5ème dimanche du Carême : Journée du CCFD
Abbé Jean Compazieu | 14 mars 2010Textes bibliques : Lire
Juge ou sauveur ?
Cet évangile nous montre Jésus en train d’enseigner au temple. Passionné d’amour pour son Père, il n’a qu’un souci : c’est de le faire connaître et d’inviter tous les hommes à l’accueillir. Ce matin, nous sommes rassemblés à l’église pour entendre cette bonne nouvelle. Nous sommes là, devant le Christ, à la recherche d’une parole vivante, une parole qui relève et redonne confiance aux pécheurs que nous sommes. Nous n’aurons jamais fini de nous laisser transformer par cette parole d’espérance et d’amour. C’est le travail de toute une vie.
Mais aujourd’hui, nous voyons que les scribes et les pharisiens n’ont rien compris. Ils se posent en ardents défenseurs de la loi de Moïse. L’homme et la femme coupables d’adultère devaient être mis à mort. L’alliance d’un homme et d’une femme dans le mariage est un signe de l’alliance entre Dieu et les hommes. La fidélité des époux nous dit quelque chose de celle de Dieu pour les hommes. C’est pour cela que l’adultère doit être condamné. Or, dans le cas présent, les accusateurs n’amènent que la femme. Ils ne vont donc pas jusqu’au bout de ce que la loi prescrit. Celle qu’on amène à Jésus n’a aucune chance. Elle est coupable, donc elle doit être lapidée. Nous voyons ici combien une religion peut devenir un carcan quand elle se fonde uniquement sur une loi. C’est vrai aussi pour nous quand nous nous servons des textes bibliques pour accuser celui ou celle que nous estimons coupable et lui prouver qu’il a tort. Cette attitude ne fait que l’enfoncer un peu plus.
C’est d’ailleurs ce que Jésus cherche à faire comprendre aux scribes et aux pharisiens. Devant leur provocation, il prend tout son temps. L’évangile nous dit qu’il traçait des traits sur le sol. C’est peut-être un exemple qu’il nous donne. Au lieu d’accuser et de condamner le coupable, nous pouvons aussi tracer des traits sur le sol, le temps que surgisse en nous une parole de vie. En ce dimanche, nous prions le Seigneur afin qu’il nous inspire ce moment de sagesse. C’est important si nous nous voulons être en accord avec le vrai Dieu. Quand il paraît au tribunal des hommes, ce n’est pas dans le rôle du procureur mais dans celui de l’avocat qui assure la défense. Jésus n’est pas venu dans le monde pour le condamner mais pour le sauver.
Si nous voulons être fidèles à l’Evangile, nous devons donc en tirer toutes les conséquences. Au lieu de chercher à prendre l’autre en défaut pour le juger et le condamner, je peux choisir de lui faire confiance et de l’aider à grandir. Ce n’est pas toujours facile d’avoir cette attitude bienveillante ; mais c’est peut-être aussi cela le jeûne du Carême : jeûne des jugements, jeûne de dire du mal des autres, jeûne des paroles méchantes, jeûne d’orgueil et de vanité. Le carême nous est donné pour nous ajuster à ce Dieu qui est amour et nous laisser transformer par lui. Il veut le bien de tous, celui de la personne accusée et celui des accusateurs. Ces derniers ne veulent pas comprendre. Alors, il les met devant leur conscience : “Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre.”
En ce dimanche, le Christ nous montre un chemin de conversion : Ces murs qui nous séparent les uns des autres, ce n’est plus possible : les médias nous montrent chaque jour des images de haine et de violence : Nous construisons des murs qui nous séparent les uns des autres, guerres entre pays, frontières entre riches et pauvres, distance entre religions, incompréhensions en famille, concurrence entre collègues, indifférence entre voisins. On colle des étiquettes sur la tête des autres, on les classe par catégories. “On fait souvent des murs avec des mots alors qu’on devrait faire des ponts.” (Noël Colombier)
Chaque année, le CCFD nous lance un cri d’alarme. L’évangile de ce dimanche nous montre que deux mondes s’affrontent au nom de la loi. Cette division est toujours criante. C’est d’un côté l’univers du développement, de la richesse, de la prospérité, de la domination et du pouvoir. En face, nous avons l’univers des peuples dépendants, dominés et sans pouvoir. Des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres.
