Homélie du 27ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 27 septembre 2020La Vigne du Seigneur
Textes bibliques : Lire
Cette semaine encore, la liturgie nous parle de la vigne. La vigne ce n’est pas seulement une récolte comme les autres. C’est surtout une passion. Le plus grand bonheur d’un viticulteur c’est de nous faire visiter sa vigne et sa cave ; sa plus grande peine c’est de voir une vigne abandonnée, livrée aux ronces, aux épines et aux sangliers.
Cette déception est d’autant plus grande que cette culture demande beaucoup de travail. Il faut s’en occuper toute l’année. Puis c’est l’attente impatiente de la vendange ; on a toujours peur que la grêle ne vienne tout ravager en quelques minutes. Les vignerons de chez nous en parleraient mieux que moi.
Le prophète Isaïe part de cette relation du vigneron et de sa vigne pour nous parler de Dieu et de son peuple. Pour le prophète cette vigne c’est le peuple d’Israël. Dieu nous est présenté comme un maître qui a tout fait pour elle. Mais cet amour passionné de Dieu est déçu. Il attendait de son peuple le droit et la justice. Or voilà qu’il se trouve pourri par le mensonge, la violence et la trahison. Les menaces dont il parle ne cherchent qu’à éviter le châtiment. Cette conversion n’a pas eu lieu et les menaces se sont réalisées.
Ce texte biblique nous rejoint aujourd’hui. Tout au long de notre vie nous sommes invités à reconnaître la tendresse de Dieu à notre égard. Dieu nous aime tous d’un amour passionné. Mais notre réponse n’est pas toujours à la mesure de cet amour. La violence, le mensonge, la trahison sont bien là. Cette l’attitude est un affront à celui qui nous a aimés jusqu’à mourir sur une croix. Mais cet amour du seigneur est bien plus fort que tous nos péchés. Il ne cesse de nous appeler à revenir vers lui de tout notre cœur. C’est à cette condition que notre vie pourra produire du fruit de bons fruits.
Dans la seconde lecture, nous avons le témoignage de Paul. Nous le voyons souvent porter un regard sévère sur le comportement des païens. Mais il sait aussi reconnaître leurs qualités. Il y a chez eux, des gestes d’accueil, de partage et de solidarité. Le premier devoir d’un missionnaire c’est de reconnaître tout ce qu’il y a de beau et de grand chez les hommes à qui il annonce Jésus-Christ. Il découvrira alors avec émerveillement que l’Esprit Saint l’a précédé dans le cœur de ceux et celles qu’il a mis sur sa route. Ce changement de regard nous rendra plus humbles. Il nous aidera à porter les fruits que Dieu attend de nous.
L’Évangile nous parle aussi de la vigne. Mais il y a une différence. Le problème ne vient pas de la récolte mais des vignerons. Ils ont oublié qu’ils ne sont que de simples gérants. Or voilà qu’ils se comportent comme des propriétaires. Ils gardent pour eux toute la récolte du vignoble.
Cet Évangile est aussi pour chacun de nous. Le Seigneur nous a confié les biens du Royaume. Il nous a confié la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Nous sommes envoyés pour en être les messagers. Mais nous ne devons pas oublier que nous ne sommes pas à notre compte. La mission n’est pas d’abord notre affaire mais celle du Seigneur. Nous vivons dans un monde qui cherche à le mettre dehors. Mais son amour crucifié sera plus fort que tout. C’est avec lui que notre vie portera du fruit.
Pour répondre à cet appel, nous avons besoin de l’aide du Seigneur. Dans nos vies, il y a toujours le péché qui nous détourne de lui. Mais à partir d’un mal, Dieu peut toujours faire surgir un bien. Il a retourné le triple reniement de Pierre pour en faire l’occasion d’une triple déclaration d’amour. Et c’est ainsi qu’il a pu donner à Pierre une confiance encore plus grande. Le même Christ est capable de retourner les pires criminels pour en faire des saints. Il est également capable de faire de nous ses amis.
C’est ainsi que le Seigneur nous renouvelle sa confiance. Il nous appartient de nous en montrer digne. Depuis le concile Vatican II, les baptisés redécouvrent précisément cette dignité de membres du peuple de Dieu. Cela vaut la peine de lire les textes qui parlent du sacerdoce commun des baptisés. Il importe que chacun de nous se montre digne de la confiance que Jésus nous fait. C’est à nous qu’il confie la gérance de sa vigne. En ce jour, nous te prions, Seigneur : Donne-nous d’être là où tu nous as mis. Donne-nous d’être de bons serviteurs de ton Royaume. Amen
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Sources : Revues liturgiques – Missel communautaire des Dimanches et fêtes (André Rebré) – Lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye) – C’est dimanche (E. Oré)
Vous nous rappelez que la vigne n’est pas une culture parmi les autres: elle demande beaucoup de Travail, tout au long de l’année. être vigneron, c’est une passion, quoique toute carrière d’agriculteur doit être aussi une passion. Mais je comprends
la passion particulière attachée au vignerons. Il faut fait pousser la vigne, mais le travaille ne s’arrête pas là. Il faut mettre en œuvre tout le processus pour la fabrication du vin. Comme vous le mentionnez, il y a toute une fierté à faire visité sa cave où à faire gouter son dernier cru .
