Le Christ roi de l’univers
Abbé Jean Compazieu | 14 novembre 2021Suivons le Christ Serviteur,
Roi de l’univers
Textes bibliques : Lire
En ce dernier dimanche de l’année liturgique, nous célébrons la solennité du Christ roi de l’univers. Les textes bibliques de ce jour nous adressent un message d’espérance.
Nous avons tout d’abord un texte du prophète Ézéchiel. Il s’adresse à un peuple qui vit une situation désespérée. Le pays est détruit ; il vit sous une domination étrangère ; c’est vraiment la catastrophe ; beaucoup se posent des questions : “Où est-il notre Dieu ? Que fait-il ?” C’est en réponse à ce doute que le prophète intervient pour annoncer une bonne nouvelle : Dieu enverra un “fils d’homme” c’est-à-dire un homme pour relever son peuple et lui redonner toute sa place parmi les nations. Cet homme recevra une autorité sûre et confiante. Plus tard, les chrétiens comprendront que ce titre de “Fils de l’homme” désignait la royauté de Jésus.
La 2ème lecture est extraite de l’Apocalypse de saint Jean. Ce livre a été écrit bien après la résurrection du Christ. Il s’adresse à des chrétiens persécutés. L’empereur de Rome est très dur pour eux. C’est dans ce monde hostile et violent que saint Jean annonce le triomphe de Celui qui est l’Amour. Par sa mort et sa résurrection, il a vaincu la mort et le péché et il veut nous associer tous à sa victoire. Dans sa lettre aux Romains, saint Paul nous dit que “rien ne peut nous séparer de son amour”.
Ces deux premières lectures sont une bonne nouvelle pour notre monde d’aujourd’hui. De nombreux dictateurs y règnent en maîtres. Ils font peser leur pouvoir sur les plus faibles. Dans de nombreux pays, les chrétiens sont victimes de la haine et de la violence des hommes. Mais un jour, les dictatures finissent par tomber. Il n’est pas question de vengeance : cela ne ferait qu’ajouter de la violence à la violence. Ce n’est pas par la force des armes qu’on peut obtenir la victoire contre le mal mais par celle des paroles et surtout celle de l’amour.
L’Évangile de ce jour nous montre Jésus face à Pilate : il se présente à lui en tant que roi d’un Royaume « qui n’est pas de ce monde ». Sa Royauté ne repose pas sur l’ambition ni sur la compétition. Elle n’utilise pas les armes de la peur ni le chantage ni la manipulation des consciences. Sa royauté s’exprime dans l’humilité et la gratuité. Les royaumes de ce monde se fondent parfois sur les abus de pouvoir, les rivalités, les oppressions. Le Royaume du Christ est un « Royaume d’amour, de justice et de paix » (Préface).
Jésus s’est révélé comme roi dans l’événement de la croix. Aux yeux du monde, c’est un échec. Mais l’Évangile nous invite à changer notre regard. La croix du Christ c’est l’échec du péché. C’est en levant les yeux vers le Christ en croix que nous prenons conscience de son amour gratuit pour nous et pour le monde entier. Sa puissance et sa force sont celles de l’amour, un amour solide et intègre, même face aux refus.
Sur le Calvaire, on ridiculise ce « roi des juifs ». On lui lance un défi : « Sauve-toi toi-même en descendant de la croix ». Mais Jésus ne cherche pas à se sauver lui-même. Il a donné sa vie pour chacun de nous. Lui-même nous dit qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. En passant par la mort et la résurrection, il nous a ouvert un passage vers ce monde nouveau qu’il appelle « le Royaume de Dieu ».
Aujourd’hui encore, ils sont nombreux ceux qui refusent cette royauté du Christ. On fait tout pour l’effacer en supprimant ses disciples. Dans notre société sécularisée, on le relègue à l’exil, on le ridiculise sur les écrans de télévision et dans les salles de cinéma. Et surtout, nous ne devons pas oublier les très nombreux martyrs dans de nombreux pays du monde. Mais le mal, la violence et la haine n’auront pas le dernier mot. Encore une fois, c’est l’amour qui triomphera.
Le premier qui a compris a été l’un des malfaiteurs crucifié en même temps que Jésus, celui qu’on appelle « le bon larron ». Nous connaissons sa supplication : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ». Cet homme était un malfaiteur, un corrompu. Il était condamné à mort pour toutes les brutalités qu’il avait commises dans sa vie. Mais il a vu qu’avec Jésus, l’amour peut triompher de la haine. Comme cet homme, nous pouvons redire cette prière : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume ». Et nous avons la ferme espérance qu’un jour, il nous dira : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. »
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Sources : Revue Feu nouveau – Homélies du dimanche (Monseigneur Léon soulier) – Homélies pour l’année B (Amédée Brunot) – homélies de l’année liturgique B (Simon Faivre) – Reste avec nous quand vient le soir (Lorette Lepage) – Lectures bibliques des dimanches année B (Albert Vanhoye) – François selon Saint Jean
Ce dimanche est le dernier de l’année liturgique ‘B’. La fête du Christ-Roi en est le couronnement. ‘Christ Roi de l’univers’, voilà un titre qui ne manque pas de solennité. Il nous renvoie à une vision grandiose d’un règne triomphant : Un Roi qui siège sur le trône et tous ses sujets sont à ses pieds. Mais, surprise, voici que l’Évangile nous relate le récit de la Passion, plus précisément le dialogue entre Jésus l’accusé et Pilate le juge. Une inversion totale de rôle ! Et c’est bien là tout le paradoxe de la fête du Christ-Roi célébrée aujourd’hui.
