Homélie du 30ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 18 octobre 2020“Tu aimeras…”
Textes bibliques : Lire
“Dans la loi, quel est le grand commandement ?” La question méritait d’être posée car, dans le livre de la Loi, il y en a 613. Ils ont été ajoutés progressivement pour répondre à des contextes différents. Dans toutes les civilisations, on a créé des lois pour protéger les faibles. Ce qui est nouveau ici, c’est le fondement de cette loi : elle concerne un peuple qui a fait la double expérience de l’esclavage en Égypte et de la libération par Dieu. Le Seigneur s’est révélé comme celui qui entend la plainte des humiliés et qui leur rend leur liberté et leur dignité. À travers la loi, Dieu continue à prendre la défense des humiliés.
Toutes les lois bibliques sont émaillées de rappels, rappel de la souffrance endurée quand on était esclave en Égypte, rappel de Dieu libérant son peuple. Si Dieu a libéré son peuple, c’est parce qu’il a entendu le cri des malheureux. Il est concerné par la souffrance humaine. Pour l’instant, il faut encore des menaces pour que la loi soit respectée : “Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera”. Mais peu, l’homme éduqué par Dieu et par la loi n’aura plus besoin de menace car il aura appris à voir en tout homme un frère.
Dans la seconde lecture, Paul montre précisément aux Thessaloniciens ce qu’est l’amour de Dieu. Il leur souhaite de répondre dignement à cet amour qui est en lui. Ils sont tous appelés à devenir pour ceux qui les entourent des modèles de foi et d’amour. Ils viennent d’être libérés des idoles aliénantes. Ils sont maintenant invités à se tourner vers le vrai Dieu et à travailler activement à l’avènement de son Royaume. C’est important pour nous aujourd’hui. Nous vivons dans un monde difficile : les chrétiens y sont critiqués, tournés en dérision ou persécutés. C’est un test de la vraie foi : on n’y échappe pas ; cela arrive sans l’avoir cherché. C’est la logique de l’Évangile qui ne cesse jamais de se vérifier.
Dans l’Évangile, nous entendons Jésus répondre à la question des pharisiens : “quel est le grand commandement ?” s’ils interrogent Jésus, ce n’est pas pour approfondir l’enseignement de la loi mais pour tendre un piège Jésus : Ils le voyaient accomplir chaque jour des œuvres de miséricorde ; il était très proche des blessés de la vie, des malades et des égarés, des infréquentables. Il guérissait le jour du Sabbat. On lui reproche d’en faire trop au détriment de la loi de Dieu.
Dans sa réponse, Jésus rappelle ce qui est dit dans le livre du Deutéronome : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit (versets 37-38). Il aurait pu s’arrêter là, mais il ajoute quelque chose qui n’avait pas été demandé par le docteur de la loi : “le second commandement lui est semblable… Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” Jésus met ces deux commandements ensemble pour nous révéler qu’ils sont inséparables et complémentaires. On ne peut aimer Dieu sans aimer le prochain. Et on ne peut aimer le prochain sans aimer Dieu.
Pour vivre cet Évangile, c’est vers le Christ que nous nous tournons. Ce qu’il nous demande, il l’a vécu jusqu’au bout. Au soir du jeudi saint, il disait : Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.” Il ne s’agit plus d’une simple loi écrite mais d’une personne qui se donne. Le Christ continue à insuffler son Esprit Saint à ses fidèles pour animer leurs pensées, leurs paroles et leurs actes. Il s’identifie à notre prochain et il nous appelle à le reconnaître dans les autres. Ce que nous avons fait au plus petit d’entre les siens c’est à lui que nous l’avons fait.
C’est à notre amour pour les petits et les exclus que nous serons jugés. Et à travers eux c’est le Christ qui est là. Il nous appelle tous à aimer Dieu au quotidien et en toutes circonstances. Dans le même temps, il nous appelle à aimer au quotidien tous nos frères proches et lointains. Il importe que notre charité soit active et généreuse. Les organismes de solidarité sont là pour nous aider à la rendre plus efficace. Le Seigneur est là pour nous accompagner et nous montrer le chemin.
