Homélie du 24ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 5 septembre 2021“Qui dites-vous que je suis ?“
Textes bibliques : lire
Les textes bibliques de ce dimanche nous adressent un appel à progresser dans la foi. La première lecture nous renvoie à un peuple qui est devenu sourd aux appels de Dieu. Mais quelques-uns sont restés en éveil pour entrer chaque matin en conversation avec lui ; ils sont obligés de ramer à contre-courant ; ils sont victimes des sarcasmes, des rebuffades et des persécutions. Mais le prophète Isaïe ne se décourage pas. Il garde toute sa confiance en Dieu qui vient à son secours. Plus tard, l’Évangile nous parlera de Jésus qui montera à Jérusalem pour y subir sa Passion.
Nous recevons ce témoignage du prophète comme un appel à la confiance. C’est vrai qu’à certains jours, on peut avoir envie de tout abandonner. C’est à ce moment-là que nous avons besoin d’être plus vigilants dans la prière et plus attentifs aux paroles du Seigneur Dieu.
Pour avancer sur le chemin de la conversion, nous sommes invités à accueillir l’amour qui est en Dieu. La foi est une attitude d’accueil et de reconnaissance de la grâce de Dieu. Mais saint Jacques nous dit que la foi sans les œuvres ne sert à rien ; elle ne suffit pas à nous sauver ; c’est sur notre amour, sur nos gestes d’accueil, de partage et de solidarité que nous serons jugés. A travers celui qui a faim, celui qui n’a rien pour s’habiller, celui qui est exclu, c’est Jésus que nous accueillons ou que nous refusons. Avoir la foi c’est avoir des idées justes et un comportement juste.
Dans l’Évangile de ce jour, nous retrouvons Jésus qui ne se contente pas de parler ; il marche, il se déplace ; il est toujours en mouvement. Aujourd’hui, nous le retrouvons à Césarée de Philippe, en plein territoire païen. Il va à la rencontre de ceux qui ont besoin d’être guéris et relevés. En Décapole, il a guéri un sourd muet ; il lui a permis de mieux communiquer, d’être de nouveau en relation ; il lui a redonné vie ; il lui a également permis de mieux écouter la Parole de Dieu et donc de la partager.
Et bien sûr, les gens se posent des questions sur Jésus qui parle avec autorité et qui pose des actes forts. Qui est-il vraiment ? C’est la question qu’il va poser à ses disciples : “Pour les gens qui suis-je ?” Chaque réponse le compare à un homme qui a marqué l’histoire : Jean Baptiste, Elie, un des prophètes…” Ensuite Jésus s’adresse à ses disciples : “Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?” La réponse de Pierre semble la meilleure : “Tu es le Christ”. Cette réponse est porteuse de toutes les espérances du monde juif : on attendait un Messie qui libèrerait le pays de l’occupant étranger ; il rétablirait la royauté en Israël. Avec lui, ce serait l’avènement d’un règne de Dieu puissant et fort.
Mais ce n’est pas de cette façon que Jésus a voulu établir le règne de Dieu : Pour la première fois, il enseigne à ses disciples que le Messie va souffrir pour sauver son peuple. Cette conception d’un Messie souffrant leur est étrangère. Elle choque tellement leur attente que Pierre veut s’y opposer. Mais Jésus maintient ferment que celui qui veut être son disciple doit envisager de le suivre jusqu’à la croix.
Aujourd’hui, la même question nous est posée à tous : qui est Jésus pour nous ? Beaucoup voient en lui un homme généreux, un sage, un homme qui a fait beaucoup de miracles. En fait, on ne sait pas trop ; la plupart ne sont pas certains de sa véritable identité. Comme les disciples, nous avons besoin d’apprendre à écouter Jésus. Lui seul peut nous faire découvrir quelle est sa mission de Messie et comment il peut nous libérer et nous redonner vie.
En nous révélant sa mission, Jésus nous montre un chemin exigeant et difficile. C’est un chemin qui passe par la croix. Mettre notre foi en lui, c’est marcher à sa suite. Nous sommes sur un chemin de croix, non plus le nôtre mais celui de Jésus. Rappelons-nous cette parole : “Si quelqu’un veut marcher à derrière moi, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive”. Cette croix, nous la portons peut-être en boitant. Mais elle ne nous empêche pas de chanter : “victoire, tu règneras, o croix, tu nous sauveras.”
