Homélie du 17ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 19 juillet 2020
Les biens qui demeurent
Textes bibliques : Lire
Les lectures de ce dimanche nous invitent à nous rattacher aux biens qui demeurent. Nous avons entendu le témoignage du jeune roi Salomon (1ère lecture). Il aurait pu demander au Seigneur de longs jours, de nombreuses richesses ou encore la mort de ses ennemis. Mais il a compris que le plus important n’est pas là. Il demande “un cœur attentif pour qu’il sache gouverner le peuple et discerner le bien et le mal”. Il demande à Dieu le don de bien servir l’alliance entre Dieu et son peuple. Tout cela n’a rien à voir avec la gloire personnelle, les richesses, la considération et les honneurs.
Ce texte biblique nous interpelle et nous renvoie à nous-mêmes : est-ce vraiment le discernement que nous demandons au Seigneur ? Trop souvent, nous nous attachons à la satisfaction immédiate de nos désirs. En ce dimanche, nous pouvons laisser retentir en nous la prière de Salomon. Cette prière pourrait être la nôtre en ce temps de vacances. Le Seigneur est là pour nous offrir le seul vrai trésor. Malheureusement, nous avons peut-être trop tendance à choisir la pacotille. Mais le Seigneur ne cesse de nous supplier : « Revenez à moi de tout votre cœur ».
C’est aussi ce message que l’apôtre Paul nous transmet à sa manière dans la seconde lecture. Il s’adresse à des chrétiens qui risquent de se décourager à cause des difficultés qu’ils rencontrent. Alors, il les renvoie à l’essentiel : il leur rappelle qu’ils sont engagés sur la route par Dieu lui-même. Ce cheminement s’est déroulé en plusieurs étapes : la préparation lointaine, l’appel, le bouleversement de la conversion. Au terme de cette route, nous sommes appelés à un avenir de gloire. Nous ne devons pas craindre de marcher hardiment à la suite du Christ. En lui, nous sommes établis dans une authentique relation à Dieu. Ses paroles sont celles de la Vie Éternelle.
Dans l’Évangile, Jésus nous propose des paraboles, des images, qui, précisément, nous parlent du Royaume de Dieu. Ce Royaume est comparable à un trésor caché dans un champ. L’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède et il achète le champ. Comment cet homme cet homme a-t-il pu trouver ce trésor caché dans un champ ? Il n’y a pas 36 solutions : il était en train de travailler le champ. Le Seigneur nous offre un trésor extraordinaire que l’on doit trouver à force de travail.
Ce travail, c’est celui que Dieu a demandé à l’homme dès le début de la Création. Dieu a confié la terre à l’homme pour qu’il la travaille. Travailler? Ça veut dire scruter la Parole de Dieu. Pour les rabbins (chefs religieux), la terre c’est d’abord la Parole de Dieu. Il nous faut la scruter, chercher, creuser jusqu’à ce qu’on ait trouvé le seul vrai trésor qui donne sens à notre vie.
Alors, nous dit Jésus, on vend tout pour acheter le champ. Mais ce que Dieu veut nous donner ne s’achète pas. Ce don est toujours gratuit et sans mérite de notre part. Pour comprendre cette parole, il nous vaut lire l’appel d’Isaïe (ch. 5) : « Venez acheter sans argent ». Quand il dit « sans argent, ça ne veut pas dire sans un effort personnel. Il s’agit de recevoir de Dieu à l’issue d’un travail que nous avons fait. L’important c’est de nous mettre continuellement dans une attitude de recherche et d’accueil. Ce n’est pas pour rien que Jésus a dit : « Cherchez et vous trouverez. »
Si nous ne creusons pas le champ, nous ne trouverons pas de trésor. Si nous ne cherchons pas, nous ne trouverons pas la perle précieuse. Cette recherche, c’est le désir de connaître qui est Dieu. Nous devons le chercher avec droiture. Si nous cherchons la lumière et la vérité de notre vie, nous finirons par la trouver. Mais cela ne sera possible que si nous fermons nos oreilles aux rumeurs destructrices et à toutes les chansons du mal qui empoisonnent nos existences ; il importe que nous ouvrions nos yeux aux merveilles de tendresse, de générosité et de réconciliation qui naissent chaque jour, parfois tout près de nous. C’est là que nous trouverons le Seigneur, notre seul vrai trésor.
Suite à cette découverte, l’Évangile nous dit que l’homme a tout vendu pour acheter. Comment ne pas penser à l’appel de Jésus au jeune homme riche : Tu as trouvé un trésor, tu m’as trouvé, tu veux me suivre : vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres. C’est en donnant aux pauvres qu’on achète la présence du Seigneur. C’est en se débarrassant de tout ce dont on n’a pas besoin, en le vendant et en le donnant aux pauvres qu’on va recevoir ce don précieux qu’est la présence du Christ.
