3ème dimanche de l’Avent (Homélie)
Abbé Jean Compazieu | 5 décembre 2021Tournés vers le Christ dans la joie de sa venue
Textes bibliques : Lire
La liturgie de ce 3ème dimanche de l’Avent nous invite à la joie. C’est ce message que nous trouvons dans la première lecture. Le prophète Sophonie profite d’un petit bout de paix retrouvée pour inviter son peuple à faire la fête. Cette accalmie est le signe d’une transformation plus profonde que Dieu accomplira un jour. On n’aura plus à craindre la guerre : l’humanité sera conviée à danser de joie avec son Seigneur. C’est l’amour qui aura le dernier mot sur la terre. Ce sera le triomphe définitif du Sauveur au milieu des hommes.
Ces paroles du prophète s’adressent aussi à chacun de nous aujourd’hui : Ce dimanche nous invite à la joie car le Seigneur est au milieu de nous. Nous ne devons pas nous laisser aller à la tristesse ni au découragement. Le Seigneur est toujours là au cœur de nos vies. C’est en lui que nous trouverons la vraie joie.
C’est aussi cet appel à la joie que nous retrouvons dans la lettre de saint Paul aux Philippiens (2ème lecture). Il écrit de sa prison ; on attendrait de sa part un message d’inquiétude et d’angoisse. Pourtant il rayonne de joie et il invite ses correspondants à la partager ; un chrétien doit frapper tous les regards par sa joie inaltérable ; c’est là son meilleur témoignage dans un monde perpétuellement inquiet. La joie chrétienne a sa source dans la certitude que le Christ est proche de celui qui souffre, proche des affligés. Malgré les multiples raisons d’inquiétude, il ne cesse de nous rejoindre pour nous apporter la joie et la sérénité.
Mais pour en arriver là, « que nous faut-il faire » ? C’est la question qui est répétée trois fois dans l’Évangile de ce jour. Toutes les catégories de personnes s’adressent à Jean Baptiste : la foule, les publicains (percepteurs d’impôts) puis les soldats. Il va montrer aux uns et aux autres que la vraie conversion doit passer par des actes. Ces actes concernent la vie sociale et professionnelle : partager avec celui qui n’a rien, bien accomplir son devoir d’état, ne pas profiter de la situation.
Ce qu’il faut bien voir, c’est que Jean Baptiste s’adresse à tous : aucune catégorie n’est exclue de ce parcours de conversion pour obtenir le salut. Cela vaut même pour les publicains qui étaient considérés comme des pécheurs irrécupérables. Dieu ne refuse à personne la possibilité de se sauver. Il est un Père qui aime chacun de ses enfants et qui veut le salut de tous.
« Que nous faut-il faire » ? Cette question est aussi la nôtre ; et les réponses de Jean Baptiste sont aussi pour chacun de nous : nous devons réentendre ses appels à nous convertir, à changer de direction et à emprunter la route de la justice, de la solidarité et de la sobriété. Ce sont des valeurs indispensables d’une existence pleinement humaine et authentiquement chrétienne.
La liturgie de ce dimanche nous aide à découvrir que cette conversion est source de joie. Ceux qui s’approchent du Seigneur ressentent de la joie. Nous vivons dans un monde qui est accablé par toutes sortes de problèmes, la pandémie, la précarité, la violence. Beaucoup craignent pour l’avenir. Et pourtant le chrétien est une personne joyeuse. Sa joie n’est pas quelque chose de superficiel et d’éphémère. Elle est profonde et durable. C’est un don du Seigneur qui remplit sa vie. Elle vient de la certitude que le Seigneur est proche. Il est proche par sa tendresse, par sa miséricorde, par son pardon et son amour.
Dans quelques jours, nous fêterons la naissance du Christ sauveur. Le même Christ continue à vouloir venir en nous. Il frappe à notre porte et il attend notre réponse. Il compte sur nous pour que, à la suite de Jean Baptiste, nous soyons ses précurseurs dans ce monde où la violence ne cesse de gangrener les relations sociales et familiales. Préparer le chemin du Seigneur c’est donner un témoignage de paix, de dialogue, d’écoute, de patience et de réconciliation. Cela suppose une véritable conversion de nous-mêmes, un ajustement à ce Dieu qui est Amour.
Par l’Eucharistie, le Seigneur nous donne la nourriture qu’il nous faut pour cette mission. Nous venons nous nourrir et nous imprégner de cet amour et de cette joie qu’il veut nous communiquer. Puis, à la fin de la messe, nous sommes envoyés pour aimer tous nos frères dans le quotidien et le concret de leur vie. Dans ce monde qui meurt de froid, nous avons sans cesse à répandre le feu de l’amour qui est en Dieu. Que le Seigneur nous garde fidèles à cette mission.