La conversion que le Seigneur attend de nous en ce 5ème dimanche du carême, c’est celle qui nous rapproche des autres, c’est l’élimination des paroles et des jugements malveillants car ils empoisonnent le climat fraternel qu’il devrait y avoir entre nous. Aujourd’hui, le Christ nous montre un chemin de grande charité. Si nous apprenons à regarder les autres comme il les voit, nous ne pourrons plus les laisser dans la misère. Le partage des richesses est une des manières de vivre la solidarité et d’aimer son prochain en actes et en vérité. Le CCFD nous propose un petit calcul : J’ai 100, donc je donne 1 (1%).
Seigneur, en ce dimanche, nous sommes venus à toi avec notre désir d’accueillir ta Parole et de nous laisser transformer par elle. Tu peux changer nos cœurs de pierre en cœurs de chair. Que ta présence nous apporte la joie d’aider, de soutenir, de consoler et d’aimer. Que ta Parole soit Lumière pour notre monde et que ton amour apaise tous ceux qui souffrent.
désolée, nous ne pouvons photocopier le texte en entier… cette semaine ça se termine pa «pour le sauver» nous perdons la suite
merci
J’ai regardé. Chez moi, il n’y a pas de problème. Au lieu de photocopier, je vous suggère de le copier/coller dans le bloc notes et de l’imprimer
Le texte évangélique de ce dimanche pose problème: il est absent dans les manuscrits les plus anciens; parfois il est inséré un peu plus loin dans l’évangile de Jean ou même à la fin ; ailleurs il est introduit dans l’évangile de Luc dont il est proche par le style. Ces perturbations sont sans doute l’indice que cette page d’évangile faisait déjà problème aux premiers chrétiens. En tout cas cette scène est une perle du Nouveau Testament et nous l’acceptons telle qu’elle est dans Jean.
Comme toujours le contexte est important. Envahie par des milliers de pèlerins, Jérusalem vient de célébrer pendant huit jours la grande Fête des Tentes et Jésus, en dépit des menaces qui pèsent sur lui, est monté à la capitale. Vers le milieu de la fête, il se met à enseigner ouvertement sur l’esplanade du temple (7, 14). Dans la foule, les débats à son sujet s’intensifient: est-il un prophète ou un menteur ? On sait que les autorités cherchent à le faire mourir (7, 25). Au dernier jour de la Fête (7, 37), lors d’une réunion du Sanhédrin, Nicodème tente en vain d’obtenir un procès équitable mais il se fait rabrouer par ses confrères ( 7, 50).
Et c’est ici que commence la célèbre scène de ce jour:
Les notables s’en allèrent chacun chez soi et Jésus regagna le mont des Oliviers –où se trouve le hameau de Béthanie où habitent ses amis, Lazare et ses deux sœurs Marthe et Marie (11, 1). De bon matin, il retourna au temple de Jérusalem.
Comme tout le monde venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Audace de Jésus qui revient dans la gueule du loup. Personne ne peut le faire taire: il a reçu mission de son Père et il doit l’accomplir jusqu’au bout coûte que coûte.
Or, en ce lendemain de la Fête des Tentes, se déroulait une autre petite fête appelée “SIMHAT TORAH”, le jour de la “JOIE DE LA TORAH”: on terminait à la synagogue la lecture des 5 livres de la Torah qui avait pris une année et on recommençait tout de suite la lecture du début de la Genèse pour ouvrir le cycle suivant. Avec allégresse, on dansait en brandissant les rouleaux des Ecritures sacrées et on chantait la Bonté de Dieu qui avait offert sa révélation unique à son peuple. Moïse n’avait-il pas dit:
” Voyez, je vous apprends les lois et les coutumes comme le Seigneur mon Dieu me l’a ordonné pour que vous les mettiez en pratique…C’est ce qui vous rendra sages et intelligents aux yeux des peuples…En effet quelle grande nation a des dieux qui s’approchent d’elle comme le Seigneur notre Dieu le fait chaque fois que nous l’appelons ? Quelle grande nation a des lois aussi justes que toute cette Loi ? Garde-toi bien d’oublier !” (Deutéronome 4, 5-9)
Voilà pourquoi, depuis des siècles, on rappelait à chaque génération l’obligation d’étudier, de connaître, de pratiquer tous les préceptes écrits dans les Livres saints; et on affirmait que tous les malheurs d’Israël étaient précisément venus de sa désobéissance, de son infidélité à cette Loi divine intangible. Or le Décalogue, cœur de la Loi, disait notamment :”Tu ne commettras pas l’adultère” (Exode 19, 14). Et le Code de Sainteté prescrivait: “Quand un homme commet l’adultère avec la femme de son prochain, ils seront mis à mort, l’homme adultère aussi bien que la femme adultère” (Lévitique 20, 10)
Soudain, en ce grand jour de proclamation de la perfection de la Loi de Dieu, les gardiens des Livres, les spécialistes de la Loi, forts de leurs connaissances, s’approchent de Jésus avec leur prisonnière:
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. Ils la font avancer et disent à Jésus : ” Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Or dans la loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ?”.
