5ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 30 janvier 2022Jésus « em-barque » ses disciples
Homélie
Lectures bibliques : Lire
Isaïe est sans doute le plus grand prophète de l’Ancien Testament ; la première lecture nous raconte comment il a été envoyé en mission : ce fut une vision grandiose qui lui a fait entrevoir la grandeur et la sainteté de Dieu. Dans la mentalité de l’époque, on ne pouvait s’approcher de lui sans risque. La grande leçon de ce récit c’est que ce Dieu si majestueux veut communiquer avec les hommes. Il désire être proche et se faire connaître. Il compte sur nous pour partager sa vie. Il nous envoie pour être ses messagers malgré nos faiblesses et nos péchés. Il a besoin de nous pour se faire connaître et communiquer au monde ses secrets de bonheur.
Paul a été le plus grand évangélisateur parmi les apôtres. Au départ, il persécutait les chrétiens. Ce qui a fait de lui un apôtre du Christ ce n’est pas d’abord ses qualités d’orateur ni ses voyages missionnaires, ni son souci des pauvres et des opprimés. Le vrai point de départ a été sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas. Il l’a vu vivant au milieu des siens. Le Christ l’a appelé à le suivre ; lui-même nous dit : “c’est par la grâce de Dieu je suis ce que je suis”. Nous aussi, nous sommes le fruit de cette grâce aussi bien par nos qualités humaines que par la foi que nous avons reçue. Le Christ est toujours avec nous ; comme Paul et bien d’autres nous avons la responsabilité de transmettre ce que nous avons reçu.
Puis, dans l’Évangile, nous avons entendu le récit de la vocation de Pierre : lui et ses compagnons reviennent de la pêche. Ils ont passé toute la nuit sans rien prendre. Mais Jésus dit à Simon : « Avance au large et jetez vos filets pour la pêche. » Lui et ses compagnons ont passé toute la nuit sans rien prendre ; mais sur la parole du Christ, il accepte de remettre la barque à l’eau. Nous connaissons la suite : la pêche dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Simon doit même demander à ses compagnons de venir l’aider sinon cette pêche extraordinaire aurait été perdue.
Aujourd’hui comme autrefois, le Christ nous invite à avancer au large. Comme Pierre, nous n’avons peut-être pas envie de quitter la rive de nos habitudes, le sol ferme de nos certitudes. Comme Pierre, nous avons peiné des mois et des années sans grand résultat. Nous nous sommes engagés dans nos paroisses, nos quartiers, nos lieux de travail et de loisirs. Mais nous constatons que nos églises se vident ; la plupart des jeunes n’y mettent plus les pieds. Nos petits-enfants ne sont pas baptisés. Alors, on se dit qu’il faut s’organiser pour sauver ce qui peut l’être. On ne pense qu’à se protéger d’un monde qui nous ignore, nous ridiculise ou nous persécute.
Mais ce n’est pas cela que le Seigneur attend de nous : Ce qu’il nous demande, c’est d’avancer au large. Simon refait exactement ce qu’il a fait toute la nuit sans rien prendre. Mais cette fois, tout est changé car Jésus est à bord. Le bateau coule tellement il est chargé. La pêche miraculeuse, ça ne se fait pas tout seul : c’est une mission de toute l’Église. Mais il faut que Jésus soit à bord. Il doit être là pour commander la manœuvre, donner des ordres et se faire obéir. Il ne suffit pas d’avoir des plans bien élaborés ni d’utiliser les techniques les plus modernes. Le plus important c’est de jeter les filets et de la faire avec foi “sur sa parole”. La pêche miraculeuse, c’est lui qui s’en charge. Le principal travail, c’est lui qui le fait dans le cœur de ceux et celles à qui nous annonçons la Parole.
Comme Isaïe et les apôtres Pierre et Paul, nous sommes tous appelés par le Seigneur. Il compte sur nous pour une mission bien précise. Il ne s’adresse pas nécessairement aux meilleurs ni aux plus saints. Il n’appelle pas que les enfants sages. Il peut venir nous chercher très loin et très bas. Les grands témoins de la foi sont des pécheurs pardonnés. Son appel est toujours le même : “Avance au large et jetez vos filets.” Avec ce qui est petit et faible, le Seigneur peut faire des grandes choses. L’important c’est d’être AVEC le Seigneur.
