Homélie du 14ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 27 juin 2021Envoyé comme prophète…
Confiance, ma grâce te suffit
Dans la deuxième lettre aux Corinthiens, nous avons le témoignage de l’apôtre Paul. Il nous décrit les vraies conditions de son apostolat ; il a reçu des révélations extraordinaires, mais il est accablé de difficultés et d’humiliations : insultes, faiblesses, contraintes, persécutions, situations angoissantes. Il est également affronté à de graves problèmes de santé. Il a demandé au Seigneur de l’en libérer. Mais le Seigneur lui a répondu : « Ma grâce te suffit ». Paul découvre que Dieu agit dans sa faiblesse à lui. L’apôtre n’est pas seul dans sa mission. Le principal travail, c’est Dieu qui le fait dans le cœur ce ceux qu’il met sur la route de l’apôtre.
Dans l’Évangile, nous retrouvons Jésus à Nazareth. Sa prédiction aurait pu être un succès. Partout en Galilée, tout le monde se réjouit de ses paroles et de ses miracles. Mais les gens de Nazareth ne voient en lui que le charpentier du village. Ce qu’on lui reproche, c’est de dire la parole de Dieu sans être qualifié pour cela ; il n’a pas fait d’étude de rabbin ; il est un simple laïc.
Voilà donc le Christ empêché d’être reconnu comme Messie : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu… » nous n’avons pas à les juger ; nous sommes souvent rebelles quand on vient nous parler de la part de Dieu. Mais rien ni personne ne peut arrêter l’annonce de la bonne nouvelle. Devant ce refus, Jésus est parti vers les villages voisins. Les missionnaires de l’Évangile n’ont pas à âtre découragés si on refuse de les accueillir ; comme Jésus, ils doivent partir annoncer l’Évangile car tous doivent l’entendre.
Le problème des auditeurs de Jésus, c’est qu’ils étaient enfermés dans leurs certitudes et leurs traditions. C’est souvent vrai pour nous aussi ; nous pensons savoir beaucoup de choses sur Dieu. Mais ce que nous pouvons en dire sera toujours insignifiant par rapport à ce qu’il est réellement. Nous n’aurons jamais fini de nous poser la question : qui est Jésus pour nous ? Cette question, nous la retrouvons tout au long de l’Évangile de saint Marc. Et la réponse nous sera donnée par un centurion païen au pied de la croix : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu. »
Comme le prophète et comme Paul, nous avons conscience de nos pauvretés et de nos faiblesses. Mais le Seigneur compte sur nous pour être ses porte-paroles. Le baptême fait de nous un peuple de prophètes, marqués par l’Esprit Saint, appelés et envoyés. Dieu connaît les circonstances de la mission. Il sait mieux que nous ce qui risque d’être pesant et de nous décourager. A ceux qu’il a appelés, il a promis sa présence et son assistance.
Bien sûr, comme tous les prophètes d’autrefois, nous risquons nous aussi de connaître des difficultés. Nous sommes affrontés à l’incroyance, la mal croyance et l’indifférence. Dans le monde entier, de très nombreux chrétiens sont persécutés et mis à mort. Et à l’intérieur même de l’Église, nous assistons à des contre-témoignages qui font mal. Cette Église de Jésus Christ reste un peuple de pécheurs. Nous pouvons être tentés de la critiquer, de dire ce que nous pensons. Mais un enfant ne peut rompre le lien vital qui l’unit à sa mère.
Notre attachement au Christ doit être plus fort que la tentation de la rupture. Dieu ne choisit pas es envoyés parmi les meilleurs mais bien souvent parmi les pauvres, parmi les pécheurs. N’oublions pas que les grands témoins de la foi sont des pécheurs pardonnés. Pensons à Pierre qui avait renié le Christ car il avait peur. Mais en accueillant le pardon du Christ, il a reçu de lui la mission d’être le berger de son peuple.
En célébrant cette Eucharistie, rendons grâce pour la confiance que Dieu nous fait en nous associant à sa mission. Disciples-missionnaires, levons les yeux pour remettre entre ses mains nos fragilités. Que s’accomplisse pour nous aujourd’hui sa parole : « Ma grâce te suffit ».