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve afin de pouvoir l’accuser.
Question tout de suite: où est l’homme ? Pourquoi la femme seule est-elle arrêtée ? La Loi parlait pourtant bien de deux coupables ! Les juges (des hommes) se sont rués sur la femme ! Jean dévoile leur dessein: au fond, ils veulent piéger Jésus: osera-t-il exiger l’application immédiate de la Loi et déclencher le lynchage ? Beaucoup refusaient cette sentence extrême. Ou bien va-t-il déclarer la Loi inopérante ? En ce cas on l’accuserait de bafouer un précepte capital. Au milieu de tous ces hommes, écroulée de honte et d’effroi, la femme est enfermée dans le cercle de ses accusateurs. Suspense. Que va répondre Jésus ?
Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol.
Devant toutes ces faces tendues et haineuses, Jésus baisse son visage, il refuse de regarder et, en se penchant, on dirait qu’il voudrait rejoindre la victime étendue dans la poussière. Et curieusement c’est l’unique fois des Evangiles où on voit Jésus écrire ! Qu’écrit-il donc ? Que veut-il dire par ce geste insolite ? Qu’il n’est pas comme Moïse qui avait gravé la Loi sur la pierre – signe de solidité et de dureté ? Ou bien qu’il connaît ses accusateurs et il ferait le compte de leurs nombreuses fautes ? Ou du doigt il inscrirait leurs noms en appliquant un autre passage des Ecritures:
” O espérance d’Israël, YHWH, tous ceux qui te délaissent seront confondus.
Oui, ceux qui se tiennent éloignés de moi seront inscrits sur la poussière (la terre – comme ici)
car ils ont abandonné la source d’eaux vives, YHWH ” ( Jér 17, 13).
Comme ils insistent et exigent une réponse, Jésus se met debout, à leur hauteur, et les regardant, lance cette phrase qui va devenir célèbre:
Il se redressa et leur dit: ” Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre”. Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol.
En théorie, il y a la Loi, un texte froid que l’on peut lire et proclamer, un règlement objectif qui prescrit tel châtiment pour telle infraction. Mais dans la réalité, il y a une personne qui en effet a commis une faute et qui se trouve devant d’autres personnes chargées de la juger mais qui, elles-mêmes, sont fautives.
Au niveau légal, il y a un acte répréhensible (ici l’adultère) et un livre où est écrit le châtiment (ici la peine de mort). Mais dans la réalité, il y a non “une adultère” mais une femme qui, un jour, a commis ce péché et il y a des juges qui lisent l’écrit mais qui sont des hommes qui ont certainement commis des fautes.
Le code de lois a été rédigé en tel siècle: doit-il être considéré comme intangible ou l’évolution des mœurs n’oblige-t-elle pas à une redéfinition des textes ?
Etant donné la difficulté de cerner les responsabilités personnelles, si la loi a fonction de punir, peut-elle aller jusqu’à enlever la vie de quelqu’un ? S’il est écrit “tel péché mérite la mort”, peut-on en déduire: ” cette femme qui a commis ce péché doit mourir” ??? Peut-on aujourd’hui supprimer l’avenir à quelqu’un qui a eu une faiblesse dans le passé ? L’être humain se confond-il absolument avec son acte ? D’ailleurs n’est-il pas possible que l’amant, étrangement absent, soit le plus responsable ? Les juges, lecteurs d’anciennes lois écrites, sont renvoyés à leur conscience, à leur faiblesse et loin de hurler contre cette sentence de Jésus, ils semblent l’accepter:
Quant à eux, sur cette réponse, ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés.
