Homélie du 32ème dimanche du Temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 1 novembre 2020
Invités à des noces
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L’Évangile nous indique les conditions à remplir pour entrer avec Jésus dans la gloire céleste. Le Seigneur compare le Royaume des cieux à un groupe de jeunes filles qui se prépare à la célébration des noces. Lui-même se compare à l’époux qui est attendu. Ces jeunes filles doivent veiller pour partager la joie de la fête. Le moment venu, le cortège nuptial devait s’avancer avec des lampes allumées. C’est une manière de dire que nous nous préparons à cette grande rencontre en gardant notre cœur en état d’éveil.
Cette lampe qui doit rester allumée, c’est celle de notre foi et de notre amour. Au jour de notre baptême, nous avons reçu un cadeau extraordinaire. Mais ce cadeau, c’est un peu comme le téléphone portable : il faut le recharger chaque jour, sinon il ne sert plus à rien. Si nous voulons que notre vie porte du fruit, nous avons besoin d’être reliés au Christ. L’huile qui ne doit jamais manquer c’est la prière, la Parole de Dieu, les sacrements. Si nous n’avons pas cette huile, notre lampe s’éteint, notre vie ne porte pas de fruit.
L’histoire de ces jeunes filles prévoyantes et imprévoyantes nous fait penser à une autre parabole de l’Évangile : il s’agit de cet homme prévoyant qui écoute la Parole de Dieu et qui la met en pratique. Il est comparable à un homme qui a bâti sa maison sur le roc et qui ne craint ni le vent ni les torrents. Par contre, l’insensé, l’insouciant qui a construit sur le sable s’expose à la ruine. Au lieu de construire sa vie sur Dieu, il a construit sur des valeurs qui n’en sont pas. Il nous fait penser à celui qui dit : “Quand j’aurai du temps, il faudra que je remette de l’ordre dans ma vie.” Pourquoi remettre à “quand j’aurai du temps” ou à “quand je serai à la retraite ?”
Cet Évangile nous renvoie donc à notre vie : de quel côté sommes-nous ? Des prévoyants ou des insensés ? L’insensé a construit sa vie sur du sable. Il est victime de la folie de celui qui s’oppose à Dieu et qui l’a mis en dehors de sa vie. Il s’est détourné de Dieu. Les sages, les prévoyants sont ceux et celles qui ont choisi de s’installer dans la fidélité. Ils se sont nourris de la Parole de Dieu et des sacrements. Ils se sont donnés du temps pour la prière.
La première lecture est extraite du livre de la Sagesse. Elle nous donne le témoignage d’un croyant qui chante sa foi. À la lumière de l’Évangile, nous comprenons que la Sagesse dont il est question, c’est le Christ lui-même. Il apporte à tous ceux qui le cherchent lumière, joie et espérance. Il illumine notre vie et nous montre le chemin. Le Christ nous rend capables de l’accueillir lorsqu’il se présente dans notre vie. Il se présente chaque jour et nous sommes invités à l’accueillir avec amour et prévenance. Notre foi doit être une recherche, un désir de Dieu, une ouverture de nous-mêmes qui nous remet en route chaque jour.
La liturgie de ce dimanche nous rappelle que c’est l’amour de Dieu qui doit imprégner notre vie. C’est ainsi que nous entretenons notre désir de Dieu et de son Royaume. Cette provision d’huile précieuse nous est offerte chaque dimanche à la messe. La Parole de Dieu et l’Eucharistie sont une nourriture qui nous permet de rester en état de veille. C’est chaque jour que le Seigneur vient à notre rencontre pour nous modeler à son image. En ce jour, nous le supplions : “Toi qui es Lumière, Toi qui es l’Amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour”. Amen
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Sources : Feu nouveau – Les cahiers Prions en Église – Saisons bibliques 2 – Lectures bibliques des dimanches À (Albert Vanhoye) – C’est Dimanche (Emmanuel Oré).