Un contraste saisissant entre la royauté décrite par le prophète Daniel : « Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. » (Dn 7:14) et ce Jésus sans défense devant Pilate. Un condamné impuissant, traîné sans ménagement par une cohorte haineuse devant un juge. Nous imaginons sans peine la consternation des hommes et des femmes qui croyaient en Jésus un Messie glorieux ! Or, ils étaient à cet instant, en présence d’un homme qui non seulement n’avait exercé aucun pouvoir, mais était accusé de fauteur de troubles et sera bientôt condamné à mort. On comprend aussi l’étonnement de Pilate devant cet innocent comparu ainsi devant lui ? « Es-tu le roi des Juifs ? » (Jn 18:33) lui demanda-t-il. « Ma royauté n’est pas de ce monde… » (Jn 18:36) lui déclara Jésus ! Il a toujours refusé d’être reconnu comme roi. « À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : ‘C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde.’ Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. » (Jn 6:14-15)
Jésus était toujours très clair sur son rôle et sur sa mission de Rédempteur. À Nazareth, dans la synagogue un jour du sabbat, après avoir lu un passage du livre du prophète Isaïe parlant du Messie, Il déclara à l’assemblée : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » (Lc 4:21) À ses disciples Il disait : « Vous m’appelez ‘Maître’ et ‘Seigneur’, et vous avez raison, car vraiment je le suis. » (Jn 13:13) Un Maître, pas un roi. Jésus affirme devant Pilate que son règne est celui de la Vérité. « Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la Vérité. Tout homme qui appartient à la Vérité écoute ma voix. » (Jn 18:37) La Vérité apportée par le Christ, c’est l’Amour et le partage, l’entente et l’harmonie. Jésus n’est pas venu exercer son pouvoir par la force mais il attire l’humanité à lui par la bonté et l’amour. « Moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » (Jn 12:32) Quelqu’un qui écoute sa Voix est dans la Vérité. « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la Vérité, et la Vérité vous rendra libres. » (Jn 8:31-32) Or cette Vérité n’appartient qu’à Dieu. Jésus est « au-dessus de tout être céleste : Principauté, Souveraineté, Puissance et Domination, au-dessus de tout nom que l’on puisse nommer, non seulement dans le monde présent mais aussi dans le monde à venir. » ce qu’affirme saint Paul dans sa lettre aux Éphésiens (1:21). Son règne s’exprime dans l’humilité et sans éclat.
Quelle dissonance avec l’arrogance des responsables de ce monde qui veut imposer ‘leur’ vérité ! Or, précisément, l’humilité c’est la voie de la Vérité et de la liberté. Jésus est Roi non pour assujettir mais pour libérer. « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. » (Mt 11:28-30) Son attention se porte sur les plus humbles et les plus petits. « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10:45) Quelle dissonance aussi avec le triomphalisme de l’Église à une certaine époque sombre de son histoire. L’aveuglement autoritaire la conduit jusqu’à l’Inquisition, jusqu’aux actes de barbarie ! On veut imposer ‘sa’ vérité ! Or la Vérité n’appartient qu’à Dieu. Prétendre posséder la vérité, c’est vouloir renverser les rôles. C’est se substituer à Dieu. Avec le concile Vatican II, l’Église s’ouvre à l’ère œcuménique et marque une véritable rupture. ‘De l’air dans l’Église’ a dit le Pape Jean XXIII. Et dès l’ouverture du concile Vatican II, le Pape dénonce l’enseignement du mépris des autres croyances et témoigne de son ouverture aux autres religions et à la réalité du monde. L’Église ne se laisse pas enfermer dans ‘sa royauté’. À l’image du Christ, l’Église se met désormais au service de l’humanité !
Nous sommes invités à porter un regard renouvelé sur notre foi en Jésus-Christ. La relation entre Dieu et nous n’est pas une relation de souverain à sujets, une relation entre dominant et dominés, mais une relation d’amour entre un Père et son enfant. Par cet Amour, Jésus s’est donné à nous, Il nous attire à lui. Voilà le vrai sens de la fête d’aujourd’hui. C’est bien en cela que réside le vrai pouvoir du Christ. En emboîtant ses pas, mettons-nous au service de tous. Soyons le témoin du Christ dans notre famille, sur notre lieu de travail, dans le milieu où nous vivons. Oui, le Royaume de Dieu est parmi nous quand l’Amour triomphe.
Nguyễn Thế Cường Jacques
Salut mon père Jean Compazieu. Je suis très heureux de lire vos homélies dominicales.cela me permet de comprendre plus où moins les différents textes bibliques des dimanches. Merci et que Dieu vous bénisse abondamment.