La phrase de Jésus a porté: aucun de ces hommes n’a osé ramasser une pierre, aucun n’ose prétendre qu’il est sans péché, aucun ne s’exclame que Jésus bafoue la Loi. Le cercle mortifère peu à peu éclate.
Jésus resta seul avec la femme en face de lui.
On connaît le commentaire célèbre de saint Augustin: ” A la fin il ne reste plus que la miséricorde et la misère…la maladie et le médecin…la tendresse et la faiblesse”. Car il est important de souligner que la femme, pendant toute cette scène, n’a rien dit: paniquée, elle ne prétexte pas d’excuses, n’accuse ni son amant ni son mari !
D’abord assis pour enseigner, Jésus s’était penché, se faisant tout petit; maintenant il peut se mettre debout. Il joue à l’étonné:
Jésus se redressa:
– Femme, où sont-ils donc ?…Alors personne ne t’a condamnée ?
– Personne, Seigneur.
– Moi non plus je ne te condamne pas. Va et désormais ne pèche plus.
La miséricorde n’est pas la bêtise qui s’aveugle sur les fautes, la suppression de la morale, la fin de la Loi, le coup d’éponge facile, l’indifférence aux misères humaines. Elle garde la Loi mais inscrite sur le sable et là, la mémoire de nos actes les plus mauvais peut s’envoler au souffle de l’Esprit. La miséricorde distingue péché et pécheur; elle lit le livre de la Loi qu’elle respecte mais, le refermant, elle offre le pardon de Dieu à celui ou celle qui se reconnaît coupable.
“Va….”: car tu as fauté, c’est vrai. Mais avec moi, ton Sauveur, tu peux encore reprendre la vie. Ce sera difficile: pour toi dont le méfait est connu de tous, et pour ton amant, et pour ton époux, et pour tes proches !!!
Il est béatifiant mais parfois dur de vivre la miséricorde car c’est tout le réseau des relations qu’elle remet en jeu.
“…et désormais ne pèche plus”: Oui tu as péché et la tentation sera encore là mais le Seigneur te fait confiance, tout autant que le père qui accueillait son fils prodigue sans être assuré d’une prochaine fugue possible !
Peu après, dans le texte de Jean, Jésus déclarera à la foule: ” Vous jugez de façon humaine; moi, je ne juge personne. Et s’il m’arrive de juger, mon jugement est conforme à la vérité parce que je ne suis pas seul: il y a aussi Celui qui m’a envoyé” (8, 15). Uni à son Père, Jésus le Fils, qui est sans péché (8, 46), ne jette la pierre sur personne, il peut au contraire libérer l’être humain emprisonné par sa faute (8, 36).
Mais cette prétention lui vaudra la mort.
Comme s’il fallait un échange pour renouer l’alliance: SION ( la femme) peut revivre parce que le FILS donne sa propre vie. Si nous pouvons être certains que le carême nous donne le pardon, c’est parce qu’il aboutit à la croix de notre Seigneur.
” Moi non plus je ne te condamne pas: va en paix “. La miséricorde est une résurrection.
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Le Catéchisme de l’Eglise catholique, dans sa 1ère édition de 1993, n’excluait pas la peine de mort “dans les cas d’une extrême gravité”; mais dans sa nouvelle édition de 1998, il ajoute que ces cas graves “sont désormais assez rares sinon pratiquement inexistants”. Jean-Paul II, à de nombreuses reprises, a appelé les nations à abolir la peine de mort. Le Patriarche de Moscou, Alexis II, déclara: ” La peine de mort constitue un homicide avec préméditation et une violation du commandement biblique enjoignant de ne pas tuer”.
Elle ne proteste pas, elle attend son exécution comme le prescrit la loi.
Et, ce qui me réjouit le cœur, c’est que les scribes et les pharisiens sont conduits à être solidaires de celle qui leur semblait être totalement étrangère. Ils reconnaissent que eux aussi ont péché et ont besoin de pardon.