Télécharger : 3ème dimanche de l’Avent C
Sources : Feu Nouveau, fiches dominicales, François selon saint Luc, dossiers personnels…
Le troisième dimanche de l’Avent est dit ‘dimanche de la joie’. ‘Gaudete !’ En effet, nous sommes dans l’attente joyeuse de la célébration de la naissance de Jésus. Noël, c’est la Vie qui prend chair. C’est la Joie qui bourgeonne. C’est une ère nouvelle qui s’ouvre sous le signe de l’Amour. La joie de vivre dans l’Amour de Dieu. Voilà de quoi nous réjouir. Se réjouir, ce n’est pas faire preuve de naïveté, en oubliant ce qui va mal, mais c’est être capable de reconnaître l’Espérance qui est en train de naître. Les textes liturgiques nous invitent à l’accueillir dans la joie. Le prophète Sophonie annonce au peuple Israël : « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, de tout ton coeur bondis de joie, fille de Jérusalem ! » (So 3:14) Saint Paul exhorte les Philippiens : « Soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. » (Ph 4:4-5) Jean Baptiste prépare la foule qui vient se faire baptiser à accueillir le Messie tant attendu dans le partage et la justice.
La joie nous fait penser aux festivités et aux réjouissances. Souvent, nous la cherchons dans l’évasion, dans la fantaisie et les plaisirs. Nous confondons l’authentique Bonheur avec un sentiment superficiel de bien-être. Or, la ‘Joie’ à laquelle l’Église nous convie aujourd’hui n’est pas une invitation à la satisfaction personnelle, mais un appel au partage et à l’ouverture à ceux qui nous entourent. Le Pape François, dans sa lettre apostolique ‘Evangelii gaudium’, souligne : « Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. »
La vraie ‘Joie’ fait partie de la vie chrétienne ! Elle se vit au plus profond de soi-même. Elle est dans l’harmonie avec Dieu. Elle s’exprime dans le partage et la solidarité. C’est une joie vécue au quotidien dans le bien-être comme dans les épreuves, en lien avec Dieu et en communion avec le prochain. Pour les chrétiens, la joie n’est donc pas le résultat d’une vie facile et sans difficultés, mais une profonde et constante attitude de cœur qui naît de la foi. « Que devons-nous faire ? » Telle est la question fondamentale adressée par la foule à Jean-Baptiste. Jean préconise l’entraide, l’honnêteté et la justice : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! […] Ne faites ni violence ni tort à personne, n’accusez personne à tort. » (Lc 3:11,14) C’est le sens du partage évoqué dans le Livre d’Isaïe : « Le jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaînes injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? » (Isaïe 58:6-7) La joie dans la charité fraternelle, c’est ce qui plaît à Dieu ! Nous ne pouvons être pleinement dans la joie du Christ qu’en nous ouvrant aux autres.
À notre tour, posons la même question que des gens qui manifestent le désir de conversion pour accueillir le Messie : ‘Que devons-nous faire pour accueillir Jésus en nous ?’ Jean Baptiste nous invite à un changement de notre mode de vie et surtout de notre état d’esprit. Vivre dans l’harmonie avec ceux qui nous entourent. Venir en aide aux personnes en difficulté surtout en ce temps de crise… Ainsi, l’amour du prochain ne peut se ramener à de vagues sentiments de sympathie ou de gentillesse, mais elle implique le respect de la personne et la mutualisation des biens matériels, intellectuels ou spirituels. Chaque fois que nous acceptons de partager, nous faisons grandir la ‘Joie’ en nous et autour de nous. C’est cela l’esprit de Noël. Fêter Noël, c’est fêter la venue de Dieu parmi nous. Le Dieu d’Amour qui nous invite à construire avec Lui un monde fraternel et généreux. Rayonnons donc cette ‘Joie chrétienne’ en nous et autour de nous !
En communion avec tous les chrétiens dans le monde qui se préparent à fêter Noël, demandons au Seigneur qu’il fasse de nous des témoins joyeux de l’Amour de Celui qui est déjà au milieu de nous. Que le Seigneur donne à chacun de nous un cœur assez grand pour que nous partagions nos talents et nos richesses avec ceux qui en ont besoin.
Nguyễn Thế Cường Jacques
merci pour ce merveilleux commentaire si profond si complet et si limpide !
bon dimanche !