Homélie du 4ème dimanche de Pâques
Abbé Jean Compazieu | 18 avril 2021“Jésus berger de toute humanité…”
Textes bibliques : Lire
À cause de cette page d’Évangile, c’est aujourd’hui la journée de prière pour les vocations. Le pape Paul VI l’a instituée en 1963 et l’a fixée au 4ème dimanche de Pâques. Quand nous parlons des vocations, nous pensons aux prêtres, aux religieux et religieuses qui prennent de l’âge. Mais dans les textes bibliques de ce dimanche, les lamentations stériles n’ont pas leur place. Le plus important, c’est de découvrir le Christ qui se présente à nous comme le bon berger.
Ce bon berger est un observateur attentif ; il connaît chacune de ses brebis ; aucune ne se ressemble ; elles sont toutes uniques. Qui que nous soyons, nous avons du prix à ses yeux. Cette conviction de foi doit nous conduire à l’action de grâce pour tout ce qui nous est donné. Cela signifie également que chacun a une vocation propre : tous les états de vie sont des vocations, non seulement les prêtres et les religieux, mais aussi le mariage, la présence au monde. Nous sommes tous appelés à une vocation particulière au service de tous. C’est ensemble, en communion avec toute l’Église que nous participons à la mission du Christ Bon Berger.
Dans un deuxième temps, le Christ nous dit que le bon berger donne sa vie pour ses brebis. Il reste solidaire. Il ne les abandonne pas quand vient le loup, quand vient l’épreuve. Jésus expose sa vie pour protéger ses brebis. Il va jusqu’au bout en se donnant totalement à ceux qui viennent l’arrêter. Il donne sa vie pour le salut du monde. Lui-même nous l’a dit : “Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne”. Et quand nous chantons “Jésus Berger de toute humanité”, nous proclamons que nous voulons le suivre et lui donner la première place dans notre vie.
Enfin, le Bon Pasteur nous dit qu’il a d’autres brebis dans d’autres bergeries. Il s’en préoccupe ; il veut les rassembler toutes en un seul troupeau dans l’unité. Quand il dit cela, il ne pense pas seulement aux bons chrétiens ; il pense aussi à tous ceux et celles qui ne connaissent pas Dieu, ceux et celles qui organisent leur vie sans lui et en dehors de lui ; il voit aussi ceux et celles qui combattent l’espérance chrétienne ou la tournent en dérision. Les uns et les autres sont connus et aimés de Dieu. Nous sommes envoyés dans ce monde tel qu’il est pour être les témoins et les messagers de cette bonne nouvelle.
Depuis la Pentecôte, les apôtres sont devenus les messagers de l’Évangile. Après la résurrection de Jésus, Pierre a connu une transformation très forte. Lui qui avait peur au moment de la Passion fait preuve d’une force merveilleuse. Il n’hésite pas à proclamer devant tous ses adversaires qu’en dehors de Jésus, il n’y a pas de salut. Ce n’est que grâce à lui que nous pouvons obtenir la vie nouvelle qui fait de nous des enfants de Dieu. C’est de cela que nous avons à témoigner tout au long de nos journées. Les évêques, les prêtres, les diacres, les laïcs sont tous donnés à l’Église et au monde comme le Christ notre berger. Nous ne sommes pas à notre compte mais à celui de Jésus qui nous appelle et nous envoie pour être les témoins de la Bonne Nouvelle de l’Évangile.
La lettre de saint Jean (2ème lecture) va dans le même sens. Nous sommes peut-être trop habitués à entendre que Dieu nous aime. C’est vrai que nous sommes devenus des enfants gâtés. Mais il nous faut imaginer le bouleversement de cette révélation d’amour a pu provoquer à l’époque. Elle s’adressait aux grandes cités de l’empire Romain, à des gens exploités et méprisés, à des mal-aimés de Corinthe et d’Éphèse. Pour eux c’était un véritable renversement. Le monde de l’amour n’avait rien à voir avec celui du pouvoir.
Ce qui est premier c’est cette révélation inimaginable d’un Dieu dont le nom est “Amour”. Nous y avons été plongés au jour de notre baptême. “Mes bien-aimés, voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés. Il a voulu que nous soyons enfants de Dieu”. C’est une expérience vraiment extraordinaire. Il s’agit moins d’aimer que de se savoir aimés par lui. Pour nous, cela a commencé au jour de notre baptême et cela se développe tout au long de notre vie. Un jour viendra où nous atteindrons la parfaite ressemblance avec le Fils de Dieu. “Nous luis serons semblables parce que nous le verrons tel qu’il est”. Il suffit de se laisser aimer.
Si nous allons communier au Corps et au sang du Christ c’est pour puiser à la source de cet amour qui est en Dieu, c’est pour entrer dans ce projet qui anime Jésus. Alors oui, nous te prions Seigneur : donne-nous force et courage pour rester fidèles à cette mission que tu nous confies.
Télécharger : 4ème dimanche de Pâques
Sources : Revues Fiches dominicales, Feu Nouveau, homélies pour l’année B (Amédée Brunot), La Parole de Dieu pour chaque jour de 2012 (Vincenzo Paglia), Lectures bibliques des dimanches B (Albert Vanhoye) dossiers personnels…
Le site http://homelies.livehost.fr/ est suspendu car Livehost a fermé ses portes. Si vous souhaitez recevoir les homélies, je vous invite à vous enregistrer sur https://puiseralasource.org/newsletter/ ; Vous y trouverez d’autres ressources qui pourront vous aider.