Mais l’Évangile doit prêcher la fidélité et pardonner à l’infidélité. Pour les couples et dans bien d’autres situations.
Pendant ce Carême, je pardonne beaucoup à ma fille Delphine qui est parfois “turbulente”. Et je suis bien récompensée car elle me fait de grosses bises affectueuses. Pendant ce Carême, j’évite de faire du mal même involontairement à ceux que je côtoie. Et puis, je me rapproche vraiment du Seigneur. Et plus je me rapproche de Lui, plus j’aime mes frères et sœurs.
Seigneur, merci pour tes grâces de chaque jour. Je les apprécie à leur juste valeur.
Christiane
Références bibliques : Is 43, 16-21 ; Ps 125 ; Phil. 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11
Dieu sauve et pardonne.
Ce jour là, Jésus était assis dans la cour du Temple de Jérusalem et enseignait la foule qui l’avait suivi. Lorsque survint un groupe de scribes et de pharisiens en colère, entraînant de force une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. Ils dirent à Jésus : ” Maître, on l’a trouvée chez un homme…elle trompe son mari…elle mérite la mort…la loi est formelle. ”
Comment se fait-il qu’ils n’amènent que la femme ? Dans un adultère, il y a aussi un homme, que la loi juive en vigueur condamne de la même manière (Dt 22, 23-24 ; Lv 20, 10)
“Ayant été prise en flagrant délit d’adultère, selon la Loi de Moïse, elle doit être lapidée. Et toi, Maître, qu’en dis-tu ?”
La réaction de Jésus est étonnante : il ne fait rien, il ne répond pas, il fait des dessins sur le sol : il ne lève même pas son regard vers la femme, car il sait sa honte. Il semble se désintéresser.
Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et dit : ” Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre ! “ Jésus les renvoie à leur conscience, il place le débat à un autre niveau : nous sommes tous pêcheurs et nous avons besoin d’être tous pardonnés !
Cette page de l’Évangile de Jean nous enseigne que Dieu ne veut pas la mort du pêcheur, mais il veut qu’il se convertisse et qu’il vive. Soyons miséricordieux comme Dieu l’est envers nous. Ne nous posons pas en juges et nous ne serons pas jugés ! Ne condamnons pas et nous ne serons pas condamnés ! C’est la mesure, dont nous nous servons pour les autres, qui servira aussi de mesure pour nous (Lc 6, 36, 38)
Sur cette réponse de Jésus, ils s’en sont allés, l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés. Les dernières paroles de Jésus sont pour la femme : “Moi non plus, je ne te condamne pas ; va et désormais ne pèche plus !”
Dans cette expérience unique, qu’elle a vécu, cette femme a découvert qu’elle était aimée au-delà de son péché et donc pardonnée. Nous sommes tous appelés à faire cette expérience du Pardon de Dieu en recevant le sacrement de Réconciliation. C’est là que nous rencontrons l’Amour Infini de Dieu : un Amour qui sauve parce qu’il ne nous confond jamais avec nos péchés. Essayons, comme Jésus, de redonner un avenir à celles et à ceux que leur péché condamnait à la mort spirituelle.
Paul a bien saisi cette leçon : tout ce qui lui apparaissait comme une réussite humaine, ne compte désormais pour rien au regard de la rencontre du Christ qui a bouleversé sa vie. C’est à un complet renversement des valeurs de son existence qu’il assiste. Il n’a plus qu’un but : se laisser conduire et modeler par le Christ et n’attacher du prix qu’à ce qui compte pour lui ( 2ième lecture) et nous, qu’avons-nous quitté de nos habitudes, de notre mode de vie, de nos conceptions de l’existence, pour suivre le Christ ?
Ne regardons pas le chemin déjà parcouru dans notre existence mais tournons notre regard vers celui qui reste à faire pour appartenir totalement au Christ : « Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau ; il apparaît déjà, ne le voyez-vous pas ? » (1ière lecture)
“Ta Parole Seigneur est vérité et ta loi délivrance”, avons-nous chanté avant la lecture de l’Évangile. Pâques deviendra-t-il la fête de notre propre délivrance, par un Dieu qui sauve et qui pardonne ? Changez vos cœurs, changez de vie et croyez que Dieu vous aime.
Amen.
Michel Houyoux, diacre permanent