Homélie du 2ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 3 avril 2021Dimanche de la miséricorde
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Dans l’évangile de ce jour, saint Jean nous rapporte une apparition de Jésus le soir du premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche de Pâques. Il y en a eu d’autres, notamment à Marie Madeleine. Les apôtres sont confinés dans le lieu où ils étaient. Ils se cachent car ils ont peur d’être recherchés et condamnés comme leur Maître. Cette peur, nous la connaissons nous aussi. Marcher à la suite de Jésus n’est pas sans risque. Dans certains pays, c’est dangereux d’avoir une Bible ou un insigne chrétien. Quand nous voulons affirmer notre foi, nous pouvons nous heurter aux moqueries ou à l’indifférence. C’est toujours la même peur qui nous hante.
Mais voilà que Jésus rejoint ses apôtres dans leur enfermement. Et il continue à nous rejoindre dans les nôtres. Ses premières paroles sont pour leur souhaiter la paix. Après tout ce qu’ils ont vécu, il veut les apaiser. Cette paix, c’est la joie retrouvée, c’est le pardon, la réconciliation. Au moment de les envoyer en mission, il veut les libérer de cette angoisse qui les obsède. Le même Christ nous rejoint aujourd’hui pour nous donner sa paix, pour nous dire qu’il nous fait miséricorde. Même si nous sommes tombés très bas, il ne cherche qu’à nous relever. Là où le péché a abondé, son amour miséricordieux a surabondé.
Ce Jésus qui se manifeste aux apôtres c’est bien celui qu’ils ont suivi pendant trois ans. Mais il est transfiguré par la résurrection. À cette vue, la crainte des apôtres s’efface. Saint Jean nous dit qu’ils sont remplis de joie. C’est aussi cette joie que nous accueillons tout au long de ce temps de Pâques. Le Christ ressuscité est là. Il nous rejoint au cœur de nos vies, de nos joies et de nos épreuves. C’est auprès de lui que nous trouvons la vraie joie. Nous savons que désormais, rien ne peut nous séparer de son amour.
Il nous reste le cas de l’apôtre Thomas le retardataire. Ce n’est pas à lui qu’on fera croire ce qu’il n’a pas vu. Ce qu’il a vu, c’est Jésus crucifié et enfermé dans un tombeau. Mais le Christ ressuscité ne manque pas d’humour. Pour répondre à sa demande, il invite Thomas à s’approcher et à toucher ses plaies. Mais ce dernier n’en a pas eu besoin. Il va même plus loin que ses amis car il a été le premier à reconnaître en Jésus “Mon Seigneur et mon Dieu”. C’est la rencontre et la Parole de Jésus qui provoquent la profession de foi de l’incrédule. Nous aussi, comme ce disciple, nous aimerions avoir des preuves. Mais le Seigneur ne cesse de nous rappeler ces paroles : “Heureux ceux qui croient sans avoir vu.” Alors, quitte à être comme l’apôtre Thomas, soyons-le jusqu’au bout ; et que son aventure soit la nôtre.
Cette rencontre avec le Christ ressuscité a complètement bouleversé la vie des apôtres puis celle des premiers chrétiens. Avec lui présent au milieu d’eux, plus rien ne peut être comme avant. Saint Luc nous le rappelle dans la première lecture : “La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme. C’est avec une grande force que les apôtres portaient témoignage de la résurrection de Jésus.” Ce qui rend leur témoignage crédible, c’est le partage. Ils mettaient tout en commun.
C’est vrai aussi pour chacun de nous. Les belles paroles ne suffisent pas. Nous sommes tous invités à partager. L’exemple des premiers chrétiens peut nous aider à être plus fraternels. Des chrétiens qui se dévouent au service des autres, nous en connaissons tous. Pendant le Carême, ils ont été nombreux à partager avec ceux qui ont faim. L’œuvre de l’abbé Pierre et celle de Mère Térésa, ça continue. Pensons aussi à tous ces petits gestes de solidarité entre voisins pendant le confinement… Les exemples ne manquent pas. Cette solidarité est plus que jamais nécessaire, surtout en cette période de pandémie où la crise frappe des pauvres de plus en plus nombreux. Témoigner du Christ ressuscité c’est être porteur de son amour. Il faut que cela se voie dans nos communautés chrétiennes.
Avec cet Évangile, nous sommes plus que jamais dans la miséricorde de Jésus. Rappelons-nous : quelques jours plus tôt, Judas l’a trahi ; Pierre l’a renié. Tous l’ont abandonné. Et maintenant, ils se cachent, ils s’enferment ; En effet, ils ont peur d’être recherchés par ceux qui ont condamné leur Maître. Or voilà que Jésus ressuscité les rejoint. Il aurait pu leur faire des reproches. Or c’est la paix qu’il leur apporte. Cette paix c’est le pardon, c’est la réconciliation. Avec Jésus ressuscité, le mal ne peut avoir le dernier mot. C’est la miséricorde qui triomphe. Voilà une bonne nouvelle très importante pour nous : quand nous nous sommes détournés du Seigneur, il est toujours là ; il ne cesse de nous rejoindre pour nous apporter sa paix.