Télécharger : 14ème dimanche du temps ordinaire
Présentation des lectures et prière universelle
Sources : Revues liturgiques Fiches Dominicales et Feu Nouveau, missel du dimanche 2021…
Excellent commentaire sur les textes de dimanche prochain. Merci
« Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » (Mc 6:4) triste constat de Jésus en revenant à Nazareth, berceau de son enfance et de sa jeunesse. Il n’est pas bien reçu ! De surcroît, Jésus fut l’objet de sarcasmes et moqueries de la part des habitants. Cet épisode de sa vie est également retracé par deux autres évangélistes, Luc et Matthieu, avec la même constatation. « D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? Alors, d’où lui vient tout cela ? » (Mt 13:54-56) L’étonnement de ses proches se transforme rapidement en rejet. Bien qu’ils soient surpris par la sagesse de ses paroles et émerveillés par ses miracles accomplis en Galilée, ils ne croient pas pour autant en Jésus un prophète, encore moins le Messie attendu par le peuple d’Israël. Le fait d’avoir été durant tant d’années leur familier, cela leur donne l’impression de bien Le connaître. Pour eux, Jésus n’est qu’un homme modeste du village, le fils de Marie !… L’Évangile selon saint Jean rapporte une épisode similaire : « Philippe trouve Nathanaël et lui dit : ‘Celui dont il est écrit dans la loi de Moïse et chez les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth.’ Nathanaël répliqua : ‘De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ?’ » (Jn 1:45-46)
« Nul n’est prophète en son pays ! » L’expression s’est répandue dans notre langage populaire pour signifier qu’il est difficile d’être apprécié à sa juste valeur. Quelqu’un qui se démarque par son dynamisme et ses innovations rencontre souvent l’indifférence au sein de sa communauté, à commencer par ceux qui sont les plus proches. C’est parmi les siens qu’il a le moins de chances d’être cru ! N’est-ce pas là la dure réalité pour beaucoup d’entre nous ? Combien de fois n’avons nous pas eu le sentiment d’être mal compris en nous donnant aux autres selon notre propre mode de vie ou à notre manière ? Et en société, il est souvent difficile de faire valoir son point de vue quand on n’est pas très bien connu… Que peut-il sortir d’extraordinaire de quelqu’un qui n’exerce aucune fonction majeure aux yeux de tous ?
Notre société est portée à regarder ce qui brille, ce qui est glamour. Ce qui peut se vendre et faire de la bonne publicité. On prête volontiers l’oreille aux beaux discours et croit facilement ceux qui clament avec éloquence de belles paroles. Dans un monde marqué par la compétitivité, une vie humble n’est pas mise en valeur. On recherche de bons conférenciers et n’accorde que très peu d’attention à celui qui annonce avec simplicité la Parole de Dieu. Des personnes sages mais modestes sont moins bien considérés. On croit que la voie de sainteté est aussi cela, elle n’est réservée qu’à ceux qui ont une personnalité transcendante… Et pourtant, dans bien des cas, les humbles reflètent avec éclat la lumière de Dieu. Les saints inconnus, les ‘prophètes’ sont parmi nous ! La vie de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus brille par sa modestie. Un beau témoignage. Sa ‘Petite Voie’ est un chemin tout simple pour aller à Dieu. Avec beaucoup d’humilité, elle disait : ‘Je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie nouvelle.’ ‘Je m’appliquais surtout à pratiquer les petites vertus, n’ayant pas la faculté d’en pratiquer de grandes.’ Une sainteté vécue dans l’ombre. Une offrande de soi dans la simplicité d’un quotidien ordinaire !
Saurions-nous reconnaître les ‘prophètes’ d’aujourd’hui ? Des hommes ou des femmes qui viennent d’autres horizons et qui ont quelque chose à nous dire. Ce ‘quelque chose’ qui dérange peut-être notre façon de penser, qui bouscule nos coutumes et nos habitudes ! Aussi, on a du mal à croire que Dieu choisirait un de nos proches pour nous parler… Nous sommes enclins à dévaloriser leurs témoignages parce que nous croyons bien les connaître avec leurs défauts et leurs faiblesses. Le ‘prophète’ n’est pas uniquement un personnage médiatique. C’est peut-être un voisin, un collègue, une personne âgée, un jeune… des gens simples à travers lesquels Dieu nous interpelle. Saurions-nous voir en eux des envoyés de Dieu ? Dieu peut se manifester à nous au travers d’une personne ordinaire, sans considération afin que le monde reconnaisse que c’est Lui qui agit et non son émissaire. Jésus pourrait en effet passer sans que nous nous en rendions compte ou parce que nous ne sommes pas prêt à l’accueillir. Ne nous enfermons pas dans des idées préconçues. Soyons positifs. Ne regardons pas que les imperfections chez les personnes que nous croyons trop bien connaître ! Nous serons surpris de leur apport constructif à notre vie ou à tous ceux qui savent en bénéficier.
Saint Paul nous ouvre les yeux : « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion les sages ; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est ; ainsi aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu. » (1 Corinthiens 1:27-29)
Nguyễn Thế Cường Jacques
Je rejoins tout a fait ce que dit Coeme Gillard: