Homélie du 12ème dimanche du temps ordinaire (B)
Abbé Jean Compazieu | 13 juin 2021Dans nos tempêtes,
passer de la peur à la confiance
Textes bibliques : Lire
Ce cri de souffrance est toujours d’actualité : des hommes, des femmes et des enfants sont douloureusement éprouvés par la maladie, la pauvreté, la famine. Beaucoup n’ont plus la force de crier vers le Seigneur ; nous pouvons le faire en leur nom. Ce cri est une prière que Dieu entend. La bonne nouvelle c’est qu’il ne nous laisse pas désespérés. Il ne cesse de venir vers nous.
Toutes ces souffrances qui accablent notre monde, le Christ les a prises sur lui ; c’est la grande découverte de Paul : Jésus est mort pour tous les hommes en portant le poids de leur mal ; nous ne devons plus rester centrés sur nous-mêmes mais sur lui qui est mort et ressuscité pour nous. Notre priorité absolue doit être d’accueillir cette vie nouvelle qu’il nous a obtenue par sa Passion et sa mort ; c’est une vie essentiellement caractérisée par un immense amour.
Dans l’Évangile, nous voyons que c’est cet amour qui pousse le Christ vers “l’autre rive”. Pour comprendre cette décision, nous devons comprendre qu’il ne s’agit pas seulement de l’autre côté du lac. C’est d’abord celle du monde païen. Jésus veut le rejoindre là où il en est. Il veut le libérer des puissances du mal et lui annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile. C’est une manière de dire qu’il n’est pas venu pour le seul peuple d’Israël mais aussi pour tous les hommes du monde entier. Il veut que tous aient la vie en abondance.
Mais au moment de la traversée, les puissances du mal se déchaînent pour faire obstacle à cette annonce de l’Évangile. Elles veulent engloutir la barque de la Parole pour l’empêcher d’atteindre cette autre rive. Ce qui est étonnant dans cet évangile, ce n’est pas la peur des disciples ni leur crainte quand ils reconnaissent Jésus comme Dieu. Le plus surprenant c’est la question qu’il leur pose : “Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?
Quand on se trouve sur un bateau mal maîtrisé, face à une violente tempête, on a vite fait d’avoir peur. Quand saint Marc écrit son évangile, il s’adresse à des chrétiens persécutés. L’Église est un peu comme la barque de Pierre en train de couler. Ils ont l’impression que Jésus dort. Alors, ils l’appellent au secours : “Seigneur, sauve-nous ; nous périssons.” Et dans son Évangile, Marc leur rappelle ce qui s’est passé autrefois avec Jésus et les Douze sur la mer. Ils étaient complètement désemparés par la violente tempête qu’ils ont dû affronter. Mais avec Jésus, les puissances du mal n’ont jamais le dernier mot.
Si nous voulons être fidèles au Christ, nous sommes appelés à sortir de notre petit confort et à le suivre vers l’autre rive. De nombreux prêtres, religieux, religieuses et laïcs ont quitté leur famille, leurs amis pour aller vers l’inconnu. Ils ont traversé les océans pour annoncer Jésus à des peuples qui ne le connaissaient pas. Et actuellement, nous voyons des prêtres africains, indiens ou autres qui ont quitté leur famille et leur pays pour venir nous évangéliser. L’Évangile doit être annoncé à tous.
Cet évangile est une bonne nouvelle pour notre Église et notre monde affrontés aux tempêtes de la vie. C’est surtout un appel à la foi. Le Seigneur marche à nos côtés. Il est sur la barque de Pierre. Depuis le matin de Pâques, nous sommes passés sur “l’autre rive” celle de la “recréation” du monde. Désormais, plus rien n’est comme avant. Nous vivons de la vie nouvelle du Ressuscité. Cette vie doit être remplie de solidarité, de partage, de justice. Désormais, nous pouvons vivre comme le Christ, non pour être servis mais pour servir. Nous pouvons affronter les mêmes combats que lui pour maîtriser toutes les tempêtes des hommes, celles du mal et de la haine sous toutes ses formes. Avec lui, nous sommes assurés de la victoire.
Le Seigneur est toujours là au cœur de nos vies. Son Eucharistie nous le rappelle. Quelles que soient les tempêtes, et même s’il semble dormir, il veille sur nous comme sur son bien le plus précieux. Il est proche de nous, en nous. Il est notre lumière et notre salut. Rien ne saurait nous séparer de son amour.