D’avance merci à tous.
Le symbole du berger est une image classique de l’ancien Orient pour désigner les chefs et les rois. Les grandes figures de l’Ancien Testament sont d’ailleurs des bergers : Abraham, Isaac, Jacob… même le roi David ! Dans la Bible, le terme ‘Berger’ est souvent utilisé pour désigner Dieu. Le Seigneur protège son peuple et prend soin de lui. « Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent. » (Isaïe 40:11) « Je m’occuperai moi-même de mes brebis, je veillerai sur elles. Tout comme un berger part à la recherche de son troupeau quand il se trouve au milieu de ses brebis et qu’elles sont dispersées, je veillerai sur mes brebis et je les arracherai de tous les endroits où elles ont été éparpillées un jour de ténèbres et d’obscurité. » (Ézéchiel 34 :11-12) Avec allégresse, le psaume 22 chante et glorifie Dieu, le Berger d’Israël : « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. »
C’est à travers cette image de protecteur bienveillant que Jésus se présente comme le ‘Bon Pasteur’. Non seulement Il guide son troupeau, mais Il voue même sa vie pour le protéger. « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. » (Jn 10:11) Entre le Berger et ses brebis, se tisse alors une relation très personnelle, une confiance mutuelle, sans faille ! « Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent. » (Jn 10:14) Pour un peuple de bergers nomades, la comparaison est facile à comprendre. À cette occasion, Jésus souligne le contraste entre un bon berger et celui qui ne travaille qu’à son compte. Et Il n’hésite pas à s’en prendre aux pharisiens en les comparant aux mercenaires qui ne voient que leurs intérêts. « Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. » (Jn 10:12) Une analogie lourde de sens, car ces autorités religieuses « lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. » (Mt 23:3) Ce qui nous renvoie au chapitre 34 du Livre d’Ézéchiel. Une longue sentence de Dieu, solennelle et sévère, contre des bergers infidèles du peuple d’Israël : « Ainsi parle le Seigneur Dieu : Quel malheur pour les bergers d’Israël qui sont bergers pour eux-mêmes ! N’est-ce pas pour les brebis qu’ils sont bergers ? » (Ézéchiel 34:2) « Me voici contre ces bergers. Je m’occuperai de mon troupeau à leur place, je les empêcherai de le faire paître, et ainsi ils ne seront plus mes bergers ; j’arracherai mes brebis de leur bouche et elles ne seront plus leur proie. » (Ézéchiel 34:10)
En décembre 2014, dans un discours qui ne passe pas inaperçu, le pape François avait pointé les 15 maladies de la Curie romaine, une liste des dérives auxquelles tout responsable dans l’Église doit faire face. Son diagnostic sans complaisance contient des formules chocs mais qui illustrent bien les défaillances. Le Pape a résolument appelé celle-ci à une réforme spirituelle. Autant dire que la dissonance entre les mercenaires et les bons pasteurs demeure d’actualité. La parabole du Bon Pasteur met en lumière la vocation pastorale. Un don de soi et une réponse désintéressée à l’appel de Dieu. En cette journée de prière pour les vocations, nous prions pour qu’au sein de l’Église des vocations se manifestent afin de perpétuer l’œuvre de Dieu parmi nous. Que le Seigneur nous donne de bons bergers, des consacrés heureux d’assumer leur mission librement choisie. Qu’ils se dévouent avec joie au milieu de multiple chants de sirène de ce monde. Qu’ils ne s’écartent pas de leur bel idéal d’abnégation malgré les difficultés auxquelles ils doivent sans cesse faire face.
Très souvent, quand on parle de ‘vocation’, spontanément nous pensons aux personnes consacrées. Pourtant, ce vocabulaire largement utilisé dans le langage courant désigne volontiers une personne qui se dévoue de bonne grâce à une bonne cause. Et il n’est pas rare de voir des bénévoles se dépenser sans compter au service des plus déshérités pour leur procurer de simples petits instants de bonheur… ‘Avoir la vocation’, c’est donc une réponse généreuse au service des autres, parfois au risque de sa santé ou même de sa vie. À notre niveau, nous engager à aider, matériellement ou spirituellement, ceux qui sont dans le besoin, n’est-ce pas là notre vocation de chrétien ? Jésus a besoin de nous pour Lui prêter main-forte. « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. » (Jn 10:16) Personne n’est en marge de cette appel. La mission du ‘bon pasteur’ revient donc à tous les baptisés. Être chrétien, ce n’est pas être un mouton anonyme dans un troupeau. C’est savoir se conduire en moteur agissant dans son milieu de vie. Dieu nous appelle, chacun d’une façon particulière, suivant nos capacités. Savons-nous L’écouter ? Comment Lui répondons-nous ? La balle est dans notre camp !
« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » (Lc 10:2)
Nguyễn Thế Cường Jacques
Je viens enfin de me rendre compte que pour m’ajuster au Seigneur, je dois lui laisser la PREMIERE PLACE.
Cela me semble bien moins difficile maintenant. Merci pour cette homélie qui m’a bien éclairée.
j’ai trouvé très justes les réflexions des ados dans l’article “pourquoi le mal ? A méditer.