4ème dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 20 mars 2022Ensemble, reconnaissons-nous pécheurs :
Dieu nous a déjà pardonné
Homélie
Textes bibliques : Lire
Les trois lectures de ce dimanche nous invitent à ne pas oublier les merveilles de Dieu. Le livre de Josué (1ère lecture) nous parle d’un Dieu qui a libéré son peuple esclave en Égypte. Au terme d’une longue traversée du désert, on arrive à la terre que Dieu avait promise à son peuple. Cette entrée dans la terre promise donne lieu à une grande fête. Ce récit du livre de Josué nous révèle un Dieu libérateur et sauveur. Il veut que nous soyons libres et heureux.
Tout au long de notre pèlerinage terrestre, nous sommes en marche vers le monde de Dieu. L’esclavage que nous devons abandonner, c’est celui qui est provoqué par l’égoïsme, l’amour de l’argent ; c’est aussi celui de l’indifférence et de la violence sous toutes ses formes. Nous avons tous à lutter contre les traces du monde ancien. Mais la question n’est pas de SE transformer mais de SE laisser transformer par le Seigneur ; ce combat que nous avons à mener n’est pas le nôtre mais le sien. Le Carême est là pour nous inviter à revenir vers lui et à lui donner la première place dans notre vie.
Ce Carême nous est donné comme un temps de réconciliation. C’est le message qui nous est transmis par l’apôtre Paul dans sa lettre aux Corinthiens (2ème lecture). Cette réconciliation nous a été obtenue par le Christ ; elle ne demande qu’à être accueillie ; l’apôtre Paul nous adresse un appel pressant : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Il ne demande qu’à nous accueillir et à nous pardonner. Avec lui, c’est la naissance d’un monde nouveau que chacun de nous peut contempler.
Tout l’Évangile nous parle de cette miséricorde de Jésus. Il a été envoyé pour chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Il n’hésite pas à faire bon accueil aux pécheurs et aux exclus. Ils font partie de son bien le plus précieux. S’ils sont engagés sur des chemins de perdition, il va tout faire pour les ramener à lui. C’est vrai aussi pour chacun de nous : si nous sommes égarés loin de lui, il ne cesse de nous chercher, même si nous sommes tombés très bas. Avec lui, il n’y a pas de situation désespérée. Il nous appelle tous à revenir vers lui car il ne demande qu’à nous combler de son amour.
L’Évangile de saint Luc nous rapporte la parabole des deux fils et de leur père. Cette parabole, nous la connaissons bien car nous l’avons entendue souvent. C’est l’histoire d’un garçon qui réclame sa par d’héritage et qui s’en va. Après avoir dépensé tout son bien dans une vie de débauche, il finit par se trouver dans la misère. Il décide alors de revenir vers son père. Ce retour n’est pas dû à une vraie conversion mais à la faim qui le tenaille.
Certains ne se gênent pas pour dire que ce fils indigne mériterait une bonne correction. Ils oublient simplement une chose : cet homme que nous appelons le fils prodigue, c’est chacun de nous ; nous sommes comme lui chaque fois que nous nous éloignons de Dieu. En dehors de lui, nous courons à notre perte. Comme le père de la parabole, Dieu fait le premier pas vers nous ; il nous offre son pardon gratuit ; il n’est que miséricorde pour tous, même si nous avons commis le pire. Nous sommes tous aimés de Dieu ; il nous appartient de le dire et de le redire à ceux qui ne le savent pas.
Mais dans l’Évangile de ce jour, il y a un problème : le fils aîné rejette son frère au lieu de l’accueillir ; il se considère comme un serviteur fidèle en toutes choses ; il ne comprend rien à l’amour de son père ; et le pire, c’est qu’il ne veut pas comprendre ; il finit par se retrouver hors de la maison de son père où son frère fait la fête. C’est désormais lui qui devient le fils perdu. Pour qu’il puisse entrer dans la maison, il faudra que lui aussi se reconnaisse pécheur. Finalement, son père aura bien plus de mal avec lui.
Dans cette parabole, on peut également entrevoir un troisième fils : c’est Jésus lui-même. Il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus. C’est lui, Jésus, qui a préparé le banquet pour « la grande fête du pardon ». Il est « le Chemin, la Vérité et la Vie » ; c’est par lui que nous devons passer pour aller au Père. Mais rien ne sera possible si nous ne cherchons pas à devenir « miséricordieux comme le Père ».
Quand nous refusons cette miséricorde envers les autres, nous péchons contre Dieu ; c’est un affront à celui qui a livré son Corps et versé son sang pour nous et pour la multitude ; nous oublions que nous sommes tous des pécheurs et que nous avons tous besoin d’être réconciliés avec Dieu. Nous devons tous retrouver le sens profond du sacrement de la réconciliation. Ce que nous confessons avant tout c’est l’amour de Dieu pour nous. Avec lui, nous pouvons repartir à nouveau. Il nous restitue la dignité de ses enfants ; il nous invite à reprendre la route sur le chemin qui nous conduit au Père.
En ce temps du Carême qui nous sépare encore de Pâques, nous sommes invités à intensifier ce chemin de conversion. Laissons-nous toucher par ce regard d’amour du Père pour nous tous. Le temps du Carême nous est donné pour revenir à lui de tout notre cœur en rejetant toute compromission avec le péché. La Vierge Marie est toujours là pour nous accompagner sur ce chemin de conversion. Comme aux noces de Cana, elle ne cesse de nous redire : « Faites tout ce qu’il vous dira. »
Télécharger : 4ème dimanche du Carême
Je vous prie de m’excuser ; Je n’ai pas pu mettre en ligne les commentaires du 3ème dimanche. J’ai été absent toute la semaine.