Télécharger : 12ème dimanche du Temps ordinaire
Sources : fiches dominicales, Feu Nouveau, Cahiers de Prions en Église, Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot), Ta Parole est ma joie (J. Proux), Lectures bibliques des dimanches (A. Vanhoye, site des ADAP,
Prière universelle : Jardiniers de Dieu
« Ce jour-là, le soir venu, Jésus dit à ses disciples : ‘Passons sur l’autre rive.’ Quittant la foule, ils emmènent Jésus dans la barque. » (Mc 4:35-36)
Voilà sans doute un Évangile qui nous touche en plein cœur ! ‘Passons sur l’autre rive !’ Cette parole du Christ résonne encore aujourd’hui dans de nombreux moments de notre vie. Cette ‘autre rive’, ce n’est pas seulement l’autre côté du lac de Tibériade où Jésus se rendait avec ses disciples mais elle représente aussi celle des fluctuations imprévues dans notre existence. D’un mouvement incessant, on passe d’une rive à l’autre… De la sérénité aux intempéries de la vie. Des hauts et des bas tout au long du parcours d’un commun des mortels. Cela pourra être la joie d’une découverte ou un événement qui nous perturbe. Une bonne surprise ou un bouleversement inattendu qui nous entraîne à travers les épreuves. « Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d’eau. » (Mc 4:37) Cette mer agitée, c’est aussi l’image des événements que chacun de nous doit affronter dans sa vie. Nous passons des fois du calme plat à un véritable ouragan. Des péripéties houleuses qui nous arrivent de gré ou de force ! Cela pourrait venir aussi bien d’un choix volontaire d’orientation que d’un retournement imprévu de situation. Tantôt, c’est un éclat somptueux qui nous émerveille. Tantôt, c’est une tempête dévastatrice qui cherche à nous entraîner vers le fond. Et par-dessus tout cela, Jésus semble dormir !…
Combien de crises avons-nous traversées avec ce sentiment pénible d’être seuls dans la barque ? Combien de fois n’avons-nous pas été tentés de penser que Dieu nous a oublié ? Dans ce récit d’Évangile, les apôtres étaient complètement désemparés face à la violence de la tempête qu’ils ont dû affronter. Ils ont lancé vers Jésus un appel de détresse, une reproche à peine voilée : « Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ? » (Mc 4:38) Dans des moments d’adversité, nous aussi, nous nous tournons vers Dieu pour l’appeler à notre aide. Et pour certains d’entre nous, c’est la seule issue de secours… Faute de solution à notre convenance, nous Lui reprochons de nous laisser tomber ! Mais le problème c’est que lorsque la vie nous sourit, nous avons tôt fait de nous attribuer les succès rencontrés. Notre cœur semble bien loin de Dieu. C’est un peu comme si Dieu n’est qu’un parapluie que l’on sort uniquement lorsqu’il pleut. « Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ? » (Mc 4:40) Cette remarque de Jésus aux apôtres vient nous interpeller. Jésus nous invite à aborder nos épreuves avec confiance. Dans nos tribulations, il serait peut-être temps de nous rappeler que Dieu est dans notre barque même s’Il semble dormir !
Dieu est toujours là, au cœur de notre vie. Il ne se manifeste pas explicitement, mais Il se révèle souvent à nous de mille manières. Il est là, par l’intermédiaire des personnes qui nous épaulent ou dans les événements qui peuvent nous aider à retrouver notre chemin. Ouvrons notre cœur, tendons nos oreilles et nous apercevrons qu’Il est juste là à côté de nous ! Ayons confiance en Dieu, mais prenons aussi confiance en nous-mêmes, en nos propres forces, en nos propres initiatives pour réagir. Agissons ! ‘Aide-toi et le ciel t’aidera.’
‘Passons sur l’autre rive !’ Jésus nous invite également à quitter notre égo pour nous ouvrir aux autres. Ce don de soi ne va certainement pas sans effort. Souvent il faut nous faire violence pour nous extraire de nos routines pour nous ouvrir à d’autres horizons. On s’accroche à ses habitudes. On s’attache à ses propres points de repère. La flemme est là ! La tentation est grande de prétexter la fatigue, le manque de ressources… pour nous lancer. Il nous semble que prendre le cap vers une terre nouvelle peut nous exposer à des tourbillons périlleux, à des aventures risquées, à des soucis latents. L’égoïsme nous met souvent en boule. Sortir de sa zone de confort n’est pas toujours facile pour la plupart d’entre nous. S’ouvrir aux autres n’est pas une tâche facile pour bon nombre de personnes. Toutefois, n’hésitons pas à répondre à l’appel du Christ. Secouons-nous, bien des gens ont besoin de notre aide. Partons à leur rencontre. Il y aura des moments où nous aurons l’impression d’être seul à tenir la barre. Des moments de déception et de frustration… Mais le Seigneur est toujours là, quelles que soient les tempêtes. Même s’il semble dormir ! Par moment, la traversée s’avère agitée, mais Jésus nous engage à la prendre sans crainte, car il veille sur nous. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. » (Mt 28:20) nous rassure Jésus.
Nguyễn Thế Cường Jacques
j’ai beaucoup apprécié les paroles que le père Jean consacre aux plus pauvres et aux exclus; les commentaires de Jacques et de soeur Claire m’ont aussi bien interpellée.
Bonne semaine à tous.
IL faut aller voir le site PUISER A LA SOURCE il y a toujours des nouveautés.