3ème dimanche de Pâques (C)
Abbé Jean Compazieu | 24 avril 2022
Avec le Christ ressuscité,
éveillons-nous à la mission !
Homélie
Textes bibliques : Lire
Depuis le 1er dimanche de Pâques, il y a un mot qui revient souvent ; c’est le mot “témoin” ; nous le trouvons dans la 1ère lecture : “quant à nous, nous sommes témoins de tout cela avec l’Esprit Saint que Dieu avec l’Esprit saint que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent.”
Ces témoins n’ont pas manqué de courage. Il leur avait été interdit de parler de Jésus ressuscité. Ils ont continué à le faire ; les brimades et les humiliations n’ont pas réussi à les décourager ; bien au contraire, ils sont repartis « tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus. (Ac 5, 41). Comme eux, nous sommes tous appelés et envoyés pour être des témoins du Christ ressuscité ; rien ne doit nous arrêter, même s’il faut ramer à contre-courant.
Dans l’Église primitive, les martyrs sont nombreux. C’est encore plus vrai pour l’Église d’aujourd’hui ; beaucoup se demandent si elle a encore un avenir. C’était déjà le cas pour les disciples après la mort de Jésus. Pierre est retourné à la pêche : il a repris son occupation habituelle, son gagne-pain. Avec ses amis, il avait mis toute son espérance en Jésus. Mais tout est retombé. Ils reprennent donc leur métier et c’est là que Jésus les rejoint. Il se trouve devant des pécheurs fatigués et déçus de n’avoir rien ramené.
Alors Jésus leur fait recommencer leur pêche : “Jetez les filets à droite de la barque et vous trouverez.” Et là, le résultat dépasse toutes leurs espérances. L’Évangile nous parle de 153 poissons. Ce chiffre symbolise tous les peuples de la terre connus à cette époque ; l’Église est appelée à les rassembler pour les conduire au Christ ressuscité qui les invite au repas. Nous sommes tous appelés pour annoncer cette bonne nouvelle mais c’est Jésus qui agit dans le cœur de ceux et celles qui l’entendent.
Tout cela nous demande un amour sans faille à l’égard de Celui qui nous a appelés et envoyés. C’est ce qui est demandé à Pierre : “Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment, plus que ceux-ci ?” Cette question revient trois fois. Nous nous rappelons que Pierre avait renié son Maître trois fois de suite. Il se trouvait donc dans une situation très inconfortable. Mais Jésus va lui offrir de s’en sortir. Pierre va pouvoir lui dire trois fois son amour. Alors Jésus fera de lui le berger de son troupeau. Tous les grands témoins de la foi sont des pêcheurs pardonnés, des gens qui ont accueilli la miséricorde de Dieu.
La miséricorde du Christ ne connaît pas de limite. C’est vrai pour chacun de nous. Il nous rejoint tous là où nous en sommes pour raviver notre espérance. Pour lui, il n’y a pas de situation désespérée. Comme Pierre, nous sommes invités à “plonger” et à lui faire confiance sur parole. Comme lui, nous sommes envoyés dans ce monde pour témoigner de l’espérance qui nous anime. C’est à tous et à chacun que le Christ ressuscité veut manifester sa miséricorde. Lui-même nous dit qu’il est venu “chercher et sauver ceux qui étaient perdus”. Il veut nous associer tous à sa victoire sur la mort et le péché.
La deuxième lecture est extraite de l’Apocalypse de Saint Jean. C’est un livre un peu déroutant quand on n’a pas l’habitude ; aujourd’hui, nous avons entendu des paroles de victoire, de triomphe et de louange. Il faut savoir que tout cela a été écrit dans un langage codé pour encourager les chrétiens persécutés à rester fermes dans la foi. Il les encourage à rendre gloire à l’Agneau immolé vainqueur de la mort et du péché. Aujourd’hui encore, de nombreux chrétiens sont affrontés à la persécution ou tournés en dérision. Mais la puissance de l’amour est une force contagieuse que rien ni personne ne peut arrêter. En définitive, c’est l’amour et non le mal qui aura le dernier mot.
Le grand message de ces trois lectures bibliques c’est que le Christ ressuscité est toujours là, même si nous ne le voyons pas. Il ne cesse de nous rejoindre au cœur de nos vies, de nos doutes et de nos épreuves. Il vient nous pardonner. Avec lui, nous pouvons nous relever et renaître à la confiance. La nourriture qu’il nous propose pour refaire nos forces, ce n’est plus du poisson grillé, mais son Corps et son Sang. Comme Pierre, nous sommes confirmés dans l’amour. Nous sommes envoyés pour en être les témoins et les messagers.
Ce mois de Mai est dédié à la Vierge Marie. Ce que nous remarquons chez elle, c’est sa hâte quand elle se rend chez sa cousine Élisabeth. Dans la Bible, il y a un mot qui revient souvent, c’est « aussitôt ». Nous avons là un autre aspect de la foi. La réponse aux appels de Dieu ne supporte pas les longues attentes. Elle part aussitôt et en toute hâte. La bonne nouvelle c’est que Marie n’a pas changé. Nous pouvons l’appeler et “aussitôt”, elle accourt vers nous avec Jésus en elle ou près d’elle. C’est avec Jésus et Marie que nous pourrons être “disciples et missionnaires”.
Cette fête de Pâques doit raviver notre foi, notre lien profond avec Jésus Christ. Qu’il nous donne force et courage pour la mission qu’il nous confie. En ce jour, nous te prions Seigneur : accorde-nous par l’intercession de Marie élevée au ciel de parvenir à la gloire de la résurrection !