Le projet de Dieu sur notre vie est merveilleux. Mais il nous appartient de le découvrir. Nous devons pour cela abandonner nos idées qui sont trop petites et trop limitées et adopter celles de Dieu. C’est dans la méditation de sa Parole, Ancien et Nouveau Testament, que nous trouverons. Et surtout, n’oublions pas ce trésor qui nous rassemble chaque dimanche. C’est là que le Seigneur rejoint les communautés réunies en non nom. En communion les uns avec les autres, “exultons de joie, il est au milieu de nous”.
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Sources : Revues liturgiques – Guide Emmaüs des dimanches et Fêtes (JP. Bagot) – Commentaire de Claire Patier – Dossiers personnels.
« Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ… […] Le Royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. »
Mettre la main sur une merveille qui réjouit notre existence et nous propulse dans la vie. Ah, quel bonheur !… Découvrir un trésor ou une perle rare, c’est le rêve de tout un chacun ! Et quand l’occasion se présente, on se sent capable de tout sacrifier pour réussir l’affaire de sa vie ! L’image du trésor nous enflamme, le feu du désir nous brûle… Cette aspiration de richesse et de joie immense nous fascine. Rien de plus normal ! D’ailleurs, Jésus ne dit-il pas : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. » (Mt 6:21)
C’est le ressenti profond que nous procure la lecture de la parabole de l’Évangile d’aujourd’hui : Deux personnes découvrent la fortune, l’un par hasard et l’autre après une patiente recherche ! Ils ne s’y attendaient pas… Tous les deux vendent alors tout ce qu’ils possèdent pour acquérir ce qu’ils ont découvert. Ils misent toute leur fortune sur ce qui leur semble essentiel. L’un et l’autre se séparent volontiers de leurs biens pour acquérir ce qui leur semble le plus précieux de tout. Ils sont prêts à accepter les éventuels bouleversements dans leur vie, à lâcher beaucoup de choses pour acquérir l’objet du désir. La joie indicible éclipse les sacrifices. Un détachement délibéré et de bonne grâce ! C’est dans la joie, qu’ils se dépouillent de ce qu’ils considèrent comme superflu face à cette découverte extraordinaire, ce butin inespéré. « Dans sa joie, il s’en va vendre tout ce qu’il possède. »
Le cœur humain est fait pour le bonheur qu’un tel trésor promet. Le prix à payer ne sera jamais trop élevé en comparaison avec la satisfaction qu’il procure. Ainsi, dans la recherche d’un idéal pour la vie qui rend l’homme pleinement lui-même, chacun se sent capable de lâcher du superflu pour choisir l’impérissable. On se démène volontiers pour réaliser quelque chose de bien dans sa vie.
Cette petite parabole attire notre attention sur l’importance du choix d’un réel objectif à atteindre et comment le réaliser ! Partir à la conquête d’un idéal qui nous tient à cœur est toujours une aventure passionnante. Mais avant toute chose, la clarté de l’objectif visé est essentielle pour pouvoir progresser dans sa recherche et nous permet d’avancer sereinement dans la vie. Jésus nous invite à nous poser quelques questions essentielles : ‘Qu’est-ce qui a le plus de valeur à mes yeux ? Quel est le bien incomparable, unique entre tous, ce à quoi je dois préférer à toute autre chose, à sacrifier tout le reste ? Et cela dans la joie !’
À quel genre de trésor devrions-nous confier notre cœur et tout notre être ? Quel est le Bonheur absolu répondant aux aspirations les plus profondes de l’homme. Et comment le reconnaître ? C’est bien là la question fondamentale. Il nous faut donc une clairvoyance d’esprit pour distinguer l’essentiel de l’accessoire. Différencier le rêve de la réalité de la vie. Savoir reconnaître le véritable Bonheur qu’il nous faut ! Dans l’extrait du Livre des Rois que nous entendons aujourd’hui, le roi Salomon, au sommet de sa gloire, n’avait pas demandé à Dieu ni la richesse ni une longue vie, il souhaite avoir ce qui est pour lui l’essentiel : « Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal. » La sagesse dans le discernement. Une juste appréciation des choses !
Ah, ce fameux trésor, cette perle si belle… que chacun convoite ! Mais savons-nous qu’il existe déjà bel et bien en nous ! Jésus nous invite à découvrir ce trésor d’amour caché au fin fond de nous-mêmes. Tellement bien enfoui qu’on a parfois du mal à le déceler. Dissimulé par l’égoïsme et l’intolérance, enseveli par l’aigreur et la haine… Oui, nous avons tous, quelle que soit notre condition de vie, un trésor à exposer au grand jour, une perle à faire briller de mille éclats. C’est l’amour partagé. Une richesse à mettre à la disposition de tous. Cela se révèle dans la tendresse des regards, dans la douceur des paroles, dans l’affection de échanges… Dieu nous appelle à faire rayonner cet Amour qui donne sens à notre vie. Certes, il y a des efforts à consentir, des contraintes à accepter, mais ne passons pas à côté de toutes ces merveilles qui illuminent notre existence. Un vrai trésor pour ceux qui savent l’exploiter !
Nguyễn Thế Cường Jacques