Homélie du 7ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 17 mai 2020Une Église en prière
Textes bibliques : Lire
Dans le prolongement du mystère de Pâques et de l’Ascension, les lectures de ce dimanche nous annoncent une bonne nouvelle. Elles nous montrent l’Église en train de naître. C’est une Église en prière. Le Christ qui va bientôt disparaître définitivement est également en prière. À quelques heures de son arrestation, de sa passion et de sa mort, il se tourne vers Dieu son Père. Il lui confie ses disciples. Ils auront bien besoin de sa force pour la mission qui les attend.
Au jour de l’Ascension, Jésus a disparu au regard des siens. Ils s’en sont retournés du mont des Oliviers à Jérusalem. La mort de leur Maître les avait éparpillés. Mais pendant quarante jours, ils ont fait l’expérience de Jésus vivant. Ce n’est plus seulement l’ami d’autrefois. Ils reconnaissent en lui « Mon Seigneur et mon Dieu ». Désormais, il vit d’une vie toute nouvelle. Ils se rendent au Cénacle pour un temps de prière. Une grande mission les attend ; mais pour cette mission, ils ne seront pas seuls. Jésus leur a promis la venue de l’Esprit Saint. Pendant dix jours, ils vont rester en prière pour se préparer à sa venue.
C’est également important pour nous : avant de prendre des décisions qui engagent toute une vie, nous commençons par un temps de prière. C’est vrai pour un jeune qui se prépare à être ordonné prêtre. Il va dans un monastère pour quelques jours de retraite. C’est aussi le cas pour des couples qui se préparent au mariage. Quels que soient nos engagements, nous avons tous besoin de ces temps de prière. Ils nous permettent de nous ajuster à ce que Dieu attend de nous. C’est son amour que le monde doit pouvoir reconnaître en nous.
Dans cette Église naissante, saint Luc souligne la place de Marie, la Mère de Jésus. Elle était présente dans le groupe des apôtres ; elle l’est aussi dans l’Église d’aujourd’hui. Nous ne pouvions rêver d’un meilleur accompagnement. Aujourd’hui comme autrefois, elle est là pour nous renvoyer au Christ et à son Évangile. Elle ne cesse de nous dire : “Faites tout ce qu’il vous dira.” Et ce que Jésus nous dit, c’est de puiser à la Source d’eau vive qui est en Dieu.
Dans l’Évangile de ce jour, c’est Jésus qui est en prière ; tout commence par ces paroles : « Père, glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. » Cette parole risque parfois d’être mal comprise. Dans notre monde, la gloire, c’est la renommée. Beaucoup sont prêts à tout pour se mettre en valeur et obtenir des distinctions honorifiques. Dans la bible, c’est tout autre chose : la gloire c’est la valeur réelle de la personne, c’est son poids. Saint Paul nous le dit à sa manière : « Si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. »
Cette prière de Jésus nous montre sa totale communion avec son Père. Ils sont liés l’un à l’autre par une communion éternelle. Les Évangiles nous disent que Jésus passait parfois des nuits entières à prier son Père. Cette union dépasse tout ce que nous pouvons vivre à notre niveau. Elle nous montre l’intensité de la prière de Jésus et nous en sommes éblouis. Ce qui est extraordinaire c’est qu’il veut nous associer tous à cette prière. C’est avec lui que nous découvrons le bonheur de prier. En fait, ce n’est pas nous qui prions mais le Christ qui prie en nous.
Voilà ce message qui est rappelé à une Église en train de naître. C’est une Église qui souffre. Nous y trouvons des chrétiens qui sont persécutés à cause de leur foi au Christ. L’apôtre Pierre (2ème lecture) leur rappelle que cette épreuve est ce qui les conduit vers la gloire. Ils doivent se réjouir car « L’Esprit de gloire, l’Esprit de Jésus » repose sur eux. Les disciples du Ressuscité suivent son chemin. Ce chemin passe par la souffrance mais il conduit à la joie.
Avec Marie et avec toute l’Église, nous nous tournons vers toi, Seigneur ; nous nous préparons à accueillir le don de ton Esprit. Fais que notre cœur soit disponible et accueillant pour que notre vie dise quelque chose de ton amour. Amen
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Ascension du Seigneur : Lire
L’Ascension accomplie ! La tristesse de séparation était accablante, mais les apôtres ne se laissent pas aller à l’abattement. Leur réaction spontanée est de retourner à Jérusalem pour prier. Le texte du livre des Actes des Apôtres mentionne : « Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel, retournèrent à Jérusalem… […] Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères.» (Ac 1:12-14)
Une retraite spirituelle dans la plus grande simplicité. Un moment particulier d’union et d’entraide pour se soutenir mutuellement. Un temps d’action de grâce pour ce qu’ils ont vécu jusqu’à présent. Saint Luc nous signale la présence discrète de Marie. En communion avec ‘la mère de Jésus’, les apôtres se recueillent en attendant avec confiance la suite des événements. On ne peut rêver une plus belle assemblée !… La première communauté chrétienne en prière avant d’être envoyée annoncer la ‘Bonne Nouvelle’ ! Dans ces instants d’intimité, Marie partage l’émotion et l’inquiétude des disciples du Christ face à une grande aventure qui les attend : leur mission apostolique à travers le monde.
L’Évangile d’aujourd’hui nous relate la prière du Christ à un moment particulièrement douloureux de sa vie, au soir de sa mort. « Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. » Une prière qui vient du fond du cœur. Jésus prie pour ses disciples car Il sait combien leur mission sera rude. Leur fidélité sera sans cesse mise à l’épreuve.
La prière ! Les apôtres ont été dans la meilleure des écoles. En effet, durant ces trois années auprès d’eux, Jésus leur a appris à maintes reprises à s’adresser au Père. Et en ce temps mémorable, c’est en compagnie de Marie qu’ils puisent leur force dans la prière !
Trop souvent, notre prière n’est que des mots enchaînés distraitement et rapidement sans réelle intimité avec Dieu. Un monologue basé sur nos requêtes sans même prendre le temps d’être en communication avec Dieu. Or, la prière doit être un élan du cœur envers Dieu, comme un instant de bonheur d’un enfant auprès de ses parents. Et c’est bien de cette manière que Jésus nous apprend à nous adresser à ‘Notre Père’ : « En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. Voici donc comment vous devez prier : ‘Notre Père qui es aux cieux !’ » (Mt 6:7-9) En toute simplicité, Thérèse de l’Enfant Jésus témoigne : « Je dis tout simplement au Bon Dieu ce que je veux lui dire, sans faire de belles phrases, et toujours Il me comprend… Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le Ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus. »
En cœur-à-cœur avec Dieu, la prière se traduit en parole, mais aussi dans le silence. Aujourd’hui, c’est aussi avec Marie que nous sommes invités à nous adresser à ‘Notre Père’. Marie nous accompagne dans nos démarches spirituelles. Elle est la guide la plus sûre pour nous mener jusqu’à Lui, la meilleure conseillère pour nous apprendre à connaître et à aimer Jésus. N’hésitons pas à ouvrir à Dieu la porte de notre cœur et l’horizon de notre vie.
« Invoquons l’intercession de Marie, pour qu’elle nous aide à nous laisser surprendre par Dieu sans opposer de résistance, à lui être fidèles chaque jour, à le louer et à le remercier, car c’est Lui notre force. » ( Pape François )
Nguyễn Thế Cường Jacques – Un paroissien de l’église Sainte Claire.
Merci pour vos beaux développements sur la prière.