Télécharger : 3ème dimanche de Pâques
Changer notre regard : Lire
Autres approches : Préparons dimanche
Si vous le souhaitez, contactez-moi
Sources : Fiches dominicales, Revue Feu Nouveau, Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (Jean-Pierre Bagot) – lectures d’Évangile d’un vieux prêtre de Montpellier – Homélies pour l’année B (Amédée Brunot)
Après sa Résurrection, Jésus se manifesta à plusieurs reprises aux apôtres. L’Évangile de ce dimanche nous relate son apparition sur le bord du lac de Tibériade pendant que ses disciples s’épuisent sur leur barque après une nuit de pêche infructueuse. « Il y avait là, ensemble, Simon-Pierre, avec Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, de Cana de Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres de ses disciples. » (Jn 21:2) Préoccupés dans leur travail, ils ne L’avaient pas tout de suite reconnu. Seulement, après avoir attrapé une quantité énorme de poissons suivant l’indication de Jésus que Jean, celui qui sait être dans l’intimité Jésus, a pressenti la présence du Maître ! « Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : ‘C’est le Seigneur !‘ » (Jn 21:7) On aurait pu s’attendre à ce que le Ressuscité se montre à eux avec éclat, dans l’éblouissement d’une Révélation surnaturelle, divine et imposante… Or rien de tel dans cette rencontre ! « Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Jésus leur dit : ‘Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre.’ » (Jn 21:9-10) Jésus propose à ses disciples un repas familier sur un coin de plage ! Quoi de plus simple et de plus intime. Jésus s’invite dans la banalité du quotidien des apôtres. Une présence chaleureuse et réconfortante.
Pour nous également, Dieu est présent en toute circonstance dans notre vie. Il est dans notre cœur. Il est parmi les gens autour de nous. Que de fois, Dieu nous fait signe à travers les événements en apparence les plus anodins de la vie et nous ne L’avons reconnu ! Il nous appelle mais, englués dans nos diverses activités, nous ne discernons pas la voix de Celui qui vient nous rejoindre sur notre rivage. Comme les apôtres, il nous arrive de ne pas nous rendre compte de sa présence. Le tohu-bohu et les soucis de la vie nous voilent complètement la vue. Et pourtant, Dieu est toujours là, dans la réalité de notre vie quotidienne, Il attend avec impatience que nous Lui ouvrions notre cœur pour être en intimité avec nous. Ne Le cherchons pas dans un endroit spécifique ou dans des moments particuliers, Il est toujours présent à notre côté. Que nous soyons en prière à l’église ou dans notre chambre, ou encore occupés à une activité quelconque, nous pouvons à tout moment entretenir un dialogue intérieur, même bref, avec Lui. Une prière. Un merci pour tous ses bienfaits. Une petite pensée pour Lui confier nos activités de la journée… Il s’agit de prendre conscience que, pour nous, Dieu est toujours présent et disponible à tout instant. Avec tendresse, Il veille sur nous. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28:20)
‘Les yeux sont le miroir de l’âme.’ nous dit-on très souvent. L’expression du regard révèle ce que nous éprouvons. Elle dévoile une certaine facette de notre intérieur. C’est ainsi que l’apôtre Jean reconnaît rapidement Jésus. Les yeux de l’amour !… La clairvoyance se trouve dans le cœur. Et la foi est comme l’amour, c’est l’expression de l’âme. Elle a le pouvoir d’ouvrir les cœurs. À partir des expériences propres de chacun, la foi manifeste l’intimité personnelle avec Dieu. Dieu nous donne des signes de son amour mais il faut avoir la foi pour les reconnaître. Sa voix est douce et subtile. On ne peut la percevoir que dans le recueillement. Il faut faire silence en soi pour mieux la déceler. « Dieu parle à tous de la même manière, mais nous le recevons tous différemment. Cela tient à notre histoire, notre éducation, notre imagination, notre sensibilité, notre intelligence, notre liberté. » constate le Père Nicolas, maître des novices de l’abbaye de Sept-Fons. Voilà pourquoi seuls les âmes en paix pourront L’entendre. Dieu n’est pas dans les vents forts et violents, ni dans le feu, ni dans le tremblement de terre. Il est dans « le murmure d’une brise légère. » (1 Roi 19:12) Il faut savoir tendre l’oreille pour entrer dans son intimité.
« Venez manger. » (Jn 21:12) Jésus invite ses apôtres à partager, en toute simplicité, un repas préparé par ses soins. L’occasion se présente également à nous à chaque célébration eucharistique. Jésus nous invite à sa table. Venons partager son intimité avec le cœur simple d’un enfant. Et dans la journée, si un appel intérieur se présente, qu’est-ce qui nous empêche de Le rencontrer en tête-à-tête dans un petit moment de prière ? Un merci du fond du cœur pour la joie de vivre ou une petite confidence dans les moments difficiles. Notre foi se nourrit de sa présence. La conversation silencieuse avec le Seigneur nous apportera la paix et la sérénité dans l’âme. L’important, c’est de découvrir le Seigneur au cœur même de notre quotidien. Au lieu de chercher Dieu dans les moments particuliers, apprenons à Le voir dans les petites choses de la vie. Et cette intimité avec Dieu fleurira tout naturellement dans nos comportements pour réjouir le cœur des gens autour de nous. ‘Ne vous imaginez pas que l’Amour, pour être vrai, doit être extraordinaire.’ nous dit Mère Térésa de Calcutta, tout est dans la démarche qualité qui accompagne nos actes. Ainsi notre attitude envers nos prochains se transformera en une relation harmonieuse, empreinte de la paix du Christ ressuscité.
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » (Jn 21:16) La question que Jésus pose à Pierre lors de cette rencontre nous revient incessamment. Saurons-nous Lui répondre comme Pierre : « Oui, Seigneur ! Toi, tu le sais : je t’aime. »
Nguyễn Thế Cường Jacques