En ce jour, nous te rendons grâces, Seigneur, car nous avons bénéficié de la pêche miraculeuse : le baptême nous a arrachés aux flots de la mort et nous a hissés sur la barque ; nous sommes sortis de l’eau comme le Christ est sorti du tombeau. Et nous sommes envoyés à notre tour comme Isaïe et Simon-Pierre. Inspire-nous les paroles et les gestes qui nous permettront d’arracher nos frères aux flots de la misère et de nous mettre à ton service. Amen
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Sources : Revues Feu Nouveau, Fiches Dominicales, les Cahiers Prions en Église, Homélies pour l’année C (Amédée Brunot), dossiers personnels…
L’Évangile de ce dimanche nous relate le récit d’une pêche miraculeuse sur le lac de Génésareth. Simon-Pierre, tout en étant disciple de Jésus, y restait pêcheur. Au moment du récit, il avait travaillé toute la nuit sans rien prendre. Des heures de travail harassant pour lui et pour quelques autres disciples de Jésus, mais la pêche était vaine ! Pierre était forcément soucieux. Et c’est à cet instant que Jésus monta dans sa barque et lui demanda de reprendre le large. « Jésus dit à Simon : ‘Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche.’ Simon lui répondit : ‘Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets’. » (Lc 5:4-5) Avec un certain scepticisme, Pierre accepta d’obéir au-delà de toute logique. Il jeta ses filets contre toute raison… Et alors, quelle belle surprise : « Ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. » (Lc 5:6)
Qui de nous n’a pas connu des moments de déception et des déboires dans sa vie ! Des efforts constants pour améliorer la situation sans résultat visible. Comme Pierre, nous avons tous l’expérience de ces nuits pénibles et de ces matins désappointés… Ces dures moments, c’est peut être de l’incertitude face à un choix délicat. Ce sont aussi des instants d’angoisse devant un avenir nébuleux. Une crise financière. La perte d’un travail. La découverte d’une maladie… Une réponse alarmante du médecin et nous voilà en plein désarroi. Un proche qui prend un mauvais chemin et nous voilà dans le tourment. Le départ d’un être cher et nous voilà dans l’abattement. C’est sans doute aussi des moments de découragement et de solitude. Malgré tous les efforts déployés pour trouver une bonne issue, aucune lumière ne semble visible au bout du tunnel ! Dans de telles épreuves, pourquoi ne pas inviter Jésus à monter sur notre barque ? Il nous demandera sans doute de nous éloigner un peu de notre rivage. Lorsque tout chamboule dans notre existence, Dieu semble avoir une autre vue que la nôtre. ‘Avance au large. Retrousse ta manche et continue ton effort. Ne lâche pas prise.’ nous dit-Il ! Jésus nous exhorte à ne pas désespérer, à aller de l’avant et à garder confiance. Dans ces moments difficiles, saurions-nous nous laisser guider par l’Esprit-Saint ?
Alors, que faire ? À quoi pouvons-nous nous attacher ? De quel côté pouvons-nous jeter le filet ? Jésus ne nous donne pas de recette magique pour éviter toutes les tempêtes de la vie. Il n’a pas promis de nous épargner de toute difficulté ! Mais si nous Lui faisons confiance, sans baisser les bras et sans rester là à attendre qu’une solution vienne du ciel, Dieu nous donnera la force pour surmonter l’épreuve. Il nous accordera sa Paix pour affronter la situation. C’est dans le tourment que nous devons agir. Faire un pas supplémentaire alors qu’on désirerait s’arrêter. Recommencer quand on voudrait tout laisser tomber. Reprendre une démarche après des essais infructueux. Espérer au-delà de toute espérance !… Dans l’adversité, tournons-nous vers le Seigneur pour obtenir conseils et lumières. Ne nous protégeons surtout pas derrière des murs d’excuses pour ne pas avancer, pour ne pas reprendre le large… Nous devons même innover pour reprendre la situation en main. Sortons de l’ordinaire qui nous enferme. Ayons une autre vision des choses. Cette page d’Évangile nous incite à oser comme Pierre. Oser croire que, face à une impasse, Dieu peut nous montrer un nouvel itinéraire. Oser poser un regard de confiance sur le monde et sur nous-mêmes. Il faudra sans doute jeter le filet de l’autre côté que celui qui était pratiqué habituellement. Parfois, il faut aussi oser prendre un autre chemin que celui auquel nous avions pensé. Jésus nous invite à larguer les amarres, à oser le large… Ainsi donc, avoir confiance en Dieu ne signifie pas rester passif et attendre que le secours descende du ciel mais il faut agir. Il est important d’aller de l’avant ! Ayons toujours en vue le but à atteindre et pour lequel nous nous battons. Il est temps de nous secouer ! Et avec l’aide de Dieu nous resterons maîtres de notre destin. Alors, nous aurons la force nécessaire pour surmonter les épreuves.
Ce jour-là, c’est parce que Pierre avait suivi la recommandation de Jésus en jetant le filet pour pêcher qu’il a été récompensé ! Dans l’épreuve, alors que nous pensons avoir fait le maximum, Jésus nous pousse à repartir vers le large… Même si parfois nos filets restent désespérément vides après tant d’efforts, Jésus nous invite à mettre de nouveau la voile ! Nous voici donc avertis que l’action de Dieu passe par le travail de l’homme. Osons le risque de prendre la direction indiquée par Jésus. De la même manière, dans notre parcours spirituel, Jésus nous invite à ne pas nous contenter de peu, à aller plus loin que nos simples habitudes religieuses. « Avance au large, et jetez les filets pour la pêche. » (Lc 5:4) Nous serons surpris de la belle récompense dans notre vie de foi !
Nguyễn Thế Cường Jacques