En ce dimanche, nous demandons au Seigneur de nous rendre plus disponibles à la force de la foi. Qu’il soit avec nous pour que nous soyons plus courageux dans le témoignage. Qu’il nous garde plus généreux dans la pratique de la charité fraternelle. “Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour”. Amen
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D’avance merci à tous.
Après les événements tragiques conduisant à la mort de Jésus, ses disciples ont peur. Terrorisés, ils se sont enfermés au Cénacle, dans ce lieu où Jésus a institué l’Eucharistie, toutes portes closes. Ils s’isolent du monde extérieur, craignant de subir le même sort du Maître car ses détracteurs sont sans doute encore à l’affût. Seuls et effrayés, ils appréhendent l’avenir… Malgré la bonne nouvelle rapportée par Marie Madeleine que le Maître est ressuscité, ils ne sont toujours pas rassurés. « Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : ‘J’ai vu le Seigneur !’, et elle raconta ce qu’il lui avait dit. » (Jn 20:18) « Quand ils entendirent que Jésus était vivant et qu’elle l’avait vu, ils refusèrent de croire. » (Mc 16:11) Mais quelle surprise ! « Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : ‘La paix soit avec vous !’ » (Jn 20:19)
‘La paix soit avec vous !’ C’est par cette parole rassurante que Jésus se manifeste à ses disciples en plein désarroi. Une bénédiction de Paix ! Cette Parole va encore résonner comme un refrain tout au long de ses manifestations ultérieures. Jésus ressuscité leur apporte la félicité d’une Paix profonde que le monde ne peut pas offrir. Une Paix intérieure. « C’est la Paix que je vous laisse, c’est ma Paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés. » (Jn 14:27) À nous aussi, Jésus ressuscité vient nous apporter la Paix dans l’âme ! Cette Paix nous libère de nos peurs, de nos doutes, de nos hésitations. La peur, beaucoup de chrétiens la connaissent encore aujourd’hui. Avec la montée du fanatisme religieux dans certains pays, se montrer chrétien n’est pas sans risque… Mais pour nous, dans un cadre de vie sans heurt ni violence, c’est souvent un sentiment de réserve qui nous fait hésiter de témoigner notre foi en Jésus ressuscité. Par peur de nous heurter aux moqueries ou à l’indifférence, nous nous refermons en verrouillant à double tour la porte de notre cœur. Par timidité ou pour avoir la tranquillité, nous nous enfermons dans notre mutisme sans jamais oser mettre en avant nos opinions religieuses. Bien que nous nous attristons en constatant combien notre famille et notre société se matérialisent, nous avons peur pourtant d’échanger nos idées sur les valeurs chrétiennes, sur notre façon de voir et de faire les choses en regard de notre foi. Nous préférons rester des chrétiens anonymes, sans faire de vagues ! La Paix du Christ est une force intérieure. Elle secoue nos torpeurs et nous pousse à aller de l’avant, à oser témoigner nos convictions face à ceux qui se moquent des principes fondamentaux de la foi chrétienne. Vivre activement sa foi, c’est oser sortir de sa réserve, c’est briser son enfermement pour s’ouvrir vers les autres.
Cette page d’Évangile nous montre que la foi n’est jamais aussi sincère, aussi solide que lorsqu’elle a surmonté le doute. L’entretien de Jésus avec Thomas a beaucoup à nous apprendre sur ce sujet. Thomas représente une personne à la fois indépendante et questionneuse. Il ne croit pas les autres sur parole. Il ne suit pas la troupe comme ‘un mouton de Panurge’. Il veut se faire une opinion par lui-même. « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » (Jn 20:25) Cependant, ce doute momentané a affermi sa foi. Elle a jailli spontanément d’une rencontre personnelle avec le Christ. « Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20:28) L’expression la plus profonde qui soit dans le Nouveau Testament. La foi est un don de Dieu. Elle est l’œuvre de l’Esprit, même pour celui qui l’ignore. Nous ne pourrons jamais tout comprendre sur les mystères de la foi chrétienne. Se dire croyant, c’est avoir un esprit critique. C’est accepter de se remettre en question. C’est accepter de se questionner sur son engagement. Malgré tout, elle n’exclut pas l’incertitude, surtout quand des épreuves douloureuses surviennent dans notre vie. Avoir la foi, c’est avoir assez de lumière pour porter ses doutes. Notre foi ne nous empêche pas de nous poser des questions. Des questions qui, des fois, s’entêtent à rester sans réponse !…
« Heureux celui qui croit sans avoir vu ! » (Jn 20:29) lui dit Jésus. Précieuse Béatitude pour nous aussi qui, si souvent, tâtonnons dans nos recherches incertaines.
Nguyễn Thế Cường Jacques