Étienne Godard
En cette période de l’année, la saison des vendanges tire à sa fin. Mais, dans la ‘Vigne du Seigneur’, le travail est loin d’être terminé ! Alors que habituellement la fin des vendanges est un moment joyeux et festif de convivialité, il semble que dans certains parcelles de la ‘Vigne du Seigneur’, ça se passe mal, très mal…
L’Évangile d’aujourd’hui nous raconte : « Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et y bâtit une tour de garde. Puis il la donna en fermage à des vignerons, et partit en voyage. » Mais, contre toute attente, les gérants à qui le propriétaire a confié le soin de son vignoble refusent de rendre la récolte au moment venu ! En plus de cela, ils maltraitent les ouvriers qui viennent chercher le résultat de l’exploitation, et, le comble, tuent le fils du maître du domaine : « Quand les vignerons virent le fils, ils se dirent entre eux : C’est lui l’héritier, venez, tuons-le, et nous aurons son héritage ! » Ces exploitants cupides et brutaux oublient qu’ils ne sont que des administrateurs d’un bien qui ne leur appartient pas et s’en emparent pour leur propre profit. Aujourd’hui encore, l’abus de biens sociaux ronge toujours nos collectivités. Une situation inacceptable que chacun de nous condamne. Dans une moindre mesure, nous nous rendons compte que beaucoup s’attribuent sans vergogne les mérites d’un travail commun ou s’enorgueillissent d’une action qu’ils doivent accomplir.
De la même manière, Dieu nous a remis des dons à affiner, des facultés à exploiter. Il nous a confié ‘sa Vigne’ à gérer selon nos capacités, non pas pour notre seul bénéfice mais aussi pour le bonheur de notre entourage. Sommes-nous prêts à lui remettre en toute humilité les fruits de notre travail ? Nous ne sommes que des gérants des richesses que Dieu a mises entre nos mains. Et comme ce maître du domaine, Il ‘s’est retiré’ en quelque sorte pour laisser libre cours à notre esprit d’entrepreneur . Il fait appel à notre sens de responsabilité et à notre engagement pour exploiter sa ‘Vigne’ car nous devrons Lui rendre compte de l’usage de nos dons. Dieu nous invite à mettre à contributions nos talents, nos initiatives et Il attend aussi de nous du résultat ! Cette ‘Vigne’, c’est tout ce que est à notre disposition : Un bien spirituel, intellectuel ou matériel… ou tout simplement de la joie de vivre à communiquer et à partager autour de nous. Dieu nous associe à son œuvre pour transformer notre milieu de vie en une parcelle du ‘Royaume des Cieux’. Il veut que nous soyons ses gestionnaires.
Cependant, nous avons tendance à nous approprier tous les bienfaits que Dieu nous a confiés, à faire comme si nous en sommes les seuls maîtres. Nous croyons qu’avec notre capacité à gérer seuls notre vie, nous pouvons nous dispenser de Dieu ! Saint Paul nous rappelle : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Cor 4:7) Tout ce que nous possédons nous a été offert par Dieu. Tout est don ! Ne nous conduisons pas comme ces gérants indignes se croyant seuls propriétaires de ce qui nous est mis entre les mains. Cette ‘Vigne’ ne doit pas être gérée qu’à notre guise, sans d’autres références que celle de notre désir et de notre intérêt immédiat. C’est un bien commun qui nous est confié et nous devons le mettre au service de tous. Soyons de modestes et bons intendants de nos talents, de notre temps, de notre confort matériel… Remercions Dieu de tout ce que nous avons reçu et mettons-nous au travail pour le faire fructifier. Offrons le meilleur de nous-mêmes. Ne soyons pas égoïstes pour garder pour nous tous les bénéfices. Partageons-les généreusement avec ceux qui en ont besoin.
La ‘Vigne du Seigneur’, c’est notre milieu de vie : notre famille, notre communauté d’action, la société où nous vivons… Prenons-en soin. Épanouissons-nous. Rendons la vie plus belle et offrons du bonheur à tous ceux qui nous entourent… Mettons tout en œuvre pour assurer le meilleur résultat de nos talents afin que les fruits récoltés soient profitables à tous.
Nguyễn Thế Cường Jacques
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« Seigneur Jésus,
apprends-nous à être généreux,
à te servir comme tu le mérites,
à donner sans compter,
à combattre sans souci des blessures,
à travailler sans chercher le repos,
à nous dépenser sans attendre d’autre récompense
que celle de savoir que nous faisons ta Sainte Volonté. »
Prière de Saint Ignace de Loyola
Merci pour cette homélie très explicative concernant la vigne au sens propre et au sens figuré. Que votre semaine soit paisible .