Homélie du 1er dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 13 février 2021Peuple de l’Alliance
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Depuis mercredi dernier, nous sommes entrés dans le temps du Carême. Cette période de quarante jours ressemble au grand nettoyage du Printemps. Il nous suggère de mettre au propre nos relations avec Dieu. En effet, nos relations sont salies par l’idée que nous nous faisons de lui. Trop souvent, nous pensons qu’il ne voudrait pas notre bien. Pour laver cette idée, la première lecture nous renvoie à l’histoire de Noé.
Le livre de la Genèse nous rapporte que, dès le départ, les hommes se sont détournés de Dieu. Ils ont sombré dans la violence. Le péché nous est présenté comme une rupture avec Dieu. Mais après le déluge, Dieu se manifeste à Noé ; il conclut avec lui une alliance de paix, une alliance universelle. C’est Dieu qui prend l’initiative ; il le fait sans condition. Même si son peuple est infidèle, Dieu reste toujours fidèle à son alliance. Cette bonne nouvelle nous rejoint tous en ce début du Carême. Si nous sommes prisonniers de nos lourds penchants ou écrasés par nos lourds soucis, Dieu prend parti pour nous. La preuve, nous la trouvons dans les Évangiles : le Christ tient si fort à nous qu’il est mort pour nous sur une croix.
Dans sa lettre, saint Pierre revient sur le déluge : il attire notre attention sur le petit nombre de sauvés, huit en tout. Ce chiffre lui permettra de mettre en valeur la grandeur du salut en Jésus : le déluge est comme une figure du baptême. Il est bien plus qu’une simple purification. La famille de Noé est ressortie vivante des eaux du déluge ; désormais, c’est l’eau du baptême qui nous sauve. Nous sommes sortis de tout ce qui nous menait vers la mort et conduits vers Dieu. C’est lui qui fait alliance avec nous et qui nous invite à marcher avec lui.
L’évangile nous présente précisément celui qui accomplit cette œuvre de Salut. Jésus vient d’être baptisé par Jean au bord du Jourdain. Il a été désigné comme le Fils bien aimé du Père. Aussitôt après cet événement, l’Esprit le pousse au désert. En fait la traduction est trop faible. Il faudrait dire : “L’Esprit le chasse au désert”. Nous devons aussi souligner l’importance de ce “Aussitôt” qui revient souvent dans l’évangile de Marc. Il y a là un message important pour notre carême. Ce n’est pas “Je commence demain ou plus tard…” C’est aujourd’hui et maintenant que le Seigneur attend ma réponse à son appel.
Quand nous lisons cet évangile, nous pensons aux hébreux qui, au temps de Moïse, furent jetés au désert par Pharaon. Ils y ont vécu un exode qui a duré quarante ans. Avec l’évangile de ce dimanche, nous voyons Jésus qui commence un nouvel exode. Les hébreux allaient vers la Terre promise. Jésus va vers son Royaume et nous entraîne à le suivre. Tout au long de ce carême, nous sommes invités à faire une “conversion”, un demi tour et à réorienter notre vie vers lui. Dans un monde marqué par les vacarmes des moteurs et les hurlements de la radio et de la télévision, nous penserons à réserver des zones de désert, de silence pour retrouver Dieu. Il est le Chemin, la Vérité et la Vie. C’est par lui et avec lui que nous allons au Père.
Au désert, le peuple hébreu s’est révolté contre Dieu. Jésus a lui aussi connu les tentations et les épreuves qui sont celles de tous les humains. Mais parce qu’il est habité par l’Esprit, il en est sorti vainqueur. Bien mieux qu’avec Noé dans la première lecture, cette victoire du Christ sur les forces du mal est le point de départ d’une nouvelle alliance. Cette alliance nouvelle et éternelle est offerte à “toutes les nations qui sont sous le ciel.” (Actes 2. 5) C’est la bonne nouvelle que Jésus proclame à travers la Galilée : “Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche : “Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle”. Annoncer la bonne nouvelle c’est dire que le règne de Dieu est en train de commencer. Le projet de Dieu est en train de se réaliser.
Tout au long de ce carême, nous sommes invités à suivre Jésus au désert. Il veut nous associer à sa victoire. Souvent, nous demandons à Dieu de nous protéger. Or voilà qu’aujourd’hui, il nous conduit sur le lieu du combat. Il nous met en face de nos responsabilités. Mais il ne nous laisse pas livrés à nos seules forces. C’est avec le Christ que nous pourrons être victorieux des forces du mal. Nous pouvons vraiment nous appuyer sur lui. Son amour nous est acquis une fois pour toutes et rien ne peut nous en séparer.
