette période de pandémie. Mais succomber au découragement serait pire que tout. Nous pouvons nous raccrocher aux paroles du psaume de ce jour : “Le Seigneur veille sur ceux qui l’aiment et espèrent en son amour.” Et Jésus est toujours là pour nous redire inlassablement : “Croyez en moi !”
Ceci dit, ce chemin n’est pas celui de la facilité. Il est étroit, et il nous conduit vers une porte étroite. Notre vie est un combat de tous les jours contre les forces du mal qui cherchent à nous entrainer vers des chemins de perdition. C’est la course à l’argent, la violence, la haine, la rancune. Tout cela nous détourne du vrai but de notre vie. En ce jour, cela vaut la peine de nous interroger : Jésus est-il vraiment notre chemin, notre vérité et notre vie ? Est-ce vraiment lui que nous suivons ? Si ce n’est pas le cas, nous devons réentendre son appel : “Revenez à moi de tout votre cœur… Convertissez-vous et croyez à l’Évangile…”
Le livre des Actes des Apôtres (1ère lecture) nous montre comment les premiers chrétiens ont suivi ce chemin du Christ. La Parole de Dieu est annoncée aux païens. Les veuves ne sont pas abandonnées à leur triste sort ; elles reçoivent une aide. Le partage des services se met en place. C’est ainsi qu’une communauté se met en route à la suite du Christ. C’est important pour nous aujourd’hui : la parole de Dieu doit être annoncée à temps et à contretemps ; mais les petits, les pauvres et les exclus ne doivent pas être oubliés : il n’est pas possible d’annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile à des gens qui ont faim et froid. À travers eux, c’est le Christ lui-même qui nous interpelle.
Dans la seconde lecture, saint Pierre nous invite à nous approcher du Seigneur Jésus. Nous nous rappelons que dans l’Évangile, il nous parlait de la Maison du Père qui contient de “nombreuses demeures”. Ici, saint Pierre nous dit que Jésus en est « la pierre vivante que les hommes ont éliminée mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur. » Cette maison dont il parle n’est pas seulement de pierres ou de bois ; c’est une fraternité, une communauté construite par le souffle de l’Esprit Saint. En tant que disciples, nous participons à sa victoire. Nous sommes devenus « la race choisie, le sacerdoce Royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu. »
Mais il y a un piège que nous devons éviter : le risque serait de nous complaire dans les honneurs, la facilité et l’orgueil. Nous avons une mission urgente : c’est d’annoncer “les merveilles de celui qui nous a fait passer des ténèbres à son admirable lumière”. Il est urgent de montrer à tous que nous savons où nous allons. Nous sommes sur un chemin qui est balisé par l’Évangile de Jésus Christ. Nous avons là un repère essentiel pour notre marche. Dans une de ses audiences, le pape François nous recommandait de le lire chaque jour. La Parole de Dieu est une nourriture indispensable pour notre marche vers le Père.
En ce dimanche, nous rendons grâce pour cette lumière de la foi qui nous a été donnée. Par elle, c’est le Christ qui éclaire nos pas plus ou moins hésitants en direction du Royaume de Dieu. Par l’intercession de la Vierge Marie, nous le prions les uns pour les autres : qu’il nous rende plus disponibles pour témoigner de son amour qui vient sauver tous les hommes.
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Sources : Revues Cahiers de prions en Église, Feu Nouveau, fiches dominicales – Guide Emmaüs des dimanches et Fêtes – Au service de la Parole (Bernard Prévost) – Homélies de l’année liturgique À (Simon Faivre) – Méditation du Pasteur Daniel Cassou.
« Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous connaître le chemin ? » (Jn 14:5)
Cette question de Thomas, à la veille de la Passion du Christ, révèle l’état d’âme des apôtres à un moment particulièrement dramatique. Jésus vient de leur annoncer qu’il va être trahi et renié. Dans le chapitre précédant ce texte, Jésus leur avait dit : « Mes enfants, je suis encore avec vous, mais pour peu de temps, et vous me chercherez. J’ai dit aux Juifs : ‘Là où je m’en vais, vous ne pouvez pas venir.’ Je vous le dis maintenant à vous aussi. » (Jn 13:33) Les disciples, désorientés, se sentent perdus, après cette déclaration inattendue du Maître.
Ce soir là, Thomas a posé à Jésus la grande question, l’énorme interrogation qui nous travaille tous dans les grandes épreuves de notre vie. Quand nous sommes dans le flou complet, dans l’obscurité la plus totale, que ce soit sur le plan psychologique, matériel ou religieux. Quand nous n’arrivons plus à mobiliser l’énergie nécessaire pour accomplir ce que nous voulons faire. Submergés par les difficultés de la vie, nous ne savons même plus dans quelle voie nous engager pour vivre notre foi ou tout simplement pour nous épanouir. Dans ces moments là, de petites joies nous laissent souvent un arrière-goût d’éphémère. Elles sont incapables de combler notre soif de bonheur infini. Nous sommes dans l’expectative de ‘quelque chose’ de plus profond. ‘Où vais-je ? Quel est le but ultime de ma vie ? Vivre pleinement sur cette terre, et après ?…’
Personne n’est à l’abri d’un événement capable de chambouler tout son existence. Devant cette fragilité humaine, les croyants que nous sommes risquent, nous aussi, de nous laisser écraser par les aléas de la vie. Certains tombent alors dans une totale léthargie, incapables de se prendre en charge. La moindre épreuve se transforme alors en révolte ou en désespoir. D’autres essaient de se raccrocher, tant bien que mal à des idées à la mode qui sont plus un sédatif apaisant qu’une force pour se relever et se tenir debout. D’autres encore se laissent emporter dans une fuite sans fin vers des plaisirs ou des joies éphémères.
Le plus difficile, dans ces circonstances, c’est de garder une constance sur ses objectifs et de doser les efforts à fournir afin de matérialiser ses aspirations. Mais il arrive souvent que notre attention soit focalisée sur les problèmes plutôt que sur l’idéal à atteindre. Soyons réalistes, une avancée ne s’effectue pas en un coup de baguette magique. Les obstacles seront nombreux et réels, mais c’est notre vision à long terme qui nous empêche de baisser les bras face aux problèmes qui peuvent survenir à tout instant. Sur ce chemin cahoteux et semé d’embûches, Jésus nous invite à mettre toute notre confiance en lui : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » Il est toujours là pour nous accompagner et nous guider. Mettons-nous à sa suite, même dans le brouillard de la vie…
La liturgie de ce dimanche est un appel à l’espérance. Jésus nous rassure : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » Marchons toujours dans les pas du Christ. Tendons l’oreille pour discerner sa Voix. Gardons confiance à la Vie. Soyons notre propre acteur sur le Chemin vers la Vérité. Ce ‘Chemin’ peut être difficile ou imprévisible mais jamais inaccessible. Jésus sera toujours là pour nous guider. Il ne nous décevra jamais !
« Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine. » (Ps 32:18-19)
Nguyễn Thế Cường Jacques – Un paroissien de l’église Sainte Claire.
Je devrais lire un peu le Nouveau Testament chaque jour. Quoi qu’il en soit, Jésus est mon Chemin, ma Vérité et ma Vie.