D’autre part, je vous signale le site https://puiseralasource.fr dans la partie “Préparons dimanche. Les envois qui partaient ce ce site ont été bloqués car ils étaient considéré comme des spams
Bonne semaine à tous. P. Jean
« Un homme avait deux fils… » (Luc 15:11) La parabole de l’enfant prodigue est sans aucun doute la plus belle et la plus touchante de l’Évangile. D’un bout à l’autre, elle nous montre la bienveillance d’un père pour ses deux fils : le cadet capricieux et dilapidateur, l’aîné raisonnable mais jaloux. La parabole décrit avec une merveilleuse simplicité la culpabilité d’un fils dans sa chute, son retour au foyer paternel et la bonté avec laquelle le père, oubliant toute offense reçue, lui souhaite la bienvenue. Jésus nous dépeint avec force détail la joie du père de retrouver le fugueur et sa bonté devant l’irritation du fils aîné. En mettant à égalité une vie dévergondée qui sait se repentir, et une vie bien ordonnée mais qui garde rancune, la générosité du père est absolument magnifique. À cent lieues des calculs, le père ne veut pas entendre parler de mérites, ni pour l’un, ni pour l’autre. Il a deux fils, et il les aime, sans tenir des comptes. À l’aîné il déclare : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. » (Lc 15:31) Et envers son fils prodigue, il exprime pleinement sa joie de retrouvaille : « Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! » (Lc 15:32)
Qui n’a pas rêvé d’un tel accueil après une grosse erreur ? Cette magnanimité d’un père face aux turpitudes de son enfant est bouleversante. Son indulgence face à la jalousie qui détruit l’amour fraternel est tout bonnement extraordinaire ! L’image de l’Amour généreux de Dieu envers nous tous. En ce temps de Carême, cette parabole nous invite à faire un pas de plus dans la découverte du vrai visage de Dieu. Son amour bienveillant qui nous accueille tel que nous sommes. Dieu nous a fait le don de la liberté d’actions pour mener notre vie selon nos choix personnels mais, quand par abus, nous nous éloignons de Lui, Il nous porte toujours dans son cœur. Il attend notre retour. Il est comme ce père qui scrute la route dans l’espoir de voir revenir son enfant. Sa joie n’est possible que si son fils retrouve le chemin de la maison paternelle, même si ce n’est que par intérêt personnel et par calcul.
Chacun de nous peut se reconnaître facilement dans ce fils égaré. Nous sommes tous plus ou moins des fils prodigues. Des erreurs commises dans le passé, soit par inadvertance soit par choix délibéré, parsèment notre chemin. Nous avons besoin d’être réconciliés avec Dieu. Le temps du Carême nous offre cette belle occasion. Faisons un examen de conscience approfondi et honnête pour reprendre la route vers Lui. Oui, qui de nous peut vivre sans pardon ? Qui de nous peut prétendre qu’il n’a jamais rien à se reprocher ? Ce serait une illusion. Comme le fils prodigue qui retourne avec confiance et humilité vers son père, tournons notre regard vers Dieu en nous disant : « Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. ». (Lc 15:18) Nous l’entendrons dire : « Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. » (Lc 15:24) Nous découvrirons que sa grande joie c’est de nous accueillir quoi qu’il arrive. Évidemment beaucoup reste à faire, mais restons sur la bonne voie. Le revirement personnel, c’est déjà un début de conversion. Ce sera la paix retrouvée dans l’intimité de Dieu. Dans sa lettre aux corinthiens, saint Paul nous encourage : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu. » (2 Cor 5:20) Comme le père dans la parabole, Dieu nous accueille à bras ouverts : « Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. » (Lc 15:20) Mais, en réalité, Dieu ne nous a jamais abandonnés, car dans son Amour, Il a pris Lui-même l’initiative pour venir nous chercher. « En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Lc 19:10)
Le message de l’Évangile de ce dimanche nous incite également à la générosité envers nos proches. La parabole de l’enfant prodigue est riche d’enseignements pour nos relations communautaires et familiales faites de ruptures et de jalousie. Nous nous comportons parfois spontanément, sans même nous en rendre compte, comme le fils aîné, dans une mentalité de justice inflexible et sévère. Jésus nous invite à passer outre cette mentalité implacable à une attitude de miséricorde. Oh, pas que ce soit facile, on passe toujours par des crises où tout le monde a mal, mais l’amour doit emporter sur tout le reste. Que rancunes et jalousies soient vaincues par notre capacité de nous accueillir mutuellement. Sur notre route vers Pâques, cette parabole veut nous faire prendre conscience de nos erreurs et faiblesses. En harmonie avec notre entourage, prenons ensemble le chemin vers Dieu.
En route vers Pâques, nous sommes appelés à intensifier notre parcours intérieur de conversion. Examinons humblement notre conscience afin de discerner ce qui nous empêche encore d’être plus près de Dieu. Laissons-nous toucher par son regard plein d’Amour et revenons à Lui de tout notre cœur. Reprenons courageusement le chemin vers la Lumière.
Nguyễn Thế Cường Jacques