« Le Royaume des cieux est comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe et s’en allèrent à la rencontre de l’époux. »
Dans l’ancienne tradition hébraïque, les fiançailles durent un bout de temps. Et quand le jour de noces arrive, l’époux vient chercher son épouse la nuit, à l’improviste. Pendant ce temps, elle l’attend avec ses amies, les demoiselles d’honneur, leurs lampes allumées. La venue de l’époux est annoncée par le son de la trompette et un cri ‘Voici l’époux !’ La parabole de l’Évangile nous raconte : « Cinq d’entre elles étaient insensées et cinq étaient prévoyantes : les insensées avaient pris leurs lampes sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, de l’huile en réserve. Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. » Un si grand jour se prépare !… Ce serait tout de même mieux de se tenir prêt quand le moment décisif arrive ! Or, apparemment ce n’était pas ce cas de cinq des dix jeunes filles invitées. Les ‘prévoyantes’ ont pris soin de garder toujours leur lampe allumée, avec une réserve d’huile suffisante, alors que ‘les insensées’ se sont endormies dans l’insouciance ! Une flamme, c’est si fragile. Elle peut s’éteindre au moindre petit vent ou tout simplement par manque d’huile… Dix demoiselles ont eu l’honneur d’être choisies pour participer à une belle fête, mais sont-elles pour autant prêtes à remplir leur rôle ? À travers cette parabole, Jésus nous appelle à la vigilance !
Comme chacun le sait, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Qu’on le veuille ou non, des événements inattendus se présentent régulièrement à nous. Cela se passe aussi dans notre chemin de foi. Être chrétien et avoir été choisi pour rejoindre le Christ, c’est un privilège. Être vigilant pour aborder les grandes interrogations de la foi qui risquent de se poser un jour dans notre vie, c’est encore mieux ! Ne nous contentons pas d’une vie chrétienne médiocre. Notre foi doit toujours être animée d’une flamme chaude et continue car la torpeur risque de nous faire rater le rendez-vous décisif avec le Seigneur. Il ne suffit pas d’être ‘tout feu tout flamme’, il faut encore que cet enthousiasme perdure. Jésus nous appelle à ne pas nous assoupir, à rester vigilants et lucides. Envisageons l’avenir sereinement l’avenir dès maintenant. À quoi ressemble en ce moment notre ‘provision d’huile’ ?
Cette parabole rejoint celle de la ‘maison bâtie sur le roc ou sur le sable’ (Mt 7:24-27). Le sage construit sa maison sur un terrain stable. Il tient compte de la mise à l’épreuve inévitable que le bâtiment aurait à subir. L’insensé construit sa maison sur le sable. Il sera pris au dépourvu au jour de grande difficulté. La sagesse n’est pas une affaire de calculs, mais de réflexion et de clairvoyance. La fable ‘La cigale et la fourmi’ de Jean de la Fontaine nous revient à l’esprit. Entre ces deux personnages symboliques, qui sommes-nous dans notre vie de foi ? La fourmi sobre et prévoyante ou la cigale désinvolte profitant de l’instant présent ? La spontanéité, c’est bien, mais l’insouciance risque de nous jouer des tours ! Être prévoyant permet d’éviter les surprises désagréables et de détecter les problèmes avant qu’ils arrivent.
La parabole de l’Évangile raconte que les jeunes filles prévoyantes refusent de partager leur huile avec ‘les insensées’. Cela paraît égoïste à nos yeux. Mais il ne faut pas oublier que le salut est individuel, nous devons assumer seuls la responsabilité de nos choix dans la vie. Chacun doit répondre lui-même de ses actes au moment de la rencontre décisive avec le Seigneur. Comme la fourmi prévoyante qui se prépare à l’avenir, Jésus nous rappelle que l’éternité commence dès maintenant. Rien ne nous empêche de profiter du bonheur présent, mais gardons toujours un œil sur le moment déterminant de notre rencontre avec le Seigneur.
Prenons bien soin de notre vie intérieure comme un jardinier de son jardin. Si nous sommes dans une période favorable et que la lumière de Dieu nous habite, profitons-en pour garder notre lampe allumée. Ne nous endormons pas dans la facilité et l’insouciance. Cette flamme intérieure doit être entretenue tout au long de notre vie.
Nguyễn Thế Cường Jacques
Merci pour vos commentaires passionnants.