Par la communion, c’est Jésus qui vient vivre en nous. Il vient en nous pour aimer notre Père et tous nos frères et sœurs de la terre. Nous lui rendons grâce : Béni sois-tu, Seigneur pour cet amour. Tu nous envoies le rayonner autour de nous. Garde-nous fidèles à cette mission. Qu’elle soit le programme de toute notre vie. Amen
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Sources : revues liturgiques, Commentaires de Marie-Noëlle Thabut, François selon saint Matthieu, Ta Parole est ma joie (Homélie Année A de Joseph Proux)
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Un Évangile court et dense qui nous met face à l’essentiel : ‘Aimer Dieu’ et ‘Aimer son prochain’. Les pharisiens connaissent bien ces préceptes car ils sont inscrits dans les Livres Deutéronome et Lévitique : « Tu dois aimer le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force. » (Dt 6:5) « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Lv 19:18) Cependant, l’originalité de la réponse de Jésus à leur question apporte une nouvelle lumière à la loi de Moïse : Jésus met sur le même plan l’Amour de Dieu et celui du prochain. Il fait de ces deux commandements le principe unificateur de son enseignement ! Pour Jésus, notre conduite dans la vie envers le prochain vérifie la qualité de notre attitude envers Dieu.
Saint Jean nous éclaire sur ce message essentiel de la Bonne Nouvelle : « Si quelqu’un dit : ‘J’aime Dieu’, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » (1 Jean 4:20) L’amour de Dieu n’est pas une notion abstraite, il doit s’exprimer dans du concret de la vie. Aimer à la manière de Jésus, c’est partager, c’est se donner. Cela passe par la conduite et les gestes tout simples de la vie. C’est cela la vraie expression de l’Amour. Elle n’est pas un sentiment vague, une émotion aléatoire, mais elle révèle la douce présence de Dieu au fond de notre cœur. Notre attitude envers le prochain révèle notre disposition intérieure envers Dieu. C’est cela qui fait de nous un disciple du Christ : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13:35)
Amour, un mot si souvent utilisé, on l’accompagne volontiers à toutes les sauces ! Dans les déclarations, les écrits, ou divers expressions artistiques… que sais-je encore. Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… Mais savons-nous l’apprécier à sa juste valeur ? Le vrai amour ne se vit pas en rêve mais se traduit par des gestes très simples de la vie ! Et ce sont justement les petits détails, les petites attentions qui font la différence. Cela paraît si simple et pourtant si difficile dans la vie de tous les jours.
‘Aimer son prochain’, c’est s’ouvrir à l’autre avec délicatesse et partager avec lui les petits bonheurs du moment. C’est être bienveillant et le soutenir dans les moments difficiles. La vie en sera illuminée.
‘Aimer son prochain’, c’est prendre quelques minutes de son temps pour l’écouter et lui parler vraiment. C’est se réjouir d’être ensemble avec un plat tout simple qui réchauffe autant le cœur que le palais. La vie n’en deviendrait que plus fascinante.
‘Aimer son prochain’, c’est échanger un sourire, rendre un service, apporter un soutien, matériel ou psychologique. Le plaisir d’aider ! Un bonheur gracieusement partagé. La vie en sera transformée !
‘Aimer son prochain’, c’est accepter l’autre tel qu’il est, avec ses qualités et ses défauts. C’est pardonner les petites imperfections en les enrobant d’un regard qui fait estomper les aspérités. Une relation harmonieuse dans un climat de paix et de bienveillance.
Pour bien aimer, il faut commencer par s’aimer soi-même. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » S’aimer, c’est s’accepter avec ses qualités et ses défauts. C’est s’épanouir pour mieux se donner ! Ce n’est nullement du narcissisme ou de l’égoïsme. En harmonie avec soi-même, on ouvre volontiers son cœur aux autres.
Le vrai Amour engage le cœur, l’âme et l’esprit. C’est l’Amour de Dieu en traversant notre âme que nous reportons sur nos prochains. C’est cet Amour qui embaume l’âme, nous rapproche du prochain et nous met dans l’intimité de Dieu.
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci à tous les deux pour vos écrits qui parlent d’amour, des commandements et du prochain.