Sources : revues Feu Nouveau – fiches dominicales – les cahiers Prions en Église – dossiers personnels
« Pour vous, qui suis-je ? » (Mc 8:29) demanda Jésus à ses disciples. Cette question fondamentale reste toujours d’actualité. Les juifs en son temps Le prenaient pour ‘Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes.’ Un ‘grand’ parmi les ‘grands’, mais pas le Messie… Aujourd’hui, 20 siècles plus tard, beaucoup reconnaissent en Jésus une personnalité d’envergure qui, comme Confucius ou Bouddha, a proposé à l’humanité un message élevé de justice et de paix mais pas Dieu, le plus grand de tous !…
Pour nous, ‘qui est Jésus’ en cet instant même ? Notre foi bien tranquille jusqu’à présent, pour ne pas dire endormie, est soudainement bousculée par cette question de Jésus posée à ses disciples. La foi du baptême que nous portons souvent bien discrètement est amenée à se préciser. Que connaissons-nous vraiment de Jésus ? Quelle place prend-Il dans notre vie personnelle ? La réponse de Pierre nous semble tout indiquée : « Tu es le Christ ! » (Mc 8:29) Mais, comme Pierre, sommes-nous bien conscients de la portée d’une telle affirmation ? Une foi éclairée et exprimée sincèrement est fondamentale. Elle engage notre vie chrétienne et détermine notre attitude envers Dieu. Cette foi met Jésus au centre de notre vie. Elle nous transformera en profondeur. L’appel nous est donc lancé pour nous inciter à nous instruire davantage sur Celui en qui nous croyons. Une réelle connaissance de la Personne de Jésus nous aidera à vivre dans son intimité au-delà de tout conformisme. C’est primordial pour une vie chrétienne épanouie ! Notre chemin à sa suite s’en trouvera facilité. Mieux connaître Jésus pour saisir davantage le teneur de ses enseignements. C’est le défi de chaque chrétien. C’est la condition essentielle pour consolider notre foi.
Et justement le message de Jésus dans l’Évangile de ce dimanche a quelque chose de dérangeant. Il bouscule notre certitude sur le bonheur d’être en compagnie de Dieu. « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera. » (Mc 8:34-35) Cette Parole de Jésus nous donne l’impression que le christianisme est doloriste et que le chrétien est l’ami de la souffrance. On est bien loin d’un amour attentionné et réconfortant de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » (Mt 11:28)
En réalité, en nous parlant de ‘porter sa croix’, Jésus ne nous impose pas le chemin de l’affliction, Il veut surtout nous rappeler le réalisme de la vie. Car, même dans le meilleur des mondes, la peine et la souffrance ne sont jamais exclues. Chacun sera confronté un jour ou l’autre aux difficultés de l’existence. Dans ces moments-là, l’expression ‘porter sa croix’, exprime toute la pesanteur qui se fait particulièrement sentir. Jésus nous prépare à affronter ces situations inconfortables de notre vie. « Prendre sa croix » en suivant Jésus, c’est donc accueillir avec un certain détachement nos épreuves, petites ou grandes, tout en fixant le cap vers le Bonheur. « Dieu est Amour » (1Jn 4:8), nous dit saint Jean. Dieu ne laisse pas ses enfants noyés dans l’adversité : « Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? Ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11:11-13) Suivre Jésus, c’est s’engager dans la voie de l’Amour. C’est ne pas se laisser abattre par des épreuves rencontrées en chemin. Rester fidèle à sa foi malgré tout, c’est parfois savoir renoncer à ses désirs, aller au-delà de l’intérêt personnel. Le don de soi est un passage obligé pour parvenir à cette fin. Suivre Jésus demande à chacun d’accepter de vivre les moments difficiles avec foi, courage et espérance. Cela fait partie de notre vie.
Saint Paul nous invite à nous engager dans cette voie d’Amour : « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais. » (1 Corinthiens 13:4-7)
Nguyễn Thế Cường Jacques
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Bonjour à tous
Je suis désolé de n’avoir pu mettre les commentaires en ligne. en fait, j’ai eu une passe d’Internet. Maintenant, tout est rentré dans l’ordre. Je rappelle que si ces commentaires sont en attente de modération, c’est pour nous protéger contre l’invasion des indésirables. Ils ne pensent qu’à nous proposer des choses dont nous n’avons pas besoin. Merci à tous et bonne fin de semaine.