Dans notre vie, le carême n’est pas un contre temps fâcheux. C’est un temps de libération. Nous sommes invités à nous libérer de tout ce qui nous empêche d’aller vers les autres et vers Dieu. C’est un temps pour aimer : “Quarante jours à prendre comme on prend des vacances, quarante jours à ne rien faire d’autre que d’aimer”. Jésus nous ouvre le chemin. Nous vivons dans un monde imprégné par l’indifférence, l’incroyance, la “non foi”, la mauvaise foi. C’est pour ce monde que le Christ est venu. À travers notre vie et notre témoignage de foi, tous doivent pouvoir reconnaître que “le règne de Dieu s’est approché.” Entrons résolument dans cette alliance que le Seigneur nous propose.
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Le Carême présenté à des enfants
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Nous voilà entrés dans le Carême depuis le Mercredi des Cendres. L’Évangile de saint Marc de ce dimanche nous fait passer directement du baptême de Jésus au contenu de son message. En réponse à l’attente du peuple d’Israël d’un Messie, Jésus annonce son arrivée : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1:15) Le Règne de Dieu est là, il faut dès à présent se tourner vers lui.
« Convertissez-vous ! » Jésus parle de l’effort qu’il faut faire pour entrer dans le Royaume de Dieu. Cet appel insistant à travers les Évangiles s’adresse à chacun de nous. Jésus nous invite à nous réorienter vers le bon chemin. En effet, au fil du temps et sans nous en rendre compte, nous nous sommes détournés petit à petit des valeurs chrétiennes. Se convertir, c’est changer un mode de vie incompatible avec l’idéal que nous nous sommes fixés. Jésus nous encourage à oser le changement, à faire du ménage dans notre vie pour revenir à l’essentiel. Certes, ce n’est pas une tâche facile. Cet élan intérieur exige un véritable effort que beaucoup d’entre nous hésitent à mettre en œuvre.
Nous sommes très peu enclins à chambouler notre existence. Quitter nos habitudes nous effraye. Tenter un départ vers une nouvelle aventure nous fait peur ! Cela demande une forte conviction et une motivation sans faille. On se dit que c’est trop compliqué, c’est trop tard ou carrément impossible… Nous sommes attachés aux sentiers que nous avons maintes fois empruntés. Cette fameuse zone sécurisante de confort faite d’habitudes et de points de repère nous rassure. Pourtant, nous savons tous qu’une sage réorientation peut nous donner un nouveau souffle. Un profond changement peut nous insuffler une nouvelle énergie. Sur le chemin de la vie, le statu quo n’est pas une stratégie souhaitable à long terme. Dans la foi aussi, nous sommes parfois appelés à changer de direction, à nous remettre en question !
Le Carême nous prépare à une sincère transformation intérieure. Mettons-nous donc à l’œuvre, même à petit pas, en nous fixant de petits objectifs concrets et réalisables afin de progresser plus efficacement dans notre chemin de foi. Passons à l’action. Ne laissons pas passer l’opportunité de nous ressaisir et de nous élever. N’ayons pas peur de quitter la routine pour nous engager dans une nouvelle aventure plus inspirante. C’est une autre manière d’envisager la vie et de préparer l’avenir ! Transformons-nous ! Renaissons de nos cendres afin de ressusciter avec Jésus à une nouvelle vie plus simple et plus harmonieuse. « Le règne de Dieu est tout proche. » Ranimons notre feu intérieur pour renaître à la foi !
Dans ce parcours spirituel, il nous est nécessaire de faire de temps à autre une pause pour revoir notre plan de route. En effet, emportés par les diverses activités et les soucis multiples, notre rythme de vie nous signale très vite les points de saturation. Nous ressentons un besoin impérieux de nous donner un nouvel élan pour redynamiser notre vie spirituelle endormie. Prenons un temps de recueillement pour réexaminer notre chemin parcouru afin d’intensifier notre relation avec Dieu. Offrons-nous un temps d’arrêt pour découvrir qu’au milieu de tout ce qui passe il y a une Lumière qui nous guide vers le bon port, qui nous éclaire pour une sincère remise au point de nos choix de valeurs. ‘Où vais-je ? Qu’est-ce que je cherche ? Qu’est-ce qui me fait courir ?’ Autant de questions qui nous bousculent.
« Convertissez-vous ! » Jésus nous propose une relecture de notre vécu quotidien, une réelle réorientation de cœur. Cela ne se fera pas en un jour, bien sûr. C’est une démarche qui nécessite une relance régulière durant toute notre vie. Ce recentrage nous permet de nous rendre compte de l’importance du message de la Bonne Nouvelle : l’Amour et le partage. Durant ce temps de Carême, le Christ nous invite à quitter les sentiers battus et à réajuster notre rythme de vie selon l’Évangile. Prenons le temps d’entamer une relation personnelle avec Dieu. Laissons son Énergie agir en nous ! Ainsi, fortifiés par la grâce divine, nous serons prêts à relever de nouveaux défis et à relancer notre route vers Lui.
« Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. » (Psaume 24:4-5)
Nguyễn Thế Cường Jacques
Je cite une parole essentielLe du Père Jean :
L’idéal serait que durant ce Carême , nous posions chaque jour un acte que seul notre Père du ciel connaîtra.
À méditer chaque jour.